Il y a des jours qui débutent par un rayon de soleil…
Ainsi, ce matin, ouvrant une de mes deux boîtes-mail, je lis ce qui est ici reproduit :
“J’ai pris un pied d’enfer en lisant votre dernier article publié l’autre jour dans GatsbyOnline.
En plus de vous souhaiter bonne chance, j’aimerais vous offrir mes services. Ne croyez pas que je vous cire les pompes : je préfère vous les reluire maintenant plutôt qu’après avoir commencé à travailler pour vous. Je pourrais vous citer quelques références de mon passé, avec une honnêteté désarmante, mais je n’y tiens pas vraiment, car si vous leur demandiez leur avis, les références en questions sans réponses, vous diraient qu’avoir de bonnes références, il n’y a rien de mieux au cœur de mes visions. Je suis déjà en plein accord avec vous quand vous écrirez prochainement que c’est une sacrée honte qu’un champ potentiellement aussi dynamique que le journalisme soit envahi par des abrutis, des bons à rien et des arrivistes vrillés par la myopie, l’apathie, la complaisance… et généralement embourbés dans une mare de médiocrité stagnante. Si vous pensez que je peux vous être utile, faites-moi signe, sinon, bonne chance de toute façon”.
Parfois, mon ami Guy celui qui roule en Morgan et possède beaucoup d’argent, me propose de m’emmener boire un verre avec lui et manger une saleté crasse et dégoulinante au Mc-Do.
C’est son truc à lui.
C’est fatigant d’y aller et pas très intéressant à digérer.
Moi si un truc prodigieux n’occupe pas mes neurones, je m’emmerde vite.
Mon intelligence lumineuse m’oblige hélas de me tenir à distance de certaines occupations habituellement prisées par mes contemporains.
A la limite peut être que je parviendrais à m’y intéresser si j’étais shooté à l’héroïne ou bourré de neuroleptiques mais je vous avoue ne pas avoir envie d’essayer.
De plus étant de nature très sociable, je connais des tas de gens dans tous les domaines.
Et si je ne crois pas à la solidarité telle qu’on nous l’enseigne dans le catéchisme républicain actuel, je crois très fort au clan dans lequel on maintient la cohésion entre les membres à coups de services avant que les gens ne confondent avec les sévices.
Ce qui fait qu’un jour, un ami d’un ami m’a livré trois camions de doléances, de quoi passer trois hivers complets à les lire.
Et quand j’ai voulu le dédommager, mon ami m’a expliqué qu’il était en compte avec lui-même… ce qui fait que je n’ai rien payé, ni en argent ni en peine.
Les gens étant mal intentionnés, voici qu’une réputation indescriptible me colle évidemment à la peau.
Pas une seule personne que je connaisse qui ne me plaigne et ne se dise : pauvre Quelqu’un, il est affligé d’une telle intelligence, ses neurones ont besoin d’une telle surstimulation, que les plaisirs simples lui sont interdits à jamais !
Ben oui, voilà la vérité, telle une Rolls-Royce Phantom Drophead Coupé à jamais condamnée à ne pas emprunter les routes normales parce qu’elle est faite pour rouler dans les beaux quartiers, mon néocortex me pousse à n’avoir que des activités ciblées et triées sur le volet, comme la rédaction de GatsbyOnline qui est à n’en pas douter, un des summums de ce que peut produire un esprit humain supérieur à destination d’un lectorat hors du commun.
Mais bon, mon immense intelligence m’oblige à pardonner à mes amis cette détestable réputation qu’ils seraient tentés de me faire à mon insu.
Finalement, je me réjouis d’être une victime collatérale !
Sinon tandis que je cherchais des infos sur les faits divers, j’ai vu qu’un loustic qui circulait en Morgan à été percuté de face par un poids-lourd !
Si ce n’est pas de la déveine ça.
Bien entendu, j’adresse mes plus sincères condoléances à la famille du camioneur victime de cette inconscience mais je suis en droit de me demander ce que font les pouvoirs publics si prompts à dénoncer la violence routière, l’alcool et le tabac mais qui me semblent curieusement muets quand il s’agit d’une telle affaire.
Finalement heureusement que je connais Guy, c’est bien le seul qui n’ait jamais pointé du doigt mon manque d’entrain général face aux vains efforts qui me minent.
Une fois que nous glandions gentiment sur ma terrasse en devisant librement, il m’a dit que j’avais vraiment la belle vie et qu’il aimerait bien être comme moi.
C’est un compliment qui m’a touché véritablement.
Bien sur, je ne me suis pas départi de mon rôle éducatif face à lui, parce que je suis éminemment sérieux.
Je lui ai expliqué que mes principes moraux ne m’autorisaient pas de rouler en Morgan ni de déjeuner tous les midis dans un Mc-Do…
J’ai aussitôt rajouté que cela ne me manquait pas vu que je pouvais tout de même satisfaire quelques unes de mes lubies et que la dernière se trouvait être d’avoir acheté un Prowler et non une Morgan ce qui n’est pas le même coût.
Quant aux restaurants, ayant toujours préféré une côte-à-l’os saignante accompagnée de frites et d’un Saint-Nicolas de Bourgueil à tous les autres mets, les Mc-Do ne me manquaient pas vu que je savais de source sure qu’on y trouvait jamais de belles grillades !
D’ailleurs, la plupart des amateurs de Mc-Do n’entendent rien à la cuisine et trouvent cela bon simplement parce qu’on leur a dit que c’était bon.
Je suis même sur que statistiquement, on devrait trouver un très fort coefficient de corrélation entre les amateurs de Mc-Do et les amateurs de football.
Et fort logique comme je le suis, je ne vois pas pourquoi on aurait des goûts de merde culinairement puisque la cuistrerie est un état général permanent.
Comme quoi, nul besoin d’être un gauchiste activiste ni un illuminé écologiste pour ne pas verser dans la surconsommation.
Il suffit simplement de se défier du désir qui est sans doute la meilleure manière dont nous manipulent les groupements divers qu’ils soient privés ou public.
De toute manière, nous finirons tous au cimetière et les sacs d’or ne nous suivront pas.
N’est il pas écrit : “Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?”
Matthieu 6:26
M’ouaissssssss, bof !
Bon…
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