Studebaker-J5-Express Pick-Up 1937
Très Cher Gatsby,
Permettez-moi de commencer par me présenter correctement à vous, je m’appelle BARRISTER-FORTUNE-ANDREW. Cela peut vous surprendre en recevant mon message, car il n’y a pas eu de correspondance antérieure entre nous. Mon but en vous contactant est pour vous de m’aider à sécuriser un héritage laissé par mon défunt client, célèbre Kustomizeur automobile sud-africain ayant migré aux Etats-Unis. Mon but est d’éviter que son héritage ne soit confisqué ou déclaré inutilisable par sa Maîtresse Ukrainienne sans scrupules. J’étais son avocat personnel jusqu’à sa mort. Ses fonds financiers sont également en souffrance pour diverses raisons fiscales et il n’a pas d’épouse ni d’enfants (par éthique), mais était tombé sous l’emprise d’une Ukrainienne pour laquelle il n’existe aucun document reconnu lui accordant l’héritage de mon client dont la passion était de lire vos textes admirables dans votre inestimable web-site www.GatsbyOnline.com dont il avait voulu être contributeur en vous faisant don de son Pick-Up Kustomisé par ses soins.
J’ai obtenu vos coordonnées du catalogue de la CHAMBRE DE COMMERCE DES EDITEURS, après vérification à votre sujet, j’ai découvert que vous étiez un homme de presse bon, ce qui est la raison la plus évidente pour laquelle je me sens plus à l’aise pour effectuer la finalité de l’héritage avec vous. J’agi avec un Notaire public, légalement, en tant que son avocat personnel, je vous demande en fait votre consentement pour que l’héritage puisse vous être transféré. Tous les documents juridiques sont prêts, tout ce dont j’ai besoin est de votre coopération honnête pour nous permettre de réaliser cette transaction. J’utiliserai ma position d’AVOCAT pour garantir le succès et la finalité de cette transaction en vous attribuant son légataire universel sur ma foi de serment. En plus de cet inestimable Pick-Up Studebaker-J5-Express vous sont légués 30.000US$.
Dans votre courrier d’acceptation de retour, je vous demande de me verser une caution de 10.000US$ nécessaires pour le déblocage du Title of Property. Par retour de confirmation je vous fournirai plus de détails et des documents pertinents qui vous aideront à bien comprendre cette transaction. Ci joint une description du Pick-Up et quelques photos. La maison figurant sur les photos peut vous être cédée pour seulement 20.000US$ si vous ajoutez 5.000US$ au montant de la caution, un descriptif vous sera envoyé avec la certification d’honnêteté du Notary-Public. Tout ceci vous est envoyé d’Ouganda ou je suis en déplacement pour une autre affaire importante. CordialementAvocat Maître Barrister Fortune Andrew
Post-Scriptum : Ce Pick-Up Studebaker J5 Coupé-Express de 1937 est l’un des 3.125 exemplaires produits et a été construite par Studebaker of Canada Limited à Walkerville, en Ontario. Il a été acheté en 2014, puis rénové et modifié. La puissance provient d’un V8 LT1 de 5,7 litres jumelé à une transmission automatique 4L60-E à quatre vitesses, et le Pick-Up est fini en crème sur une sellerie en cuir rouge. Les caractéristiques comprennent une suspension avant indépendante et un arrière à quatre bras avec coilovers QA1 ainsi qu’une pont arrière Chevrolet à 12 boulons et un boîtier de direction Fat Man Fabrications
Il y a également des freins à disque avant Wilwood assistés, un radiateur en aluminium Be Cool, des phares de route, des pare-chocs chromés, des marchepieds, une visière de pare-brise en métal, une roue de secours à montage latéral, la climatisation, les vitres électriques, un volant de style banjo Grant sur une colonne inclinable et une chaîne stéréo Bluetooth. Le L5 Coupé-Express était un pick-up léger qui a été introduit pour 1937 et utilisait le châssis et le groupe motopropulseur de la voiture de tourisme Studebaker Dictator.
Il a reçu des mises à jour annuelles de style jusqu’à ce qu’il soit abandonné après l’année modèle 1939. La carrosserie de cet exemplaire a été sablée et les ailes élargies de 2 pouces avant d’être repeinte en crème. Les caractéristiques comprennent des pare-chocs chromés Ford 1933 modifiés, des feux de route, des clignotants avant provenant d’une Ducati, un ornement de capot, une visière de pare-brise en métal, deux rétroviseurs latéraux, des marchepieds et des feux arrière provenant d’une Chrysler de 1937. Les jantes de 15 pouces peintes en rouge proviendraient d’une Corvette et portent des enjoliveurs Studebaker et des pneus BFGoodrich Radial T/A.
Une roue de secours est montée sous un couvercle de couleur de carrosserie dans l’aile avant droite. Le camion dispose d’une suspension avant indépendante ainsi que d’une configuration arrière à quatre bras, de coilovers QA1 aux quatre coins et d’un boîtier de direction et d’un stabilisateur de style Fat Fabrications Mustang II. La puissance de freinage est fournie par les freins à disque avant Wilwood à assistance électrique avec rotors fendus et percés ainsi que par tambours arrière. La cabine dispose d’une banquette garnie d’une sellerie en cuir rouge ainsi que d’une garniture de toit, de panneaux de porte et d’un tableau de bord inférieur.
Des tapis noirs tapissent les planchers, et l’équipement supplémentaire comprend des vitres électriques, un système CVC VintageAir et une chaîne stéréo Bluetooth jumelée à l’audio Focal. Le tableau de bord porte la signature de Bobby Allison. Le volant de style banjo à monture de bois Grant est doté d’un bouton de moyeu Studebaker et il est monté sur une colonne inclinable devant un tableau de bord en acier peint abritant un compteur de vitesse AutoMeter de 120 mph et des jauges auxiliaires. Le compteur kilométrique numérique indique 53 000 miles, dont 15 000 ont été ajoutés sous la propriété du vendeur. Le V8 LT1 de 5,7 litres provient d’une Chevrolet de 1996 et a été reconstruit. Un alternateur est équipé d’un radiateur en aluminium Be Cool, de deux ventilateurs électriques, d’une boîte à air personnalisée et d’une batterie Optima Red Top. La puissance est envoyée aux roues arrière via une transmission automatique 4L60-E à quatre vitesses.
J’ai éteint mon ordinateur et suis allé me changer les idées devant la TiVi… Pas mieux ! Après l’annonce de crashs d’avions en Ukraine ainsi que d’un massacre accidentel de 428 personnes dans un bled paumé ainsi que trois assassinats de jeunes femmes violées à l’occasion d’une tournante de retraités des chemins de fer français en mal d’amour, je me suis lassé des malheurs du monde… mais “la gueuze” qui présentait le “vingt heures” n’arrêtait plus de pérorer, il était évident que ça ne finirait pas en gang bang. Et ça m’énervait. Je considérais cela comme une fin en soi tout à fait acceptable. Et puis, j’avais aussi le choix…
Ça m’excitait, finalement. C’est scientifique, y a tout un tas de gens qui rentrent dans des états pas pensables dans ce genre de situation. C’est comme s’ils n’avaient plus rien à perdre, ça les détend un max et les voilà capables des pires bassesses. En plus, ça ne leur cause aucun problème et ils sont souvent plus équilibrés que ceux qui se font tout un évènement de rien du tout. Mais moi non. Je préférais encore regarder les actualités avec la gueuze du journal en train de faire briller son gloss. Un Gang Bang de 20 millions de téléspectateur. Ejaculation sur la chute du CAC 40.
Branlette sur l’autopsie d’un type retrouvé dans un canal deux mois après sa disparition. Râles doucereux sur l’ouverture du festival des nymphettes du Vaucluse ! Je dois changer tout ce bordel. Je ne peux continuer ainsi, je le sais. Pendant l’écran de pubs qui a suivi, je me suis détendu en faisant des nœuds. J’ai attrapé la passion des nœuds à force de les défaire. J’en ai appris une centaine et je garde toujours des bouts de corde chez moi. Tout fait l’objet d’un nœud au fond. Au bout de cinquante nœuds, j’ai décidé de sortir. J’étais excité comme un fou… et aussi nostalgique.
Je reste mélancolique à l’évocation de la nostalgie…. J’ai quitté ma torpeur, je suis revenu à moi et j’ai donné des croquettes accompagnées d’une entrecôte saignante (15 euros depuis la guerre en Ukraine entre l’Amériqu’Otan et la Russie) à mon Cocker Blacky. Je me suis contenté d’une gamelle de nouilles… et j’ai continué de zieuter la gueuze du journal de 20h… Elle avait mis un chemisier noir ouvert d’un bouton. Il y avait eu un ouragan et on voyait des gens pleurer et d’autres allongés morts dans la boue. Tout était souillé, marron et puis les caméras sont revenues sur son visage.
Encore une information sur un détournement de fonds de la part du responsable de la Croix Rouge, un autre de la Commission Ropéenne-Ukrainienne et un viol sur des africaines par des responsables de RSF. Le Covid a été évoqué comme en augmentation. Des gens avaient été contaminés par un laboratoire Ukrainien qui refusait de le reconnaître. J’étais mal là. J’aurais aimé arrêter le bruit dans ma tête, le malaise la culpabilité. Une fois j’ai cassé la télé suite à un reportage ou on voyait un quidam qui avait voulu aider un poubelleux (un ce ceusses qui ramassent les poubelles).
Il s’était fait arracher le bras par la machine à broyer. Il est parti à l’hôpital, son pote bourré s’est trompé et il s’est retrouvé à l’abattoir… et son bras a été haché avec un bœuf. Le tout finissant au rayon surgelé. Ce soir, c’est le dernier avant le week-end. Le journal télévisé débute à nouveau sur un générique affriolant. Encore un enlèvement d’enfants et aussi un attentat à Kiev, le plus violent depuis le début de la guerre, 600 morts. J’ai fermé les yeux et me suis alors remis en tête divers souvenirs… Ses lèvres étaient splendides et ses yeux trahissaient son admiration. Elle s’était apprêtée pour….
Merde, j’ai dérapé soudain en cauchemar, je me rendais au bal de la mort… et “ELLE” était là comme les reines cruelles, pour soulager l’apocalypse d’un peu d’art de la douceur… C’est tout ce que je peux en dire. Assis, je la regarde en TV. C’est la star des petites gens. Un bateau de pêcheurs a encore disparu, il y a des tempêtes sur l’atlantique, 12 marins noyés. Le phénomène du home-jacking est en hausse. Des gens sont retrouvés assassinés ou torturés à leur domicile depuis trois mois, ce serait le fait d’un groupe de nains qui sillonnerait l’Europe. Une femme a été retrouvée pendue à un crochet de boucher.
Un plan social a été annoncé chez Citroën : 120.000 chômeurs en prévision. L’expo Zeelinsky fait un tabac ! L’essence ne baissera pas avant trois ans. Un chat a parcouru deux cent kilomètres pour revenir chez son maitre. La présentatrice sourit à l’évocation de la bête. Le monde est sous le charme, anesthésié, repus, fracassé. L’audience est en hausse. Je me suis alors mis à réfléchir à la possibilité que la réalité ne soit que la perception du réel et non le réel, un concept encule-mouche à haute teneur en psycho-philosophie pour les nuls… et cela, je le faisais en buvant un grand verre de Mojito.
Il y avait de la bossa nova en fond sonore, de la TV sortait comme une odeur de moules carbonisées, ça schlinguait les remontées d’égouts. Et ça n’avait eu aucune importance car toutes ces nouvelles apocalyptiques débitées en tranches de jambon, englobaient en général une déplorable concentration de folies et dans chacune d’elles je perdais un peu de mon âme et de ma tranquillité. Ce que je f…. là était relativement obscur. Je me disais qu’il était temps de cesser de croire au Père Noël, qu’on était en janvier, qu’il y avait encore un avenir dans ce bordel qu’était le monde.
Pour le découvrir, cet avenir, il fallait que je découvre en moi suffisamment de poussées d’adrénaline incontrôlables qui m’auraient fait casser la gueule aux hordes de crétins qui me faisaient c… les uns après les autres. Enfin on fait avec ce qu’on a, comme on dit. Il y a des gloires qui se défont en un jour et c’est encore une preuve de cette triste réalité. Mais tout cela n’est plutôt rien, juste un quotidien, disons : un peu atypique, un peu mobilisateur par rapport à la banalité de celui des autres. J’ai repensé à l’héritage grotesque de cette avocate bidon, une histoire débile.
A force de subir tant et tant de conneries je risquais de devenir fou par procuration ! J’ai décidé de sortir mon Blacky… Au bout de quelques mètres de marche vers nulle part, j’ai vu arriver un limousine qui s’est emplafonnée sur un tas de gens. Le véhicule n’a pas ralenti et est venu percuter toute l’assistance comme une boule de bowling géante. Ça a fait splash ! Et puis un bruit de ferraille énorme. Tout ce que j’ai trouvé à dire c’est : “Hé bein. Pas cool” ! Il y avait du sang partout et ça hurlait. Franchement on tient combien de temps à se demander le pourquoi du comment ? Bizarrement je ne me sentais pas concerné !
Une limousine dans la gueule c’est inamical. Tous ces gens-là, tournoyaient de façon sordide. Avec l’odeur du sang, j’avais envie de me prendre un autre Mojito pour tenir le coup. Je gardais le silence… et pour ma prochaine vie je me disais que je souhaitais vivre sur une ile déserte. Ensuite quelqu’un d’autre que moi-même s’est approché de moi : “Vous êtes celui qui a vu l’accident ?” … “Ben ouais, ben, en fait y a cette limo qui a foncé direct dans les gens, ils se sont fait dézinguer sans broncher et la Limol a calé dans un gros soubresaut… et il a fait un petit saut… et je crois qu’il a écrasé une tête en retombant, car ça a giclé !
Ensuite, je me suis retrouvé dans un bar, je sais pas comment. J’avais l’impression que c’était fait pour moi ce nouveau monde. Le service était impersonnel et faussement accueillant. A vingt euros les 25 cl de bonheur, c’est 100% Saint-Tropez, ça pouvait. Je me suis attaché à regarder défiler les visages en leur échappant inéluctablement. Je me sentais encore sauvé, le temps avançait tellement vite que je n’avais aucune chance de voir le réel, si ce n’est la réalité, me rattraper avant au moins trois heures. Et, au bout de trois heures, je me suis retrouvé devant mon ordinateur, occupé à tapoter des conneries, dont celle-ci !
Je me ressers un dernier Mojito avant de… De quoi faire ? Je reste mélancolique à l’évocation de la nostalgie qui s’échappe de ma mélancolie… Je zappe ! Traffic… Ouganda au Mexique ! Un artisan de faux sacs de marques… Démêler le vrai du faux… Cette expression est une image. Le “vrai” et le “faux” y sont considérés comme deux entités concrètes, palpables, qui seraient inextricablement emmêlées. Découvrir la vérité reviendrait donc à les séparer en dénouant leurs liens, en les démêlant, comme on le fait d’une mèche de cheveux… Tout ce qui est vrai c’est la plaque d’identification… Canada manufactured !