Lincoln Instigator’34 Street Rod
À nous faire croire que la réalité s’étend de là à là et qu’elle est immuable, on finit par croire qu’en deçà de ces limites plus rien n’existe… Mais si au-delà de cette réalité c’est effectivement le néant, alors il n’est pas si béant que cela, puisque de temps à autres, des hommes en sortent, plus réels que jamais ramenant avec eux des matériaux, des substances qualifiables et quantifiables… La réalité chez beaucoup c’est ce qu’ils vivent tous les jours.
Mais chez d’autres c’est un lieu relatif et fluctuant où tout se meut, où tout peut naître et exister… Ce n’est pas simple d’avoir à la fois une culture gréco-latine, gallo-romaine, judéo-chrétienne, franco-gasconne et d’être bouffi par d’autres cultures… Ce n’est pas simple d’être né, d’avoir vécu et de vivre en France, dans un pays européen, en Occident, sur la Terre, dans l’Univers… Ce n’est pas simple mais faisable, pour peu qu’on se déplacer et communique..
Je suis ici et maintenant… Du fond de la pensée, dans la panoplie des gestes, dans l’entrebâillement de la langue, dans la chute des mots… Et même dans le mythe de la caverne selon Platon. L’universel ne se présente plus que comme du potin local enflé démesurément… Le nationalisme conduit au fascisme… L’internationalisme conduit à l’impérialisme… Le cosmopolitisme débouche sur le racisme… Le régionalisme débouche sur la féodalité…
La région concrète, avec laquelle j’existe, est un espace du maintenant, avec des besoins et des rapports élémentaires entre ce qui est ici, dans la contiguïté et la concomitance… Au delà de ce temps et de cet espace, c’est la forêt luxuriante des informations vierges et sauvages… Cette région c’est de l’espace qui ne coïncide avec aucun territoire. Pas de carte… C’est un champ d’information à travers lequel se manifeste du croisement, du mouvement parallèle, de l’infra…
De nombreux champs de ce type existent, ils sont disséminés, dilués sur la surface du globe… Entre 2 champs peut y avoir identité, sans que pour autant ils soient interchangeables… L’un et l’autre sont irremplaçables dans le temps et l’espace de leurs manifestations, ils peuvent être pareils sans être les mêmes… Cela relève plus de l’espèce que de tout autre sous-particularisme… Cela dépasse l’intérêt historique, géographique, social et économique…
Cela dépasse la sympathie que l’on peut éprouver pour quelques lieux, quelques sites… C’est davantage une question de temps, de qualité d’instants, de ces instants qui nous expulsent de nos particules, un peu comme ce qu’écrivait Cézanne : “Il y a une minute du monde qui passe. La peindre dans sa réalité! et tout oublier pour cela”… Nous sommes tout autant chronomètres que géomètres, des passagers de l’instant passant, des nomades errants qui découvrent..
Et cela au fur et à mesure que nous marchons, tout en découvrant ce geste simple qui est de mettre un pied devant l’autre… La région se trouve autant dedans que dehors… L’homme a aussi une région qu’il porte en lui et qu’il habite. C’est la scène, mais aussi une tente sous laquelle se mettent les acteurs pour jouer sans être incommodés par les intempéries… Mais les vraies tempêtes se déroulent sous la tente, car le sens de l’homme est tragique…
Et le corps de tout homme est lui-même une région traversée par les signes et trouée par les sens… L’autonomie, c’est ce que seul le soi-même peut dire, peut nommer de ce qu’il en est de soi et de ses déplacements. Et la région vitale c’est toujours celle sur laquelle on a les pieds et qui nous englobe, celle qui nous fait sentir comme étant-là, ici et maintenant, un espace déterminé par des repères pressentis, investis dans l’extériorité un repère qui permet de ressentir…
Mais aussi de juger d’un certain équilibre, du haut et du bas… Une émanation de soi en rapport avec l’extérieur, une parcelle insécable qui ne se dissout qu’avec notre disparition. Elle occupe sa place qui vaut autant, ni plus, ni moins, que les places occupées par chacun des gens et objets qui constellent notre univers… C’est un lieu de réactions, ou on y peut mesurer l’énergie qui englobe ce qui se tient en attraction-contraction, condensation qui fait corps…
Mais pas que… elle comprend l’énergie qui creuse, heurte, croise ce qui flotte dans l’extérieur en expansion… Tissu de rayons d’action, réseau de temps… Il n’y a pas d étanchéité, il n’y a pas d’autonomie, il n’y a que de mutuelles dépendances… Il y a trop d’hétérogénéité pour qu’il y ait autonomie… Il faut se considérer en soi, comme un véhicule se déplaçant chronologiquement dans l’espace global de l’Univers… L’axe du monde est-il quelque-part ?
Ce repère détermine-t-il une aire d’exercice tout en permettant de voyager dans le monde des esprits en étant relié ombilicalement à un point fixe. Cela évite ainsi de se disperser, de se perdre ou de se faire avaler dans les méandres du monde des morts, à se faire identifier et localiser aux yeux des esprits dilués dans la fluidité des temps et dans la transparence des espaces à la recherche de l’extase après avoir minutieusement reconnu son territoire…
Territoire topographique, mais aussi espace, mélange, étreinte des résonnements, des formules psalmodiées de la voix des vents… Partagé par les aires, reste à dénouer le monde des intrus et des démons, le partage du monde afin que chacun puisse le porter… Vous le construisez vous-même ou vous payez quelqu’un pour le faire, mais lorsqu’il s’agit de construire un Hot Rod haut de gamme, il est presque impossible de faire les deux.
Dans le cas de Bill Dinges, un frappeur d’étain, fabricant et peintre sur mesure, basé dans le Michigan, mieux connu sous le nom de Billy D, l’investissement pour la construction de son pick-up était de 20.000 $ combinés à un nombre incalculable d’heures de travail que seul un homme riche pouvait se permettre. Le surnom d’Instigateur révèle la raison pour laquelle Billy proclame que son Hot Rod basé sur un taxi Ford de 1932 est mixé d’un pick-up Lincoln de 1934…
Il voulait faire un peu de chahut, construire un argumentaire… Cela a fonctionné lorsque qu’il a fait ses débuts à l’Autorama de Détroit, les gens se moquaient de sa Lincoln, eux ne fabriquaient pas ce genre décalé. Jusqu’à l’apparition de ce Hot Rod Pick-Up surnommé Blackwood. Les gens se sont mis à féliciter Billy de ne pas avoir construit un autre clone d’autres clones. Le point de départ était pourtant simple, de trop voir des clones et des clows il a eu une révélation…
Celle de construire un Pick-Up Hot Rod “de luxe”. Le châssis qui a un empattement de 110 pouces à partir de la cloison pare-feu est constitué de rails American Stamping Deuce greffés à de l’acier rectangulaire de 2 x 4 pouces. La suspension avant de 59 pouces est une Magnum chromée, un essieu abaissé de 4 pouces avec des axes gérés par des amortisseurs télescopiques chromés Speedway. Pour la suspension arrière : un quadrilien triangulaire… Waouw!
Il localise un pont/différentiel Ford de 9 pouces en 4-10, suspendu avec des combinés filetés QA1. A l’arrière des 450/18 Coker sur des jantes fils Ford 18 pouces de 1932 et à l’avant des 7,50/16 Coker sur des jantes fils Ford 16 pouces de 1935. Si un bracelet en cuivre est efficace pour soulager l’arthrite aux poignets, imaginez ce que les sièges aviateur en cuivre et en aluminium, fabriqués sur mesure et tapissés de vinyle de cuivre, feront pour les fesses.
Le groupe d’écarteurs embellis en cuivre provient d’une Ford Falcon de 1963 et la colonne de direction et le volant reliés à la direction Unisteer proviennent d’une Ford DeLuxe de 1939. Au plafond se trouvent des haut-parleurs et une unité principale Pioneer logés dans un boîtier en alliage d’alu. Des rivets d’avion en cuivre et en aluminium sont “fonctionnels” partout, maintenant en place des panneaux en aluminium détaillés accentués de cuivre.
Les beaux planchers de bois à la place de la moquette conventionnelle sont faits de peuplier jaune. Normalement obtenus par la manipulation d’une carte de crédit payant diverses pièces dans un catalogue, Billy a préféré fabriquer tout ce qu’il pouvait, tels les pédales de frein et d’embrayage en acier inoxydable, les poignées de porte et le levier de vitesses surmonté d’un microphone Shure vintage servant de pommeau de levier de vitesses.
Même le chauffage au gaz Southwind est suspendu à des supports en acier inoxydable. Pour ajouter une incitation supplémentaire, Billy a choisi un moteur Ford Y-block de 1962 et a lettré les couvercles de soupape en script Lincoln, créant l’impression que le moteur pourrait être l’un des moteurs Lincoln Y-block produits de fin 1952 à 1957. La grande cerise du gâteux présumé de 75 ans (mon âge) est comme mettre de la crème fouettée sur le dessus du gâteau
Celui destiné au gâteux, en l’occurrence un Blower 6-71 de Darren Mayer Performance Engineering (DMPE). La meilleure partie de la construction d’un Hot Rod, c’est quand un ami apporte une partie du projet que l’argent ne pourrait pas acheter, et c’est exactement ce que Darren Mayer a fait pour Billy D…
Aujourd’hui, DMPE est un nom de renommée mondiale dans les cercles des dragsters en tant que fabricant majeur, mais ce n’était pas le cas il y a des années.
Lorsque Mayer a trouvé le boîtier/blower en magnésium 6-71 avec les marques Pete Robinson et George Montgomery lors d’une rencontre d’échange, Mayer a déclaré qu’il ne savait même pas ce qu’était ce “machin”. Dès que Mayer a repéré le projet sur lequel Billy D travaillait, il a dit “Ce Hot Rod va changer le visage de cet atelier” et a su qu’il avait trouvé le destin du Robinson-Montgomery 6-71 vintage, après nombre de modifications apportées.
Le but était de le rendre fonctionnel. Sa reconstruction en même temps que celle du moteur Ford de 292ci a été réalisée par Gouger Racing Engines de Porter, dans l’Indiana. Un alésage léger l’a porté à 350ci avec une came Isky actionnant des soupapes Chevy adaptées. Le Blower DMPE unique est équipé de trois carburateurs Speedway 97 sur une plaque Fenton adaptée par Billy D. Les influences stylistiques sont un mélange de Rat Rod et de Steampunk.
Dans les années 80 et 90, qui sont “les années ChromesFlammes”, le Street Rodding a reçu un coup de pouce significatif de la richesse des Baby-Boomers et de la vidéo rock & roll avant-gardiste de ZZTop… D’abord, il y avait des couleurs vibrantes, des intérieurs en tweed et des jantes billettes alu de Boydd Coddington, suivie d’une vague de Hot Rods inspirés du ZZ Top Eliminator. Des véhicules aux couleurs vives avec des intérieurs gainés de cuir…
Et surtout une abondance de chromes et flammes dans le compartiment moteur étaient soudainement partout. Sans oublier des nananas “canons” comme des gravures de mode hyper sexy’s… Puis est venu le temps des fous du Rat Rodding extrème du style “tout à partir de zéro”, le but étant de les utiliser dans le même état de délabrement dans lequels ces “choses” pourrissaient dans des décharges… Ce Hot Rod Pick-up appartient à une toute autre catégorie…
En effet, il fait la différence entre un Rat Rod et un Hot Rod plus traditionnel. Il est correctement plaqué au sol, la cabine est nue, mais elle est remplie de touches fascinantes et uniques en leur genre. Je suis occupé de prendre de l’avance ici. Il me faut revenir au début de cette histoire, c’était en 2009 lorsque Bill a acheté l’épave d’une Ford’34. Je suis désolé de vous décevoir, mais ce n’est pas (et n’a jamais été) un pick-up Lincoln.
Il n’y avait rien de tel jusqu’à l’arrivée de l’étrange et indésirable Lincoln Blackwood en 2002. Bill a simplement pensé que ce serait drôle de l’utiliser tel quel pour créer un bon casse-tête lors des spectacles et des Cruising’s… “C’était juste une sorte de blague”… La calandre n’est pas non plus celle d’une Lincoln. Alors que les calandres étaient souvent la partie la plus identifiable de n’importe quelle voiture dans les années 20 et 30…
Celle que vous voyez ici provient d’une Ford’35 découpée pour l’adapter. Bill travaille chez US 12 Speed & Custom à New Buffalo, dans le Michigan, un atelier qui construit des Hot Rod’s. Il arrivait une heure plus tôt tous les jours et restait une heure plus tard pour travailler sur sa création. Il lui a fallu neuf ans pour la terminer. Le moteur est l’un des aspects les plus intéressants. Bill a opté pour un Ford V8 à bloc Y d’une Skyliner de 1962.
C’était la dernière année où le moteur Y-block a été proposé (avec une maigre puissance brute de 170cv), mais il correspondait au désir de Bill de créer quelque chose que personne d’autre n’avait. Dans le cadre de la résurrection du moteur par Gouger Racing Engines de Porter, dans l’Indiana, il a été réalésé en 350ci, bourré d’une came Isky à poussoirs et surmonté d’un vieux compresseur 6-71 Gasser qui est toute une histoire.
Il l’a obtenu de Darren Mayer, qui fabrique des compresseurs pour de nombreuses équipes NHRA Top Fuel d’aujourd’hui. Il l’a eu quand il était enfant et l’a gardé toutes ces années. C’était un “Sneaky” de Pete Robinson et George Montgomery qu’ils avaient construit pour leurs HotRod’s Gassers de l’époque. Le bloc Y est alimenté par trois carburateurs Speedway Motors 9 Super 7. (Le Speedway 9 est une version moderne des anciens carburateurs Stromberg).
Ils sont assez petits et ne débitent qu’environ 180 cfm chacun. Faites le calcul et vous conclurez qu’il aurait pu utiliser un seul quadruple corps, mais où serait le plaisir là-dedans ? L’ambiance est aussi importante que la performance. Le moteur développe maintenant 400 chevaux, et grâce aux collecteurs personnalisés en acier inoxydable avec déflecteurs chacun d’entre eux crée leur part d’un concert audible à un mile de distance.
Tout aussi intéressant est qu’au lieu d’une boîte de vitesses moderne à quatre ou cinq vitesses, Bill a conservé l’unité d’overdrive Ford à trois vitesses qui était attachée à ce bloc en Y à l’usine. La puissance se poursuit jusqu’à un pont Ford 9 pouces légitimé en 4,10, maintenu en place par une suspension triangulée à quatre bras avec des combinés filetés QA1… La suspension avant est fixée aux longerons Ford’32 à partir du pare-feu vers l’avant.
Un essieu abaissé Magnum Axles de 4 pouces a ensuite été ajouté. Pour utiliser les phares Studebaker de 1948 que Bill aimait, les amortisseurs devaient être montés horizontalement, ainsi que le ressort à lames transversal fourni avec le kit d’essieu abaissé. À partir de l’arrière du pare-feu, Bill a fabriqué des rails de 2×3 pouces sous la cabine et un cadre tubulaire unique à l’arrière. Au lieu de recouvrir les rails du châssis avec un lit, laissé ouvert…
Pourquoi ? Mais, pour que le monde entier puisse voir le genre de travail effectué dans le magasin US 12. Pfffffff ! Les jantes avant sont des fils/rayons Ford’32 de 18 pouces (3,5 pouces de large) avec des pneus de 4,5 pouces. À l’arrière se trouvent des jantes fils Ford’35 de 16 pouces (4,5 pouces de large) mais avec un pneu plus haut (32,5 pouces). Malgré les jantes arrière étroites, les pneus arrière ont une largeur de 8,5 pouces.
Les freins avant sont des disques GM de 11 pouces, et à l’arrière se trouvent les tambours Ford d’origine du 9 pouces. La couleur a été appliquée par Brett Miller, le peintre de l’US 12. À l’origine, il s’agissait d’une couche de base BASF avec un mélange unique et un vernis satiné BASF. La base en cuivre est une combinaison de quelques perles uniques avec des cristaux de verre broyés pour la faire vraiment briller.
Bill a fait tout l’intérieur, les planchers en vrais bois, les garnitures en vais cuivre et, naturellement, le vrai microphone ancien srvant de poignée du changement de vitesse. Au départ, le projet devait être une sorte de Rat Rod, mais c’est allé au-delà. L’intérieur est plus beau que tout. Cet engin est un “show stopper’ qui arrête les gens dans leur élan où qu’il aille. La construction proprement dite a pris cinq ans étalés sur dix ans…
Maintenant Bill en profite énormément. Il conduit son Hot Rod à des salons automobiles et à des cruising’s locaux, mais aussi à Goodguys à Nashville et Columbus, dans l’Ohio. Il a également été présenté aux Autorama’s de Chicago et de Detroit et partout a remporté les premiers prix. Voilà, j’en ai terminé, vous pouvez retourner à de saines occupations y compris sexuelles…