Stan Johnson Silver Bullet Dragster
Traditionnellement, une Silver Bullet est une balle d’argent qui seule peut tuer un loup-garou. On pénètre là dans la lycanthropie un mot qui vient du grec lukos qui signifie loup et de antropos qui signifie l’homme. Papoter de la Lycanthropie, éloigne de la Dragstermanie qui est le sujet de cet article, qui concerne cet ancien Dragster des années ’50 qui se nomme “Silver Bullet” et n’a jamais eu la vocation de se mêler au mythe des loups-garous qui ont été bien longtemps la terreur de nos campagnes et d’ailleurs, lieux dans lesquels on savait que les sorciers ne pouvaient “se faire loup” que par le secours du diable.
Dans les idées des démonologues, un loup-garou est un sorcier que le diable lui-même transmue en loup qu’il oblige à errer dans les campagnes en poussant d’affreux hurlements. L’existence des loups-garous a été soutenue par Virgile, Solin, Strabon, Jean Wier, Breughel, Bosch, de Lancre, Thomas d’Aquin et par tous les jurisconsultes et démonomanes des derniers siècles, à peine commençait-on à en douter sous Louis XIV… L’empereur Sigismond fit débattre devant lui la question des loups-garous et il fut unanimement résolu que la transformation des loups-garous était un fait réel et constant.
On peut noter qu’en Franchouille, la croyance de l’existence des loups-garous s’est éteinte il y a moins de 100 ans. Que le Président Macron soit pour certains et certaines, un loup-garou, n’est pas le sujet de cet article, quoiqu’il y a matière à en débattre. Le terme de lycanthrope viendrait d’un roi d’Arcadie nommé Lycaon. Fils de Phoronée, ce roi d’Arcadie, lui donna le nom de Lycaonie. Il bâtit sur les montagnes, la ville de Lycosure, la plus ancienne de toute la Grèce, et y éleva un autel à Jupiter Lycaeus, auquel il commença à sacrifier des victimes humaines.
Il mangeait tous les étrangers qui passaient dans ses Etats. C’est ce qu’il faillit arriver à Jupiter qui était venu se loger chez Lycaon. En effet, ce dernier se préparait à lui ôter la vie durant son sommeil mais auparavant, il voulu s’assurer que ce n’était pas un Dieu. Pour ce faire, il lui fit souper, selon les dires de certains, les membres d’un de ses hôtes ou d’un de ses esclaves. Mais Jupiter s’aperçu de l’intention de Lycaon et il alluma un feu vengeur qui consuma le palais et Lycaon fut ainsi changé en loup. Ce serait l’un des plus anciens loups-garous…
Cependant, la fin de la légende est toujours la même ; Zeus, fou de rage transforma son hôte en créature mi-homme mi-loup et le condamna à errer ainsi jusqu’à la fin des temps. Ce qui m’amène à vous causer de la Silver Bullet, la Balle d’Argent qui seule peur tuer un loup-Garou… J’arrête cette déviation là tout de suite car cette version est née à Hollywood… D’ailleurs, une balle d’argent a les mêmes effets qu’une balle ordinaire… On peut y trouver éventuellement un symbole de lumière et de pureté, mais l’or dans ce cas aurait mieux fait l’affaire. L’argent, symbole lunaire pourrait-il détruire ce qu’il a créé ?
Ce qui est vrai, ce sont les progrès fait par l’armurerie au travers des siècles. Il est beaucoup plus facile de tirer une balle, que de prendre le temps d’armer et tirer un carrelet d’arbalète sur une bête qui vous poursuit… ou que vous poursuivez. C’est peut-être là, la naissance du mythe de la balle en argent. Une autre explication serait que la bête étant une représentation ou une invocation du diable, le principe destructeur aurait été de couler une balle faite dans un matériau saint et béni tel un crucifix en argent !
Lorsque nous entendons dans notre nouveau siècle le terme “Silver Bullet”, quelques hommes fous œuvrant dans la publicité, ont programmé notre cerveau pour penser à une “Coors Light”. Ce dragster aide à changer cette vision consumériste. Quiconque lit ce site Web est probablement coupable de dessiner un Hot Rod comme les p’tit’s d’jeunes sur leurs couvertures de livres de lycée ou à l’intérieur de leurs dossiers, mais nous sommes prêts à parier que moins d’un pour cent avaient les compétences nécessaires pour transformer l’un de ces Hot Rod’s en Dragster.
Ce moins d’un % c’est Stan Johnson qui a dessiné sa version d’un ultime Hot Roadster modifié. Il avait toujours voulu concevoir un dragster qui ne ressemblait à rien de ce que personne n’avait jamais vu auparavant. Après l’obtention de son diplôme, il a été accepté dans une école de design industriel où il a appris à maîtriser les compétences qui l’aideraient à transformer son rêve en réalité. Le Dragster qu’il a construit avec son frère Tom et sa girlfriend Connie Friedhofer, a été fabriqué sur base d’un châssis Schubeck de 127 pouces incorporant la carrosserie arrière d’une Ford ‘T’.
Tout à l’intérieur du cockpit a été fabriqué à la main, y compris le siège, les pédales et le volant. Chrysler a fourni à l’équipe un moteur 273ci tandis que Johnson a réalisé tout le reste ainsi que l’assemblage qui devait avoir un look unique. Beaucoup pensaient que le Dragster futuriste était conçu pour le spectacle, mais Johnson leur a prouvé qu’ils avaient tort quand il l’a amené, hors de la remorque, sur un Dragstrip et a écrasé la pédale d’accélérateur. L’engin répertorié comme étant “Un Coupé de compétition” a couru en B/Gas et a établi un record en 1966 avec 10,37 à 142,85 mph à Great Lakes U.S.30 Dragway.
Après la fin de la saison de Dragster, Johnson a mis sa Silver Bullet sur le circuit des salons automobiles où “Silver Bullet” a remporté plusieurs premiers prix. Malheureusement, Johnson a été contraint de vendre la voiture en 1969 pour arrondir ses besoins financiers. Silver Bullet a été vendu à un gars du Canada, pour ne plus jamais être revu durant quelques décennies On pourrait penser que c’est là que cette histoire se termine, mais c’est vraiment là qu’elle commence. Avance rapide de 30 ans, lorsqu’une photo d’une carrosserie de Dragster en fibre de verre avec un arrière unique est apparue sur Internet.
D’une manière ou d’une autre, cette photo, prise lors d’un échange de voitures au Canada, a fait son chemin dans la boîte de réception de Stan Johnson. Quand il a ouvert l’e-mail, il savait exactement qu’il regardait son ancienne Silver Bullet… Lui qui rêvait de récupérer son Dragster mais n’y arrivait pas, le croyait perdu à tout jamais… Il a pu retrouver le propriétaire dénommé Rick Proctor, qui ne cherchait pas à vendre mais espérait plutôt le restaurer lui-même. Ironiquement, avec l’aide de Johnson, Proctor va passer la décennie suivante à parcourir le Canada pour localiser les pièces d’origine.
Au fil du temps, ils ont pu localiser le moteur, diverses pièces et même le système d’injection unique ainsi que les collecteurs que Johnson avait construits à la main il y a plus de 50 ans. Après 14 ans de discussions et plusieurs offres de rachat, Proctor a finalement accepté de revendre le Dragster et ses pièces à Stan Johnson, sachant que Johnson avait les compétences et la motivation pour remettre la voiture dans son état d’origine, puisque c’est lui qui l’avait créée et fabriquée ! Cela avait pris 47 ans, mais Johnson avait finalement retrouvé et racheté sa création.
Il était ravi, même si sa “Silver Bullet” était en mauvais état et avait besoin d’un max de travail. La restauration a pris des milliers d’heures et près d’un an à terminer parce que Johnson a dû utiliser ses compétences d’usinage pour refaire plusieurs des pièces manquantes, mais il ne l’aurait pas fait autrement. Johnson m’a dit qu’il voulait que la restauration soit parfaite, jusqu’à la re-réalisation de logo “Johnson Brothers & Friedhofer” écrit par lui-même.
La résurgence des dragsters à moteur avant d’origine continue de nous captiver. La résilience et le dévouement à localiser ces engins et à les rendre à nouveau vivant se produisent de plus en plus… Un Dragster a été sauvé !
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