La VW bonbon… La vie en rose !
Une danseuse rose gélifiée et désynchronisée déguisée en Barbie chou-rave, c’est le grand ballet de la fo-folle-bergère qui débarque comme en appui tactique pour la présentation comico-planétaire de sa nouveauté personelle qui pourtant semble très ancienne. Au secours ! La nanana tortille ses jambons, puis fait une panouìlle… C’est navrant, c’est pitoyable, genre assez rare : “La pipe à pépé/Le pipeau de papa/Le papou de panpan”… C’est du gravé dans le marbre, du ciselé au poinçon d’Espagne, du grand, de l’énorme, du cosmique… Pas de culottes de cheval exemplaires, pas de bordée de galantine, de popotin en flanby, mais un mini-costume dingue, magnifique… Elle a fumé un truc, moi je dis. Dans la galaxie, c’est un must absolu : on n’a jamais fait pire. Le monde féminin est binaire, c’est bien connu, surtout dans l’automobile, je vous le rappelle. Il y a les bonnes et les méchantes, les idiotes et les intelligentes, les richardes et les pôvrettes… La nuance, c’est un peu trop complexe, on peut, en revanche, combiner les concepts. Ainsi, les belles sont riches et fonceuses, les altruistes sont des médiocres un peu rêveuses. Et, toujours, on a beau faire, on ne mélangera pas les unes et les autres. La complexité surtout pas : il s’agit de parader dans une bagnole ridicule et dans une multitude de genres d’un sensationnalisme grotesque, hystérique et satisfait.
Avec cette voiture, ça part mal, vraiment très mal : c’est moyen, à la limite du pathétique, c’est visuellement grotesque, c’est du n’importe quoi…, Toutefois c’est gag et bandatoire, on ne s’ennuie pas à regarder tellement c’est surréaliste… On espère un sursaut à un moment, assez rapidement en fait, mais pas grand-chose ne vient… Cinq minutes à peine ont passé qu’on sent déjà le truc venir, mais si, ce truc gluant qui plombe en beauté, ce machin tenace qu’on appelle l’ennui… Puis dix minutes s’écoulent, puis après trente, ensuite une heure, finalement deux… et toujours rien. C’en est à pleurer, aucune fièvre, aucun rire (ou si peu), aucune empathie. C’est comme un bric-à-brac de mauvaises idées qui auraient enseveli le look général sous ses trois tonnes de bonnes intentions. En même temps, il faut reconnaitre que ça hérisse le poil. Gageons qu’il y aura des gens bien attentionnés (il en faut) pour déceler dans tout ça un sommet de sensibilité poétique. Les autres iront pourrir en enfer, myopes des yeux, myopes du cœur et myopes du cul, incapables de ressentir la chose, d’en vanter l’excentricité, la tendresse, la candeur, et de s’extasier (moi perso, j’y suis pas arrivé). L’art de transformer l’écume des jours en mousse auto-nettoyante en sondant les abîmes de la sauvagerie, qui se cachent bien souvent derrière des atours déroutants, et par là de découvrir un chef-d’œuvre…
Il aurait fallu un pneu pluche de folie pure dans la maîtrise stylistique pour en faire une farce violente ! Une sensation plus secrète, de l’ordre de l’évanouissement, de la rupture du dernier lien avec quelque chose de diffus. A un moment donné, il m’a semblé matérialiser cette chose en un élément concret : je bandais en pensant à autre chose : les informations que je collectais çà et là d’un moment de dialogue à l’autre, d’une trace écrite puis photographique à l’autre, éléments dont les ellipses traduisaient l’aspect fragmentaire. La perception de ces informations (d’où découle la mise au jour des secrets de la bêtise humaine) s’apparentait à la consultation d’un album de photos. Étrange histoire, celle d’une rédemption façon “La vie en rose”, plombée par la pitoyable morale ambiante d’un monde confiné dans la grisaille misérabiliste, impuissant à porter l’esthétique au-delà d’une dislocation qui se voudrait super signifiante. Tout ce rose, finalement, mais je ne n’ai rien compris. Je ne sublime rien non plus.. Je ne raconte pas davantage, ne provoque pas, je reste dans la figure d’un jugement simpliste, un tantinet subversif et d’une symbolique sacrée qui ne manque singulièrement, pas de corps ni d’esprit. Je vais dire, en souriant, que c’est deviendra un peu plus intéressant quand je serais arrivé au bout…
Cette VW appartient à une sous-catégorie particulièrement jubilatoire de l’automobile, un genre qui asphyxie lentement mais sûrement le cerveau des beaufs, jusqu’à former un épais nuage d’une redoutable toxicité, qui mutile l’intelligence et l’endort profondément. En quelques minutes à peine, son style spectaculairement idiot empoisonne l’esprit comme autant de glandes à venin. Devant un véhicule aussi nocif, une zone de mon cervelet a sonné l’alerte, à tenté de se révolter, voulant réagir, zapper, éteindre cette vision dans un pur réflexe d’auto-défense. C’était peine perdue : j’étais hypnotisé par tant de bêtise, fasciné de façon sexuelle devant ce néant artistique absolu, j’ai pourtant encaissé jusqu’à la fin, avec un abattement incrédule, les bras ballants, les pensées en déroutes, car la tension dramatique et la complexité psychologique et relationnelle sont inhérentes à toute interconnexion humaine. J’ai eu une seconde érection lorsque je me suis rendu compte que tout cela atteignait le degré zéro d’une énième manifestation de la profonde inanité de l’existence… C’était là bien. une œuvre terrifiante sur le vide absolu de la masturbation humaine…, La voiture du populo du troisième Reich millénaire, devenue le bonbon rose d’Adolf… J’ai eu une vision fugace : les hordes naziesques, non plus en vert-de-gris, mais en rose bonbon, marchant au pas de l’oie, ça m’a rappelé une autre parade, là aussi c’était jouissif… Après, je ne sais plus, une vague a emporté le tout, je me suis retrouvé allongé sur une plage que je ne connaissais ni des lèvres ni des dents, preuve que je n’étais pas perdu…