L’heure de la retraite arrivant à grands pas, j’ai résolu de vendre partie de mon patrimoine automobile…, quoi de mieux qu’un show, ai-je pensé…, j’y suis allé et j’en suis vite revenu… les shows de voitures de collection, de vétérans, d’ancêtres, de classic-cars, de vraies et de fausses voitures de sport, ainsi que de leurs pièces de rechange, de leurs accessoires, sans oublier les miniatures, la littérature, l’automobilia et le rétromobilia, toutes choses qui me passionnaient il y a une quinzaine d’année…, me fatiguent !!!
A chaque édition depuis de nombreuses années, quels que soient les shows, quels que soient les organisateurs, malgré que certains tentent de révolutionner les choses dans un style qui ne fait que recopier ce qui a déjà été fait, en ce compris d’exposer des avions de collection comme un Starfighter F104, un MIG 17 et un hélicoptère Bell célèbre pour ses prestations au Viet-Nam (c’est triste pour la paix dans le monde, mais que voulez-vous y faire en dehors d’un “sit-in” pour la paix, l’ambiance reste identiquement plombée…
L’offre va de voitures d’un budget de 500 euros jusqu’à l’infini…. le marchandage entre vendeurs et acheteurs est devenu une pratique plus ou moins habituelle qui hérisse les vendeurs, mais qui est un “sport” très captivant pour les candidats acquéreurs, surtout lorsque les vendeurs “jouent” ce jeu de duperie…, la parade étant que nombre de vendeurs font comme aux soldes, ils augmentent leurs prix en prévision….
Pour vous narrer mon aventure dans une de ces manifestations inutiles, j’ai écrit sous le style d’un journal perso, caricaturant l’ensemble des shows sous forme d’un seul…, amusez-vous !
Cher Journal…
Samedi 9h30
Je “suisse” en place, prêt à recevoir les hordes de touche-à-tout…, je commence à me poser des questions sur l’utilité d’encore exposer certaines de mes voitures pour faire plaisir aux organisateurs de shows… ce ne sont que des pertes de temps qui de plus n’apportent aucun nouveau lecteur à mon magazine Chromes&Flammes… je ferais mieux d’aller me promener…
Certes, ça me ferait plaisir de thésauriser mon vieux patrimoine, mais je crains qu’y arriver en une fois s’avère impossible.
Ce show a été d’emblée celui des portières qu’on ouvre, puis qu’on claque, re-claque et re-cla-claque… incroyable est le nombre de gens qui s’évertuent à ouvrir toutes les portières des voitures exposées, à entrer leur tête, ainsi qu’une partie de leur corps, dans l’ouverture béante, à opiner du bonnet (expression) puis à toucher le volant et se contorsionner sous le tableau de bord…
Parfois, un “CLONG” se fait entendre et les “ceusses” sortent alors avec un air empressé pour finaliser l’ouverture du capot avant, à l’intérieur duquel ils disparaissent presque entièrement… ensuite, ils partent faire de même à la voiture suivante…
Dans les premières heures de ce ballet surréaliste, je passe un temps considérable à fermer les portes et capots, peine perdue, à peine ai-je terminé cette correction que derrière moi d’autres “ceusses” ouvrent les portes, et ainsi de suite… deux possibilités s’offrent alors à moi, soit fermer les portes à clef, ce qui est un geste pratique mais anti-social, soit laisser faire, tout en regardant attentivement les portes et capots s’ouvrir…, et se fermer…, car d’autres mêmes…, s’ingénient à fermer les capots levés (pour qu’on admire la mécanique impeccablement propre) et à fermer les portes ouvertes…, en finale, il y a comme une auto-régulation, j’ai même du assister un pauvre hère qui errait (la fonction d’un pauvre hère est d’errer), couché sur le dos sous le châssis de ma Thunderbird, sans doute en quête d’émotions fortes…, du même genre que regarder sous les jupes des filles…
Je reste donc coi dans un recoin stratégique en observant l’évolution des choses, ne me mettant en branle (ce n’est pas sexuel) que lorsque certains tentent d’emporter une pièce en souvenir ou de manœuvrer la capote (ce n’est pas sexuel non plus), voire de tester la solidité des pneus en leur donnant des coups de pieds frénétiques… il doit sûrement y avoir un lien psychologique, une explication rationnelle pour ce qu’on les gens à toucher les carrosseries des voitures, comme s’ils caressaient le corps d’une femme… dans ces cas, j’ai l’impression d’être le souteneur (le mac) de mes “belles” voitures !
Un ami d’il y a très longtemps est passé me saluer dans ce contexte, me disant tout de go qu’il boîtait parce que sa copine “black” était revenue, qu’il avait voulu “l’honorer” (en langage plus moderne cela signifie la “baiser“, la “tringler“) à genoux sur le plancher et “que-de-ce-fait” il s’en était “pété” un… entre toutes ces joyeusetés, d’autres “amis” viennent me parler de leurs soucis automobiles, me proposent d’acheter leurs voitures, s’inquiètent de la nouvelle flambée des prix des voitures de “collection“, tentent de savoir quels sont mes “meilleurs” prix pour eux (à quel moment je vais crier quand ils seront trop profond) et autres folies… ne pouvant donner un “coup-de-boule” à tout le monde, je reste poli, courtois et souriant, mais je n’en pense pas moins, à 18h30, j’ai tout refermé, tout rangé et “suisse” rentré chez moi, ou j’ai écrit ceci avant d’aller m’allonger dans mon fauteuil préféré…
Je me suis installé dans mon fauteuil pour regarder la TV, mais à la vue d’une plante vénéneuse animant une soirée promotionnelle pour la dernière-nouvelle-récente-chanson-française, je “suisse” reviendou sur le clavier de mon ordinateur afin de mettre sur www.GatsbyOnline.com ce qui me passait par la tête, c’est à dire ceci…
On dit que les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus (et les transsexuels de Jupiter, par rapport à la cuisse…), et bien, c’est pire en automobiles de collection, à croire que nous ne vivons pas sur la même planète, parfois, je désespère de l’humain
J’espère toujours que mon don inné de l’ataraxie spatio-temporelle-abstraite, finira par déclencher chez les gens, une nouvelle vision des choses automobiles, mais bon, les gens ne sont plus ce qu’ils étaient lorsqu’ils étaient d’autres gens d’avant eux… avant (il y a 35 ans), lorsque je “sortais” en Excalibur dans les lieux chébrans, je flirtais avec Régine (et oui…), avec Amanda Lear (ben oui, même que…), avec Christina Onassis (je vous assure qu’elle avait du tempérament…), avec Massimo Garcia (une nuit trop imbibée, parfois on confond les genres…), et autres tronches de cake tout autant imbibées d’alcool que moi de mojitos… les années suivantes furent quelque peu différentes, je devais frayer avec une nouvelle génération de jeunes, jolies, riches et célèbres qui faisaient trembler le monde de leurs excès : Paris Hilton, Lindsay Lohan, Kimberley Steward, Anamary Del Miguel Saavedra et sa nouvelle recrue qu’elle avait prise sous son aile et qui s’activait en formation de partys arrosées, spécialisation dancefloor surpeuplé, c’était le bon temps ou on dévalait les Champs Elysées à poil en Excalibur et ou Amanda faisait semblant de confondre le levier de boîte de vitesse avec mon…. machin érigé bien haut… j’ââââââââdôôôôôôôôrais les voir se mettre cul par-dessus tête, les yeux dans le vague, la lippe baveuse et les fesses au vent.
Qu’est ce que ça me changeait des shows ou des “Milf” tentaient d’abuser de moi sans modération aucune, mais très profond, les yeux dans les yeux, espérant que j’allais finir dans le caniveau pour pouvoir racheter mes restes à vil-prix… l’espoir que je n’aille pas bien leur donnait du tonus, une raison de vivre encore, elles attendaient en réalité que je noie mon talent dans l’alcool pur, que je doive fuir le fisc au bout du monde, que je “connasse” un max de problèmes hépatiques par manque de foi(e)…
Une amie m’avait dit que plutôt que d’écouter et débiter en retour des salades, j’aurais du ouvrir une “saladerie“… bref…, j’en étais venu à me demander ce que je f…. dans ces shows à surveiller les “ceusses” qui ouvraient les portières et les capots et les “ceusses” qui passaient leur temps à fermer les capots et les portières pour réaliser des photos floues sur leur téléphone portable…
Dimanche 10h00
J’ai dormi plus longtemps, je suis arrivé un peu plus tard et le show était noir de monde (expression)…, mon stand également, envahi par des hordes de touches-à-tout…
Sitôt dans mon périmètre (ce mot me rappelle vaguement quelque chose), les touches-à-tout touchaient moins à tout, sauf les enfants qui sont le cauchemar de tout exposant de voiture de collection, les enfants ont en effet des mains pleines de doigts qui traînent sur tous les coins et recoins de toutes les carrosseries, traces qui ne disparaissent qu’avec un “Polish” approfondi.
Curieusement, si le samedi fut le jour des “claqueurs” de portières, le dimanche fut davantage le jour des traces de doigts…
Je suis sidéré de constater la capacité des gens à succomber à l’esbrouffe, j’ai rencontré beaucoup de personnes possédant des voitures quasi similaires aux miennes, désireuses de me les vendre, mais que répondre à des offres de véhicules tellement similaires qu’ils sont de même couleur ?
Proposez-leur des chaussures de sport à triple semelles thermo-nucléaires articulées et couvertes de reflets en or, ils lâchent un “waouh” épatés.
Idem pour les jantes en alliage “lourd” (c’est gag !) ou les bottes en diamant brut…
Mais cette vulgarité du clinquant n’est pas réservée qu’aux RMIstes de banlieue en manque de prestige socio-financier, loin de là.
Non, ce qui m’atterre et me terrifie, ce sont tous ces gens respectables, au degré de culture et d’éducation jugé “supérieur” par les instituts de classification socio-anthropométrique (Ipsos, Insee,…), qui lâchent eux aussi un “waouh” d’admiration devant n’importe quoi… ils me parlent de leurs appartements remplis de boutons automatiques, d’écrans géants et de trucs épatants avec des étoiles plein les yeux… ils me disent avoir fait installer un GPS dernier cri avec toaster intégré et distributeur de pilules bleues dans leur Porsche Cayenne “ssssssssssssssss” (l’engin idéal pour franchir les bordures de trottoirs les plus inhospitalières et les plus sauvages du quartier pavillonnaire), et en me racontant tout cela pour meubler une conversation qui m’insupporte, ils arborent leurs IPOD dernier cri en me disant sous le ton le plus amical : “Waouh ! Deux cent mille chansons de Jean-Jacques Goldman dans un seul centimètre carré ! C’est une expérience musicale inouïe !”…
Ils s’enorgueillissent aussi de leurs sièges sociaux en verre qui se transforment en décor spatial à la nuit tombée, soulignant qu’ils adorent les portes coulissantes qui rentrent dans les murs et se pâââââââment devant leur matériel Bang & Olufsen en m’affirmant : “Ça s’ouvre tout seul quand tu approches la main ! Ça t’en bouches un coin, pas vrai ?”…
Toutefois, par jeu, je reste poli et courtois, sachant pourtant qu’ils n’achèteront strictement rien…
Je déteste qu’on me tutoie pour faire semblant qu’ils naviguent dans “mon” monde et moi dans le leur…
Certains me racontent en sus de toutes ces élucubrations, que la plus belle expérience de leur vie fut un séminaire d’entreprise en hélicoptère privé, avec champagne dans toutes les boîtes à gants et sonorisation THX de la télévision dans les toilettes en marbre…
Dans tous les cas, j’affiche un sourire de circonstance et opine du bonnet, cherchant un détail de leur accoutrement qui relancera la conversation vers autre chose, d’encore plus grandiose…., pour se faire, l’idéal est de m’attarder sur les seins de leur amie qui s’emmerde grââââââve…. et préfèrerait être ailleurs, je lâche alors un “Ohhhhhhhhh” en m’extasiant devant leurs nouvelles montures de lunettes Starck : “Super, les articulations pivotent dans tous les sens !“.
La femme, toute heureuse qu’on regarde ses tétons érigés sous son chemisier se mèle alors à la conversation et raconte toute la pyrotechnie du concert de Madonna et cache à peine sa joie d’avoir pu claquer deux-cents euros pour la voir apparaître dans une boule à paillette futuro-magnétique à guidage laser automatique, conçu par les ingénieurs de leur boîte : “On est les seuls à faire ça dans le monde“, le tout avec des mouvements de poignets destinés à faire cliqueter sa montre brillante, mouvement qui ressemble pourtant davantage à une branlette… juste retour de mon regard pénétrant dans le décolleté…
Ils sont l’élite admirée et attestée de notre société… la marche du monde ne tient que dans leur sexualité, leur pognon et leur faculté à être épaté, et le reste n’est que condescendance hilare pour les “artistes à côté de la plaque” ou les idéalistes à culture inutile qui n’ont rien compris à l’art de vivre dans le confort.
Pourtant, l’un d’eux (un spécimen rare) s’est planté devant une des jantes de 20 pouces de mon Pick-up en me disant : “Cà brille trop, c’est trop clinquant…“….
Ce à quoi j’ai répondu : “Celui qui ne possède rien peut donner infiniment plus qu´un fortuné, car quand il donne, il n´a plus que lui même à donner, en se donnant tout entier, car plus on possède, moins on donne de soi-même quand on cède quelque chose…, il y a infiniment plus de valeur dans la richesse que l´on donne que dans celle que l´on possède, celui qui ne possède rien peut donner sans compter la seule richesse de son service, et c´est dans le service que prend le sens et la valeur de la vie, et non pas dans la complaisance satisfaite de son avoir et de son être…, heureux les pauvres d´esprit”.
Je n’ai pas, cher journal intime, en dehors de celles que je viens de narrer (en baillant), d’autres histoires particulièrement croustillantes à narrer étant survenues ce dimanche, ce qui me permet d’abréger ce compte rendu et de filer dormir… d’autant plus que ces joutes ne mènent nulle part…
Si quelques anecdotes viennent me hanter, je reviendrai les ajouter ici…, ou ailleurs !
L’année qui a déjà commencé sera donc une année de douloureuse patience, faute d’un “changement” qui ne sera jamais entrepris par ses hérauts officiels et ses pantins officieux.
Mes prochaines chroniques automobiles seront théoriquement encore plus sinistres, encore plus imbéciles, encore plus intolérantes, encore plus festives et encore plus cool, encore plus haineuses de la connerie humaine, encore plus assassines et encore plus ennemies de la laideur…., parce que la lente déglingue du système n’est entravée par aucune lueur annonçant l’arrivée de l’intelligence universelle.
Gardons les yeux ouverts et consignons les crimes ; il faudra se justifier des amputations à l’heure de soigner la gangrène.
@Pluche
Merci à tous les lecteurs, puissiez-vous garder l’espérance au milieu des ténèbres…