La fabuleuse Saga de la Plymouth XNR 1960…
Salut à toi, oh lecteur assidu…, mon Popu…, sais-tu que cette Plymouth XNR 1960 est issue d’un délire et génère de la folie pure depuis qu’elle existe ?
Pas dans la violence ou les crises de nerfs, mais dans la dégénérescence la plus complète, la plus extrême, celle qui te regarde d’un air calme pour te péter littéralement à la gueule, du genre qui te pousse à t’égorger toi-même avant d’auto-violer ton cadavre en bavant de plaisir et en roulant des yeux, après t’être auto-lové contre lui.
Il te suffit de faire le tour de la Plymouth XNR pour être gravement atteint…, tu laisseras toutefois de coté le fait indéniable que son look décalé (à double sens) semble avoir été dessiné par un manchot unijambiste pour qu’il puisse rentrer de plein pied dans cette automobile, tout guilleret, le corps dansant une rumba accompagnée de sifflotements !
C’est une des plus extravagantes automobiles qui a pu être créée en 1960 et c’est miraculeux qu’elle puisse encore exister sur notre pauvre planète.
Mets-toi à genoux devant tant de génie, remercie le ciel, chante, c’est complètement dégénéré, éclaté, décalé… et cet éclair de génie n’est pas que l’histoire, car deux autres miracles déboulent à sa suite…, tu vas le lire ci-après…
Ca va tonner dans ta tête comme une incantation chamanique, indescriptible, puissante, te donnant l’envie de t’envoler pour l’admirer du haut d’un nuage en hurlant : “Exceptionnel ! Superbe ! Hallucinant !”…
C’est un bazar de génie, qui enterrait toutes les productions des années ’60 en terme d’émotion, de maîtrise et de folie…, tu es sur le cul, avoue…, mais fait gaffe…, un clown derrière l’écran affûte ses couteaux…, un malade, un tueur…, qui va t’occire en te regardant dans les yeux…
Mais, attention cela ne veut pas dire que la suite ne mérite pas ton intérêt, ni qu’elle est plus conventionnelle que cette introduction…
1- L’histoire basiquement lobotomisante :
Si on fait abstraction de toute saveur déviante et qu’on aime le style soporifique façon Serge Bellu, toute l’histoire se résume en un paragraphe :
-“Imaginée en 1959 par le très talentueux Virgil Exner, alors génial designer en chef au sein de la marque emblématique et mythique : Chrysler, et ce de manière grandiose depuis 1957, en collaboration avec l’extraordinaire et fantastique Carrozzeria Ghia et présentée en grande pompe pour la première fois au public enthousiaste en l’année de grâce1960, la Plymouth XNR 1960 est un splendide concept car qui défie le temps et mérite la place d’honneur au Panthéon”….
Ce style ampoulé pouvant en certaines circonstances être lié à un besoin de remplir des feuillets, car c’est au nombre de signes que les journaleux sont (mal) payés, a donné naissance à diverses reprises largement copiées :
-“Virgil Exner, talentueux et génie incontesté, designer en chef chez Chrysler entre 1957 et 1962, a fait pousser des ailes aux modèles Chrysler, un style inimitable qui sera pourtant rapidement copié par les autres constructeurs ((sic !)…, mais Exner dans son génie rêvait d’une voiture hors limites, sportive et pure, il a donc créé sur papier le concept d’une magnifique et fantastique biplace futuriste qui n’a été construite qu’à un seul exemplaire et qui a disparu, il y a plusieurs décennies, pour réapparaître à la surprise de tous un jour de printemps merveilleusement ensoleillé. L’auteur de cette résurrection se nomme Karim Eddé, brillant homme d’affaires libanais établi en France, ébahi par sa culture, sa classe et ses immenses qualités, je l’avais humblement rencontré en mars 2012 au Concours d’élégance d’Amelia Island où la Plymouth fraîchement sortie de restauration avait causé une grande surprise… et c’est en exclusivité pour “Sportivotau” la meilleure revue du monde francophone, que j’ai obtenu l’extraordinaire et fantastique monologue de Monsieur Karim Eddé qui est reproduit ci-après en exclusivité pour les lecteurs de “Sportivoteau” : “J’avais soigneusement caché la Plymouth XNR à Beyrouth pendant 23 ans, pendant toute la durée de la guerre civile. A la fin de celle-ci j’ai décidé d’entreprendre la restauration, j’ai longtemps cherché l’atelier le plus apte à réaliser une tâche aussi délicate. J’ai finalement confié le projet à la société RM Auto Restoration, au Canada, dont la compétence et le sérieux ne font pas de doute et qui s’est engagée à garder le secret. La restauration, qui a duré deux ans, à peine terminée, la voiture a été présentée en public sous le concept publicitaire : “Elle revient chez elle (aux USA) après 50 ans”…
Emu par cet enthousiasme “journaleuristique” fabriqué en partenariat avec RM Auctions, cet “exceptionnel foutage de gueule” (sic !) dédié à un public de gnous fortunés et formatés, largement lobotomisés par l’habituelle “machinerie” américaine…, les commentaires diffusés dans les merdias à l’appui d’annonces et publi-reportages payants concernant cette automobile, furent écrit dans la même veine…, c’était : “dithyrambiquement crétin”… dont exemple en suite :
-“Magnifique et extraordinaire biplace sportive montée sur le châssis d’une Plymouth Valiant, cette automobile fabuleuse transcendant ce que peut-être un concept-car roulant, arbore un aileron vertical prenant naissance à l’arrière de la tête du pilote à la manière des fameuses Jaguar Type D, tandis qu’un renflement pour la prise d’air sur le capot ainsi que des ailes latérales en forme de nageoires, accentuent l’allure générale unique, alors que devant le conducteur, le tableau de bord typique des voitures sportives de l’époque est protégé par un petit pare-brise en plexiglas. Propulsée par un 6-cylindres de 2,8 litres d’origine Chrysler développant 250 chevaux à 7500 tours/minute, la XNR est propulsée au firmament à plus de 240 km/h”.
En réalité, comme personne n’en voulait, la Plymouth XNR a été vendue médiocrement pour un prix ridicule, en 1962, à un boucher Genevois qui l’a gardée quelques années, puis l’a vendue par hasard au Shah d’Iran à l’issue d’une balade que l’un et l’autre faisaient un dimanche d’ennuis autour du lac bordant la capitale Suisse.
Le Shah d’Iran en a fait, dieu (Allah) sait quoi, sans que quiconque n’ose lui poser la moindre question (en ce temps on décapitait assez facilement)…, quoiqu’il en soit une photo de la XNR, prise au Koweït a figuré dans le numéro de mai 1969 du magazine “National Geographic” sans qu’on ne sache jamais le pourquoi du comment…, sauf que la XNR est arrivée au Liban en 1974… ou personne n’en sait plus rien…, jusqu’en 1988 où elle est devenue officiellement la possession de Karim Eddé, un homme d’affaires libanais, qui va soigneusement la cacher dans un garage souterrain de Beyrouth pendant près de 23 ans, soit toute la durée de la guerre civile…, un acte héroïque !
Exfiltrée dans le plus grand secret afin de ne payer aucune taxes et n’avoir aucun conte ni compte à rendre, la XNR a été confiée à RM Auctions en 2009 pour une restauration complète (car cette société internationale dispose d’une carrosserie assurant des restaurations de premier plan dans son fief canadien)…
Je l’ai vue au Concours l’élégance de Pebble Beach et au Concours d’Élégance d’Amelia Island, peu avant d’être mise au enchères le 18 août 2012 à Monterey… ou elle s’est envolée pour un prix de 850.000 dollars… et c’est tout…, officiellement c’est une simple affaire obscure ou tout se passe en dessous de tables et “on-dit-que”…, le reste étant régressif et tous les mots et phrases qu’on pourrait ajouter s’avèreraient débiles et pas poursuivis en Justice !
Je t’entends, ami lecteur, te questionner devant ton écran d’ordinateur, comme un aliéné demandant que j’arrête de lui faire des papouilles plus ou moins douteuses, tout en se tortillant de plaisir…, mais ma folie d’en connaitre toujours pluche est contagieuse, elle revient toujours au galop sur la dernière ligne droite entamée en rupture de rythme, malmenée par mes digressions sorties de nulle part…., mais au fond de cette ligne se trouve l’asile, celui qui fait dire qu’on n’est pas du même monde.., et là, tout éclate…
Tu te demandes si tu es toujours réveillé, assis sur ta chaise, tellement tout ceci te semble invraisemblable…., pourtant ça ne finit pas comme ça…., cet article va muter, mais au moment ou tu vas abdiquer, je repasse à l’ambiance du début, en plus mélancolique, je panse tes plaies après t’avoir roué de coups, c’est juste hallucinant, inconcevable…, ce qui me vaut un message télépathique il y a quelques secondes de la part d’un pseudonyme inconnu : “Résume, putain, merde, résume !”…
Tout ce marasme tapoté sur mon clavier, deviendra pourtant incontournable pour tout ceux qui aiment un temps soit peu ce qui sort des sentiers battus, c’est génial, mais ça fait peur… (à noter également qu’une autre version de la XNR, beaucoup plus sage, avait été construite sous le nom de Ghia Asimmetrica et l’une d’elles fut acquise par le célèbre romancier belge : Georges Simenon).
Voilà, c’est presque tout…, ferme ton ordi et va dormir mon Popu…, ce qui suit est réservé aux vrais érudits en quète d’histoire (sans “S”)…
2 – L’histoire vraie…
Dans les années d’après la dernière guerre mondiale, dès 1945/1946, les fantasmes automobiles sauvages de Detroit reflétaient l’exubérance débridée d’après-guerre de l’Amérique…, inspirées par les avions à réaction et les fusées, des “voitures de rêve” étaient créées avec des ailerons et même des ailes vestigiales…, mais Chevrolet et Ford y ont ajouté des fausses prouesses d’ingénieries semblables aux mises en plis nécessaires pour obtenir des cheveux “à-la-Maggie Simpson”…
Du coup, les banales Ford et Chevrolet guindées, lourdaudes et lentes, vont se métamorphoser en bovidés à faces-avant ahurissantes, destinés aux concours agricoles !
K.T. Keller, président de l’entreprise avait été formaté par les injonctions que claironnait depuis la naissance du groupe : Mister Big-Boss Walter P. Chrysler, un conservateur corpulent, éminemment raisonnable préférant les chapeaux haut de forme aux chapeaux de Cow-Boys :
– “Nous construisons des voitures pour s’asseoir dedans et voyager confortablement, pas pour y pisser”…
Cet enseignement était déjà obsolète avant qu’on le dise…
En contraste, le “Motorama voyage” de General Motors, somptueux et futuriste présentait des concept-cars délirants à un public impatient de voir enfin des automobiles différentes.
Quand les ventes de Plymouth/Chrysler sont arrivées au point mort, Keller a réalisé que Plymouth/Chrysler devait changer de style…. et, astucieusement, il a embauché une sorte de génie de l’inconcevable-improbable en lui donnant carte-blanche : Virgil Exner, dont le concept-car radical de la 1947 Studebaker devançait les œuvres de son patron, le célèbre (et opportuniste) Raymond Loewy…
Exner a entrainé la Carrozzeria Ghia italienne dans cette aventure pour fabriquer des véhicules “nouveaux” comme la Chrysler Falcon…, la DeSoto Adventurer et un quatuor de superbes Dodge Firearrows…, des engins réalisés exclusivement aux seules caractéristiques décidées par Exner, ce qui a engendré de superbes résultats…, qui se sont transformés en voitures de production.
En 1957, un aperçu de la nouvelle Plymouth-Mopar a littéralement envoyé les stylistes de Bill Mitchell, se précipiter vers leurs planches à dessin…, les publicitaires de Plymouth ont alors chanté sur les ondes “Tout à coup, avec Plymouth on est déjà en 1960 !”…
Avec ses nageoires dramatiques et les puissantes options de son moteur en fureur perpétuelle, l’ex-giroflée avait été amorcée pour aplatir Ford et Chevrolet, la prochaine étape devant être une voiture de sport qui n’a pas été longue à venir, car la couverture de mai 1960 du magazine américain Motor Trend, présentait un radical roadster rouge avec ce titre dramatique :
“Plymouth expérimental 150 mi/h !”…
Les Ford Thunderbird s’étaient alors transformées en croiseurs de boulevards, les Corvette restaient amorphes avec leur vieux 6 cyl en ligne et Chrysler n’avait aucune biplace dans les showrooms de ses concessionnaires…, la XNR pouvait-elle tout changer ?
La XNR (initialement appelé Aysmmetrica) a dès-lors été construite rapidement sur base d’un châssis de Valiant mis à jour avec une forme “dramatique” asymétrique, ce qui a polarisé l’attention des spectateurs/consommateurs !
Exner avait été tout simplement inspiré par la 1930 Studebaker bicéphale Indy car qu’il avait réalisé lorsqu’il travaillait à South Bend… et dont il voulait réaliser une version moderne, le moteur de la Valiant (un slant-six) paraissait être le moteur idéal pour cette application qui s’inspirait de la Jaguar D’Type.
Le châssis Valiant a donc été modifié et ensuite envoyé à Turin où les artisans de Carrozzeria Ghia ont construit une armature, puis y formé la carrosserie XNR en acier, d’après les dessins de conception d’Exner.
Un “Newsreel”, projeté dans les cinémas dans tout le pays, indiquait que le roadster XNR présenté en action sur la piste d’essai de Chrysler lors d’une journée hivernale, allait bientôt entrer en production, entièrement fonctionnelle, avec un intérieur en cuir noir, des sièges baquets, des portes avec poches à glissière et un espace de rangement pour les bagages… un set complet d’instrumentation style course-voiture, y inclus un tachymètre à 8000 tr/min incorporant un vacuomètre…., tandis que le levier de vitesses au plancher complétait l’image d’une voiture de course adaptée à un usage quotidien, rapide et amusante… commercialisée (bientôt) pour moins de $3.000 !!!
Les spectateurs étaient tétanisés… , mais les planificateurs d’activités de Chrysler ont jugé que la XNR ne pourrait être qu’une voiture d’exposition pour attirer l’attention, car la prédiction/prévision n’atteignait pas un volume suffisant pour que cette voiture puisse entrer en production…
En réalité c’est Ghia qui a stopé “la rigolade”, il n’avait été payé par personne pour ce concept, et ne parvenait pas à percevoir son dû auprès de Virgil Exner qui renvoyait “la balle” à Plymouth qui la renvoyait à Chrysler qui la renvoyait à Dodge qui la renvoyait à Exner et ainsi de suite, ce qui a amené les juristes de Chrysler-Plymouth à faire cacher illico-presto la XNR en un endroit secret…
En cette suite, de manière quasi mafieuse, mais assurément minable, Virgil Exner pour compte de Ghia, a fait subtiliser la voiture pour la ramener en ses ateliers en Italie…
Après que ce haut fait d’arme ait été mené à bien, Luigi Segre de la Carrozzeria Ghia a décidé de dupliquer le concept-car de base selon le principe qu’il était sa propriété…
Ensuite, Ghia en a construit une “meilleure” en 1961, civilisée avec un pare-brise complet, un habitacle “normalement sportif mais utilisable” en tissu, bref, une version plus pratique… et donc vendable re-appelée l’Aysmmetrica !
Cette voiture est alors apparue dans de nombreux salons de l’auto européens, avec une sœur disposant d’un toit rigide en acier, modèle appelé “St-Regis”…, mais Ghia a échoué à trouver un bailleur de fonds…, quoique 25 exemplaires furent construits !
Le seul et unique prototype XNR a simultanément continué son étrange Odyssée…, le roadster qui avait été mis sous bâche et caché dans le fond d’un hangar délabré et re-expédié à Carrozzeria Ghia en Italie par Virgil Exner qui prétendait vouloir l’acheter à Ghia, chose impossible si la XNR était restée aux Etats-Unis…, cela dans un imbroglio juridique ou Plymouth déclarait en être propriétaire, alors qu’Exner prétendait que c’était sa conception qui n’avait pas été correctement payée… et Ghia, affirmant n’avoir été payé par quiconque des deux qui se disputaient…
Ghia a finalement vendu la XNR à un boucher Suisse (identifié dans de nombreuses sources), qui a plus où moins caché cette voiture le temps que tout le monde l’oublie…, sauf que le seul jour ou il n’a pu s’empêcher de faire le tour du lac Léman, un dimanche, il s’est fait doubler par un agité qui lui a proposé l’équivalent du prix d’une villa pour l’acquérir et l’envoyer en Iran…
C’était Mohammad Reza Pahlevi, un collectionneur de voitures remarquables (sic !) qui venait de se passer d’être le Shah d’Iran un bref moment pour conclure cette affaire d’automobile…
Quelque temps plus tard, la XNR a été vendue à un marchand de voiture koweïtienne nommé Anwar al Mulla… et une photo de la voiture avec lui, hilare au volant, est apparue “par hasard” en mai 1969 dans un article du magazine National Geographic concernant le Koweït…
Cela a attiré une faune d’affairiste surexcités et la XNR a encore une fois changé de mains et tracé son chemin au Liban, juste avant la guerre civile libanaise (1975-1991) propriété d’un “gentilhomme” qui a caché la voiture dans son garage souterrain muré avant de disparaitre dans l’au-delà…
Entre alors Karim Eddé, dans la danse…, c’est un autre résident du Liban, qui a commencé sa carrière de collectionneur à l’âge de 15 ans… d’une manière simple : comme les Libanais abandonnaient leurs biens pour s’enfuir à cause de la guerre, lui les récupérait en douce et les stockait dans plusieurs sous-sol très camouflés…, espérant que leurs propriétaires disparaissent dans l’au-delà…, quitte à les y pousser s’ils parvenaient à avoir échappé aux bombardements Israéliens…, ce pourquoi par ailleurs une certaine entente s’est développée avec les “dépeceurs sionistes” qui profitaient également de leurs bombardements pour venir se servir…, surtout dans les banques préalablement explosées (des frappes ciblées)…
Réaliser une collection de voitures au milieu de ce conflit, n’a donc pas été un effort courageux pour aucun des deux camps…, mais une action opportuniste payante, plusieurs centaines de banques ont ainsi été “explosées” afin d’être pillées…, du ni-vu-ni-connu…
L’entreprenant Karim Eddé avait conclu un accord avec les Israéliens : il ne s’occupait pas des banques et des coffres-forts, mais uniquement des voitures…, s’il trouvait un coffre, il renseignait…, et si les “renseignés” trouvaient des automobiles de valeur, ils le renseignaient à leur tour…
Pour ce travail Karim Eddé payait des adolescents de Beyrouth pour sillonner la ville en ruine sur leurs scooters afin de rechercher systématiquement des garages souterrains dans les zones d’habitation haut de gamme abandonnées et détruites.
Un jour, ils sont venus tout excités lui parler d’une voiture bizarre qu’ils avaient trouvé dans un garage dont l’accès muré s’était partiellement effondré…, Karim Eddé venu sur place, a reconnu la XNR grâce à un livre Suisse appelé “Dream Cars”…, et il a fait directement transporter la voiture dans son garage secret…
Il y avait une guerre sanglante en cours, mais l’ingénieux Karim Eddé. était inébranlable, certain que la centaine d’automobiles recueillies allaient le rendre multimillionnaire, affirmant :
-“J’ai caché la XNR dans un entrepôt souterrain qui semblait sans danger à l’époque, mais lorsque le conflit est devenu plus global, j’ai du la déplacer vers un autre emplacement. En fait, au cours des deux dernières années de la guerre tout était si abominable que j’ai dû déplacer cette voiture plusieurs fois, pour la sauver de la destruction. De même que toutes les autres ! Nous n’avions aucun camion à plate-forme, donc nous avons utilisé une vieille dépanneuse avec une mini grue pour soulever la voiture et la tracter. C’était à chaque fois une opération délicate, mais nous n’avions pas le choix. Toutefois, dans certains cas, moyennant quelques renseignements et échanges de bons procédés, c’est un tank et un bulldozer Israélien qui venaient déblayer et tracter, d’autant plus si un coffre se trouvait dans la villa… La guerre terminée, chaque voiture attendait patiemment que je trouve un carrossier-restaurateur qui pourrait ramener sa gloire passée, afin de la vendre à un “top-prix” de malade”…
Karim Eddé tout en revendant “ses” voitures “à-prix-d’or”, en ce compris une trentaine de Ferrari rarissime dont une 250GTO…, avec la complicité d’un membre du “bureau des marques d’immatriculation du Liban” qui réalisait pour chaque voiture un document faisant foi de l’immatriculation légitime de Karim Eddé (sic !)… est devenu le chouchou des plus grands carrossiers/restaurateurs du monde à travers les années, mais aussi de divers milliardaires Israéliens et américains peu regardant, heureux de se retrouver propriétaires légaux de voitures ayant un très fort potentiel de plus-value…
-“Mes critères étant très élevé, je vendais seulement aux gens qui payaient cash, j’ai pu en trouver pour toutes les voitures. Puis, en 2007, j’ai rencontré le Big-Boss de RM à Paris, qui m’a dit être enthousiaste de ce que j’avais fait, il m’a invité à visiter leurs installations au Canada et m’y a convaincu que RM était capable d’un service total et qu’ils ne se payaient qu’avec un pourcentage du prix obtenu à leur vente aux enchères. Je leur ai envoyé la XNR en 2008, ils ont commencé à travailler dessus en mars 2009 et elle a été terminée début mars 2011, juste à temps pour que la voiture soit vedette de l’Amelia Island Concours d’élégance”…
Mario Van Raay, directeur général de restaurations RM, m’en a dit :
-“Lorsque nous avons reçu la XNR à RM en 2008,elle a été accueillie avec beaucoup de curiosité. Après avoir rencontré Karim Eddé, d’autant plus que c’était un jeune milliardaire, il est devenu évident que notre plus grand défi serait la recréation de tous les éléments manquants de cette voiture mythique, comme le tableau de bord, les enjoliveurs et de nombreuses pièces d’intérieur. Chaque enjoliveur était composée de quelque 35 pièces métalliques y compris les petites ailettes. En raison des données abondantes et de nombreuses photos disponibles, on ne pouvait pas prendre de liberté lors de la refabrication de tous ces composants. Ils devaient être exacts. Étonnamment, la coque elle-même était complète et en relativement bon état malgré les dommages qui semblaient provenir d’explosions de grenades. Toutefois, outre que ça ne nous concernait pas, étant donné que la voiture avait un design asymétrique, c’était un défi de comprendre ce qu’Exner avait essayé d’atteindre”…
Van Raay a confirmé que la XNR avait été construite sur une plate-forme renforcée de Valiant, mais allégée… et, comme la voiture “donneuse” originale n’était pas un cabriolet, il a fallu tout renforcer pour une rigidité accrue.
– “Un deuxième pare-feu a été construit et situé à 2 pieds vers l’arrière pour accueillir un nouveau poste de pilotage, et de permettre de placer un radiateur d’eau plus épais. Le moteur est l’un des 12 qui ont été spécialement modifiés pour la NASCAR racing, où la Valiant s’est avérée gagnante dans la classe des petites cylindrées. Apparemment, tel que modifié par le laboratoire technique de Chrysler, le “slant six” pouvait être poussé à 7500 tr/min et était bon pour plus de 250 chevaux. Cette voiture aurait du être équipée d’un bloc d’aluminium, le bloc actuel est en fonte”…
RM et Karim Eddé étaient heureux lors de la réception de la XNR qui s’est déroulée à Pebble Beach en août 2011, où elle a obtenu le convoité trophée de “Gran Turismo”…, en cette suite, la XNR a été numérisée et intégrée dans le jeu Gran Turismo GT6. .
Regardant en arrière, il vous faut noter un remaniement majeur de gestion dans la précipitation en cause du départ de Virgil Exner de Chrysler en 1962 à l’âge de 53 ans.
Exner a ensuite fondé sa propre firme de design, où il a développé des versions modernes de la Mercer (basée sur un châssis de Shelby Cobra), de la Bugatti (basée sur un Type 101), Stutz et Duesenberg…, mais en 1973, il est mort d’insuffisance cardiaque, il avait 64 ans.
Virgil Exner n’est généralement pas aussi populaire que Harley Earl et son protégé flamboyant Bill Mitchell…., mais les amateurs, se souviennent d’Exner et de ses créations futuristes, quant à Plymouth, on peut dire que la marque n’avait pas abandonné sa volonté de concurrencer la Chevrolet Corvette… et lorsque Chrysler a connu une certaine renaissance dans les années 1990 avec Tom Gale…, ce qui a été créé était sans aucun doute le successeur spirituel de la XNR…, d’abord présenté comme un véhicule d’exposition, puis comme un modèle de production limitée… il se nommait : Prowler…