J’ai conduit la Renault Twizy, et c’est super cool !
L’expression véhicule électrique suscite encore quelques appréhensions auprès du public qui pense au premier abord à un modèle type voiturette de golf, au confort rudimentaire et à la sécurité limitée, menaçant de “tomber en rade” à tout instant sur le bord de la route avec pour seule explication un terrifiant “low bat” clignotant sur le tableau de bord !
Victime de cette angoisse collective, j’ai donc poussé un grand “ouf” lorsque j’ai pu “faire le plein” d’énergie sans devoir payer une fortune en essence, comme avec mes autres véhicules (surtout les anciennes automobiles qui font de la figuration dans mon garage-musée) !
Le témoin indiquait que la Twizy n’avait plus que 22% d’électricité disponible jeudi soir… et, alors que je croyais l’opération de recharge simple et silencieuse, à peine ai-je connecté le cable d’alimentation à une rallonge électrique puisant le précieux courant d’une prise de ma salle de bain (le cable serpentant jusqu’à la fenètre en direction de l’emplacemennt ou j’avais parqué la Twizy)…, celle-ci s’est mise à bourdonner comme un aspirateur !
Le tableau de bord s’est rallumé pour indiquer que ça chargeait (sic !) et le bruit d’aspirateur a heureusement diminué jusqu’à ce que les batteries soient presque pleines (à 88%…, pas moyen d’aller au delà…) !
Je suis ensuite parti réaliser diverses photos de la Twizy “en situation” avec des gens tout autour et alentour, dans le centre-ville de Bruxelles…
Le stress des barrettes s’est estompé au fur et à mesure que je m’habituait à la Twizy…
Et, pour ce genre de périple, elle tient longtemps sa charge !
La Twizy est un compromis, tel a été le maître mot de Renault lors de la conception de ce véhicule électrique, entre un scooter et une petite citadine (ou un quad, au choix) bien connue des résidents des grandes agglomérations (la Smart pour ne pas la citer).
Disponible en deux versions, cette voiture cataloguée en temps que “quadricycle à moteur”, est au choix équipée d’un moteur électrique de 20Ch (15kW, jusqu’à 80km/h) dans la version avec permis et de 5Ch (4kW, jusqu’à 50km/h) dans sa version sans permis.
Avec un poids de seulement 450Kg, la Twizy bénéficie d’une autonomie effective “officielle” de 100 kilomètres…, mais je vous signale que “ma” réalité est de 70 km…
Il y a quelques années, lorsque j’étais allé proposer un projet pour aider à la diffusion des voitures électriques, chez GDF, si dans un premier temps tout le monde à dit que c’était génial, Jean-Louis Borloo alors ministre en charge de ce secteur, qui avait besoin de communiquer, m’a confirmé qu’effectivement on pourrait tous rapidement rouler en électrique et que grâce à mon projet, les limites techniques seraient résolues et GDF allait rapidement prendre en main ce secteur qui me serait confié sous la supervision de Mrs Cirelli et Bouchard…
Il a pris le risque de créer une déception terrifiante en poussant à un échange de participations financières entre GDF et Total…
Mon grand projet de créer une véritable industrie de la voiture électrique et de ravir peu à peu les parts de marché des grands constructeurs… est ainsi “tombé à l’eau”, ce qui ne fait pas bon ménage avec l’électricité !
En réalité, il fallait que le gouvernement bétonne d’urgence la manne pétrolière afin que les voitures électriques ne deviennent pas une industrie !…
Pendant sept ans, Bernard Darniche a été l’ambassadeur, pour Gaz de France, de l’arrivée du gaz naturel comme énergie automobile.
Il imaginait un remplissage à domicile, une forte réduction de la consommation, des prix, des coûts de distribution…
Il n’avait pas compris que ce n’était pas du tout la priorité de GDF !
J’ai vécu la même chose !
GDF s’occupe des gazinières et des chaudières, sans chercher à aller dans le bon sens dans le secteur automobile.
Et il n’y a pas de gouvernance pour leur dire de le faire.
Au moment du Grenelle de l’environnement, alors que Bernard Darniche se croyait sur un boulevard, GDF a décidé de tout arrêter !
Pourtant l’utilisation du gaz dans l’automobile est d’autant plus pertinente qu’on sait faire du gaz renouvelable, c’est-à-dire un gaz naturel produit à partir de la décomposition de déchets… et qu’on transforme pour aboutir à des carburants automobile.
Ce biogaz émet peu de particules fines et tous les pays s’y intéressent.
Il n’y a qu’en France qu’on roule à 80% au gasoil !
A Tokyo, tout est blanc, nacré…, parce qu’il n’y a pas de véhicule diesel !
A la question : “Pourquoi Toyota fabrique-t-il des véhicules diesel”, le chairman de Toyota, Fujio Cho a répondu : “On en fabrique, vous en achetez”…!
On parle de particules fines pour ne pas faire peur, mais on pourrait parler de suie noire diesel !
Les Verts pointent depuis longtemps le problème de la pollution aux particules fines.
Une catastrophe environnementale et sanitaire : 40.000 personnes en meurent chaque année prématurément en France.
Ceux qui vivent à Paris ont six mois de durée de vie en moins, parce que la fiscalité a favorisé pendant des décennies le diesel.
Depuis vingt ans, on a certes diminué la consommation de carburant mais en même temps, les voitures sont de plus en plus lourdes, de plus en plus équipées en électronique…
Elles sont plus protectrices pour les individus…, mais un véhicule de ville a-t-il besoin des mêmes règles qu’un véhicule de route ?
Et plus on construit des véhicules qui vont vite, plus il faut des équipements de sécurité pour absorber les chocs à cette vitesse.
Faut-il rouler à 130 km/h quand le prix du pétrole augmente, ou faut-il accepter de se déplacer moins vite ?
On commence donc à concevoir des véhicules pour la ville, plus petits, plus légers, qui roulent à 80 km/h…, des véhicules mieux adaptés aux besoins des automobilistes.
La Renault Twizy n’est pas un véhicule, c’est un concept.
Avec la Twizy, Renault s’adresse aux “commuters”, ces habitants des zones périurbaines qui font la navette entre leur domicile et leur lieu de travail.
Du moins ceux ayant un minimum de conscience écologique et de moyens, car l’engin est à propulsion électrique, autrement dit non polluant et silencieux.
Son tarif s’étend de 6990 € à 8990 €, selon la puissance et les équipements choisis, auxquels il faut encore rajouter la location mensuelle des batteries lithium-ion: de 50 € à 72 € en fonction du contrat souscrit.
Réglementairement, la Twizy n’est pas une automobile mais un quadricycle à moteur “léger” dans sa version 4 kW (5 ch), ne dépassant pas 45 km/h, et pouvant être conduit dès 16 ans par un titulaire du BSR.
Il devient un quadricycle “lourd” nécessitant un permis auto (B),dans sa version 13 kW (17 ch) atteignant 80 km/h mais avec interdiction d’emprunter les autoroutes et les voies rapides.
Ma Twizy d’essai est une version 13 kW équipée de demi-portes qui s’ouvrent en élytre, une option à 590 €.
L’installation au poste de conduite est relativement aisée, une bonne position est facile à trouver, le siège conducteur coulisse.
Il est possible d’embarquer une passagère en tandem, au prix de quelques contorsions.
Mais, attention, la charge utile réglementaire ne dépassant 110 kg conducteur compris, il faut la choisir dans la catégorie des poids-plumes !
Surtout si on utilise les 31 litres du coffre aménagé dans le dossier du siège arrière.
Le volant dispose d’un airbag, l’affichage des données est digital et la ceinture de sécurité (à 4 points) rappelle l’univers automobile.
Le port du casque n’est pas obligatoire, mais le passe-montagne est recommandé en hiver car le conducteur est exposé aux courants d’air, d’autant qu’avec ses 1,24 m de large, soit pratiquement le double d’un scooter à trois roues, la Twizy est incapable de remonter les files.
C’est l’immobilité urbaine…
Avec 2,34 m de long, elle peut en revanche se garer perpendiculairement au trottoir, mais ne paie hélas pas demi-tarif quand elle stationne sur une place payante.
Tant que la circulation est fluide, sa relative légèreté (473 kg avec les batteries), son petit gabarit et sa direction directe lui permettent de se faufiler dans le trafic avec l’agilité d’un karting.
Le couple instantané de son moteur électrique (57 Nm) dope ses accélérations et ses reprises.
Un centre de gravité très bas (batteries implantées sous les sièges) et quatre roues indépendantes lui confèrent une tenue de route au dessus de tous soupçons.
Seule précaution à prendre, sur pavé humide, il faut garder ses distances car le freinage est dépourvu d’assistance et d’ABS.
Les routes pavées (même de bonnes intentions) révèlent une grande sécheresse des suspensions qui font souffrir les dos sensibles, mais les trajets sont de toute façon limités.
Il m’a été impossible d’effectuer les 100 km définis par Renault, pied au plancher.
À 80 km/h, je n’ai parcouru guère plus de 50 km !
En roulant plus calmement, en ville, comme ce vendredi 30 mars 2012, je pouvais espérer atteindre 80 km…, mais il m’a fallu rentrer pour une recharge complète qui a duré 3h30.
La Twizy circulant dans Bruxelles a déclenché un véritable courant de sympathie.
Les badauds autant que les possesseurs de scooters sont attirés par sa bouille sympathique.
Alors qu’elle est présentée comme une alternative au scooter, au premier embouteillage venu, elle reste coincée comme une vulgaire automobile…et son conducteur doit alors résister aux intempéries dans ce véhicule dépourvu de portes étanches et de chauffage !
Dans le rôle du véhicule de loisirs, elle a par contre toutes les chances de convaincre.
Deux potes dans un bar discutent d’un problème que beaucoup d’hommes connaissent.
Le premier dit à l’autre :
– “C’est dingue. J’ai changé de voiture pour en prendre une électrique : pas un bruit quand je roule. J’ai fait poser un portail électrique chez moi avec suspension et bras hydraulique : résultat pas un bruit quand il s’ouvre ou se ferme. J’ai fait installer le même procédé pour la porte du garage. Quand je sors de la voiture, je ne ferme jamais la porte pour ne pas faire de bruit. Je me suis acheté des chaussures avec une semelle spéciale : pas un bruit quand je marche quelle que soit la surface. J’ai fait poser dans ma baraque une moquette super épaisse pour ne pas faire de bruit quand on marche dessus. Je n’allume pas la lumière quand je monte dans ma chambre. Je graisse les gonds de la porte de ma chambre tous les jours. Malgré toutes ces précautions, dès que je rentre tard et que je pénètre dans la chambre alors que je n’ai fait aucun bruit, ma femme se réveille et me passe un énorme savon. C’est dingue non ?”…
Et l’autre de lui répondre :
– “Ouais… Et ben moi, quand je suis en virée et que je rentre tard, je fais rugir au maximum les 200 chevaux de ma voiture, je défonce le portail et la porte du garage, je fais crisser les freins pour m’arrêter dans le garage. Je claque la porte de ma caisse ainsi que toutes les portes de la maison. Je déclenche l’alarme, qui se met alors à hurler. Je tape des pieds et chante à tue-tête en montant dans la chambre, ça fait aboyer le chien, j’allume toutes les lumières et je défonce la porte de ma chambre. Et là je crie : AH !!! Et bien, après une cuite pareille, je me ferais bien sucer… Et bien, crois-le ou pas, ma femme ne se réveille jamais”…
Bien…
Mon périple dans Bruxelles continue…
Les barrettes, ça va…
Mais c’est vrai que ça angoisse de voir les barrettes disparaître…
Vu le look arrière de l’engin, façon navette du film 2001 l’odyssée de l’espace, j’ai extrapolé en pensant à Apollo XIII, lorsque les astronautes dans leur capsule disent : “Allo Houston, on a un problème”…, ils voyaient entre autres choses les barrettes d’oxygène disparaître…
J’ai pensé : “Allo Renault, j’ai un problème”… car le “truc” en électrique, tant qu’il n’y aura pas un réseau de bornes de recharge, c’est de se dire que dès que les barrettes de charge sont à demi…, c’est exactement la même distance qu’il faut refaire pour revenir charger les batteries…
Et si on roule plus vite, que c’est en montée plutôt qu’en descente, que la charge est plus importante…, cette moitié indiquée peut ne pas suffire !
Donc, c’est vrai qu’il y a une angoisse qui naît… : “Allo Maman, si tu voyais ton fils”...
Tout ceci écrit…, c’est un engin minimum-minimorum assez ludique, déconcertant… et qui attire une sympathie incroyable : les gens sourient, font des signes positifs, les piétons aux feux de trafic au rouge, viennent papoter…
Dans le bois de la Cambre, je me suis (encore) arrêté pour prendre des photos… et des anglais (des déménageurs), sont venus me demander si je voulais leur vendre la Twizy…
Ensuite, j’ai stoppé sur une placette d’Uccle pour quelques achats… et les clients d’un bistrot sont tous venus discuter le bout de gras !
Que des félicitations, que de la sympathie, on m’a même offert une bière à la santé de la Twizy en échange de s’asseoir au volant…
Après 4 Stella, 1 Perrier menthe et 2 cafés, j’ai dit que j’étais j’étais pressé…, sinon j’y serais encore !
Même mon boucher a voulu l’essayer et est parti plus de 15 minutes, revenant hilare…
Tellement heureux qu’il m’a offert une fin de jambon de Parme que je vais partiellement utiliser pour un macaroni à ma recette perso…
Bon…
Très bon même…
D’ailleurs je suis occupé d’écrire tout ceci, alors que j’ai de plus en plus envie de manger mes pâtes…
Sans nul doute que tout ça va passer avec le temps qui passe (forcément, il passe)…, mais ayant été un des dix premiers à avoir acheté une Smart City Coupé (en 1998), je peux témoigner que si la Smart attirait à l’époque beaucoup de sympathie et d’intérêt, ce n’était pas aussi fou qu’actuellement avec la Twizzy !
Renault me l’a confié pour une semaine…, ce furent huit jours de bonheur…