Lamborghini Murciélago : Nuits de Chine…
Bizarre, étrange que la Lamborghini Murciélago…, comme si la fin de la Diablo après 10 bonnes années d’une carrière chaotique, avait soudain exhorté les ardeurs et provoqué la transe des ingénieurs d’Audi, nouveau propriétaire de la marque Lamborghini.
Un engouement démesuré, une ivresse collective, avec la gueule de bois au bout…, après des années pleines d’incertitude, en manque, tout le monde défaillait, cherchant à pallier l’absence créative et addictive qu’avait laissé la série maudite, comme s’il fallait à tout prix combler un vide qui s’était entrouvert là, immense et douloureux….
La Murciélago s’est retrouvée, de fait, portée aux nues parce que l’arrivée d’Audi dans le capital de Lamborghini marquait enfin un certain espoir de stabilité, malgré sa piètre élégance surestimée et ennuyeuse avec ses interminables complications stylistiques.
Trop hermétique, trop faussement élitiste…, vulgaire…, elle n’avait, visiblement, pas l’audace et la majesté gravée en dur et pour toujours dans le cœur échevelé des Lamborghinistes qui attendaient une voiture providentielle qui leur aurait fait joindre les mains et se plier à genoux, les yeux illuminés et grands ouverts.
Question bête : sans les articles laudatifs des “amis” journaleux habituels tapotés en remerciement des essais-voyages-presse… et l’espoir de retours publicitaires d’Audi, que les comptables des merdias nourissaient en ces actions de copinage…, aurait-on à ce point encensé la Murciélago ?
Aurait-on loué sa grandeur inventée et son originalité apparente (on se pâmait, exagérément, de la complexité prétendue de sa mécanique qui en devenait intemporelle)…, escamoté ses tares et ses malfaçons ?
À voir, car elle ne faisait que reprendre de vieilles ficelles à son avantage, du réchauffé et des codes à sa sauce…, un genre commun donc, mais magnifié souvent, chiadé même…, s’appuyant sur de multiples références visuelles tourmentées.
C’est de ces folies consuméristes, que surgit l’insondable obscurité de la psyché qui est la nôtre, de ce tumulte archaïque et profond que je tente de ramener à la lumière (à celle du jour) !
Expatrié d’allemagne, le designer vedette des anneaux, le belge Luc Donckerwolke (TT, A2, R8 victorieuses au 24H du Mans…) a du oeuvrer à Sant’Agata pour donner une héritière à la vieille Diablo.
En deux ans seulement il était pourtant impossible de développer un véritable nouveau modéle…, il a donc été pour lui, nécessaire de réutiliser la structure existante comme base et donc en quelque sorte de “faire du neuf avec du vieux”.
Baptisée Murciélago, du nom d’un célèbre taureau espagnol qui fut gracié pour sa bravoure lors d’une tauromachie, la “lambo” voulait perpétuer la tradition stylistique de la marque par une ligne novatrice mais moins torturée que celle de la Diablo (gag !)…
Pour refroidir le V12, les ingénieurs ont eu recours à des volets pivotants, situés sur les flancs arrière, fermés de 0 à 130 km/h, entrouverts au-delà et complètement sortis passé les 200 Km/h (dans le même esprit, l’aileron arrière s’escamote automatiquement)…
La première bonne surprise qu’avaient les victimes en s’installant à l’intérieur du “missile”, provenait de l’accès plus aisé grâce à l’angle d’ouverture plus grand (+10°) des portes en élytres et à l’abaissement du seuil de porte.
Une fois calé dans le baquet, ils remarquaient que la position de conduite était sensiblement meilleure, le volant et le pédalier étant plus dans l’axe du conducteur…, tandis que le nouveau tableau de bord transcrivait l’influence d’Audi (sobriété et qualité d’ensemble en progrès), en revanche, lorsque le V12 tournait à bon régime il faisait rapidement aussi chaud que dans l’habitacle d’une voiture de course…, la climatisation de série n’arrivant que péniblement à rafraîchir l’atmosphère…
Porté de 6 à 6,2 litres par allongement de la course, le V12 développait 580 chevaux, une puissance “respectable” et surtout un couple impressionnant (650 Nm) pour un moteur atmosphérique puisque la Dodge Viper avec ses 8L de cylindrée ne faisait alors pas mieux.
Par ailleurs, l’adoption d’un carter à sec avait permis d’abaisser l’implantation du moteur de 5 cm (et donc le centre de gravité)…, enfin, le V12 entièrement en alliage était commandé par un accélérateur électronique et possèdait une distribution variable sur les 4 arbres à cames.
Plus disponible et moins polluant, le vieux V12 conçu il y avait près de 40 ans…, retrouvait une nouvelle jeunesse à travers l’emploi de ces technologies…, au final, la Murcielago offrait donc ses 580 chevaux à 7500 tr/min et surtout déjà 530 Nm à 2000 tr/min…
Des chiffres qui ne pouvaient en rien égaler l’indescriptible émotion ressentie à l’écoute et l’utilisation de cette mécanique…, le corps du pilote vibrant au rythme des cycles de combustion des 12 cylindres qui mettaient en mouvement toute la caisse…, une expérience inoubliable qui n’avait d’égal que la consommation de carburant !
La Murciélago adoptait des renforts en carbone greffés sur son châssis tubulaire…, mais la suspension faisait toujours appel à des triangles superposés aux 4 roues et à des amortisseurs Koni pilotés soit automatiquement, soit manuellement (4 programmes de tarages différents)…, tandis que les points d’ancrage de la suspension avant avaient été légèrement avancés, ce qui augmentait l’empattement de 1,5 cm et profitait à la tenue de cap.
Les voies étaient plus larges de 9,5 cm à l’avant et de 5,5 à l’arrière…, la géométrie des trains, les tarages des ressorts (deux par roue arrière) et des amortisseurs ainsi que le diamètre des barres antiroulis étaient spécifiques… et les jantes de 18″ adoptaient des Pirelli P Zero Rosso en 245/35 ZR 18 à l’avant et 335/30 ZR 18 à l’arrière.
Derrière ces jantes se cachaient des freins à disques ventilés percés (355 mm de diamètre à l’avant et 335 mm à l’arrière) pincés par des étriers à 4 pistons et secondés par un ABS TRW doublé d’un répartiteur électronique nommé DRP…
La puissance et l’endurance restaient toutefois insuffisantes pour un tel engin…, l’antipatinage TCS de série (déconnectable pour les puristes) agissait sur la gestion du moteur grâce à un accélérateur électronique et évitait les “burn-out” démesurés.
Au final, si l’aspect sécuritaire était fortement renforcé par la transmission intégrale et les aides électroniques, le comportement de la Murcielago manquait cruellement d’agilité car elle avait délibérément été rendu sous-vireuse en entrée de courbe, tout en restant neutre en stabilisé et en sortie…, l’avant refusant de s’inscrire dans la courbe et quand enfin il y consentait, la ré-accélération se traduisait par un nez qui cherchait l’extérieur…, la direction peu incisive et le poids important (1.650 kg) de l’engin n’arrangaient pas les choses…
Sensible aux transferts de masses, la Murciélago permettait néanmoins aux pilotes (très) chevronnés de jouer de ce phénomène pour placer la voiture qui, à haute vitesse était “préoccupante”…
C’est en Chine que cette Murciélago verdââââtre (avant elle était jaune, le carrossier Pékinois a négligé divers détails de finition), a échoué…, elle se trouve au fin fond d’un sombre garage semblable à un royaume des ténèbres peuplé d’âmes à la dérive, invisibles et omniprésentes, inquiétantes…, dirigées par une fille sexy sans foi ni loi !
Cette ambiance de nihilisme, de pensée contradictoire ordinaire, épinglant les rêves masturbatoires et les turpitudes des ploucs lamda, ne délivre pas même un semblant de bavardage théologique tel que lancé par des ivrognes sur un bout de comptoir.
Quand il n’y a que les poses tourmentées de cette fille, son regard sombre et affolé, témoin d’on ne sait quelles violences passées…, quand il n’y a que le décor sombre et défraîchi de ce garage…, quand il n’y a plus de mots, ni de paroles pour décrire l’indiscible…, quand il y a et qu’il n’y a plus…, sans esbroufe, balayant ce sentiment insistant que tout ceci cherche seulement à épater la galerie dans une ambiance poisseuse…, je ne pouvais que fignoler les moindres broutilles jusqu’à l’asphyxie avant de partir en vrille dans une frénésie métaphysique ultime qui enterrerait les autres modèles du genre…, dans la fébrilité de l’instant…, à la limite m’arrêtant sur une image puissante de cette fille en train de jouir… plutôt que devoir discourir gentiment sur l’obscurité et la lumière…
Je rêvais de souffle coupé, je rêvais d’entrailles retournées…, pas simplement de souffrir de cette cosmogonie un peu facile qui laisse comme un goût amer et irritant…, tant pis…