C’est une voiture que je convoite depuis mon enfance, elle est plus cool qu’une Ferrari et elle a acquis son statut d’icône en raison de sa domination dans les courses des années ’50. J’étais donc un peu nerveux de pouvoir en réaliser un essai routier parce qu’on n’avait pas arrêté de me dire qu’elle valait plusieurs millions d’euros et qu’elle était importante historiquement. Pas de quoi me perturber et renoncer à en réaliser une vraie critique…
Quel bruit ! Au ralenti, le moteur grésille comme une tranche de bacon “countrysized” et quand je lui balance une tatane bien ajustée sur l’accélérateur, il émet un hurlement cru et animalier intensément excitant qui picote mon estomac. Le dessin indéniablement fluide de la Jaguar Type D-type est le résultat du travail de l’aérodynamicien Malcolm Sayer. Engagé chez Jaguar au début des années 1950, celui-ci a rénové le style des modèles du constructeur anglais. Ses connaissances en aérodynamique lui ont permis d’améliorer les performances des Jaguar de course en collaboration avec William Lyons et Bill Heynes. La D-type semble plus basse et mieux profilée que sa rivale Aston-Martin. Une approche “clean-sheet” a conduit à une pureté “race-bred” qui mélange les courbes organiques et la musculation d’un athlète maigre (sic). La petite porte ne semble pas fragile, mais elle l’est… On est loin de la porte d’une Rolls Royce, ce qui ne m’inspire pas grande confiance, mais ce sentiment s’efface lorsque je compare l’approche plus moderne et ordonnée de la conception et de la disposition du poste de pilotage qui est à l’opposé du capharnaüm “instrumental” de l’Aston-Martin DB3S.

Pour entrer, il faut “pénétrer” la bête, ne pas hésiter à mettre ses pieds sur le (très) large ponton, puis tenter de glisser la jambe gauche (c’est une RHD) sous le très grand volant, sans précipitation. L’archaïque Aston DB3S est moins spartiate, pas totalement larguée, quoique le siège du pilote de la Jaguar est spartiate, placé à même le fond de la coque, donnant le sentiment de se faufiler dans le cockpit d’un jet. C’est soigné, ordonné et propre. Une pureté sans compromis se dégage de l’ensemble avec une belle finition du tableau de bord. Le siège est relativement confortable contrairement à celui de la DB3S.
Une fois la clé tournée dans son barillet, les pompes à carburant commencent à chuchoter en amorçant les triples Weber. La sortie d’échappement semble exploser puis émet un rugissement incomparable. Faut laisser la bête se réchauffer en admirant les courbes voluptueuses du capot vues au travers du Perspex qui sert de coupe-vent plutôt que de pare-brise ! L’habitacle semble alors un endroit émouvant qui évoque immédiatement dans ma tête des images du légendaire Mike Hawthorn qui a mené la Jaguar D-Type à la victoire (voyez la vidéo)
