Keanu Reeves Arch Motorcycle…
Keanu Reeves, c’est avant tout Matrix et John Wick, mais depuis plusieurs années c’est aussi le créateur de ARCH, une fabrique de motos aussi déjantées et classe high-tech que lui, en marge, hors de prix et chic en un clic… Inutile d’aller au bout du monde pour papoter avec lui, il vient souvent à Saint-Tropez ou il ne se fait pas trop remarquer, pas plus que sa moto… ce Canadien de 55 ans (en 2020) désinvolte à l’air hagard et déphasé, son physique “en vrai” intrigue en rapport à ses performances d’invincibilité dans ses films.
Après avoir vu John Wick Parabellum, le troisième opus de cette série démente ou Keanu Reeves joue toujours un tueur à gages désabusé qui a pèté les plombs dans le premier opus parce que des “méchants russes” ont tué son p’tit chiot et calciné sa maison, uniques souvenirs de son épouse décédée, et ce dans d’atroces horreurs… et qui, du coup, s’est décidé de dézinguer une centaine de personnes dans le premier chapitre, autant si pas plus dans le second… et carrément la moitié de l’Amérique dans le troisième chapitre, ou le tueur voit sa tête mise à prix après avoir éliminé un type dans une zone “non autorisée”.
Le vrai Keanu considère tout cela avec une indifférence bienveillante :
– Vous avez quelque chose de spécial à m’en dire ?
– Je ne souhaite pas répondre. Les gens ont l’air de se marrer avec ça, c’est cool.
– Vous êtes énigmatique et irréel. Avec la trilogie Matrix, vous avez changé la face du cinéma d’action, l’aspect des images des Wachowski, leurs textures, leurs mouvements ont bouleversé la culture visuelle, les gens ont été traumatisés par la saga ! Votre carrière n’a pas toujours été simple, vos relations avec l’industrie des studios ont été houleuses
– Oui, en refusant en 1995 de jouer dans la suite de Speed, parce que j’ai préféré jouer Hamlet dans un théâtre de Winnipeg, au Canada, j’ai été blacklisté plus de dix ans par la Fox. C’est comme se retrouver dans une prison métaphorique dans laquelle se retrouvent enfermées les carrières de certains acteurs ou actrices trop identifiés à un rôle ou trop difficiles à gérer.
– Vous n’y êtes plus désormais, votre nom sert à faire financer des films d’action, comme les John Wick.
– Ca ne me déplaît pas de jouer dans de tels projets, même à 55 ans. Tant que j’ai les jambes pour ça et tant que le public aimera ce qu’on fait, je continuerai.
– Vous avez deux passions : la musique et la moto.
– Dogstar, est un groupe que j’avais monté au milieu des années ’90. J’avais rencontré un mec au supermarché, il jouait de la batterie et j’avais décidé de me mettre à la basse, je me suis rendu compte que nous n’étions pas plus talentueux que la moyenne, voire carrément médiocres. Mais sur le moment, même si personne ne nous prenait au sérieux, on rigolait pas mal. Avec un peu de whisky et des bons disques, je peux rester aux platines dans un club jusqu’à l’aube. Mais mon hobby depuis 2011, c’est ARCH Motorcycle Company que j’ai fondé avec Gard Hollinger dont l’atelier est situé à Hawthorne, au sud de Los Angeles. On y fabrique des motos High-Tech qui se vendent autour de 100.000 euros minimum. Et le modèle que nous sommes en train de fabriquer va être vendu encore plus cher, c’en est presque absurde. Mais il a un son génial qui pourrait presque faire tomber les plafonds.
– C’est arrivé comment ?
– Je cherchais à customiser une Harley, lorsqu’on m’a présenté Gard Hollinger et nous nous sommes tellement bien entendus que nous avons fondé Arch Motorcycle en 2007. Notre première machine, la KRGT-1 apparue en 2014, est une monstrueuse bécane construite à la main autour du bi-cylindre S&S de plus 2.0 L de cylindrée développant 121 chevaux Toujours commercialisée, cette moto est disponible et personnalisable pour environ 80.000 €.
– Saint-Tropez est un des réceptacles de cette moto créée avec vos dollars… Vous en possédez 400 millions dit-on ! On la voit face à Sénéquier et devant le restaurant-Bar-Night-club l’Opéra… C’est quoi cette Arch ?
– Pour mes cinquante ans, je voulais m’offrir un rêve-moto après avoit tenté de transformer totalement mon Harley avec Gart Hollinger… un échec… Mais, quand on rate quelque chose, on est prêt à claquer des millions pour voir son joujou apparaître…
– C’était cette moto, Arch Motorcycle ?
– Elle s’appelle KRGT1.
– Ce qui n’est pas franchement original ! Mais bon… à St Trop, quand on veut se la péter grâââââve rien de tel que faire le zouave devant Sénéquier… mais en réalité, moi qui habite ici, aujourd’hui c’est une authenticité zéro, totalement nulle, c’est fini les éclats de rire de Bardot séduisant Vadim, Picasso et son ami Matisse occupés à se saouler en se foutant de la gueule des cons… toutes petites choses habituelles en ces lieux à une époque qui n’existe plus, passez votre chemin, ici c’est que pour être vu… et payer le café quinze euro… Alors cette Arch ?
– Un moteur deux litres, S&S cycle T124 Twin Cam, c’est très long à dire mais faut en avoir pour son blé, 121 chevaux, 244 kilos à sec, on peut le dire, c’est du lourd.
– Bien entendu, quitte à y laisser un bras, autant demander des finitions uniques, quand on a des dollars, on vous écoute dans toutes les échoppes, encore plus si c’est du luxe marketé. Mais ça va coûter !
– Patrice, quand on est prêt à lâcher 80.000 pour la moto de base, rajouter trente ou quarante mille pour la prépa, c’est juste un détail…
Les jantes sont en fibre de carbone, la partie cycle en alu, le pneu AR est un monstre, les suspensions Ohlins… et l’engin, indiscutablement, a de la gueule.
– Cela dit le demi tour élégant sur place devant les ahuris de chez Sénéquier doit être peu évident…
– Ce n’est qu’un détail ! L’atelier de fabrication est situé dans la banlieue de Los Angeles, on y fournit tous les grands de Hollywood, Orlando Bloom entre autres, Johnny Depp votre voisin Tropézien serait intéressé pour après le confinement planétaire, Brad Pitt aussi, on en construit cinq par an et le carnet de commandes est plein pour les deux années à venir.
– Savoir si vous gagnez vraiment de l’argent avec cinq motos par an c’est pas certain mais c’est vulgaire de parler d’argent dans ce milieu non ?
– On n’a encore vendu aucune moto en France… Mais grâce à vous et Gatsby, ca va changer. La moto vue devant Sénéquier appartient à un américain en vacances qui l’a descendue de son yacht !
– Cool… On va dîner ?
– Invitez moi dans une gargotte de classe…
– Un sachet de frites au cabanon de la Place des Lices ?
– OK… Tout est possible dans ce village !
http://www.archmotorcycle.com/