“Vacarme” est un Hot Rod presque silencieux…
Ce Hot Rod se surnomme “Vacarme”... Un Dragster fait plus que du bruit, il fait du vacarme. Plus qu’il n’en fait, il l’est… Un Dragster est vacarme. L’origine du monde est sortie du vacarme, du chaos. Mais le monde ne s’est pas créé en suite des Dragsters… Le vacarme existait bien avant les Dragsters. Un Hot Rod n’est pas nécessairement un Dragster. Un Dragster n’est pas nécessairement un Hot Rod. Si tous les Dragsters non électriques font du vacarme, ce vacarme est annonciateur avant d’être dénonciateur car le son nous avertit de loin, hors de la portée de l’œil.
Tremblements de terre ou simple orage, ou vacarme des échappements, il annonce l’événement. Mais l’événement a déjà eu lieu, car le son est lent dans son déplacement. On voit avant d’entendre. De plus entendre n’est pas écouter, on n’écoute pas du vacarme par plaisir, saud ceux qui aiment les Dragsters et leur vacarme… Psychologiquement, le vacarme est d’abord signifiant comme somme, la somme d’un tout, car les vacarmes s’additionnent comme un ensemble d’éléments chargés de bruits dans leur expérience inconséquente.
Mis hors de la masse du vacarme, chaque son, considéré séparément, est normalement reconnaissable par tous, mais leur nombre accumulé et la distance ou a lieu le vacarme nous font écran. À la matière de chaque élément se substitue celle de l’ensemble. Le vacarme sauvage, moins homogène, est nourri d’autant de différences que d’éléments individuels le composent. Une distance s’impose alors à l’auditeur qui souhaite parvenir à le considérer. Trop près de lui, tout comme loin de lui, on ne le voit pas. L’ensemble est perdu au profit de détails car le vacarme est un corps sonore.
Son énergie, plus que la nature de ses éléments, domine… Des différences il y en a dans l’épaisseur du vacarme, puisque c’est la tentative de démonstration des différences qui justement fait vacarme. Chacun bataille pour sa parole. Mais la particularité du vacarme est d’être unique malgré ses différences, d’apparaître dans son homogénéité… Conjointement par son éloignement et sa multitude, l’unité apparaît, presque monolithique. S’il faut employer la terminologie d’autres domaines, comme la géologie, étrangère au sonore, ce n’est pas par métaphore.
Un vocabulaire assez pauvre définit le son et aucun qualificatif gratifiant n’est offert au bruit. Le vocabulaire sonore est entièrement voué à l’expression de la gêne que celui-ci procure : tonitruance, assourdissement, rien n’est assez insidieux pour nous le révéler fâcheux, ni assez insistant pour nous confirmer sa lourdeur. On ne trouve d’exceptions que dans les onomatopées liées à la sonance des objets : cliquetis, sifflement… ou à l’expression des animaux : roucoulement, mugissement…
La description du mouvement complète l’information sonore : roulement, éclatement.. Le ieu de l’origine du vacarme est riche de multitudes, il enfante ses différences. Tout tohu-bohu apparait sans le voir donc il n’apparait pas mais d’entend comme désordre sonore et il est précédé par la manifestation des formes, dont il suit leur décomposition. Paradoxalement, multitude et tumulte du vacarme côtoient le vide, l’absence désertique, les ténèbres et l’abîme… Or le vide ne génère pas de bruit… Il n’y a donc pas de vacarme dans l’espace… Le son s’amplifie dans le lieu ou il s’inscrit.
Le lieu est l’amplificateur de ses multiples réflexions, de ses rebonds sur les parois du volume qui le contient. Ainsi il s’enfle en échos et se perpétue. Le vacarme se considère de loin, hors du phénomène. Notre liberté d’en sortir nous offre l’aptitude de l’apprécier. C’est même par une position extérieure à lui que la conscience arrive. Dedans, pas le temps de considérer la somme. Tout est urgence, on se coupe la parole, l’expression est hoquetante dans sa discontinuité. Le vacarme annonciateur révéle l’origine ou la fin, il est maintenant l’expression du désordre avec et par le sonore.
Et seuls les mots se multiplient pour exprimer l’inconcevable, l’incontenable et l’inexprimable… Fracas, pour l’éclat,… Tumulte pour la confusion des cris et des chocs de la foule… Tapage, s’il est moins fort que le vacarme, renvoie à Tintamarre qui évoque le trouble car le Tohu-bohu est plus confus… Carillon, cris scandés..; Charivari huées et frappes sur des ustensiles de cuisine… Sérénade par antiphrase…Hourvari des chasseurs… Sabbat diabolique des chats..; Raffut, Tam-tam… Bousin du cabaret borgne… Pétard pour attirer l’attention… Potin pour causer le scandale…
Plus simplement le Trouble et ses Remue-ménage et méninges : Pêle-mêle, Orage, Tourmente, Tempête et Ouragan, Dérangement, Agitation, Affolement, Convulsion, Déchirement, Scandale ou Esclandre, Brouhaha ou Rumeur… Ici nous minimisons. Le Vacarme est un grand tapage discordant et désordonné de choses et de gens : le vacarme de la rue ; c’est un Chahut hostile, un Bacchanal plus inspiré par Bacchus, ou bien un train de gens de mauvaise vie, simplement du Chambard accompagné de bouleversements, le Boucan assourdissant d’un lieu de débauche, le Chabanais plus argotique, enfin le Bruit…
Pauvre de moi, qui subis ce vacarme ! Le vacarme est, comme le charivari, adressé au sujet. Le bruit a longtemps été utilisé pour mettre à l’index une personne qui a dérogé aux règles sociales. “Pauvre que je suis” révèle un regard, le regard du supplicié…. Les pratiques du charivari ont disparu de nos jours, et le vacarme n’est plus un moyen utilisé dans nos sociétés pour maintenir l’ordre. Plus qu’un immatériel, le vacarme est une dramaturgie post-moderne, pas de héros, pas de récit. Pas non plus un tissu, ça ne trame pas à plat, dans un plan ; le vacarme s’exprime dans l’épaisseur, dans le tumulte…
Un lieu de rencontre certes, un croisement des expressions singulières, un mouvement brownien, un immatériel qui porte et produit lui-même l’agitation. Mouvement aléatoire, et permanente variation en pure perte, son entropie le maintient en vie. Tout mouvement marque la présence du temps, ici le temps inscrit la vitesse des circulations, la polyrythmie des échanges… S’il y a somme, c’est comme somme de désirs, dans une volonté, désir irrépressible de dire, placé dans une belle impossibilité. Car ça parle haut.
C’est à qui crie le plus fort sous le poids de la somme, seule la puissance sonore du cri permettra de sortir ce que l’on veut faire entendre. Mais l’attaque, le timbre, la répétition, ne seraient-ils autant de procédés d’émergence utiles pour mieux apparaître au singulier au-dessus de la mêlée ? Alors, dans la difficulté de l’échange, le geste arrive et l’emporte. La main soudain levée fait un signe et permet à l’œil de saisir ce que l’oreille ne peut plus entendre. Il s’éteint comme il commence en pure perte d’énergie. Mais le vacarme n’est vacarme que dans le moment de sa pleine puissance.
Plus inquiétante est une autre disparition : la fréquence décroissante de ses apparitions dans le monde. Les lieux d’affrontement des corps disparaissent au profit des ordonnancements virtuels informatiques. Les confrontations de paroles s’effacent pour leur inscription silencieuse sur l’écran de l’ordinateur. La criée du port comme celle de la Bourse ne crient plus, même si toutefois elles ne disparaissent pas tout à fait et persistent dans le vacarme informatique. Je m’aperçois soudain que je n’ai évoqué ici que le vacarme de la parole. Est-ce la revue qui déplace mon objet ?
Le vacarme est vacarme de tous sons et d’abord de leur mélange… STOP… Silence… Je pense… Vous me lisez, vous ne pouvez m’ écouter, car si mes écrits font du bruit, ils restent silencieux… J’en viens au Hot Rod rouge de cet article, il fait tellement de bruit que le vacarme est assourdissant, or, on n’entend rien… s’il n’y a rien à dire, il n’y a rien à comprendre Ce Hot Rod va peut-être faire du bruit en suite du vide abyssal qui le compose… Il n’y a rien à en dire, donc rien à penser à son sujet, simplement qu’il est rouge…
Ce Hot Rod Factory Five Racing ’33 a été assemblé “maison” par le vendeur, dans son garage/box entre 2012 et 2020,. 8 ans… C’est long… Et il est propulsé par un V8 Ford 302ci couplé à une transmission manuelle Tremec à cinq vitesses et à un pont arrière différentiel de 8,8 pouces…. Doté d’une sellerie en cuir rouge sur noir, lce Hot Rod nommé “Vacarme'” ne fait aucun bruit particulier… Il utilise une carrosserie composite montée sur un châssis tubulaire en acier équipée d’une suspension avant indépendante, d’une configuration arrière à quatre bras, de combinés filetés réglables et de freins à disque aux 4 roues…
Il y a aussi un carburateur Edelbrock et des collecteurs d’échappement quatre en un, ainsi qu’un système de climatisation Vintage Air, une instrumentation AutoMeter, une caméra de recul et des vitres électriques. La carrosserie composite s’inspire d’un coupé Ford à trois fenêtres de 1933 et est peinte en Porsche Guards Red. Les roues polies de 15 pouces de Vision Wheel sont enveloppées avec des pneus Hankook 265/50 à l’avant et 295/50 à l’arrière. Le châssis en acier tubulaire a été thermolaqué en noir et dispose d’une suspension avant en porte-à-faux,.
La configuration arrière triangulée à quatre bras dispose de combinés filetés réglables. Il vient d’être vendu 36.000$… Compte-tenu de sa construction irréprochable et de ses finitions de très haut niveau, le montant de la vente n’est pas en rapport avec les 8 années de construction et le cout des pièces utilisées. C’est une bonne affaire pour l’acquéreur et cela incite à réfléchir aux prix demandés en France pour des Hot Rods qui ne sont pas à son niveau de qualité… 3 fois plus cher… 1/3 pour l’achat, 1/3 pour les frais, 1/3 pour le profit…