La voiture du futur incertain…
7h30
Je me lève de bon matin, avec la même gueule que Johnny Depp dans Edward aux mains d’argent.
J’ai les paupières qui retombent au niveau du menton (mais sans atteindre le bas des cernes quand même, faut pas pousser), les vertèbres en puzzle, le cerveau gazé à mort.
La journée commence mal, comme toutes les journées où je me lève avant 15h.
Je me jette dans ma baignoire (préalablement remplie…) et comate sous l’eau en me collant des baffes dans la gueule toutes les trente secondes.
Je me sèche (merde c’est ma serpillière), m’asperge de déodorant (merde c’est du Fly-Tox), me file un coup de rasoir (merde où est le bas de ma gueule ?).
Je passe sur le petit déjeuner que je ne prend jamais (juste une tasse de Cappuccino de Nescafé), je boufferai ce soir (je pense me faire griller une entrecôte).
Je m’habille, je sors de chez moi (le garage-loft) en me demandant ce que fout mon slip sur ma tête (et surtout pourquoi ma braguette coince à mi-hauteur) tout en me ressassant le programme de la journée…
Je vais essayer/tester “La voiture du futur“jusqu’à midi, on me l’a refilée hier après-midi pour que j’en fasse un article (gratuit) dans mon site…, mais j’aimerai bien quelques pubs en contrepartie ((histoire d’augmenter mon compte en banque)… ensuite pause-déjeuner chez Mc-Do jusque 14h00, passage chez moi vers 14h30 pour : 1° décoincer ma braguette et me foutre du désinfectant (penser à hurler : “merde c’est du vaporisateur d’odeurs pour chiottes !!“), 2° faire un tour sur le site www.GatsbyOnline.com pour voir si la fréquentation reste en augmentation suite à mes articles déjantés (hier j’ai comptabilisé 1.700 personnes en 1 journée rien que sur la section automobile et le compteur indique qu’on arrive à 1.200.000 visites depuis fin novembre pour l’intégralité des sections/rubriques, soit environ 4.000 visites/jour).
Et hop…, re-départ vers les 15h, direction Paris, direct, toujours à l’essai de “La voiture de l’avenir du futur” ou je dois rendre l’engin avenue Georges V, près de l’hôtel du même nom, aux environs de 18h.
Beau programme, mais dur à tenir et fatigant.
Demain je risque de devoir me ligaturer les paupières aux oreilles pour les tenir en hauteur.
Enfin bon.
8h30
Je roule au volant de “La voiture de demain, l’avenir du futur“, comme si de rien n’était, innocemment, sans même imaginer que deux-mille connards, à vingt mètres de là m’attendent de pied ferme pour m’en faire baver.
Ca commence au feu, juste au bas de la rue.
La courte distance que je parcours suffit pour que je me retrouve aux prises avec un vieux en Pijot 406 qui zigzague entre les trois files de l’autoroute, sans doute pour battre le record de son fils à Gran Turismo 3.
J’ai aussi le temps de me faire doubler par une Twingo fuchsia jantes alu, pare-buffle, pneus de 1m de largeur, avec Patrick Bruel qui hulule à fond par les vitres grandes ouvertes.
Je pense à autre chose, mais les klaxons, les rugissements des moteurs, les énervés qui déboitent dans tous les sens sont là, à quelques mètres de moi.
Ils tentent de m’arracher aux tendres bras de la béatitude pour me jeter dans leur minuscule monde mécanique, fait de bravade, d’agressivité hargneuse et de chevaux-vapeur.
Je ne demande qu’à tourner à droite et je me retrouve enlacé dans une nasse de gens pressés, de piétons paranoïaques et de monstres de métal qui pilent devant moi ou grondent de rage derrière.
L’autoroute est un univers de brutalité, on ne peut s’y frayer un chemin souriant les yeux dans le vide, rêvant à autre chose.
Ici, il faut être dur, plus nerveux que les autres.
Montrer sa puissance à coups rageurs sur l’accélérateur.
Des accros de la vitesse me frôlent et débordent de mes flancs, me rejetant contre les côtes dures des monstres à six roues qui avancent à vingt à l’heure sur la droite.
Poussées d’adrénaline, sursauts et reflexes en alerte, je chope la bretelle d’autoroute déjà hors de mon calme et de ma propension à la détente.
Mes yeux volent de gauche à droite, dans l’attente d’un attardé qui aurait oublié de brancher le pilotage automatique pour me rentrer dedans à cent-vingt à l’heure.
12h04
Je me fait une petite pause (jusqu’à 11h30), et stoppe face à un MacDo, tout en hurlant à un con qui veut me poser des questions sur “La voiture du devenir” : “j’ai pas le temps, j’ai pas le temps !!”
Manque de bol, les militaires de la caserne d’à coté, me voyant débarquer, courent jusqu’aux caisses pour me devancer (ils sont au moins cinquante).
Je reste très calme puisque je me contente de glapir : “Tas de ploucs, j’vais vous faire ta fête !!!“.
Ils ne m’écoutent pas.
Je sens la puissance affluer dans mes veines, mes yeux s’écarquillent peu à peu, mon souffle se raccourcit.
En proie à cet accès de folie furieuse et brutale, je me faufile entre deux rangs de cons kakis pour me précipiter à la caisse qui vient d’ouvrir.
Je frime un peu grâce à cette victoire homérique sur cette armée de nœuds.
La caissière, speedée à mort par son esclavagiste de chef me file un hamburger composé d’une rondelle de bois entre deux éponges et un cornet de frites croustillantes comme des allumettes.
Je manque de le lui renvoyer alors qu’elle me réclame une somme exorbitante.
Je me calme et vais râler seul à une table.
14h07
Un mec zarbi vient m’expliquer que je ne dois pas laisser mon plateau sur la table mais sur l’étagère adéquate… et je lui hurle : “j’ai pas le temps, j’ai pas le temps !!” avant de m’installer dans “La voiture du siècle prochain“…
Je m’enfuis ensuite en ricanant comme Fantomas.
Direction Paris, ça va être zarbi pour arriver avant 18h…
Pas de bol…, un tas d’autres gens ont prévu ma réaction et l’ont devancée en créant un embouteillage juste sur l’autoroute où je passe.
En roulant à 110 km/h sur la bande d’arrêt d’urgence, je manque m’emplafonner un petit malin qui a fait exprès de tomber en panne.
Le mec m’envoie son cric dans la gueule et je l’esquive lestement de manière à ce qu’il ne fasse qu’atterrir dans le pare-brise de la Rolls qui me suit…
Tant pis, les moucherons ont bon gout cette année.
16h17
Des flics m’arrêtent pour atteinte à la pudeur, car j’ai retroussé les manches de ma chemise.
Je leur explique gentiment que je vis une mauvaise journée, que je suis pauvre et que je ramène de l’essence dans le coffre pour le tracteur de mon pauvre Papa arthritique.
Compréhensifs, ils se contentent de me tabasser et de me laisser pour mort, allongé sur le ventre au milieu de la route.
Je vois très bien la bande blanche d’où je suis !
17h35
Sorti de l’embouteillage par une bretelle bienvenue, je suis bloqué par des travaux.
Les terrassiers me font coucou en faisant mine de travailler.
Ils m’assomment à coups de marteau-piqueur quand je leur demande aimablement de déplacer de trente centimètres leur camion, ce qui m’aurait permis de passer.
La route m’est hostile aujourd’hui.
J’ai envie de laisser “La voiture à l’avenir incertain“, comme une épave au milieu du carrefour.
Les bussont en grève…
Des passants se retournent à mon passage et murmurent des trucs incompréhensibles concernant ma voiture…
20h24
Je stoppe à une station-service…, pas pour faire le plein, puisque “La voiture futuriste” fonctionne exclusivement à l’électricité, mais pour prendre une boisson et quelques biscuits… c’est que je dois remplir mon estomac…
Au guichet, le”pompard” me réclame un acte de naissance, une photocopie certifiée conforme de mon livret de famille, ma carte d’handicapé et ma carte de membre de la marque pour mettre la pompe en marche, sous prétexte qu’il est passé 20 heures !
Je n’ai rien de tout cela, je n’ai même pas besoin d’essence….
Courtoisement, je tente de lui éclater la mâchoire à coups de boule avant de me souvenir douloureusement qu’il y a une vitre de sécurité.
C’est à ce moment-là que mon téléphone portable se met à sonner…, on me demande ou je suis parce qu’on m’attendait à Paris pour que je rende la voiture vers 18h, d’autres journaleux attendent toujours…
Je répond que je suis coincé dans des embouteillages inextricables, qu’il faudra attendre demain… non décidemment il est trop tard, me dis-je tristement en cherchant un restaurant encore ouvert à Saint-Poutroux en Veneuilles.
22h31
C’est décidé je rentre.
Comme on me prévient que les conducteurs de bus font la grève de la faim pour obtenir 0.5% d’augmentation, ce qui bloque la totalité du Traffic en région Parisienne, je décide d’aller me faire foutre… l’auto-stoppeuse que j’ai emmenée me demande de lui faire un cunnilingus et, dans un élan de folie meurtrière suite au stress des embouteillages je m’exécute, gardant presque son clito entre les dents comme souvenir.
00h35
J’ai du sang plein la gueule, l’auto-stoppeuse hurle…
Heureusement le petit bout est toujours en place, j’ai juste mordu une des grandes lèvres (je vais pas faire ici une explication chirurgicale, c’est pas la bonne rubrique)…
Va falloir nettoyer l’intérieur avant de rendre l’auto !
Il est 00h35, ce pays est rempli de gens intelligents, sympathiques et doux…
00h58
Je suis enfin chez moi…
Je me prépare 4 Mojitos, les dispose sur la table basse du salon et m’effondre sur mon canapé.
Je me remémore ma journée au volant de cette voiture…
Tout d’abord la position du conducteur, au centre, entre les deux sièges passagers.
Face au conducteur, un cockpit inspiré de jeux vidéo.
Les designers de cet engin ont opté pour le thème du losange, une forme géométrique qu’on retrouve, comme élément de style, à l’intérieur et à l’extérieur (doubles prises d’air à l’arrière des portes, projecteurs frontaux à diodes).
La voiture affiche un look excentrique par sa poupe, son pavillon et sa vitre arrière très inclinée.
Son pare brise enveloppant, inspiré par la visière d’un casque intégral, domine son profil.
Ouvert, le hayon dévoile un coffre situé derrière les trois sièges, un quatrième siège, occasionnel, est logé derrière le module des sièges avant.
L’empattement est de 2530 mm, la longueur de 3700 mm, la largeur de 1800 mm, la hauteur de 1400 mm et le poids est de 950 kg seulement.
Cette voiture palindrome est propulsée par deux moteurs générateurs électriques un par essieu, c’est dès-lors une sorte de quatre roues motrices électrique.
L’alimentation se fait via des batteries au lithium ion…
Bon…
01h24
Je redescend du loft au garage brancher le câble électrique pour que “La voiture de l’avenir” recharge ses batteries durant ce qu’il reste de la nuit…
Puis je vais recharger “mes” batteries…
01h36
Je reçois un é-mail de mon amante me disant qu’elle en a ras le bol de mes retards, de mes absences, de mes errances et que je suis un fichu connard fini.
Je me demande :c’est quoi un fichu connard fini ?
C’est bien ?
Ca veut dire que je suis un mec complet ?
C’est une sorte de compliment à l’envers alors ?
1h43
Ca me rappelle le reportage qui parlait d’un serial killer qui était tellement fort que le journaliste avait passé les trois quarts du docu à faire l’éloge de son ingéniosité ne s’attardant que très peu sur les souffrances des victimes…, et ma foi, ça devait être quelque chose qui se rapprochait de la vérité vu que ce type recevait un courrier féminin de folie chaque jour dans son pénitencier du Minnesota ou de je ne sais quel autre coin des states, peut-être pétaouchnok-les-bains.
Je regarde mes verres de Mojitos vides et je leur dit : Ben moi, faut que j’y aille.
Je débranche “La voiture de l’avenir futuriste en rose” qui a quasi terminé la charge de ses batteries…
Je note au passage que les batteries se rechargent en deux heures…
Je pars me calmer les nerfs en effectuant une p’tit balade au clair de lube… je n’ai pas fait deux cent mètres, et je ne rigole pas, au grand maximum, qu’une brigade de types dignes d’un épisode des experts à Las Vegas me fait ranger sur le côté.
Quand même quelle connerie.
Je roulais à vingt et y avait plus un chat dehors.
Qu’est ce que ces types foutent là ?
Ils sont punis ?
Ils me demandent si j’ai bu et quoi que c’est que cet engin lunaire !
Je dit : J’ai arrêté de boire il y a cinq ans et je m’y suis tenu, je ne m’en serai jamais cru capable.
Ils regardent mon permis, l’assurance, la carte d’immatriculation “presse“.
Tout est en règle.
Un des types veut faire du zèle sur un des pneus de gauche… qu’il trouveultra plat…
Je lui dit : j’essaie de les user tous pareil avant de les changer, j’ai pas des masses de temps pour ce genre de préoccupation.
Personne ne pipe mot !.
Normal, on n’est pas là pour ça.
Je me ramasse un sermon sur les dangers de la route et l’augmentation des nombres de morts au volant par perte de contrôle du véhicule.
Je me laisse convaincre par la promptitude de leur pipeau.
Et puis je repars.
Au bout d’une bonne demi-heure statutaire, j’arrive devant chez ma copine.
Je me dis : j’espère qu’elle a pas mis la chaîne de sécurité à l’appart.
Je mets la clé dans la serrure.
Elle a mis la chaîne, de sorte que je ne puisse pas rentrer.
J’essaye de l’appeler discrètement.
Elle fait genre de ne pas m’entendre.
Je recommence plus fort : C’est moi.
Pas de réponse.
Alors je f… un grand coup de pied pour faire sauter la chaîne et la porte me revient super fort dans le genou… j’ai vraiment très mal.
Ca m’a fait sauter un bout de cartilage à coup sur.
Elle apparait furax en me disant : Qu’est ce que tu veux ?
Je lui présente mon visage le plus adorable : Je suis rentré de Paris, j’ai passé ma journée à essayer une voiture du futur…tu m’ouvres, Amour?
Elle me regarde puis me dit d’un air agacé : Casse toi, tu me soûle avec tes bagnoles…
Ensuite elle retourne se coucher et moi je reste devant l’entrebâillement de la porte avec une chaîne de sécurité comme seule interlocutrice.
Pas glorieux.
Je redescends.
1h59
Je fais marche arrière avec “La voiture de l’avenir en rose” et je froisse une aile contre une borne de signalisation invisible.
Je me dis : c’est débile un truc pour signaliser que l’on voit si mal….
Puis j’arrive à me rappeler la route de chez moi.
Un peu par habitude.
Je vis à l’autre bout de la ville dans un autre quartier.
Un endroit pour mecs.
Ma copine, elle, elle vit dans un endroit plus pour filles.
Je vais me pieuter un peu fataliste en me disant : Putain la vie, je suis très loin de me croire dans un film américain…, par sécurité, je ré-active la charge de cette piting de voiture…, que j’irai déposer demain à Paris.
Sur cette réflexion décisive, j’avale deux Aspégic 1000 pour plus penser à tout ça et bonne nuit.
08h43
Toute la nuit j’ai rêvé de cette bagnole…
Pourquoi moi ?
Je cauchemarde que je la fait exploser avenue Georges V…
Je me réveille, me fait couler un bain, me prépare un café…, puis je m’installe dans la baignoire avec un bouquin…
13h32
Je viens de finir l’excellent bouquin de Cesare Battisti “Dernières cartouches“, roman qui traite de toute l’époque obscure des Brigades Rouges italiennes.
Roman écrit de l’intérieur, du cœur même de ces brigades terroristes, car l’auteur est l’un de ces anciens activistes de l’époque, aujourd’hui exilé au Mexique, c’est un superbe roman qui retrace le contexte politico-social d’une Italie corrompue et d’une jeunesse d’espoirs utopistes, les réunions, les idées, la préparation des attentats, les fuites, les planques, la répression, les prisons, les exils…
C’est décidé, faut que je le fasse à Paris !
Je m’habille en vitesse, prend de quoi faire, elle est prête depuis longtemps, c’est le moment…, puis je saute dans “La voiture du No-Future” et je re-descends vers Paris…
16h56
Coin de l’avenue George V et des Champs Elysées…, comme d’hab, les petites japonaises par grappe de 10 ou 20, lèchent la vitrine de chez Vuitton avant de s’empresser d’aller exploser leurs porte-yen à la caisse…je me marre !
J’imagine…, d’un coup de bombe, les vitrines voler en éclats…, les yens qui flottent dans l’air au milieu des gouttes de sang…, les ptites japonaises en puzzles…, les murs qui dégueulent de fringues et accessoires luxueux, là, sur le trottoir, à la merci des pilleurs…, les alarmes déclenchées en trombes de sirènes hurlantes…, plus de musique, des cris… et un mélange de verre sécurit pilé, de cheveux, de chair, de sang, de fringues, de fric, de morceaux d’os…, tout bien coagulés ensembles en un tas de Luxe à la dérive sur le trottoir…
Un balayeur qui passe avec son joli balai vert fluo en plastique…, la benne à ordures…,on lave le trottoir à grandes eaux.
L’incident est clos.
Tout redevient calme.
Je continue de descendre la luxueuse avenue.
Hôtel Prince de Galles…, impossible de passer car les riches clients attendent leurs limousines sous l’oeil protecteur des grooms et chasseurs en livrées vert foncé.
Malles en cuir et valises gigantesques encombrent le trottoir.
17h04
Je me fraye un passage en jouant des coudes et du coup de pied sournois…, je grogne…
Mais les hôtels luxueux se succèdent sur cette putain d’avenue.
Hôtel George V…même populace à fric qui étale son lard sur le trottoir.
Je continue ma route droit devant moi, les yeux dans le vague, regard au loin sur les nuages… un pied écrasé au passage… un coup de sac dans les côtes de la grosse et riche mémère…, un coup de tatane négligent dans le chien-chien-rôti-à-pattes-ambulant tenu au bout d’une laisse Armani… je traine mes godasses et j’essuie nonchalamment mes semelles sur les gros tapis-brosse qui prennent toute la place devant l’entrée.
Mais piting de piting… ils l’ont acheté ce bout de trottoir ?!?!?!?!?!
Je croise les autochtones du business quartier… jeunes hommes d’affaires qui se la jouent… costards branchés, chemises ouvertes sur le bronzage, lunettes de soleil dernier cri, portable vissé à l’oreille… et ça cause et ça cause actions et Bourse !
Tiens…. et si l’on créait un petit réseau de vente de portables piégés…
Le jeune loup qui compose le numéro… se colle une fois de plus le portable à l’oreille….. et plaf !!!
BANG !!!! sa tête qui explose…, l’oreille qui fait un vol plané sur les morceaux de plastique du téléphone, avant d’atterrir dans la tasse de café de son voisin.
Le sang qui coule à flot par l’orifice laissé par la déflagration…, les yeux exorbités, se tordant de douleur, il hurle !
Le jeune loup appelle à l’aide mais personne ne le voit… et il crève sur le trottoir, recroquevillé comme une merde de cabot.
Une moto-crotte passe… ramasse l’étron, arrose d’un peu d’eau, frotte le bitume, et… plus de traces. Silence.
Je descend toujours l’avenue George V.
17h13
Je passe devant le coiffeur Machin-Chose, spécialiste de la coupe à sec…, à prix d’or !!!
Clair que ça doit couper sec dans le budget que de se faire coiffer les douilles par chez eux !
Moi je dirais plutôt : coiffeur Machin-Chose, spécialiste de l’enculade à sec de votre porte-monnaie.
Une vieille chose qui ressemble à une madame du 8 ème, attend son chauffeur devant l’entrée.
Bien droite et tailleur tiré à quatre épingles, escarpins brillants neufs, sans rides, liftée 6 fois, bijoux et diamants scintillants de façon provocante au soleil, sous l’œil torve de la Rom en guenilles qui fait la manche assise 1 mètres plus loin sur le trottoir…
Je suis sûr que si je lui demandais de sourire, à la vioque, elle aurait le trou du fion serré à bloc !
Bah oui, c’est bien connu, en cas de lifting intensif, y a des choix à faire : soit tu souris en serrant les fesses, soit tu serres les fesses et là, tu souris malgré toi !
17h19
Tiens…, je la bouscule un peu… et j’entends déjà la peau qui se craquèle…
Elle est en train de se dessécher sous ce soleil et son chauffeur qui n’arrive toujours pas.
Je reste un instant à observer…, la peau craque encore sous la soie du tailleur…, ça crépite…, ça commence à tomber en lambeaux, ça commence par se fendre au niveau du bout du nez.
La peau se retrousse, frise en copeaux sur les joues, le fond de teint coule au soleil en faisant des flic-flac sur le trottoir, la perruque tombe, le dentier tremble sur la gencive soudain incertaine…
Ahah ! ça fait même des claquettes dans sa mâchoire !
Je la regarde.
Face épluchée à vif, les mouches qui tournaient autour de la Rom viennent se coller sur la chair soudain découverte, elle retient désespérément ses lambeaux de peau, mais tout se barre !
Ouf ! le chauffeur arrive, ouvre la portière, fourre sur le siège en cuir ce vieux débris de Luxe…
Clac !
Portière refermée…, roulez jeunesse…
Il ne reste sur le trottoir qu’un petit diamant au milieu d’un flaque de sang séché.
Un peu plus bas, passage des Ambassades en enfilades…
Arrière de l’Ambassade d’Espagne, flics en conserve dans les guérites de verre…, je rêve de mini grenades à retardement que je leur jette négligemment en passant près d’eux…
Splachhhhhhhhh !
Un flic en conserve…, mais en morceaux.
Certes, c’est plus digeste qu’en entier.
Ambassade de Chine…, lugubre.
Les volets sont fermés sur la façade, depuis que les Tibétains viennent régulièrement assiéger pacifiquement les proches environs.
Dommage…, une petite rafale de kalachnikov aurait animé un peu tout ça !
Faire des p’tis trous dans les ventres jaunes… plus facile ensuite de les ranger dans un classeur et de les envoyer en souvenir au Dalaï Lama.
Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture… pas de meuglements… tout est calme… pas de foin sur le trottoir non plus…
Moi j’aime bien quand c’est le foutoir devant et qu’on distribue des pommes dans la rue !
Arrivé… devant le porche, j’hésite… je me souviens que le garde du corps du Designer de “La voiture du Futur” crèche ici…
Tout est de sa faute, elle me porte la poisse…
Ce mec est un barge de première, de plus, il aime écrire des lettres de délation sur les gardiens de nuit ou les femmes de ménage qui lui “ont manqué de respect“, ou pas léché ses pompes suffisamment…
Mégalo ambiante et galopante ici… relents de fascisme… univers lisse, froid, fric, gris, noir…chic…
Luxe quoi…je les adore !
17h33
Ma bouche se tord en rictus, j’hésite encore…, parque “La voiture du futur” sous le porche d’entrée…
Merde !
Bordel !
Où est-ce que j’ai foutu ma bombe ?!?!?!?!?!