Lamborghinimanie Gallardienne…
Du temps ou Ferrucio Lamborghini s’est disputé avec Enzo Ferrari parce qu’il lui facturait l’entretien de sa 250GT à un prix stratosphérique… et que le fabricant de tracteurs a décidé de construire lui-même une voiture pour donner la pâtée au Commendatore…, l’Italie n’était pas encore comme en 2012 : moribonde, froide et sale, pleurant son glamour passé, engluée socialement, financièrement et politiquement dans une crise qui ne pourra qu’être pire au fil du temps passant…, une Italie au racisme exacerbé (vagues d’émigrés à Lampedusa, haine anti-Roms, polémique autour de la noyade de deux fillettes roumaines sur une plage près de Naples…), qui gangrène toutes les couches d’une société malade (du politique au citoyen lambda), cercle vicieux d’une inimité qui se nourrit constamment de celle des autres, en conséquence ou dans sa continuité.
Le tableau est sombre, la bêtise humaine et l’impasse gigantesque, grande comme le monde.
Lamborghini n’a pas survécu à Ferrucio…, faillie, achetée, rachetée, persévérant à fabriquer des clones de clowneries, passant de mains en mains, de manques d’idées à des manques d’audace, jusqu’à des escroqueries planétaires…, la firme au logo d’un taureau rendu furieux à la vue du célèbre cheval cabré, a finalement été comme volée en contrepartie de presque rien par le groupe Volkswagen (la voiture du peuple d’Adolf Hitler et son ami Porsche), dans le giron d’Audi.
Les techniciens d’Audi ont réinventé Lamborghini, présentant les divers engins fabriqués comme les véritables descendants et héritiers d’un Ferrucio toujours vert et ayant encore la trique…, un papy enragé et libidineux se régalant de ceux et celles qui s’offrent sans pudeur et sous tous les angles, ayant besoin comme d’un bijou un écrin, d’une voiture étincelante…, folie éternelle des ploucs, des bouseux et des white-trash hantés par le fantôme ricanant de Leatherface (Face de cuir est un personnage de fiction créé par Kim Henkel et Tobe Hooper dans le film Massacre à la tronçonneuse en 1974)…
Tout ce barnum est une pièce de théâtre qu’on peut résumer à une espèce de condensé de connerie et de veulerie humaines dans ce qu’elles peuvent avoir de plus extrême et de plus pathétique aussi.
On pense évidemment à ces spirales infernales de meurtres et de dollars, de fatalité et de tueurs patibulaires qui n’épargnent plus rien ni personne…, car vendre des Lamborghini oblige à avoir une âme de tueur à gage (les client peuvent être pire)…
En filigrane de ce cloaque poisseux (plus proche d’ailleurs de la tragédie que du pur thriller) exagérément plébiscité où il faut vendre le plus cher possible un engin qui coûte le moins cher possible pour palper du flouze à la pelle, je vais vous proposer une réflexion sur les réalités humaines, mises à mal le plus souvent, éprouvées et tiraillées, exacerbées d’une finalité complètement barge… et sur quelques êtres abandonnés à leur solitude et à leur ignorance, tournant en rond, sans repères, en recherche désespérée de leur identité !
Je prends donc ici un réel plaisir sadique et pervers à éclairer et décrire les acteurs de cette pièce de théatre qui, sous la crasse consumériste, surjouent, éructent et gesticulent : des êtres vils et minables jusque dans leurs entrailles, qui, à force de cynisme et de bêtise élevée à un niveau si peu commun à trop vouloir se la jouer du grand-monde, poussent le public à ne plus s’attacher (à ne plus s’intéresser) à ces bagnoles vaniteuses et inutiles, ni aux personnages qui gravitent alentours, ni à leur sort misérable.
Au fur et à mesure que la pièce se déroule avec ses excès, on se déconnecte de ce pandémonium un peu vain, parce qu’il n’y en a pas un pour sauver l’autre… et parce que leurs créations de plus en plus déconnectées des réalités et besoins, ne leur laissent aucune chance de se rattraper ou de se racheter.
Leurs tracasseries incessantes couplées à des frais de fonctionnement-entretiens hallucinants, n’intéressent plus ou concernent peu et finiront par débouler comme un exutoire providentiel où toute la violence contenue pendant des années explosera soudain.
Un cut brutal pour rester dans le ton, puis tout le monde pourra aller se rhabiller, un peu désappointé : Quoi, tout ça pour ça ?
Si Lamborghini, tout comme Ferrari, Maserati et tutti-quanti ont un tel impact, c’est grâce aux merdias : des milliers de journaleux oeuvrant à se nourrir et se prémunir.
Lorsque les merdias font la fête à l’automobile, c’est avec l’espoir d’effleurer l’éphémère de pacotille, car autour du monde des étoiles gravite une faune que les lumières des projecteurs n’éclaboussent pas.
Qui sont-ils ceux qui tourbillonnent autour des automobiles de rêve…, par métier, par ambition ou par amour ?
Des badauds en quête de sensations, des chasseurs d’autographes, des starlettes dont les appas montrés avec grâce sont dévorés par les objectifs de certains photographes.., des fans et tiffosi, des organisateurs de shows et/ou de courses et leurs équipes, les attachés de presse dont certains sont très efficaces mais d’autres commettent l’imposture en se prenant eux-mêmes pour des stars… et bien sûr des centaines de milliers de crétins, imbéciles et débiles des quatre coins du monde.
Cette horde furibarde d’obsédés ne pensent qu’automobiles hors normes en oubliant la vraie vie.
En général, il est de bon ton, soit de porter Ferrari et Lamborghini parce que ces firmes font partie d’empires qui inévitablement et invariablement possèdent divers merdias, bien évidemment “aux ordres” qui tiennent dans la paume de leur main, une bonne partie du public…, soit (comme GatsbyOnline.com) de les dénigrer en les accusant de ne réaliser que des bagnoles inutiles et fort peu réellement créatives, relevant de l’esthétique publicitaire consumériste plutôt que d’audaces stylistiques… et de ne produire que des bétises au centuple.
Il est vrai que depuis la Miura chez Lamborghini et de la petite Dino 246GT chez Fiat-Ferrari, en dehors de leur succès d’estime, aucune autre par après, ne va laisser une trace indélébile (c’est le moins qu’on puisse dire !) dans l’Histoire de l’automobile.
Les Lamborghini de production actuelles sont passe-partout, voire esthétiquement poussives, on n’y sent jamais la virtuosité du design de la Miura dont a pu faire preuve Bertone par le passé.
On a l’impression que maintenant, le groupe Audi-VW-Lamborghini vise ici, sans trop se mouiller et certainement parce que leur danseuse coûte très cher…, une sorte d’espéranto automobilistique qui pourra fonctionner à l’internationale, cherchant à mélanger les genres, à surfer sur une atmosphère pseudo Grand-Tourisme de course (qui n’existe plus et n’a jamais existé) qui parviendrait à faire rêver en ratissant large.
Mais, de peur de trop perdre leurs clients potentiels en route, Lamborghini balise trop le terrain !
On ne peut s’empêcher d’y voir un lien mécanisé entre un ptérodactyle et un savant fou ne s’autorisant pas suffisamment la roue libre et les digressions fantasques.
J’ai eu l’idée de papoter puis d’interviewer, non pas quiconque de chez Lamborghini ou le pilote-conducteur de cette lambo, mais la jeune femme qui est venue poser devant et dedans la voiture…, suivant en cela une image assez machiste de la femme, ce en quoi elle se moquait car au moins, cela lui permettait d’arrondir ses fins de mois dificiles sans devoir faire de la retape et dire à un con qu’il est intelligent et à un moche bellâtre qu’il a tout de Georges Clooney…
– Daphné, nous avons eu l’occasion de discuter des mecs qui roulent en Ferrari et en Lamborghini, tu m’as dit que tu en avais gros sur la patate…
– Je te réponds à chaud, après avoir lu tes articles qui ne sont pas du tout dans la norme des journalistes habituels. Je mentirais en prétendant avoir hésité à réagir. Et là, je n’ai pas envie d’y mettre les formes. Pas envie non plus de jouer avec le format, en emballant mon coup de gueule dans une fausse lettre ouverte. Je n’ai pas envie de rire ni d’être cynique, en fait. Et non : passer mon temps à gueuler, ça ne m’amuse pas plus que ça, contrairement aux apparences. Mais là, j’ai juste envie de vomir. Et malgré les “Ferme un peu ta gueule connasse/grosse pute/mal baisée/gauchiste de merde/féministe à la manque” qui envahissent par dizaines ma boîte mail depuis quelques semaines (oui, on m’écrit des douceurs, c’est frais, les mecs sont très en forme ces temps-ci), je suis au regret d’annoncer que non, je ne la fermerai pas…
– L’indignation monte donc depuis un bon moment, et t’étouffe peu à peu ?
– Depuis des mois, je vois la “classe moyenne” des bellâtres qui s’affichent à crédit en voitures de sport à 200.000 euros minimum, se répandre dans les bars, restos, boîtes et claques… et même sur le web. Voici venu, cerise sur le gâteau, le temps du concours de celui qui pissera le moins loin sur son bulletin de salaire, grâce à une nouvelle unité de mesure en passe de devenir la dernière mode sur le web : le salaire de l’ouvrier. Salaire auquel n’importe quel salarié confortablement installé dans son bureau pourra comparer ses revenus. Et tout ça, sans jamais se sentir gêné aux entournures. C’est ainsi qu’on peut lire qu’en gagnant 2.000 € nets mensuels, on est moins bien payé qu’un ouvrier non spécialisé. Et de jongler avec le taux horaire… et de se plaindre de la précarité… et de chouiner sur le manque de considération à certains postes, etc. Ni honte ni honneur, on peut y aller franco. C’est ainsi également que des mecs disent et écrivent sans rougir qu’avec leurs 10.000 € par mois ils ne s’en sortent pas bien car ils doivent assurer au minimum en Golf GTi, si pas en Ferrari ou Lamborghini d’occazzz… Mais bon sang, dans quel monde vivent ces gens ? Quelle est leur conception de la dignité ? Du respect ? Quelle vision du travail ont-ils ? Quelle indécence les pousse à se répandre en crachant sur ceux qui vivent la pauvreté au quotidien, pour de vrai, comme moi, obligée de poser devant leurs bagnoles nullissimes, de devoir leur faire des sourires libidineux… et d’être obligée d’accepter des invitations perverses pour arrondir mes 1.200 euros mensuels ?
– La pilule ne passe plus ?
– Je sais bien qu’on peut m’opposer des arguments qui m’encourageraient à nuancer mon point de vue, pour les exemples que je cite : le nombre d’heures de travail, les conditions, le facteur psychologique, le harcèlement, les charges du foyer, le rapport années d’étude/salaire… Oui, je sais bien qu’on peut tout tempérer, tout expliquer… Pour finalement tout accepter. Mais désolée, je n’accepte pas. Non, je n’accepte pas que ces poseurs, que cette classe moyenne (voire supérieure à mes yeux, tant les chiffres énoncés me paraissent énormes) ose se plaindre, quand je sais ce que c’est, concrètement, de crever la dalle en bossant à l’usine. On peut me taxer de mépris de classe, et c’est peut-être vrai, je ne le nie pas : oui, je méprise cette classe privilégiée qui a le culot de se plaindre. C’est plus fort que moi. On peut aussi dire que je me pose en donneuse de leçons, et très franchement, je crois que c’est bien le cas. Je l’assume.
– Est-ce parce que, sans te revendiquer d’aucune analyse pseudo-sociologique, tu te contentes de ressentir les choses telles que tu les as vécues ?
– Est-ce parce que j’ai été pauvre, ouvrière, interdite bancaire, surendettée, et que j’ai connu l’angoisse de ne pas pouvoir acheter de la bouffe pour mon bébé et moi ? Est-ce parce que tout cela n’a pas été passager pour moi, et que j’ai connu cette situation trop longtemps ? Oui, probablement.
– Tout cela doit jouer, et pas qu’un peu…
– Mais peut-on réellement me reprocher de n’avoir jamais oublié ? D’avoir encore, quand je vais chercher mon courrier, l’angoisse d’y trouver une lettre de la banque ? D’avoir toujours, au moment de payer mes courses à la caisse du supermarché, le coeur qui s’emballe pendant ces quelques secondes où, après avoir composé mon code de carte bleue, j’attends de voir s’afficher “paiement accepté, retirez la carte” ? Peut-on me reprocher, alors que ça ne fait que quelques mois que j’achète de la nourriture avec du vrai argent que j’ai gagné parfois en couchant, de ne pas supporter que les gens à l’abri du besoin se plaignent ? En fait oui, on peut me reprocher tout ça. Mais autour de moi, il y a pas mal de monde qui a vécu la même chose, c’est un parcours somme toute banal… Quand j’ai commencé à côtoyer des gens nouveaux, hors de mon univers rural habituel, j’ai découvert qu’un certain nombre de personnes galéraient aussi chaque jour pour ne pas trop tirer le diable par la queue. Et que la vraie pauvreté est une réalité qui se passe de toute plainte, parce j’ai également remarqué que lorsqu’on est au creux de la vague, on n’en parle pas.
– Tu as honte, peut-être, ou alors tu es trop engloutie par la violence de la trouille pour te sentir capable d’exprimer son angoisse ?
– Finalement, on n’en parle en relevant la tête que quand on s’en est à peu près sorti, et qu’on peut revenir sur tout ça sans trop avoir la peur au ventre à l’idée que ça recommence. Et ce silence-là, malheureusement, il laisse la place à des gens qui osent se plaindre de leurs 1.200 € nets mensuels.. et parfois beaucoup moins. Les merdias sont friands de témoignages lacrymaux, ils aiment surtout montrer les gens vraiment au plus bas. Pour faire pleurer dans les chaumières, et vendre de la peur. Du coup, les témoins ordinaires, ceux qui ont galéré beaucoup, et s’en sont sortis un peu, ils ne sont pas très intéressants, pour faire du chiffre. Et puis aussi, quand ça va mieux, et qu’on contemple son frigo rempli en se disant que la semaine prochaine, on aura le droit de retourner au supermarché pour le remplir à nouveau, on n’a plus trop envie de s’appesantir sur les périodes de vaches maigres. On trouverait indécent de revenir dessus, on se dit que si on en parle on va se faire allumer la tronche par celles et ceux qui nous trolleront sur le mode : “Alors Cosette, t’as envie de te faire plaindre ?”… Et puis surtout, franchement, quand on est, comme moi, une femme qui s’emporte souvent, beaucoup, on sait que chaque gueulante est potentiellement la gueulante de trop. Et que paradoxalement, chaque gueulante est dérisoire. La hiérarchie des causes étant ce qu’elle est, il se trouvera toujours une personne pour me dire de fermer ma gueule, au nom d’une cause supérieure pour laquelle je ne me mobilise pas.
– Ok avec tout ça…, mais ça ne changera rien : cette classe moyenne de poseurs et poseuses qui parle de précarité et de salaires insuffisants, j’ai vu et lu aussi… et j’ai envie de lui mettre un bon coup de pied au cul. C’est d’ailleurs ce que je fais assez souvent…
– Oui, et ce malgré la crise-qui-fait-rage-et-les-temps-qui-sont-durs-pour-les-jeunes-ma-pauv’-Daphné… D’ailleurs, en ce qui concerne les jeunes précisément, moi, ça ne me tire pas une larme. La seule question que je me pose, au sujet de ces super diplômés qui dépriment, c’est : quand leur frigo est vraiment vide et leur compte en banque à sec, qu’est-ce qui les empêche de se retrousser les manches et d’aller s’inscrire en intérim pour faire tous les boulots dégueulasses ultra-pénibles et pour lesquels on ne se bat pas ? Ironie du sort : quand je dis ça, on me traite de sale libérale, alors que je fais simplement la différence entre la complaisance oisive et la nécessité de bouffer. Y compris en faisant des trucs non conformes au contenu de son CV. Juste pour se nourrir. Et aux classes moyennes qui geignent avec leurs salaires compris entre 5.000 et 15.000 € nets mensuels, et qui osent se comparer à des ouvriers, j’ai envie de poser la question suivante : comment osez-vous ? Comment osez-vous, même en tenant compte de vos années d’études et de votre fameuse division “salaire-taux horaire” puisqu’ils semblent bosser 12 heures par jour, et qu’ils y vont en Ferrari ou Lamborghini, les pauvres chéris…, lorsqu’ils comparent leur situation à celle des gens qui pointent, 40 années durant, à la chaîne ? Que savent-ils de tout ça ? De ce qu’on vit, de ce qu’on endure, de ce qu’on ressent quand on est ouvrier pour de vrai ? Oui, que savent-elles ces classes moyennes, des salaires qui suffisent à peine à nourrir la famille, de ce seuil financier qui fait qu’étant à la limite de tout, la moindre tuile précipitera une famille au Smic dans la plus sèche pauvreté ? Et tout ça sans portable, sans écran plat dans le salon, et sans vacances à la mer bien sûr. Que savent-elles de ce qu’on ressent quand des copines proposent d’aller toutes ensemble à la piscine, et qu’on cherche une excuse parce que les 15 € de l’entréee, on ne les a pas ? Que savent-elles des gens qui rognent sur tout, qui coupent eux-mêmes leurs cheveux sans passer par la case coiffeur parce que le coiffeur c’est un luxe, qui jamais ne pourraient se faire livrer une pizza et qui ne savent pas comment payer leurs factures ? Alors, devoir les supporter frimer dans leurs carrosses et se plaindre ! Les voir lécher leurs bagnoles comme mon entre-jambes, ça me fait gerber !
– Waouwww…
– Vraiment, que savent-elles, les classes moyennes plaintives, de ces gens qui positivent bien plus qu’elles, avec dignité, car eux au moins ont la décence de se dire que même sans un rond, il n’y a pas de quoi geindre parce qu’ils ont une famille, un toit sur la tête et qu’il y a des gens dans la rue qui sont carrément plus dans la merde ? Pourtant, leur taux d’endettement grimpe, aux pauvres, et ils ne bouclent pas leurs fins de mois. Et leurs opérations bancaires de base (prélèvement EDF, etc) arrivent souvent sur un dépassement de découvert, même avant le 15 du mois : ils sont donc surfacturés par la banque en “commission d’intervention”. Presque 10 euros chacune. Et quand ils font leurs courses, une fois tous les 15 jours à ED en faisant bien gaffe de pas déconner, ils savent que l’opération débitrice du paiement en caisse leur sera surfacturée aussi. Le banquier attend juste que le salaire arrive pour ponctionner les frais. Ça peut vite atteindre 200 euros mensuels. Les frais bancaires forment alors une spirale qui compose une ligne budgétaire nouvelle et prépondérante dans les dépenses. Et il y a les opérations rejetées aussi, tout un poème. Alors ils triment, les pauvres, loin des classes moyennes qui pleurnichent… et ils engraissent les banquiers, en intérêts, en frais… Pris à la gorge, ils se disent qu’ils n’ont pas vraiment d’avenir, et se mettent à rêver d’un monde aux couleurs de la classe moyenne, où ils pourraient bouffer et dormir en paix, parce que dans ce genre de situations, l’insomnie est un peu leur meilleure copine.
– Et quand vient le moment où les pauvres s’en sortent mieux, ils savent qu’ils vivront dans l’angoisse que ça recommence, parce qu’ils sont passés à deux doigts de la faillite totale, c’est ça ?
– Mais une fois tirés d’affaire, ça ne leur viendrait pas à l’idée de se plaindre. Ils retrouvent tout simplement le sourire, et ils apprécient à sa juste valeur le bonheur d’avoir de quoi vivre décemment.
– Jusqu’au jour où ils lisent des témoignages de la classe moyenne qui pleure. Là, ils ne sourient plus. Ils mordent…
– Dans le vide, oui, bien vu Quelqu’un, mais ils mordent.. Bon, je vais terminer la séance photo, ça me fera 500 euros, mais j’espère que le photographe qui me mate à donf pourra me rapporter en plus de quoi remplir mon frigo…
– Bonne chance…
– Merci.