“IMPULSE”… La Chevy Camaro 1968 du Général Mautore…
-Qui est le Général Mautore ?
-Un peu d’histoire, avant d’en commencer une autre. Le Général Mautore n’est pas le personnage sympathique et joufflu, toujours bienveillant, que nous connaissons chez nous en France en tant que Bidenbum. Les origines du Général Yankee sont floues et complexes et, aujourd’hui, divers scientifiques sont persuadés que ses origines proviennent du mélange de plusieurs traditions et légendes…
-Et on peut lire dans certains magazines qu’il est plus vieux que nous le pensons.
-Assurément ! En fait, selon certains journaleux-ethnologues, il aurait une centaine d’année de vol, au bas mot. Non pas bien sûr, dans sa forme actuelle, mais selon ce qu’il symbolisait à ses débuts chez les peuplades américaines, soit une sorte de sorcier incarnant l’Esprit de la généralité automobile, Et… Heu… En fait…
–Oui, zêtes certain de vos sources, là ?
-Absolument pas, quoique, sachez que ses représentations ont varié suivant les lieux et les époques. Il prenait le plus souvent la forme d’un personnage éphémère et translucide, masqué, une liasse de US$ à la main ! Et ! Euh ! Voila! Oui et non ! Enfin, non ! Je ne sais plus exactement l’origine exacte.
-De la mythologie américaine je crois.
Un silence s’installa dans le groupe. Un silence envahissant, étouffant, étrangement silencieux, qui préfigurait les prémisses de bavardages savants et désormais plus que nébuleux. La nuit ne serait pas assez longue… Tous s’étaient rendu compte tacitement que ce silence imprégnait leur discussion. Ils acquiescèrent ensemble, convenant que le Général Mautore était dangereux. C’était une affaire entendue, mais comment poursuivre ?
Un camion de pompier creva soudain le mur de silence, son avertisseur assourdissant passa en trombe sur l’avenue. Ensuite, les deux éméchés continuèrent leur déambulation côte à côte en se rapprochant du vide.
Signe d’un nouveau départ. Une espèce d’homme, avec une béquille à la main, traversa précipitamment l’avenue et vint enrichir la réflexion des deux acolytes à sa manière. Halluciné, il gueulait des bordées de psaumes, en gesticulant, agitant sa béquille par-dessus les têtes.
–Mais, si quelqu’un scandalisait un de ceux qui croient, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mette au cou une grosse meule de moulin puis qu’ensuite on le jette dans la mer. Marc 9/42. Et pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, les magiciens, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort. Apocalypse 21/8. Dehors les chiens, les magiciens, les débauchés, les meurtriers, les idolâtres et quiconque aime et pratique le mensonge ! Apocalypse 22/15.
Enfin, le bonhomme s’arrêta de psalmodier. Il se détourna du groupe des deux et reprit en sens inverse sa course folle au beau milieu de l’avenue. Il traversa le carrefour en claudiquant et s’emplafonna dans un bus. Les écritures saintes avaient parlé. Une voiture, enfin une sorte de bolide, sortit alors tout droit de l’enfer et traversa l’avenue de manière fracassante. Ce fut un passage instantané, mais les deux compères reconnurent immédiatement une Chevy Camaro 1968 malgré qu’elle fût méconnaissable en cause de sa customization extrême…
-Fabuleux ! Un vrai mythe à l’orée du bois !
-Absolument Incroyable ! Ce n’était la version basique à moteur six cylindres en ligne de deux litres huit. Elle devait avoir au moins deux V8 couplés à une boîte manuelle de trois rapports automatisés !
-Sûrement vrai ! Des jantes de type “American Racing”, le grand classique Indianapolis ajouté. Je connais ce look branché. A Ålesundskørgen en Norvège, près du tas de fumier situé à l’arrière de la ferme d’élevage de mes parents, il y avait une voiture similaire. Evidemment cette dernière était complètement saccagée et ne disposait plus de ses pneus. L’épave à l’abandon servait de poulailler. Du reste, les rennes voisins venaient de loin pour admirer cette pièce de musée qui faisait la fierté de la communauté de la ferme !
-Quel bonheur !
Mais ce qui fut le plus incroyable encore dans ce tableau surréaliste, est que cette Chevy Camaro repassa une seconde fois, mais dans le sens contraire et à très faible allure. On ne pouvait rien distinguer de l’intérieur du véhicule il ne manquait plus que Steve McQueen dans la scène, quoique Bullit circulait dans une Ford Mustang !!! Un des deux hurluberlus pensa tout haut que sortant du véhicule, McQueen irait ouvrir le coffre pour attraper deux sacs remplis de US$ et répandrait tout son contenu à leurs pieds ! Mais il “confusait” avec “L’affaire Thomas Crown” !
Après quelques instants, la ChevyCamaro vrombit sur place puis accéléra en trombe laissant derrière elle une bourrasque infernale de rugissements stridents… Et elle disparut par où elle était apparue. De nulle-part ! Après cette stupéfiante tempête d’invraisemblance, ils avaient les naseaux secs et ressentaient un sentiment de malaise diffus.
–C’était quoi ça ? L’apocalypse, après les prophéties ?
–Non, juste un vieux rêve. Laissez tomber.
-On parlait de quoi déjà tout à l’heure ?
–Du Général Mautore !
-A l’heure de la mondialisation, toute la logistique des pensées en flux continu est coordonnée, depuis quelques années déjà c’est pire grâce aux nouvelles technologies de la fibre optique ! Cette intendance est contrôlée, pilotée et coordonnée par une batterie de serveurs localisé dans un central ultra sophistiqué façon National Security Agency, accessible de partouze à domicile !
–Vous voulez tout savoir ? Je le dis en mille, Monsieur le Général Mautore découche… Grouloulou loulou…
Deux grosses berlines passèrent alors à grande vitesse en klaxonnant devant l’attroupement des deux compères. Ils tournèrent distraitement la tête en direction du boucan puis ignorèrent le trafic routier pour observer à nouveau le silence.
–…
–…
–Et avec qui donc ? Quand et où donc ?
-Tout le monde s’en fout. De fait personne ne s’intéresse à ce qu’il fait ! En général le Général Mautore prépare ses coups ! le monde entier pense que c’est tout au long de l’année ! Mais il n’a pas de voisin pour fouiner dans sa vie conjugale, pas de chef pour contrôler ses horaires, pas d’amis pour fureter dans ses moments de solitude et aucune religion pour l’assister dans ses éventuels doutes. Ce Général est libre d’aller et venir aux quatre coins de la planète sans rendre compte à quiconque.
–Ah ben ça alors…
–Et pire croyez-moi ou pas, il découche encore plus que jamais.
–Ah ben ! Ah ben ! Ah ben ça alors !
–Oui parfaitement, je vous assure, croyez-moi, il profite ostensiblement de sa notoriété pour découcher…
–Ostensiblement ?!?
–Ostensiblement parfaitement. Personne ne peut dire le contraire. De manière factuelle l’intéressé n’a jamais démenti.
–Le Général Mautore ne s’aventure personnellement jamais dans les zones de guerre. Il ne se risque pas dans les jungles chiapastiques ou même de type paraplécolombiennes. Il n’apparaît guère aux travers de conflits ethniques. L’a-t-on vu dans le bourbier des favelas mexicaines ?
–Euh non !
–L’a-t-on croisé dans un quelconque quartier pauvre de Kigali ou de Lagos ?
–Non.
-Même lui le valeureux, splendide respecté Général Mautore il a surement peur des séditieux de partout et d’ailleurs.
–On lui écrit : “Cher Général Mautore, je rêve d’une Mustang, peux-tu m’en offrir une ?”… Il ne répond jamais à ses interlocuteurs. Jamais de courrier, ni un coup de téléphone. Tu parles d’un mec engageant. Un négociateur ? Tu parles…aucun talent de médiateur international.
–Hein ? Quoi ?
A cet instant, la Chevy Camaro déboula à toute allure, elle fit une grande embardée sur le côté, percuta le trottoir, effleura une rangée de Choppers qui tombèrent en domino, puis redescendit lourdement sur la chaussée. Puis elle s’arrêta net. Le capot suintait des vapeurs grises, des genres de fumerolles volcaniques. Puis d’un coup, le bolide à l’aide d’une accélération phénoménale fit rugir ses pneus larges en hurlant. Le V8 s’affolait dans toute sa splendeur. Le bolide repartit au loin ! Deux cents mètres à fond la gomme, droit devant, puis quittant sa direction initiale, la voiture glissa sur vingt mètres plus ou moins volontairement, peut être par suite d’un défaut d’adhérence au sol lié à la surpuissance machiavélique, mais visiblement un dérapage très bien maitrisé au final.
Les freins à disques à l’avant du véhicule crissaient en fin de virage dans un bruit métallique assourdissant. Puis, la Camaro finit brutalement son demi-tour sur place, vrombit à nouveau par soubresauts terribles. Ensuite, par bonds saccadés de dix mètres et enfin par petits à-coups, jusqu’à venir s’amarrer dans le cul d’une vraie Ford Mustang verte. Une dernière saccade vers l’avant et le monstre s’immobilisa en crachant un dernier terrible “Vroum” ! Dernière fureur sonore juste à la hauteur de la connerie ambiante qui n’avait rien lâché de ce spectacle inouï. Enfin, les tremblements de la Chevy Camaro cessèrent définitivement.
Les deux portières avant s’ouvrirent. Côté conducteur d’abord. Des bottines en cuir, puis des jambes longilignes serties dans un textile rouge moulant s’extirpèrent de l’habitacle. Les jambes s’allongèrent et hissèrent le reste du corps entier vers l’extérieur. Une anatomique courbe contourna la portière du véhicule qu’elle laissa ouverte. Ses pas souples claquèrent le long de la chaussée, firent le tour par l’arrière de la voiture, pour s’immobiliser devant le coffre. La créature aux allures sinueuses ouvra le coffre très lentement. Puis après un moment assez long, le coffre toujours ouvert, ses pas se dirigèrent vers les deux ahuris aux écarquillés. La femme portait un manteau rouge signé Galliano. Sublime modèle féminin à souhait ! Et là, le détail glamour de la jupe…
Elle était fendue jusqu’au nombril, dessinant un galbe ravageur qui à mi-hauteur s’élançait en s’atténuant divinement par un décolleté ultra chic qui dévoilait juste ses épaules. Des épaules crème constellées de taches de rousseur. On ne pouvait pas pour autant oublier les détails de la fleur, ton sur ton, posée sur la robe, et le somptueux drapé qui la parcourait sur toute sa longueur. Vraiment la très très très très très grande classe. Et ce côté affolant avec ça. Enfin, son visage et des mèches de cheveux vénitiens qui filaient sous son menton. Bon sang, que cette femme était belle.
Mais tout à coup, une seconde femme sortit de la Chevy Camaro côté passager, elle était noire, une peau d’ébène d’une magnifique beauté également. Elle avait des mèches noires unies aux teintes criardes rouges et violettes sans malgré tout jurer sur son teint de peau. Sa bouche épaisse était mise en valeur par un simple coup de rouge, et son regard charbonneux avait été tracé au khôl, laissant deviner une impression de déesse égyptienne. Grande elle portait un chapeau de haute couture en laine blanche en forme de canotier. A cet instant les deux compères de plus en plus ahuris auraient préféré ne pas se faire remarquer, désirant plus que tout enfouir leurs angoisses naissantes car ils se sentaient dévisagés.
–Qu’est ce vous nous avez embêté ce soir mes amours. Nous vous avons cherché partouze. Où étiez-vous donc partis mes chéris ? Hein ?
–Qu’est ce qu’on est sensés répondre ?
Sentant venir le destin, les yeux larmoyants de sollicitude ils se mirent à genoux et implorèrent sans une seule hésitation, qu’on leur donne une explication ainsi qu’une fiche technique… Tant de discussions vaines, ce n’était pas possible. Ils n’eurent pas loisir de disserter plus longuement, car la beauté noire imprima un mouvement de va-et-vient dans son attaché-case et en sortit des feuillets à entête de la société de ventes aux enchères MECUM… Les deux femmes se souriaient tendrement. Et d’un geste infiniment lent, la blanche effleura son nez sur la joue ébène de sa compagne, puis dans un geste trouble lui mordilla ses lèvres pulpeuses. Elles s’embrassèrent passionnément. Leur baiser était celui d’un amour indéniablement débordant.
“Impulse” est le nom de cette “Chevrolet Camaro Custom 1968” hautement personnalisée. Construite par “Bonnell’s Rod Shop” en Pennsylvanie, la voiture a été sponsorisée par la société de peinture “PPG” qui l’a exposée dans son stand au SEMA Show. La carrosserie classique “f-body” a été radicalement changée, surbaissement du toit, allongement de la carrosserie. Une fois tout le travail en métal terminé, “Bonnell’s Rod Shop” a peint la Camaro d’un “Envirobase Impulse Yellow” de “PPG” avec un verni “New Vibrance” pour vraiment faire ressortir l’éclat général.
Un renflement massif du capot a été nécessaire pour couvrit le 360 CI Chevrolet small-bloc V-8 équipé de Holley EFI. La face avant entièrement personnalisée comprend des feux de route “Rigid Industries” incorporant 175 LED intégrés dans la calandre. Le châssis est de type Racing entièrement en tubes “Martz”. Les pneus arrière sont des Mickey Thompson montés sur des jantes “Forgeline-Grudge” de 20 pouces. Les freins à disque sont des “Wilwood” de 13 pouces.
L’intérieur personnalisé de la Camaro a été créé par “Sew-It-Seams-Interiors” avec du cuir provenant de “RelicateLeather”. Le tableau de bord abrite des compteurs “Classic-Instruments”. En plus de son apparition au SEMA Show, “Impulse” a également remporté le premier prix au “Salon World of Wheels 2016” à Pittsburgh.
La voiture vient d’être mise en vente par MECUM pour leur vente aux enchères d’Indianapolis mi-mai 2021 ! Estimation 115.000/125.000 US$
https://www.mecum.com/lots/SC0521-461931/1968-chevrolet-camaro/ Lot F247 – Vendredi 21 mai 2021