Non-histoire d’un p’tit blanc (sucré)…
Un étourdissement me biche, qui célébrera comme il convient le vertige de la tentation d’en écrire un article, une chronique, une histoire, un bouquin, une saga ? Tu crois que j’en serais à nouveau capable ? Tu me conseilles qu’il faut que j’essaie à nouveau, encore et encore, que je raconte avec force stupidités ce flamboiement intérieur qui rend la réalité improbable… Cela t’arrache à ta médiocrité quotidienne et te transporte au bord du tourment sensoriel vers divers extrêmes vertiges… Après ce barnum, tu vas haïr les gros parce qu’ils sont gros, les maigres parce qu’ils sont maigres, les nègres parce qu’ils sont noirs, les Anglais parce qu’ils sont britanniques, les catholiques parce qu’ils sont chrétiens, les vivants parce qu’ils vivent, les morts parce qu’ils ne sont plus…. Tu vas haïr la terre entière et le cosmos aussi, jusqu’à son infini le plus perdu. Tu vas te survolter ! Il t’arriveras parfois, en pensant à ce que les grands pontes te font subir, à être bout de haine, de prier dieu pour qu’Il en déverse davantage en toi, de la plus fraîche, de la plus ardente, de la plus impétueuse…
Tu lui diras : “Bougre de Saigneur, amène-m’ en encore ! Que je puisse te blasphémer jusqu’à la mourance ! Renouvelle mon stock, si tu n’es pas un lâche !”… Et dieu, dans sa sotte bonté infinie, rechargera tes batteries… Pas décourageable, l’apôtre barbu ! C’est quelque chose, dieu…, Tu connasses ses trucs ? La manière dont Il nous bite, en fin de compte ? Il pardonne ! Tout ! C’est de la triche, mon cher internaute… On ne peut rien contre ! Les pires avanies, les invectives les plus salées : le voilà qui sourit… Il sourit et pardonne. Il pardonne d’avance… Il est savonneux, oint de l’huile de l’absolution… On devrait le disqualifier, mais on se laisse tout faire, tout offrir, tout pardonner. Lui, il se tait… Une laide roseur marque ses pommettes de deux taches rondes, pareilles à celles qu’on voit sur les poupées russes. Tu vas voir ton cycle se diviser en chapitres fondamentaux, étape par étape, tu vas progresser vers la lumière de la haine absolue…
Première partie : l’indifférence.
Avant tout, tu vas arracher tout ce qui est mauvaise herbe : compassion, générosité, attendrissement, etc.
Seconde partie : la moquerie.
Le tournant, tu vas commencer à te gausser des autres, à ne voir chez eux que leurs travers, leurs mesquineries, leurs marottes ridicules, leurs lubies, leurs peurs, leurs stupidités… De là tu vas passer à la suite ! Tu vas devenir sadique…
Troisième partie : la hargne.
Tu vas développer le don de rebuffade, de la repartie cinglante, de la marque de mépris…, C’est dans cette discipline que tu vas savoir si tu es capable ou non de décrocher ton diplôme de haine.
Quatrième partie : l’exécration.
Prélude à la noble haine… Tu vas te mettre à détester tout le monde parce que les autres, que tu vois dorénavant sous un nouvel éclairage, t’insupportent… Le phénomène de rejet s’opère… Tu vas apercevoir le flamboiement final, la haine, sobre, intense, irréversible est proche, qui t’attend, comme un océan de lumière froide où tu vas pouvoir t’ébattre voluptueusement…
Tu vas te mettre à beugler : “Pas de quartier, jamais ! Sus ! Sus ! Qu’ils saignent ! Qu’ils crèvent !”… Ah ! Tu vas jouir de les voir gésir avec le ventre ouvert, les entrailles au vent, fumantes… et de les saupoudrer de piment de Cayenne fin moulu… et de leur pisser dans la gueule… et de leur arracher les yeux à la petite cuillère pour, ensuite, verser de l’acide chlorhydrique dans les trous ! Tu vas leur dire qu’ils sont cocus, que leur père n’est pas leur père, que leur mère était pute et pompait des balayeurs sénégalais…. Tu vas les imposer encore plus, les brimer, les tenailler, les flageller au sang ! Tu te défendras en plaidant, les bras ouvert et la gueule vers le ciel : “Saigneur, comme les lois sont scélérates, qui protègent et assistent cette racaille ! On devrait les déchiqueter et recevoir l’absolution. Que dis-je : être décoré, complimenté, promu ! Accoladé sur le front des troupes !”... Oui, allez, allez toutes et tous sévir…. Vous qui en avez les moyens…
J’aurais dû me faire flicard, moi aussi…. Ou contrôleur du fisc, douanier à la rigueur…, Mettre en pièces leurs foutus bagages, ce que ça doit être savoureux… Les fouiller jusqu’à l’anus…. Les retenir des heures sur le gril… Pourquoi sont-ils si laxistes dans les douanes, les fous ? Rien à déclarer ? C’est bon, passez ! Passez ? Tiens, fume ! Non, on ne passe pas ! Verdun ! A poil ! Je leur administrerais des lavements pour m’assurer qu’ils n’ont pas avalé de lingots… Leur garcerie d’auto ? En pièces détachées, j’en ferais des puzzles ! Les hommes ne savent pas vivre… Heureusement ! Seulement il y a une chaîne de sûreté pour arriver chez ces “ceuses-là” qui gouvernent et tirent les ficelles, y a des molosses qui les gardiennent grâââââve… Essaie pour voir, au hasard… Vas-y… Par l’entrebâillement, deux truffes noires soufflent la rage, les deux cadors ont cessé d’aboyer pour se ruer sur la porte… Ils te guignent, les fauves,..
Mais cher internaute, tout n’est pas perdu, tu sais quoi ? Une petite bombe de poche, une giclée, deux giclées ! Voilà qui est suffisant… Les deux molosses aveuglés pour vingt-quatre heures se sauvent en hurlant de douleur…, Surtout pas un mot à la S.P.D.A., on te chercherait du suif… Les mieux intentionnés renaudent quand on touche aux zanimaux… La loi du lunch, comme chez les Rosbifs ! On peux écarteler des gonzesses dans les livres de poche, les romans de gare, les cinoches de quartier qui existent encore… et surtout dans les TV, pis encore sur le Web…, Découper en rondelles des vieillards, tout le monde s’en branle ; au contraire, ça excite les cons, ils en reveulent mais les chachats, les toutous, les dadas,.. Achtung ! Verboten ! C’est direct névropathik !… Cool… On en reviens à toi qui cherche à arriver chez ces “ceuses-là” qui gouvernent et tirent les ficelles… Mode d’emploi…
Les médors féroces se déchaînent vilainement derrière la lourde. Peut-être que leur maître leur a lavé les châsses à la camomille ou mis du collyre dans les lampions, toujours est-il qu’ils paraissent avoir pleinement recouvré leur énergie molossale… Pauvres chers animaux ! Tu ressors de tes fouilles ton petit vaporisateur miracle pour leur remettre la giclette de l’amitié dans les vasistas… Ce faisant, tu risques de redéclencher la vindicte des braves gens dont le cœur marche à quatre pattes !!!! “Mais que se passe-t-il ?” demandait la marquise de la Chagatte en retirant sa main ruisselante de la culotte du colonel… Imagine-toi, mon cher internaute, qu’une voix forte retentit, de l’autre côté de la porte afin de calmer les toutous… Ils obéissent et cessent de jouer à la chasse à courre… Tu sais, quand ce pauvre cerf est forcé bassement par la meute et qu’il drope dans les halliers qui furent son Eden… Pauvres bêtes…
Pas oublier les vêtus de rouge, lesquels sonnent de la trompe au point de ressembler à une armée… L’huis s’écarte… Un homme au visage couperosé, qui serait moins chauve s’il avait un peu plus de cheveux, se tient en face de toi… Il a la paupière bombée et il est sobrement vêtu d’un futal de velours côteleux et d’un pull immense qui lui pendouille de partout comme le pantalon d’un éléphant en train de déféquer… Et il te dit que le Big-chif est au Canada, à l’Ile de Pâques à Noël et à la trinité, qu’il te faudra repasser…. Quelle volupté ! Alors tu vas retourner dans ton bui-bui, tandis que ça remue-ménage dans ta boîte à outils ? Plus on te bouscule, plus tu deviens mignard… Elle est microbe, ta taule, où l’architecte n’a pas chié du marbre blanc aux quatre points cardinaux…, avec la carrée de ton voisin, celui qui héberge des Portugaises (c’est gentil d’être velues) dans le déferlement de béton recouvert de matières diverses…
Déjà que les promoteurs te cassent les roupettes, comme quoi ils ont des proposes mirifiques à t’exposer…, De la résidence quatre étoiles en lieu et place…, Tu as droit à un appartement avec terrasse ; garanti sur le contrat de vente, ou bien un rez-de-chaussette, si tu préfères, avec bourbier “privatif”. en cas d’inondation…. C’est le mot juste. Privatif, en effet, au milieu de ses huit mètres carrés de carrelage, à l’ombre d’un arbre qu’on va abattre parce qu’il fait de l’ombre aux vaniteux, à écosser les petits pois. Je sais bien que c’est inéluctable, que tu ne peut pas freiner avec juste le pied dans les descentes vertigineuses, malgré tout, tu résistes jusqu’à bout d’arguments, de papiers recommandés, ça ne va pas dans le sens de l’histoire, tu préfères l’histoire ancienne avec ses vermoulances et son odeur de fleurs fanées. T’es enfin chez toi, que t’as tant de mal à payer… Profite… La saisie n’est pas loin…
La télé marche plein tube, programmant un air de guitare, des voix ibériques font “Olé ! Olé !” et des claquements de paumes ponctuent, avec cette sécheresse pleine de résonance qui n’appartient qu’aux mains espagnoles ; Tagada tatata dagada dagadagada… Tu pousses la lourde et tu es surpris du nuage de tabac qui flotte dans ce fourbi, comme si le volcan Davidoff venait d’entrer en irruption…, trois enjambées t’amènent au livinge… et qu’asperge ? Une demi-douzaine d’Espagos bivouaquant sur ton territoire : trois hommes, trois dames, parmi lesquelles Conchita, la bonne…. L’un des hommes joue de la guitare sèche, mais son gosier ne l’est pas, si tu t’en réfère à tes bouteilles de Chambertin vides alignées sur le plancher, TON Chambertin, siouplaît, tu le reconnais comme tu te vois ! T’attendais Noël ?
Une poétesse conchiteuse danse sur la table un flamenco de toute beauté, tandis que les autres castagnettent aimablement, tapoti tapota dagadagada ta ta…
– Bonne ambiance, les mecs !
Ton arrivée fait crever la fête comme le ferait un incendie, la gonzesse qui trémousse du fion, ta meuf, ta moitié, celle de ta vie… reste piquée tel un épouvantail ; ses potes gardent les mains écartées comme une assemblée de pêcheurs en train de se raconter leurs dernières prises ; y a juste le guitariste sec, à demi pâmé, qui continue de branler son instrument, la tête penchée sur le côté, les yeux clos, que tu croirais qu’on est en train de lui organiser une petite pipe affectueuse. Sans hâte, elle se lève, dénoue son peignoir sorti d’un film en noir et blanc des années 30… Et, et, et, et… T’y crois pas…
La voici en culotte et soutien-loloches… Elle passe ses mains dans son dos, comme seules les gonzesses parviennent à le faire : Clic !… son bonnet à deux têtes tombe…, du pouce elle descend le slip, la culotte est à ses pieds. Si bien que tu te trouves en tête à chatte avec la plus ravissante créature qu’un homme et une femme aient jamais tricotée à en faire bander un moustique, ses seins ont une couleur fabuleuse, de soierie afghane, dans les tons mordorés, avec des embouts presque mauves, que pardon, docteur, faites-en livrer trois douzaines ! Quant au fessier superbe, bien pommé, sans méplats ni vergetures, le moulassement impec, la bouche-que-veux-tu chuchoteuse…
– “Je suis à ta disposition, mon amour”…, fait-ELLE (j’écris elle en majuscules pour compenser tes doutes éhontés)…
Et tu te fais avoir, tu crois la baiser, tu te fais baiser à donf, bien profond…, C’est pareil que dans la vie… Tu rallies ton fauteuil et rêvasses… Les pensées de nuit étant les plus tourmentantes, tu songes… Je fais pareil, t’inquiètes, moi je pense à ma brave mère décédée il y a dix ans ; Chère maman d’amour, faite pour la quiétude, la douceur du temps, toujours en malmenance à cause de son grand pendard de fils. J’eusse été médecin de campagne, elle eût vécu une existence douillette… Ou bien si j’avais fait garagiste dans une ville tranquille, elle aurait filé des jours sans heurts, ma vieille chérie, répondant au téléphone, servant l’essence aux écraseurs du dimanche, préparant de la poudre Nab pour que je me décambouise les paluches avant de passer à table… On rate le destin de ses parents, la plupart du temps… Ils vous aident à préparer le vôtre, pour qu’ensuite, zob !
Ça leur boomerange sur la frite et on fait capoter leur vieillesse dans les pires angoisses, misérables que nous sommes ! Faudrait pouvoir se transmettre intact, mes gueux… Constituer une belle chaîne régule composée de maillons bien fignolés. Oui, mais…, dans mon ardeur d’écriture, je me rend compte en cloturant la fin… que je n’ai pas écrit un mot sur le p’tit Hot-Rod blanc qui illustre cette chronique… Putain de merde…, pas un seul mot sur c’te caisse… C’est dingue… C’est comme l’ancienne émission “Top Gear”, la vraie de la BBC anglaise, pas les abrutis clones-clownesques franchouillards… Les Anglisches ils faisaient comme moi, des chroniques ou les bagnoles ne sont qu’un prétexte à déconner grââââve… @ pluche…
Toutes les histoires sont interchangeables, changez les nanananas, changez le Hot-Rod, vous n’avez qu’à broder un pneu… deux peut-être, c’est modifiable, vous occultez les photos, le texte est bon partouze… J’avais publié un article avec un max de photo sur un Rod “p’tit-blanc” similaire mais pas identique ni “le même”… Il vous suffit de cliquer sur ce lien pour y aller voir et lire… Riders on the Storm… Il a été également publié sur FessedeBouc…