La Rinspeed Bamboo à Saint-Tropez…
“Nomen est omen”…
Traduction ?
“Tout est dans le nom”…
En 2011, le constructeur suisse et visionnaire automobile Frank M. Rinderknecht, s’adressant à tous ceux qui ne sont ni fous de vitesse ni aveuglés par les orgies de chevaux, pressait le bouton “Reset” pour purger les esprits en les redirigeant vers une autre façon de penser : un usage simple, des lignes claires, ni clochettes, ni chromes…, rien de superflu…
Cette petite quatre places de loisirs ne cachait pas son jeu…, ouverte au grand air, faite pour le soleil, l’été, la lumière et le bon temps… elle revenait aux sources du concept automobile…, un maximum de fibre de bambou, tant dans les constituants du véhicule que dans les détails et la décoration…, un toit gonflable…, mais aussi, pour être en harmonie avec son époque, une propulsion électrique qui ne devait rien à personne.
En résumé, un petit jouet séduisant et craquant destiné aux “ceusses” qui veulent vivre différemment et savourer différemment et se montrer naturellement différents…, tout un programme.
Bénéficiant d’une décoration du plus pur genre “pop” signée par l’artiste new-yorkais James Rizzi, fortement inspiré des années ’70…, la Rinspeed Bamboo suggérait l’image de… Brigitte Bardot et de son ex-playboy Gunther Sachs débarquant (au grand plaisir des paparazzi) à St-Tropez…
C’était pourtant une authentique automobile créative, à l’opposé des répliques resucées de Mini-Moke à toutes les sauces, y compris en versions Mini/Medium/Maxi, électriques où essence…, Chinoises, Pakistanaises, Hindoues, Sud-Africaines… à l’opposé aussi des clones de Méhari, également à toutes les mêmes sauces écœurantes, électriques où essence…, Chinoises, Pakistanaises, Hindoues, Sud-Africaines, Franchouilles également faites de reproduction de pièces piratées…
La Rinspeed Bamboo était plus opposée encore à la DeVinci qui déboule dans le non-sens en proposant à des prix stratosphériques une réplique de réplique, répliquée d’une sorte de Scobra réplica imitant une évocation (lointaine) de Bugatti 35 en plastique agrémenté (sic !) de plaques collées où rivetées laissant croire en je ne sais quoi…
Une “chose” que cette “chose”, vendue sans rire à des prix stratosphériques, frisant les 100.000 euros pour une version “luxe”…, tout un barnum qui n’est que de l’hyper-consumérisme ridicule et absurde, une forme d’Art de l’opportunisme sur le dos des crédules…, les entrainant vers le point culminant d’une sorte d’asphyxie extatique dans diverses mises en scène théâtrales et cérémoniales d’un des aspects de l’immonde…
Ce reportage quasi indécent dévoilant les dessous d’un des aspects du petit commerce…, tient, je l’avoue, du voyeurisme, du plaisir pervers d’épier les pratiques les plus viles…, avec un plaisir qui fait pendant à l’extase des grands sadiques… et au goût permanent des foules pour les plus cruels spectacles de mort : cirque, crucifixion, pendaison, supplice…
Il vous faut y voir un rappel de l’existence du puits sans fond de la bêtise humaine ou prolifèrent les crabes… et d’une des portes d’accès à la conscience des beaufs, où leur manipulation devient paroxystique, surtout lorsque ces engins prétendent s’accoler à des célébrités “qui rapportent”, dans une sorte d’hymne au système de références à la mondialisation néo-capitaliste qui, dans sa globalisation, contraint les gnous incultes à subir une dépendance culturelle soumise aux exigences d’un marché purement consumériste tout en prétendant qu’il est une facette du bon goût…
C’est une nouvelle forme de manipulation des masses crédules où le prétexte de rendre hommage à des célébrités n’est en réalité qu’une déliquescence sous couvert du culte de l’ultralibéralisme et la médiocrité de sa pensée…, la dévalorisation des idées au nom du clinquant, l’abrutissement des masses au nom d’un productivisme quasi industriel !
Cette lobotomisation des masses unilatérale et totalement arbitraire, est conçue comme un idéal d’autoréférences, porté par des articles d’amis/amies issus du gigantesque panier de crabes ou prospèrent les Bobos… qui jouissent de leurs manipulations jusqu’à saturation de l’art de la propagande si chère au réalisme, non plus Soviétique, mais inféodé au Libéralisme-Réaliste…, on pourrait d’ailleurs réadapter le discours du Réalisme-Socialiste-Soviétique sous Staline au début des années ’30 : “Réaliser et imposer une représentation faussement véridique et historiquement non-concrète de la réalité, dans le développement de l’ultralibéralisme, tout en contribuant à la transformation idéologique de l’éducation des consommateurs dans l’esprit de la globalisation ou de la mondialisation”…
C’est odieux et c’est pourtant ce que retiendra l’histoire dans son analyse de notre monde : “Libéralisme Réaliste, Art et Propagande, Culture et Manipulation, Consumérisme et Business”…, un hommage à la marchandisation, le reflet ou le miroir d’une sorte de décadence.
Les enjeux purement mercantiles de cette sous culture, accentuent la décrépitude de toute pensée dans la dégénérescence d’un “Art de faire de l’argent”… et dans ce contexte, éditer un magazine “Gonzo” tel que Chromes&Flammes, au style libre et déjanté, satiriquement et politiquement incorrect, ne peut se laisser manipuler en publiant des publi-reportages…, sauf que cela oblige à être totalement indépendant, non assujetti aux volontés d’agences de communication et de publicités qui craignent que les contenus et idées, qualifiées de subversives, ne déteignent sur l’image de leurs “chers” clients annonceurs…, en quel cas, malheur à l’éditeur si le nombre de lecteurs et lectrices est en dessous du niveau des coûts de réalisation.
Tout le monde, alors, en cette suite, sans aucune exception…, m’a suggèré de lisser le ton des articles afin de permettre de collecter des pub’s (des annonceurs)…, mettre les mains dans cet engrenage signifiant en réalité que s’en est terminé de réaliser des textes “Gonzo” totalement “allumés” concernant des voitures totalement en marge… et de conter en détail les affres vécues à leurs bords…, un grand ami me disant : “On ne peut faire de la pub dans ton magazine qui publie des vérités assassines concernant les mêmes voitures que nous vendons”…, imparable déduction !
Il se fait que ce type de “marché” est une des facettes de Saint-Tropez ou fleurissent dès le printemps toute une faune de peintres qui proposent aux touristes hallucinés, du “Bardot” partooooouze…, à toutes les sauces, styles, et formats s’adaptant à l’importance des bourses…, la raison est que Bardot EST Saint-Tropez…
Vivre à Saint-Tropez n’est toutefois pas forcément un naufrage…, aux confins (ruraux) de l’absurdie Tropézienne, existences humaines et éternités inhumaines s’interpénètrent jusqu’à donner l’illusion de s’échanger leurs propriétés : ainsi veut-on croire que la vie s’y écoule comme à l’ombre du clocheton et qu’on y jouit sans cesse dans une imperturbable immuabilité, au gré d’un quotidien dont personne ne veux reconnaître que tout en chacun/chacune, agonise, s’érode, s’évanouit, malgré l’émolliente illusion d’une pérennité des éléments qui le composent.
Pleins de cette candeur, il en est qui mènent une vie tissée d’ennui tranquille, de labeurs et d’extases physiques sirotées au milieu des ordures sociétales…, s’y exerçant la nuit jusque très profond dans leurs orifices…
De temps en temps, il y a une échappatoire pour aller dorer au soleil le corps enduit d’agent bronzant de fortune, quitte à tomber, un jour, sur un os…, suite radieuse des vanités et méditation éthérée sur l’impermanence de toute chose.
Nombre de personnes y arrivées fortunées à leur grand âge, finissent par s’échouer, sous les lumières citronnées…, retraite passagère d’où elles émettent des cartes postales aux teintes rétro en guise de bulletin de santé annuel…, le soleil de Saint-Tropez a toujours brillé plus intensément pour les vieux jours de certaines gens…
Offertes au luxe d’une crédulité insouciante, toutes les passions et les ferveurs y gravitent autour de jeunes invitées en fleurs, enluminées telles des héroïnes du muet par les scintillements…, elles sont parée d’airs soignés d’illuminées fausses ingénues, qui, moyennant salaires, ou dons visionnaires, se mettent aux sévices de leurs hôtes…, duperie…, ces expertes en enfumage et prestidigitatrices virtuoses de profession pour mystifier via les seuls prodiges de leurs charmes…
Le métaphysique est à l’œuvre, autour de la foi qu’il s’agit de prêter ou non à la transcendance, à l’ordre magique et mystérieux du monde…, pour avoir été déjà tranchée mille et une fois par d’autres, aucun questionnement sur le pourquoi et le comment ne présente a priori plus guère d’enjeu, sinon sa capacité à inlassablement se reformuler avec plus ou moins de fringance, en l’occurrence, épousant les dehors patauds d’une dissertation au cheminement tout tracé, récitée telle une partition exténuée pour piano mécanique qui jouerait tout seul sa sentencieuse ritournelle.
Cette tension qui sculpte pareilles surfaces désaffectées est aussi celle chevillée au cœur, qui en dicte depuis toujours ou presque les excès, par des flux et reflux de doutes teintés d’aigreurs et de croyance en leurs propres pouvoirs d’illusion.
Et si l’on ne se passionne guère pour ces leçons de magie et de cynisme…, machinalement faisant leur synthèse mi-matérialiste mi-sentimentale, on peut y trouver une séduisante métaphore et quelques beautés à la subtile incarnation qui ravivent le feu et la foi en les chairs mortes d’un Saint-Tropez vieillissant lorsque celui n’entend plus croire en rien, sinon aux jeunes femmes : un tour de prestidigitation jamais percé qui serait : la grâce…
Dans ce délire, ces cacochymes, pour se payer ces “sportives” du sexe de haut vol…, s’affichent soit en barquettes de poufs, voire en yachts crétins, en sus de diverses sportives de luxe, coutant (parfois) moins au final (toujours repoussé)…
Se précipiter contre tous les miroirs des vanités, quitte à passer au travers…, tout brûler, dilapider des billets de 500 euros jetés sur les tables des bistroquets du port pour la seule obscénité du geste, dans une embardée immolatrice des passions grotesques et leurs effusions en Hop-hop-hop pathétiquement essoufflant…, effets de cocktails Coke-Caviar-Viagra truffés sur le bien-être intérieur…, de la psychanalyse de comptoir…, le genre qui fait des couvertures de newsmag’s sur l’emprise des pervers narcissiques…, de toute idée surfaite de la liberté très nouveau riche acquise à la force de millions…
De telles inclinations à la dépense flambarde n’est pas l’apanage de mâles odieux et néanmoins affriolant cherchant à capter diverses futures suppliciées consentantes à se plier en définitive, corps et âme, à leurs manières de bourreaux, simulant la rumination introspective pour faire surtout feu de toute fascination à leur endroit, toute entière dévolue au panache clinquant et aux caprices de ceux qui, entre deux leçons de choses, se présentent comme “Maîtres du Monde”…
Ultime point de rupture (comme métaphore donnée clés en main de la fin d’une récré sadomaso), l’état de compression terminale d’une épave contractée d’un rutilant véhicule où ne saillissent plus que les lignes redondantes et les boucles de nerfs (en entrelacs binaire de roucoulades et d’esclaffades grasses, de portes claquées comme autant de tartes à la gueule, de rixes et crises suraiguës et de vagissements sexuels), crashé au terme d’une course à vive allure qui aura tout dévoré, tout bouffé et asphyxié au gré de sa surchauffe.
Les autres qui ne sont pas eux-mêmes ne servent que de faire-valoir, pour faire le nombre des utilités quand on les sonne, achever ainsi de saturer l’espace à l’air raréfié d’une expérience de mort-vie plongée dans un bain crapoteux merdiatique…, mais, en dépit de leurs accents cyniques et ramasse-tout, la part la plus embarrassante de ces gens, tient dans ce que leur entreprise n’en paraît pas moins sincère…
Ne pouvant et ne voulant pas participer à ces concerts de rancœurs, de bile et de coquetteries clinquantes orchestrés entre gens de bon teint dans la comédie vintage de leur vieillesse sous cloche, il en est qui se voient un jour ou l’autre rafler une mise sans pour autant que ce soit autour d’une intrigue à l’os, au mouvement suspendu, digérant les soubresauts d’une fin de vie…