La Pifométrie et l’automobile ancienne…
L’automobile ancienne dont je vous discoure de manière docte dans divers articles qui n’en finissent plus de ne pas se terminer…, est d’avantage une pifométrie qu’une science infuse !
La Pifométrie est une science très ancienne et universelle.
La preuve en est, en ce que les enfants naissent avec leur propre pifomètre incorporé, ce qui est d’ailleurs aussi la preuve de la transmissibilité des caractères acquis.
Dans ces conditions, il est surprenant que la Pifométrie ait suscité très peu de travaux.
Rares sont, d’autre part, les auteurs qui ont cherché à définir les lois régissant cette science.
Il n’existe pas d’étalons d’unités pifométriques, quoique celles-ci soient d’usage courant.
Au moment où les “systèmes” s’organisent, où le C.G.S. a vécu, ou le M.T.S. n’est plus qu’un souvenir, et où le M.K.S. (avec ou sans A) triomphe dans les recommandations I.S.O., où AFNOR consacre trois normes: NF X 02-006, NF X 02-003, NF X 02-004 aux unités…, il est stupéfiant que rien n’ait paru sur les unités pifométriques.
Il m’a semblé essentiel de combler cette lacune !
N’ayant strictement rien trouvé d’utile à vous narrer en sus de mes précédents articles que je n’ai pas eu envie de recopier…, mon sixième sens m’a incité à vous converser de la Pifométrie, moyen de calcul utilisé par tous les génies de l’automobile ancienne (dont les experts)…, pour définir la taille, le poids, les performances, l’historique… et la valeur d’une automobile de collection….
Quelques observations liminaires s’imposent:
Le Pifomètre, instrument personnel, n’est en vente nulle part, bien entendu, mais sa précision est inégalable.
Jamais personne n’a eu besoin d’utiliser un pifomètre à vernier, encore moins un pifomètre à vis micrométrique.
L’instrument banal, incorporé, suffit en toute occasion.
Il faut délibérément mettre de côté la Pifométrie spécialisée, pour diverses raisons :
– Elle est souvent discutable…, par exemple, la Pifométrie gastronomique utilise des unités mythiques : il est souvent question d’une noix de beurre, alors que jamais un cuisinier n’a sculpté de beurre en forme de noix.
– Les règles de la Pifométrie n’ont pas été rédigées, mais chacun les applique d’instinct… et vous conviendrez du respect que vous leur témoignez…, je n’ai pas l’ambition de les citer toutes, mais seulement les principales :
1. La multiplication d’une unité pifométrique par un scalaire quelconque égale l’unité pifométrique initiale. Exemple : “Deux minutes d’attente, mec !” ou plus poliment : “Trois minutes d’attente, s’il vous plaît et votre pneu sera changé”… représentent exactement le même temps que “une minute”, même si la minute dure une heure…, voire un temps indéfini !
2. Deux longueurs pifométriques égales ne sont pas superposables. Exemple: “La largeur d’un pneu manque et son expression en unités non dénommées se calcule par l’écartement des mains du propriétaire de la voiture et donc du pneu”.
3. Une unité pifométrique peut représenter des grandeurs différentes pour des individus différents ; cela n’a aucune importance. Exemple: “La giclée d’huile ordonnée à l’apprenti mécanicien par son contremaitre conserve son efficacité, quelle que soit l’interprétation donnée”.
À noter que du strict point de vue du sablier, du cadran solaire et du calendrier, toutes ces unités sont équivalentes, mais leur personnalité s’affirme par les circonstances de leur utilisation.
À tout seigneur tout honneur : le temps, grandeur subjective, a, bien entendu, intéressé au premier chef la Pifométrie… et les unités sont nombreuses.
– Le bout de temps : est une unité classique employée aussi bien pour le passé que pour l’avenir.
On peut avoir à attendre un bout de temps ou évoquer un événement qui s’est produit il y a un bout de temps ! Il y a un sous-multiple : le Petit bout de temps, et des multiples : le Bon bout de temps et le Sacré bout de temps !
– L’éternité : est équivalente au bout de temps, mais ne s’applique que si l’intervalle a été difficilement supporté. On remarque ici que la Pifométrie ne se borne pas à mesurer une grandeur, mais en précise la qualité.
– L’instant : est équivalent, strictement, au bout de temps et à l’Éternité, mais accorde à l’intervalle mesure un préjugé d’aisance et de légèreté.
– Le Bail : par contre, laisse entrevoir l’intervention de puissances occultes et de tendances formalistes.
– La Paye : ne s’applique qu’au temps passé on dit : “Il y a une paye que…”, mais jamais “Dans une paye”.
Toutes les unités qui viennent d’être nommées ne s’emploient qu’au singulier ; je tiens à le signaler au passage avant de passer à la suivante.
– La Minute dite “Minute de coiffeur” : n’a strictement aucune relation linéaire ou autre avec le jour solaire moyen. Il est fâcheux qu’une homonymie, purement accidentelle, ait pu amener quelques ignorants à faire des comparaisons avec la minute sottement mesurée a un grossier chronomètre ou à une horloge atomique, dont l’exactitude est, on le sait, sujette à varier suivant l’évolution des théories, qui vont vite par le temps qui court. La Minute a deux sous-multiples : la Petite Minute… et la Seconde.
– Le Mètre : est une unité qui, accompagnée de ses nombreux multiples et sous-multiples, devrait s’appliquer à tout. On voit immédiatement le caractère artificiel et imprécis de cette rigidité injustifiée : dès qu’on en arrive aux grandes dimensions, on est obligé d’abandonner les multiples du mètre pour parler en années-lumière ou en parsecs. A l’autre bout de l’échelle, nous voyons apparaître le micron et l’angström. La Pifométrie est beaucoup plus riche et a délibérément adopté une judicieuse série d’unités.
– Le bout de chemin : s’emploie pour les distances parcourues ou à parcourir.
Il a, bien sûr, un multiple, le Bon bout de chemin, mais on préfère en général utiliser la Trotte dont l’usage ne présuppose pas d’ailleurs le moyen de transport à utiliser.
Les Pifométriciens ont depuis longtemps, et bien avant que la Topologie n’ait fait son apparition dans les Facultés, senti l’importance des relations de proximité… et l’unité topologico-pifométrique employée universellement est le Poil : on mesure (ou on passe) à un Poil près.
Un seul sous-multiple, le Micro-Poil, suffit à apporter le maximum de précision.
Exemple : “la Corvette qui roulait déjà depuis un bon bout de temps et avait parcouru un sacré bout de chemin, à un mètre et des poussières près, est passée à toute allure à un micro-poil de mon pied, ce qui m’a paru une seconde d’éternité, ça faisait un bail que je n’avais pas vu un mec rouler à tout berzingue à une de ces vitesses…, son moteur devait développer une sacrée chiée de chevaux, 300, à un cheval près” !
Pour déblayer le terrain, je précise qu’il convient d’éliminer quelques termes en lesquels des esprits confus ont cru reconnaître des étalons de vitesse, alors qu’ils ne sont que des éléments de comparaison, respectables certes, mais sans valeur d’Unité…, ce sont le “Tout Berzingue”, le “Toutes Pompes”, le “Tonnerre” et autres de la même farine.
Il n’y a qu’une unité de vitesse, mais elle est beaucoup plus élaborée que celle des systèmes classiques…, dans ceux-ci, en effet, la vitesse a pour équation aux dimensions LT-1.
Dans le système pifométrique, on envisage la vitesse du temps.
D’aucuns, sans réfléchir autrement, objecteront que TT-1, cela donne une grandeur sans dimensions.
Mais il y a T et T, temps et temps, le temps qui passe et le temps pour tout…, de sorte que, bien avant Einstein, la Pifométrie a reconnu la relativité du temps et a mesuré la vitesse de son écoulement.
L’unité de Vitesse est donc unique: c’est la “De ces vitesses”.
On l’emploie toujours seule.
Une voiture roule à une “de ces vitesses” et le temps passe à “une de ces vitesses”.
Tout le monde a senti le temps passer vite ou lentement, mais le Pifométricien seul a songé à évaluer la vélocité de la variation du temps.
C’est l’un de ses titres d’honneur… et non le moindre…
La plupart des unités de volume usitées en Pifométrie, le Pot, le Godet, le Setier et autres Boujarons, relèvent de la gastronomie et n’entrent pas dans mon propos.
Reste la Giclée et son multiple la “Vieille Giclée”, appelée dans certains milieux la “Sacrée Giclée”, qui représentent avec précision l’étalon utilisable en toute occasion.
C’est donc une question toute simple.
Le problème est plus complexe et des unités différentes sont d’ordinaire usitées suivant l’importance qualitative ou quantitative des grandeurs et le fait qu’elles ont ou non une nature concrète.
Par exemple, l’idée et le Fifrelin s’appliquent au tangible seul, tandis que la Bonne Dose est d’un emploi beaucoup plus vaste.
Qui n’a entendu évaluer une Bonne Dose de patience ou de philosophie ?
Mais l’unité la plus usuelle, celle qui revient dans toutes les numérations et dans toutes les bouches, si toutefois j’ose m’exprimer ainsi, étant donne son étymologie scatologique, je n’éprouve même pas le besoin de la nommer tant elle est connue.
Seule, elle évoque déjà des multitudes, accompagnée de son préfixe Méga, elle accède a l’ampleur galactique : une “chiée” !
Unité d’imprécision : le Cheval sert à indiquer que la grandeur dont on vient de donner la mesure eut mérite d’être traitée avec plus d’acuité.
La Pifométrie est une science qui, en raison de son caractère subjectif, ne souffre pas l’imprécision.
Exemples :
– 300 chevaux, à un cheval près…
– 25 mètres, à un cheval près.
Unité d’Addition : le Pouce sert à indiquer que la mesure effectuée était par défaut et qu’il convient d’y apporter plus de précision si l’on veut être sérieux.
Exemples :
– 400 grammes, et le pouce !
– 1500 mètres, et le pouce !
Depuis le 1er janvier 1968, le Pouce, multiplie par une vingtaine de centièmes ou toute autre valeur en fonction des circonstances et des besoins est appelé T.V.A. (Tout Va Augmenter).
Unité d’Ajustage : les Poussières : Le Pifomètre, instrument de précision, peut aisément évaluer la poussière, mais le Pifométricien averti sait que cette sensibilité est inaccessible a la majorité des Physiciens et emploie toujours le pluriel pour ajuster la mesure d’une grandeur à l’expression vulgaire qui vient d’en être donnée dans un système classique.
Exemple:
Un tuyau de 35 millimètres de diamètre… et des poussières.
Il est hors de doute que, dans un proche avenir, il deviendra indispensable d’ouvrir l’École Nationale Supérieure des Ingénieurs Pifométriciens (E.N.S.I.P.) dont l’absence se fait lourdement sentir.
L’étude qui précède n’a nullement la prétention d’être exhaustive et les progrès continus de la Pifométrie risquent de lui conférer rapidement une apparence désuète, mais il était cependant indispensable qu’elle fut faite pour marquer une étapes.
Le choix de la ville ou elle sera bâtie ne soulèvera pas de difficulté puisque aussi bien elle ne saurait, bien sur, s’élever… “qu’aux environs” (le viron est une unité commode qui permet des approximations.
Tout peut être converti en viron(s) !
Exemples :
Cette Corvette fait en viron 1300 kg
Elle monte à en viron 270 km/h
Cette Corvette vaut en viron 30.000 euros
Voilà, il est temps de refermer cette page, d’éteindre votre ordinateur et d’aller dormir !