La fin de l’automobile, c’est maintenant…
Milliards de dollars, milliards d’euros pour renflouer les industries de l’auto, pourquoi ?
Milliards de fonds publics débloqués sans compter pour perpétuer le monde de la circulation automobile, pourquoi ?
Milliards de dollars milliards d’euros injectés en urgence pour “réanimer” la “machine économique” grippée, pourquoi ?
Milliards de fonds publics dépensés à fonds perdus pour maintenir à flot un monde qui s’écroule et se noie sous l’action de son propre poids… et encore milliards de dollars investis pour conquérir et étendre à d’autres territoires les usines automobiles, pourquoi ?
Pourquoi tant de milliards engloutis dans une industrie connue depuis longtemps pour être responsable de crises sanitaires et humanitaires, de désastres écologiques et du “réchauffement climatique” ?
Pourquoi tant de milliards pour perpétuer cette fuite en avant dans un néant écologique total ? “Sauver des emplois !”…
“Sauver l’outil de travail!“…
“Sortir de la crise !”…
“Relancer la production et la croissance !”…
“Redonner espoir !”…
La classe politique dans son ensemble est formelle et les idéologues patentés de l’économie confirment à l’unanimité : “Il faut faire ça, pour tout cela” et “il n’y a pas d’autres choix !”
Pas d’autres choix, pourquoi ?
Que s’est-il donc passé pour que l’on en arrive là ?
L’histoire de la construction du monde de la circulation automobile et son extension dans la deuxième moitié du vingtième siècle peuvent permettre de comprendre l’importance économique, sociale, politique et idéologique de la voiture dans le développement récent du capitalisme.
Mais, si l’on veut bien faire l’effort de la lire, l’histoire, entre les lignes, met surtout en évidence la fonction politique nouvelle et majeure de “l’automobile”, celle de “véhicule tout terrain” du totalitarisme.
Dès les années 1960 les choses étaient devenues claires sur tous les plans.
Les désastres écologiques, sanitaires et humanitaires engendrés par cette machine étaient évident.
Dès ses débuts, le bilan était bien perçu, exactement comme celui d’une guerre…
Les milliards de dollars de fonds publics pour lancer cette industrie, étaient véritablement spoliés à la population des “contribuables” et étaient donc dès cette époque totalement incompréhensibles au regard de ces crises : écologique et sanitaire toujours actuelles et devenues aujourd’hui incontrôlables.
Devant ces catastrophes qui s’amplifient et se veulent durables aujourd’hui, si l’on ne veut pas s’arrêter à l’hypothèse de “l’aveuglement devant l’apocalypse”, cette politique publique de sauvetage de l’industrie automobile permet au moins de clarifier radicalement les choses.
Elle oblige à rectifier de manière nouvelle, certaines erreurs d’analyse sur le capitalisme…L’impérialisme n’est pas le stade suprême du capitalisme…, le développement expansionniste du monde automobile l’affirme tous les jours.
Malheureusement l’analyse de Lénine n’est plus possible.
Devant le triomphe permanent du “véhicule tout terrain du totalitarisme”, elle ne tient plus la route !
Au vu de ces politiques “publiques” volontaristes dans l’obscurantisme pour sauver les industries automobiles et négationnistes de ces nombreux “dégâts collatéraux”, force est d’admettre aujourd’hui que le capitalisme serait bien plutôt le stade suprême du militarisme !
L’histoire de cette aventure militaro-économique ou politico-industrielle débute exactement avec la Seconde Guerre Mondiale et se clarifie brutalement dans l’immédiate après guerre avec le développement fulgurant des industries de la circulation automobile.
Le Service du Travail Obligatoire, pour soutenir “l’effort de guerre” de l’Allemagne, n’a pas pris fin avec la guerre.
Loin de là !
Il s’est maintenu et intensifié sous une forme tout à fait inattendue.
Ce sont les industries automobiles qui ont, en effet, permis de le généraliser.
La chose s’est faite le plus “démocratiquement” du monde, permettant sa diffusion rapide à l’ensemble du “Monde Civilisé”.
La formule a été véritablement magique et d’une efficacité redoutable.
Dans l’immédiate après-guerre, l’automobile a tout simplement sauvé le capitalisme.
C’est donc à “juste titre” que l’on assiste aujourd’hui à sa mondialisation, conformément à sa logique de croissance.
Et ceci au moment même où la “crise écologique” du “réchauffement climatique” semble devenir aussi une préoccupation “mondialisée”.
Toutes les “Nations” qui affirment vouloir s’engager dans une “lutte résolue contre le réchauffement climatique” veulent malgré tout produire encore et toujours de plus en plus “d’autos”.
La chose parait incompréhensible et paradoxale.
Il n’y a aucune explication à donner…
Il suffit tout simplement de savoir et d’avoir constamment en mémoire que le capitalisme est avant tout le stade suprême du militarisme.
C’est donc parce que la voiture a réussi à perpétuer le régime du Service du Travail Obligatoire après la guerre.
Et plus généralement c’est parce qu’elle a maintenu en “temps de paix”, un encasernement productiviste industriel de guerre des “masses laborieuses”.
Perversion subtile du capitalisme qui réussit à faire oublier son militarisme de temps de guerre par son militarisme de temps de paix.
En maintenant des ouvriers, des techniciens et des ingénieurs en activité physique et intellectuelle intense, l’industrie automobile perpétue un équivalent “d’effort de guerre” en “temps de paix”.
Dans cette mobilisation générale et nationale, les usines du monde automobile leur faisaient produire en fait “tout et n’importe quoi” mais surtout pas ce dont ils avaient le plus besoin dans l’immédiat.
C’est exactement ce qui pourrait être une définition universelle du Service du Travail Obligatoire valable aussi bien en “temps de guerre” qu’en “temps de paix” : “faire produire tout et n’importe quoi, mais surtout pas ce dont on a le plus besoin dans l’immédiat”.
A la fin de la seconde guerre mondiale la voiture a assuré son rôle à la perfection.
Alors que dans les deux premières décennies d’après guerre, la population manquait de tout et en particulier de logement et de nourriture ; c’est l’industrie automobile qui “démarre sur des chapeaux de roues”.
Les honnêtes citoyens, témoins de la rapidité des opérations, sont effarés ; ils expriment leur incompréhension.
Certains “responsables politiques” d’alors, hauts placés dans l’aristocratie technique et scientifique, mais encore innocemment préoccupés, plus par “Le Bien Public” que par “La Richesse des Nations”, sont impressionnés par la rapidité expansionniste du “phénomène automobile”.
Sabordage des tramways, envahissement, encombrement et blocage de la ville par les automobiles ; une véritable occupation de l’espace, totalement incompréhensible.
Quelques années plus tard, l’affaire éclate au grand jour.
L’appel de l’abbé Pierre pour les affamés et les sans logis en 1954, dix ans après la guerre, confirme la réalité tragique de ce choix économique.
Et surtout, il montre sans ambiguïté dans les faits et la détresse que le développement de l’industrie automobile est bien un Service du Travail Obligatoire.
Un travail imposé totalement déconnecté des besoins de la population et réalités “socio-économiques” vitales du moment…
Véritable “Miracle économique” du capitalisme, à tous les points de vue, la voiture s’est avérée être, pour lui le “bon choix” politico-économique.
Au-delà de toute espérance, elle a unifié “La Nation” dans une fuite en avant et elle a perpétué en temps de paix “l’effort de guerre” imposé aux peuples soumis par les “envahisseurs”.
Guerre Froide et Guerre réelle, laquelle a été la plus meurtrière ?
Laquelle a donné au capitalisme la victoire finale ?
La voiture a été incontestablement la locomotive économique et surtout idéologique du capitalisme.
Elle a constitué son industrie pilote et son “fer de lance” politique et a conquis le monde.
Et surtout, elle a mis les travailleurs au travail et le “communisme” au rancart !
Une victoire incontestable sur tous les fronts.
De l’autre côté du “Rideau de Fer”, quand les autorités soviétiques s’aperçoivent de leur “retard idéologique” il était déjà trop tard.
Une erreur stratégique de cette importance n’est jamais pardonnée par l’Histoire, même aux tenants du “matérialisme historique”.
Dans l’immédiat après guerre ou, à la mort de Staline, l’URSS a manqué d’un Lénine clairvoyant pour lancer le mot d’ordre salvateur : “Le communisme c’est le pouvoir des soviets plus l’automobile !”.
Dans les années soixante, lorsque la “Maison Fiat” est appelée de toute urgence pour sauver le régime et produire à toute allure et en série des voitures salvatrices, il est historiquement, définitivement trop tard.
Le régime soviétique appartient déjà à de l’histoire ancienne.
Totalement désarmé sur le plan “idéologique” l’URSS n’a pu envoyer que des tanks en Hongrie ou en Tchécoslovaquie.
C’étaient des voitures et surtout des industries automobiles qu’il aurait fallu envoyer pour reconquérir le cœur des “nations sœurs” et mettre au travail les travailleurs des “pays frères”!!!
L’erreur historique du régime soviétique appartient définitivement au passé.
Le “Rideau de Fer” est tombé et la voiture avec ses industries est arrivée et immédiatement avec une facilité déconcertante elle a pu discipliner l’ex-bloc de l’Est dans son ensemble et mettre au travail ses travailleurs…
Une page de l’histoire est tournée.
Le nazisme a échoué à étendre son empire à l’est (quoique l’industrie automobile allemande est devenue le symbole de la qualité et de la “classe supérieure“)… et le stalinisme a échoué à étendre son influence à l’ouest (quoique c’est la Russie qui a mis provisoirement fin l’année dernière, avec l’affaire de la Georgie, à la marche en avant du “Nouvel Ordre Mondial Bushien“, écartant l’imminence d’une guerre nucléaire apocalyptique par ses conséquences de l’Iran par Israël)….
C’est l’américanisme, le troisième larron du totalitarisme, qui reprend le flambeau.
Grâce à l’automobile, symbole matérialisé du “rêve américain” et surtout organisatrice du “totalitarisme scientifique”, il met “joyeusement” les travailleurs au travail et réussit l’expansionnisme du militarisme modernisé…
La voiture a réussi là où l’affrontement des Bombes pour la conquête du monde a échoué !
La victoire du militarisme ou du capitalisme, par l’automobile est totale.
Du Brésil à la Chine, des travailleurs roumains, tchèques ou bien indiens se sont mis à construire des voitures, un besoin toujours puissant et encore plus essentiel à la “Richesse des Nations”…
Des économistes éminents, spécialistes du monde automobile parlent des nombreux emplois directs et indirects générés par cette industrie miraculeuse.
Leurs chiffres sont dramatiquement justes et ne font que confirmer la généralisation mondiale du Service du Travail Obligatoire par l’auto.
La formule magique qui, à la fin de la guerre, a mis l’Europe des hommes affamés au travail… est aujourd’hui mondialisée.
Du Brésil à la Chine, des travailleurs roumains ou indiens s’échinent pour une bouchée de pain à faire avancer les machines.
Comme Hiroshima, le Goulag est partout !
Mais derrière cette mondialisation du Service du Travail Obligatoire on devine clairement maintenant le caractère militariste et esclavagiste du capitalisme.
Par l’automobile il opère des razzias, conquière des territoires et les peuples soumis sont mis au travail dans des usines automobiles.
L’obsolescence de l’homme se fait dans la production des voitures et l’acceptation de cette production.
Mais l’on s’aperçoit en même temps et de manière toute aussi claire que les voitures sont de moins en moins automobiles et de plus en plus Homo-mobile.
On sue sang et eau du Brésil à la Chine pour produire des biocarburants et faire avancer des “autos” et l’on sue sang et eau pour construire des “autos” et consommer des biocarburants du Brésil à la Chine.
Un ouvrier de Dacia-Renault en Roumanie s’exprime en toute innocence mais le plus clairement du monde sur le sujet : “Notre production est passée de 240.000 à 430.000 autos par an, mais nos salaires, eux n’ont pas bougés pas…, je ne pensais pas Renault aussi dur… et puis la crise est arrivée, la production est retombée à 240.000… et là Renault a diminué nos salaires par deux, en plus des licenciements généralisés”.
Pauvre gentil petit bonhomme innocent, il n’a toujours pas compris la réelle fonction politique de l’automobile…
A peine libéré du “Rideau de Fer” il découvre le diktat “démocratique” du Service du Travail Obligatoire par l’auto…
Du Brésil à la Chine des travailleurs roumains ou bien indiens s’échinent maintenant pour seulement une demi bouchée de pain à construire les machines.
La puissance conquérante et salvatrice de la voiture pour le capitalisme est maintenant évidente. Il suffit simplement de constater qu’au moment même où les scientifiques appointés par les gouvernements décrivent les conséquences catastrophiques du “réchauffement climatique”, ces mêmes gouvernements qui prétendent s’en préoccuper “sérieusement”, sont dans l’obligation de financer, subventionner et soutenir l’industrie automobile.
Et tous sont bien placés pour savoir que la circulation automobile est la principale source de “gaz à effet de serre”.
Le paradoxe n’est qu’apparent et tombe immédiatement lorsque l’on se rappelle bien que le capitalisme est un militarisme économique et que c’est par le STO que l’automobile s’est imposée comme la locomotive du capitalisme.
Et c’est “A fond la caisse”, sans limitation de vitesse qu’elle s’impose comme le “véhicule tout terrain” du totalitarisme.
Dans les industries automobiles, pendant que des travailleurs tchèques ou roumains ou encore indiens, tous embrigadés en régime de Service du Travail Obligatoire, s’échinent dans un “travail de Romain”, pour faire avancer des machines, qui leur sont d’aucune utilité ; la “Main invisible du Marché” fait “main basse” sur leur territoire.
Elle les dépossède le plus “démocratiquement” du monde de leurs terres, qu’elle confie immédiatement aux industries agroalimentaires qui les destinent déjà à la production des biocarburants.
Une technique de guerre et de conquête nouvelle véritablement à la “pointe du progrès”…
Le Service du Travail Obligatoire par l’auto enferme les populations soumises dans les usines et pendant ce temps pour accroître “La Richesse des Nations”, la “Main invisible” s’active les “mains libres” pour étendre encore plus ses conquêtes territoriales…
Avec panache la voiture la mène de victoire en victoire.
Une conquête de territoire moderne qui progresse depuis plus d’un demi-siècle.
Ayant conquis, de part et d’autre du “Rideau de Fer” le cœur des masses populaires et des classes laborieuses, infatigable la voiture s’empare maintenant de celui des écologistes et repart pour une nouvelle conquête de la planète, sous la bannière verte du développement durable.
La mondialisation du Service du Travail Obligatoire par l’auto, auréolée de toutes ses labellisations “écolo-verte” confirme de manière indéniable que “Le capitalisme est bien le stade suprême du militarisme”.
La fin de l’automobile, c’est maintenant…
Il faut retourner le greenwashing (ou écoblanchiment) en vigueur dans le domaine de l’industrie et de la publicité automobile.
Les constructeurs d’automobiles vendent en effet l’idée que leurs voitures, qu’elles soient hybrides, électriques ou “zéro émission” (ZE) sont des “voitures propres” ou des “voitures vertes”.
Malgré une technologie qui n’est pas au rendez-vous, une crise automobile structurelle et des ventes de voitures qui s’effondrent, le marketing et la publicité automobile nous promettent des lendemains qui chantent et un avenir radieux fait d’autoroutes du futur et de voitures écologiques…
Aux chiottes ! la morale du travail.
Hier, on vouait l’industrie automobile aux gémonies, aujourd’hui, on doit sauver le soldat Ryan !
Toute notre compassion, toute notre empathie devraient se tourner vers les millions d’agents et de sous-traitants de l’industrie automobile qui ont perdu ou vont perdre leur emploi.
Je ne suis pas d’accord avec cette présentation des choses qui est la conséquence du sur-investissement de la valeur travail dans notre société.
A mes yeux, l’avenir de la planète a plus de valeur que le statut des salariés fussent-ils des millions.
Dans le paysage politique actuel, Daniel Cohn Bendit est le seul qui ose affirmer qu’on doit profiter de la crise pour faire prendre à l’auto le virage du développement durable.
Je lui suis reconnaissant de cette prise de position même si il a pris sous ses ailes (en l’occurrence, elles ressemblent beaucoup à une camisole de force) José Bové que j’abomine, par ailleurs.
En effet, en la matière, le politiquement correct, c’est d’abonder dans le populisme qui consiste à défendre le travailleur et, en conséquence directe, l’outil le plus indispensable à se réaliser professionnellement : sa voiture !
Le discours démagogique, en l’occurrence, c’est de plaindre les automobilistes qui sont victimes de tellement de contrariétés (radars, hausse de l’essence, limitations de vitesse…).
Le XXème siècle, dans ses délires idéologiques, a porté au firmament la valeur travail selon laquelle le seul moyen pour l’individu de trouver son épanouissement dans la société est d’en être un agent productif.
On paye aujourd’hui les conséquences de cet aveuglement.
Le XXème siècle a inventé, conjointement à cette idéologie morale, l’outil technologique pour permettre à chacun d’assouvir cette apogée du développement personnel : la voiture particulière.
Cette angoisse du jeune de se trouver une “utilité” productive dans la société, le précipite à acquérir une voiture pour lui permettre d’abord d’atteindre l’incontournable statut de productiviste et, ensuite, de se rendre quotidiennement sur son lieu de productivité !
La crise devrait, au contraire, être l’occasion, enfin, de stopper l’absurdité de ce cycle qui n’a de logique que l’apparence !