La Mustang, c’est l’Amérique qui fait rêver…
Celle de Kennedy, du rock’n’roll, celle d’Elvis, de Hollywood, celle qui se libère de ses vieux démons, qui assassine Martin Luther King mais finit par renoncer à la ségrégation.
La Mustang est apparue en avril 1964, quelques mois seulement après l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy qui fut lui-même incidemment à l’origine de cette voiture.
En effet, en choisissant Robert McNamara, président du groupe Ford, comme secrétaire d’état à la défense en décembre 1960, il provoqua un jeu de chaises musicales au directoire de la FoMoCo.
Lee Iacocca un des seconds de McNamara, était tout son contraire…, et il sortit vainqueur de cette affaire en étant nommé Directeur Général et Vice-Président de la Ford Motor Company !
Né en 1924 de parents immigrés italiens alors que McNamara, né en 1917, était d’ascendance irlandaise, Iacocca, s’il partageait les points de vue de son aîné sur la rentabilité, avait le tempérament plus latin et plus fantaisiste.
McNamara était à l’origine de la Falcon, une petite Ford (selon les standards américains) populaire et bon marché, mais sans panache.
C’est également lui qui avait dénaturé la jolie Thunderbird dévoilée en 1955 et en avait fait un gros coupé quatre places baroque pour l’Américain moyen.
Les deux modèles avaient connu un succès commercial indéniable qui justifiait leur existence mais ils n’étaient ni l’un ni l’autre du goût de Iacocca.
Une fois débarrassé de McNamara, Iacocca s’empressa de proposer sa propre version d’une Ford populaire, en véritable visionnaire, il avait pressenti l’arrivée sur le marché de la génération d’après guerre, le fameux « baby boom » !
Il s’était dit que les adolescents qui se tenaient encore sagement sur la banquette arrière de la Falcon ne se contenteraient pas d’une voiture aussi fade lorsqu’ils auraient l’âge d’en prendre le volant, il leur fallait quelque chose de plus « sexy ».
Les deux axes convergents, une voiture sexy pour la nouvelle génération et une image sportive, étaient complémentaires.
Tous ces adolescents sans descendance pour l’instant n’auraient pas besoin d’une berline quatre portes quatre places mais d’une voiture de célibataire à deux portes, avec éventuellement deux places d’appoint pour les copains…
Parallèlement, Iacocca proposait de redresser l’image de Ford et suggérait le retour au sport automobile qui paraissait le moyen le plus approprié pour glaner rapidement une image flatteuse auprès du jeune public.
Le projet de Iacocca, baptisé Total Performance, fut avalisé par la direction…, une Falcon fut aussitôt envoyée en Europe participer au rallye de Monte-Carlo, tandis qu’un concept car sportif découvert, à deux places et à moteur central était mis en chantier.
C’était une vraie déclaration de guerre qui allait déboucher sur la GT 40 pour le sport et sur la Mustang pour la série.
Le prototype Mustang 1 à moteur central fut réalisé en 100 jours, sous la direction de Gene Bordinat, responsable du style Ford et de Roy Lunn, l’un des directeurs techniques, et dévoilé sur le circuit de Watkins Glen en octobre 1962 avec le pilote Dan Gurney à son volant.
Pour ce qui concerne la remplaçante de la Falcon, la direction avait en revanche fixé quelques contraintes, un budget limité et un délai de 18 mois pour mettre au point le modèle de série.
Pendant ce temps, la Mustang de série progressait.
Tout fantaisiste que fût Iacocca, il n’envisageait pas un instant de proposer un moteur central et seulement deux places pour la voiture de série…, un second prototype, la Mustang II, plus proche de la version définitive, fut présenté à l’automne 1963…, le style de la version définitive était déjà figé.
Ce concept ne devait servir qu’à attiser l’intérêt des teen-agers et à les familiariser avec la voiture de série en leur faisant oublier la Mustang I à moteur central, à cent lieues de leurs préoccupations.
Comme le modèle de série, le prototype Mustang II jouait sur la corde sensible de l’Amérique motorisée, un long capot avec une calandre agressive, des hanches suggestives et un gabarit plus aux normes d’outre-Atlantique.
Son capot laissait suffisamment de place pour imaginer un big block même si la grande majorité des Mustang de série eut plus prosaïquement recours au 6 cylindres.
Contrairement à Chevrolet dont la Corvette commençait enfin à connaître un certain succès commercial, Ford proposait une vraie voiture, en bon acier et pas en plastique, utilisable en famille – la Corvette n’avait que deux places – et plus impressionnante dans ses dimensions extérieures.
Mais plus important peut-être, la Mustang n’était pas un dérivé d’une berline quelconque, elle n’existait qu’en tant que coupé ou cabriolet Mustang…, il n’y avait pas de Mustang 4 portes.
Plus fort, dans sa version de base, elle valait 2368 $, à peine plus cher que le coupé Falcon Futura affiché à 2315 $ !
Qu’importait l’ivresse de la vitesse et les performances sur des highways limitées à 60 miles ?
L’important n’était-il pas d’avoir une sportive à l’allure méchante pour un prix défiant toute concurrence, surtout étrangère ?
La Mustang en donnait pour son argent à toute une génération avide de liberté et de bonheur.
Née en 1964, elle s’imposa immédiatement au monde comme l’icône de l’Amérique, à l’égal de la statue de la liberté…, plus que tout autre, la Mustang est un véritable mythe, le symbole de l’american way of life.
Après une longue et triste parenthèse, la Mustang nous est revenue, désirable comme au premier jour, elle a été diffusée, au cours de sa très longue carrière, à plus de huit millions d’exemplaires, dont un million de cabriolets.
Elle fait l’objet d’un véritable culte au sein de 250 clubs qui lui sont dédiés à travers le monde, dont le plus important ne compte pas moins de 11.000 membres !
Dès sa naissance, en 1964, la Ford Mustang, qui a inventé un nouveau genre, la pony car, s’est imposée comme une véritable icône, celle de la liberté et du plaisir automobile, la vie de la Mustang n’a toutefois pas été un long fleuve tranquille.
A la première génération (1964/1973) qui de pony car s’était progressivement muée en muscle car, a en effet succédé une longue série de modèles abâtardis, oscillants entre la laideur et l’insignifiance, animées (si l’on peut dire) de mécaniques anémiées d’à peine 140 chevaux…
Mais le mythe a la vie dure…