L’automobile en 2016 : Plus de 80 millions de voitures neuves vendues à travers le monde…
Par Marcel PIROTTE
Le chiffre est interpellant, plus de 80 millions de voitures neuves vendues à travers le monde qui en 2016 totalise dès lors plus 1,5 milliards de voitures roulant sur la planète. Et c’est sans compter sur les véhicules utilitaires. A ce rythme-là et si ça continue de cette manière, il n’y aura plus moyen de circuler.
L’année dernière, le marché automobile mondial a dû se cantonner à deux …vitesses. Explication ! D’un côté, il y a des constructeurs qui rient et qui n’arrêtent pas de vendre des voitures neuves comme des petits pains en Chine, aux USA ainsi qu’en Europe. De l’autre, ceux et ce sont souvent les mêmes qui boivent la tasse et dont les ventes ont bien du mal à décoller en Russie, au Brésil, en Inde, en Turquie ainsi qu’au Japon ! Une situation assez paradoxale qui mérite d’être décortiquée.
Selon plusieurs études économiques sérieuses, le marché automobile mondial des voitures neuves en 2016 a retrouvé sans aucun doute des couleurs mais pas pour tout le monde. Ainsi donc, on aurait vendu aux quatre coins de la planète plus de 80 millions de voitures neuves contre 78 millions en 2015. Une progression assez spectaculaire à mettre à l’actif de la Chine (24,4 millions, soit une progression de 13,7 % grâce notamment à l’introduction d’une taxe réduite de 50 % sur les voitures de faible cylindrée), des Etats-Unis (17,5 millions d’unités mais qui reviennent à leurs vieux démons avec près de 11 millions d’utilitaires légers du genre SUV et pick up) mais également de la « vieille Europe » avec 14,6 millions, soit une progression de 6,8 % par rapport à 2015.
Au chapitre européen des pays qui « cartonnent », on retrouve l’Italie ainsi que l’Espagne (dopée par des primes à la casse) avec une croissance à deux chiffres, la France ainsi que l’Allemagne progressent respectivement de 6 et 5 %, les habitants du Royaume-Uni ont acheté près de 2,6 millions de voitures neuves mais attention en 2017 avec le Brexit, les ventes pourraient baisser de 10 %.
Parmi les « perdants », le Brésil ainsi que la Russie inquiètent, -19 % des ventes pour le premier, – 11 % pour l’empire de tsars alors qu’en Inde, ce pays de plus d’un milliard d’habitants n’a immatriculé que deux millions de voitures en 2016. Le Japon stagne à son niveau de 2015 alors que plus près de chez nous, la Turquie ( un peu d’un million de voitures neuves en 2016 soit moins de 2 % de progression ) paie cher son instabilité politique alors que ce pays est un des plus importants assembleurs automobiles implanté aux portes de l’Europe avec notamment des usines Renault, Fiat, Ford, Toyota, Honda, Hyundai …
Mais au fait la crise, quelle crise ! Dites-moi ? Ainsi donc dans mon « petit pays « qu’est la Belgique, on bat tous les records, près de 540.000 voitures neuves immatriculées en 2016 (les voitures d’occasion sont encore plus nombreuses), c’est nettement mieux que la France, du moins par habitant. Un peu plus de deux millions de voitures neuves vendues dans l’hexagone pour 67 millions d’habitants à comparer aux 11 millions du Royaume de Belgique. Faites le ratio, c’est plutôt instructif. Et même si l’on retire de ce nombre plus de 20.000 voitures soi-disant immatriculées en Belgique mais revendues dans un délai d’un mois à l’exportation, je ne parviens toujours pas à comprendre comment mes compatriotes ont » une auto dans le ventre », une voiture sur deux étant cependant mise à la disposition d’un collaborateur d’une société.
Ce qui revient à ne pas augmenter le salaire net mais coute fort cher à la collectivité ainsi qu’au monde politique qui ne parvient toujours pas à mettre en place un système de transports en commun, performant, peu couteux, bref, digne de ce nom. Accentuant ainsi le fait que la Belgique occupe depuis des années déjà la première place européenne en matière d’embouteillages sur le réseau routier avec en prime des bouchons en tous genres. Et ça ne devrait pas s’arranger dans les années à venir. A désespérer de tous ces « politiciens » qui presque tous n’ont qu’une idée en tête « s’en mettre plein les poches » ! Les dernières affaires et révélations en date rappelant aux citoyens belges qu’ils ont probablement les « hommes et femmes politiques qu’ils méritent » …
En 2016 quatre grands groupes automobiles ont occupé le devant de la scène automobile, s’octroyant près de la moitié des ventes de véhicules neufs dans le monde. Avec sur la plus haute marche du podium, le groupe VW et ses douze marques qui se portent comme un charme, 10,3 millions de voitures vendues et ce malgré un « diesel gâte » qui risque du moins aux USA de plomber les finances du groupe allemand à raison de plus de 22 milliards de dollars.
Mais que cela ne tienne, ce groupe a les reins soldes et malgré les « affaires », il n’a jamais vendu autant de voitures en 2016, allez y comprendre quelque chose. A croire que les acheteurs ont la mémoire « courte « ainsi qu’une confiance illimitée dans tous ces produits mais pour ceux incriminés dans le « diesel gâte », ces mêmes acheteurs voudraient bien évidemment toucher leur part du gâteau. Ou comment avoir le beurre et l’argent du beurre.
Et ce même groupe VW qui s’apprête notamment à supprimer en Allemagne 23.000 postes d’ici 2020 (un véritable drame social, du jamais vu) , n’est vraiment pas avare ni rancunier envers ses anciens dirigeants. Martin Winterkom, ancien PDG, congédié après la découverte du scandale des logiciels truqués (il semblerait que ce brave homme ignorait tout des magouilles de ses collaborateurs directs), touche actuellement une retraite dorée, 3.100 € par…jour !
Mais il doit notamment répondre de ses actes devant la justice allemande…, qui j’en suis à peu près sûr, va étouffer l’affaire ou le condamner à une peine de principe, le lobby automobile étant tellement puissant de l’autre côté du Rhin. Maigre consolation pour les travailleurs allemands de VW, ils ont touché un bonus de 2.900 € à titre de gratification pour les excellents résultats en 2016.
Et la firme de Wolfsburg d’annoncer qu’elle va amorcer un virage « électrique » entre 2020 et 2025 avec notamment un million de voitures électriques et autonomes de surcroit vendues à partir de l’échéance 2025. De quoi faire oublier le « diesel gate » et se redonner une image nettement plus « verte » avec notamment les prototypes ID et ID Buzz présentés ces derniers mois. En attendant, VW remet la « Golf » à l’étrier avec une nouvelle génération simplement reliftée mais de nouvelles motorisations essence et hybrides peu gourmades mais aussi très efficaces.
Et de nous dévoiler dans le même temps le Tiguan complètement remis à jour, une belle réussite tout comme d’ailleurs le pick up Amarok à moteur V6 diesel. Mais je demande si la grande VW, l’Artéon qui devrait succéder à la Passat CC et remplacer en Chine la Phaeton en perte de vitesse, dévoilée dans quelques jours à Genève, sera de « taille » à faire oublier que VW s’est un « peu loupé » ces dernières années dans le segment des grandes berlines.
Chez Audi, les ventes mondiales 2016 ont progressé de 3,8 % par rapport à 2016, soit 1,871 million d’unités. Depuis 1980, la firme d’Ingolstadt a aussi vendu plus de huit millions de modèles Quattro, nous y reviendrons dans une prochaine chronique.
Tous ces succès, Audi les doit principalement à ses modèles A4 mais également à son nouveau SUV de très grande taille, le Q7 qui soit dit en passant n’est pas ma tasse de thé favorite, même en version hybride. Mais une S3 cabriolet, ça pourrait me tenter, 310 ch., 400 Nm de couple, quatre roues motrices, boîte DSG, deux voitures en une seule, 60.000 € avec quelques options, avouez que je suis raisonnable.
En provenance de Tchéquie, les nouvelles sont vraiment bonnes pour Skoda, les ventes ont remarquablement progressé pour dépasser la barre des 1.100.000 unités.
Parmi tous ces modèles, l’Octavia cent fois remises sur le métier mérite une place à part alors que la grande berline Superb (tout comme le break) vise le « premium » avec une finition de classe et surtout beaucoup d’espace à bord.
En 2017, le grand SUV Kodiaq, 5/7 places, devrait lui aussi cartonner.
En 2010, on n’aurait pas osé parier un seul euro sur l’avenir de Seat au sein du groupe VW. Aujourd’hui, les choses ont enfin bougé, les ventes ont franchi allégrement le barre spécifique des 400.000 unités. Avec notamment des produits qui respirent enfin la qualité et dont le design reflète à merveille une certaine conception ibérique.
A ce petit jeu-là, Leon est véritablement le fer de lance, épaulé par le nouveau SUV familial Ateca qui j’en suis sûr et après l’essai d’une version 150 ch devrait cartonner dans les ventes. Agréable à conduire, bien fini, un produit d’avenir.
Tout comme la future Ibiza qui enfin passe résolument à la pointure supérieure en termes de qualité de finition et de motorisations.
Les marques « exotiques » de VW reflètent la volonté de ce groupe d’occuper véritablement tous les créneaux. Bugatti, sans doute la reine des « super cars » dont les ventes sont toujours confidentielles (le dernier coupé Chiron de 1500 ch. est proposé à 2.400.000 €, il y en aurait 400 de commandés, info ou intox) avec des pertes colossales sur la vente de chaque exemplaire, existe toujours envers et contre tout.
Alors que l’italien Lamborghini n’arrête pas d’engranger d’incroyables succès de ventes. Près de 3500 voitures livrées en 2016, une belle progression pour les « super sportives », Huracan et Aventador qui dans les mois à venir vont être épaulés par un SUV de très grand luxe, baptisé Aurus. V10, V12 ou diesel V8, les paris sont ouverts …
Bentley, marque emblématique de prestige du groupe VW n’a pas chômé en 2016, plus de 11.000 unités vendues à travers le monde. A moins de 200.000 €, inutile de franchir les portes des « shows rooms » Bentley, au nombre de 210 dans le monde, aucun modèle au catalogue. Et pourtant rien que du beau monde, berline, coupé ou cabriolet Continental GT, luxe et puissance au programme. Je n’en dirai pas autant à propos de ce « mastodonte » SUV Bentayga essayé avec le W12 6L de plus de 600 ch. qui assurément manque de finesse.
Ce « très gros SUV « de 5,15 m et plus de 2,4 tonnes, ne fait pas dans la dentelle. C’est sans doute le plus puissant de la bande, il ne passe jamais inaperçu mais ce design a bien du mal à faire « passer la pilule ». Et pourtant malgré son prix de base de 220.000 € plus les options (on en arrive vite à 260.000 €), il se vend comme des « petits pains ». Une version diesel V8 est annoncée, le pauvre Walter Owen Bentley doit certainement se retourner une nouvelle fois dans sa tombe, un diesel dans une… Bentley !
Et puis, il y a Porsche, je me verrais très bien comme possesseur d’une nouvelle berline Panamera Hybrid quatre roues motrices, 462 ch., 700 Nm, boite auto 7 rapports du type, rechargeable sur une simple prise de courant, près de 50 km en mode électrique, une consommation moyenne nettement inférieure à 10l/100 km pour une berline aussi lourde (2170 kg), il n’y a pas photo. Mais 110.000 € sans les options.
Alors que toute la gamme passe au turbo, le roadster Boxster ainsi que le Cayman ont échangé leur six cylindres contre un quatre cylindres nettement plus performant et encore plus coupleux de 300 ou 350 ch. Sacrilège, pas du tout, cette nouvelle 718 devrai plaire aux amateurs de sensations, performances, plaisir de piloter, bref, c’est une Porsche à part entière mais en quatre cylindres, la concurrence ne peut en faire autant. En 2016, Porsche a écoulé près de 238.000 véhicules dont près de 100.000 Macan, ce SUV compact qui n’arrête pas de grignoter des parts de marché.
Dans le classement mondial des constructeurs, En seconde position avec là aussi un peu plus 10 millions (10,18) de véhicules vendus, le groupe Toyota qui compte aussi Lexus, Daihatsu et Hino, s’en sort plutôt bien et ce malgré une sérieuse stagnation de son marché local et du recul des ventes des hybrides aux States mais se rattrape en Chine. De toute manière du côté de Nagoya, l’important n‘est pas d’être le premier mais bien dans le haut du panier. Et avec dix millions de ventes par an, on peut se permettre de faire pression sur les fournisseurs tout en exigeant une qualité sans faille.
Chez Toyota, j’ai particulièrement bien apprécié la nouvelle Prius Hybride entièrement remise au goût du jour. Avec un design toujours aussi radical et tranché, un bloc hybride essence/électricité 122 ch (rechargeable en roulant, une autre version rechargeable via des panneaux solaires et sur le secteur sera vendue cette année) qui consomme en moyenne 5,2 l/100 km tout en procurant enfin un incroyable plaisir à la conduite, voilà une berline qui ne paie pas de mine mais diablement efficace. Sa copine dévergondée avec un design de « Manga », porte le nom de CH-R, cela nous change littéralement des modèles classiques de Toyota.
Lexus dont la presque totalité de la production est basée sur des modèles hybrides, mérite beaucoup de respect…, c’est une marque de prestige « à la japonaise », et j’ai beaucoup aimé conduire le coupé RC 300 h de 223 ch., ce sera encore mieux avec le futur coupé LC 500 h de 356 ch. et boîte 10 vitesses, de 0 à 100 km/h en 5 s, j’ai hâte de l’essayer.
Quant à Daihatsu qui depuis 2016 appartient entièrement à Toyota, il devrait se cantonner dans son rôle de constructeurs de mini-voitures tout en élargissant sa palette avec des véhicules vendus » à bas prix », soit faire du « low cost » à la sauce « sushi », ça risque de faire mal …
A quelques unités près, la General Motors occupe la troisième marche avec 10 millions de voitures. De quoi se permettre d’aligner des résultats exceptionnels depuis 2009 (année de sa faillite évitée) avec un chiffre d’affaires un rien supérieur à 166 milliards de dollars mais surtout un bénéfice net de 9,5 milliards de dollars. De quoi faire bénéficier les 52.000 salariés syndiqués d’une prime de 12.000 dollars pour l’année 2016.
Alors que le nouveau Président Trump veut à tout prix augmenter la capacité des usines aux States, GM veut bien s’y soumettre mais ce n’est pas toujours facile, les décisions stratégiques ayant été prises bien avant l’entrée en fonction du nouveau locataire de la Maison Blanche. En revanche, GM a compris que sur le sol américain, mieux vaut vendre à des particuliers plutôt qu’à des loueurs, ces derniers dégagent en effet des marges bien inférieures.
Autre gros souci et non des moindres pour GM, sa filiale européenne Opel-Vauxhall. Depuis le début de ce siècle, elle n’arrête pas de perdre de l’argent, 257 millions de dollars l’an dernier, GM ayant depuis 16 ans déjà comptabilisé des pertes à hauteur de 15 milliards de dollars. Trop, c’est trop, ça ne peut plus continuer ainsi, il faut un remède de cheval. Et c’est d’autant plus paradoxal que la gamme Opel n’arrête pas de bonifier avec des modèles sérieusement bien faits comme la nouvelle Astra alors que la future Insignia va pointer le bout de son nez à Genève.
Mais également que les ventes Opel (et celles de Vauxhall en Angleterre, en fait des Opel mais avec l’insigne Vauxhall) ont progressé en 2016 à1,2 millions d’unités, le constructeur allemand, appartenant à la GM depuis 1929, espérant un retour à l’équilibre en 2018. Mais il y a des années que l’on entend ce même refrain. Et comme par magie, on apprend que PSA, dopé aux hormones et très en forme dans les comptes depuis deux ans déjà (plus de deux milliards d’euros de bénéfices en 2016, de quoi faire bénéficier les salariés français de 2.000 €de prime « d’encouragement «) , voudrait racheter la filiale européenne de GM. Du rififi dans les chaumières allemandes et anglaises …
En 2012/2013, PSA et GM avaient déjà conclu un partenariat économique avec l’achat par GM de 7 % des actions du groupe PSA, une participation revendue quelques mois seulement après cet accord. Du coup, la baudruche se dégonflait, il ne subsiste plus aujourd’hui que trois projet industriels associant ces deux constructeurs transatlantiques. Comme le nouveau SUV Citroën C-Aircross qui sera construit dans l’usine Opel de Saragosse en Espagne et basé sur la châssis de l’Opel Crossland sans oublier un petit utilitaire commun devant sortir de l’usine espagnole de Vigo du groupe PSA ainsi qu’un 4X4 urbain Opel fabriqué chez
Peugeot à Sochaux sur base du 3008. En analysant les deux gammes produites par Opel et PSA (Peugeot-Citroën -DS), on se dit qu’il y a de « fameux doublons » et qu’il y un solide écrémage à faire. Les gammes ne sont pas en effet complémentaires mais tout simplement concurrentes. Et forcément, cela va faire des « dégâts » au niveau de l’emploi, principalement chez Opel qui compte six usines en Europe mais qui comptabilise 35.600 salariés dont un peu plus de 18.000 en Allemagne, les différentes usines tournant à 63 % de leur capacité contre plus de 70 % en moyenne.
Pour Carlos Tavares, patron de PSA qui a été à très bonne école en étant le second de Carlos Ghosn de l’alliance Renault-Nissan, aujourd’hui, quatrième groupe automobile mondial, il n’y a pas d’avenir pour un constructeur isolé produisant un peu plus d’un million de voitures, comme Opel. En associant PSA et Opel, les ventes pourraient atteindre 4,5 millions de véhicules par an, ce qui lui donne un tout autre statut pour discuter avec les fournisseurs et ainsi réduire les frais d’études et de développement des futurs modèles, Opel ayant aussi un grand besoin d’utilitaires légers fabriqués notamment par PSA ( cela rapporte beaucoup d’argent au fabricant ) qu’il achète pour l’instant chez …Renault.
L’Etat français, actionnaire de PSA tout comme le groupe chinois Dongfeng, voient tout cela d’un très bon œil, cette vision n’étant pas du tout partagée, on s’en doute un peu, de l’autre côté du Rhin. Rendez-vous compte un « petit français » qui va croquer l’éclair Opel et tout cela un peu avant les élections fédérales en Allemagne ! Du coup, le puissant syndical IG Metall est mis à contribution tout comme les politiciens, PSA va-t’il réussir à sauver le soldat Opel ? Mais à quel prix …
D’autant qu’à Detroit et en rejoignant les idées de Trump avec « America first », la patronne de GM, Mary Barra va s’attirer les bonnes grâces du grand « manitou ». A moins d’un retournement de situation en dernière minute, la messe est dite chez Opel tout cela avec la bénédiction américaine, le téléphone a dû chauffer entre Detroit et Paris et tant pis s’il faut une nouvelle fois sacrifier des emplois sur l’autel de la production industrielle. Chez General Motors, pas de sentiment, les dirigeants ne sont pas des enfants de cœur, ils raisonnent comme des comptables. N’hésitant pas à fermer une nouvelle fois des usines (comme Holden cette année en Australie), à se séparer notamment de Saab en ayant « pompé » toute la technologie suédoise tout en remisant au musée des marques emblématiques comme Oldsmobile ou Pontiac, Buick se demande dès lors à quelle sauce, il va être mangé.
Mais cette fois en lâchant Opel, GM se débarrasse d’un « canard boiteux » tout en refilant la patate chaude à PSA qui en 2017 et c’est un petit « bonus » décrété par l’ancienne administration Obama, pourrait enfin « réassembler « en Iran près de 200.000 voitures chaque année mais des modèles de dernière génération alors qu’avant l’embargo décrété par les USA, c’étaient 400.000 voitures plus tellement au goût du jour qui étaient assemblées chaque année. En lâchant Opel, cela risque de faire mal en Allemagne mais surtout en Grande-Bretagne où Vauxhall occupe 4.500 personnes dans deux usines, le Brexit n’est pas loin. Si tout cela se réalise, un nouveau géant européen automobile pourrait voir le jour mais avant cela, que de boulot afin de simplifier les gammes avec des plates-formes partagées, des moteurs et des transmissions identiques aux deux marques et surtout un centre de recherche qui à la fois travaillerait pour Opel mais également pour le groupe PSA.
Au sein du constructeur français, tout n’est cependant pas rose non plus. Alors que Peugeot se redresse vigoureusement mettant l’accent sur les SUV’S, (Tavares va injecter 200 millions afin de remettre aux ormes le site emblématique de Sochaux) mais supprime des modèles emblématiques comme le coupé RCZ ou les coupés-cabriolets CC, heureusement que les 208 et 308 ont du caractère à revendre.
Citroën a été un peu trop longtemps laissé de côté, il se réveille avec C3 ainsi qu’un mini SUV Aircross mais est-ce suffisant, fin de l’année un C4 Aircross devrait également être dévoilé.
En outre, DS, la troisième marque du groupe dégringole dangereusement dans les ventes, perd de l’argent et pour essayer d’enrayer la chute, on n’a rien trouvé de mieux que de créer quelques centaines de « DS store » supplémentaires. Mais cela va couter beaucoup d’argent qu’il vaudrait mieux investir dans les produits. Je le répète une énième fois. Pour faire de DS, une marque « premium », il faut en effet des modèles sortant de l’ordinaire alors que les ingénieurs doivent faire la chasse aux bruits de roulement et de moteur tout en les dotant de motorisations nobles et surtout différentes des… Citroën.
Les designers doivent eux s’atteler à créer un habitacle accueillant, chaleureux avec une touche de haut de gamme et de grâce lors de la fermeture des portières, le bruit doit ressembler à celui d’un coffre-fort que l’on ferme délicatement. Le « premium », c’est un mélange de tout cela et non pas apposer un badge DS sur une Citroën. Actuellement, il faut en effet beaucoup d’imagination pour qu’une DS3, DS4 ou DS5 sans oublier la future DS7, sorte de SUV devant être présenté à Genève, puise son ADN dans ces belles DS des années cinquante et soixante. Si les dirigeants n’appliquent pas cette recette, c’est du temps et de l’argent perdu …
Au sein de l’Alliance Renault-Nissan, ça baigne. Le groupe qui compte également Infiniti résolument tourné vers le « premium », le coréen Samsung, le roumain Dacia, Lada en Russie (là, c’est un peu plus problématique) mais qui vient d’acquérir le japonais Mitsubishi Motors, se place désormais à la quatrième place sur l’échiquier mondial avec un peu moins de dix millions de véhicules vendus.
Une taille qui permet d’envisager l’avenir avec sérénité. Avec en prime des technologies du futur comme l’électrique et les modèles hybrides ou autonomes mais également des voitures « à bas prix » qui assez curieusement permettent de faire grimper les bénéfices. Tout bon analyste automobile vous dira en effet que la rentabilité d’une marque ou d’un groupe automobile passe en fait par la conjugaison de quatre facteurs déterminants.
Vendre des modèles « premiums » et « low cost » mais diablement bien étudiés (c’est que Renault fait avec Dacia) mais également des utilitaires légers (qui rapportent gros) ainsi que des pièces de rechange fabriquées à très grande échelle mais revendues avec un sacré bénéfice. I ‘Alliance maitrise parfaitement tous ces paramètres, Carlos Ghosn, le « boss » a bien appris sa leçon et pour moi, son salaire pourtant très élevé est amplement justifié. Ne fait-il pas en effet vivre des centaines de milliers de familles à travers le monde. Aucune comparaison dès lors avec un joueur de foot « plein aux as » même le plus talentueux qui offre du « rêve » chaque dimanche tout en essayant par d’incroyables montages financiers de payer le moins possible d’impôts.
Au sein de l’alliance, dont les trois principaux marchés sont les USA, la Chine ainsi que l’Europe, c’est évidemment Nissan qui caracole en tête des ventes mondiales avec un peu plus de 5,5 millions de véhicules livrés. Sur le Vieux Contient, c’est le duo gagnant Qashqai et Juke qui entraîne tout le reste.
Quant à Renault, avec son partenaire Dacia et Samsung, il a écoulé près de 3.200.000 véhicules, des modèles comme Clio et surtout la nouvelle Mégane( surtout en version 2 l turbo de 205 ch avec quatre roues directrices, ça déménage fameusement ) sans oublier le haut de gamme Talisman et Espace mais également le Kadjar, cousine du Nissan Qashqai qui fait un malheur mais également Scénic qui se repositionne dans le segment du monovolume.
Chez Dacia, on attend avec impatience la mini Kwik en Europe, coqueluche en Inde, ça devrait arriver. Infiniti joue la carte Premium avec ses modèles Q30 dérivés des Mercedes classe A (Renault et Daimler ont conclu de nombreux projets de coopération dont le nouveau pick up Mercedes ) alors que Mitsubishi, nouveau venu au sein de l’alliance ( numéro un dans la livraison de voitures électriques avec Zoé et Leaf ) devrait apporter son expérience avec les motorisations hybrides.
Du jamais vu depuis 18 ans, le géant coréen Hyundai-Kia a annoncé un recul des ventes mondiales de 2 % en 2016 mais avec 7,9 millions de véhiucles livrés, il peut « toujours voir venir » ! Cela n’empêche pas ce groupe d’ouvrir cette année sa quatrième usine de production en Chine. Avec 940.000 unités vendues en Europe, c’est
en effet la première fois que ce groupe dépasse la barre des 900.000 unités. Et cela devrait se poursuivre avec notamment une nouvelle offensive hybride et électrique dont la berline Hyundai Ioniq mais également sa cousine Kia Niro, un Crossover très bien conçu. Une surprise et de taille, les deux moteurs, essence/électrique livrent 141 ch. en combinaison avec une boîte robotisée à double embrayage 6 vitesses et ça change tout. Silence de fonctionnement, performances à l’avenant ainsi qu’une consommation un rien supérieure à 5 l/100 km ? Chez Toyota, on devrait se méfier de ces « petits coréens », ils apprennent diablement vite …Avec en prime des prix très compétitifs.
Au sein de la galaxie Ford, on se frotte également les mains. Avec 6,6 millions de véhiucles vendus à travers le monde dont 1,2 millions rien qu’en Europe avec dans cette région, un bénéfice net de plus de 1,2 milliards de dollars, les comptables se réjouissent. Oublié la fermeture de Genk en Belgique mais aussi de quelques usines en Angleterre, désormais, les finances se sont assainies. Avec pour la « vieille Europe » des modèles qui cartonnent, Fiesta mais surtout cette extraordinaire Focus RS animée par un 2,3 l turbo fournissant 350 ch. mais surtout 440 Nm (470 avec l’overboost) qui donnent le « tournis », au sens propre comme au figuré.
Focus RS sait tout faire avec ses quatre roues motrices, enchaîner les virages à une allure démoniaque, faire le show avec du « drift » mais surtout déchainer les passions, moyennant 38.000 €, c’est donné. En provenance des USA, Ford a fait un beau cadeau aux européens avec la dernière mouture de la Mustang coupé ou convertible. Au choix, un V8 5 l de 422 ch. et 524 Nm de couple ou bien un quatre cylindres 2,3 l turbo de 313 ch. et 434 Nm, boîte 6 vitesses, manuelle ou automatique. A 45.000 € pour la décapotable 2,3 l, c’est donné, un parfum d’Amérique, les « ricains » n‘ont jamais été aussi généreux.
Et si l’on reparlait du groupe FCA, Fiat Chrysler Automobiles. Il termine l’année 2016 avec un chiffre de 4,7 millions de véhicules vendus à travers le monde dont u peu plus de tiers sont badgés Jeep, un fameux succès planétaire. En Europe, près d’un million de voitures ont été livrées, ça se passe beaucoup mieux, il y a de l’espoir.
D’autant que la marque Fiat ne fait plus de la 500 sa seule vedette mais ratisse nettement plus large avec les différents modèles Tipo, d’excellentes voitures compte tenu de leur prix très bas ainsi que le spyder 124 et Abarth (sur une base de Mazda MX-5 mais ça marche) reviennent enfin dans la course.
De bon augure tout comme Alfa qui avec moins de 60.000 voitures assemblées en 2016 faisait un peu figure de parent pauvre. Mais cette fois, c’est la renaissance, Giulia ( et son SUV Stelvio ) et sa propulsion sans oublier les quatre roues motrices, tout cela nous rappelle les grandes Alfa du passé.
Et c’est bien fait, ça roule » super » avec en plus toute cette passion derrière le volant, le virus Alfa est bel et bien de retour, on croise les doigts.
En revanche, Maserati ne se porte pas très bien, un peu plus de 35.000 unités, on est encore loin des 75.000 ventes promises en 2018. Il ne suffit pas d’avoir un superbe design et des moteurs qui « crachent le feu » pour s’imposer ni même à snober le monde des SUV’S avec un très gros 4X4 baptisé Levante, ce que le client exige, c’est d’avoir une qualité exemplaire, optimale et sans la moindre faille, c’est la moindre chose au regard du prix.
Le « premium », cela se façonne avec beaucoup d’amour. Si Maserati n’a pas encore compris ce simple message, il ferait mieux de jeter l’éponge.
Regardez Ferrari avec un peu plus de 8.000 voitures livrées dans le monde, son « business » n’a jamais été aussi florissant et sa cote en bourse aussi élevée. Je n’en dirai pas autant de la firme anglaise Aston Martin qui avec 3600 ventes l’année dernière, perd une nouvelle fois de l’argent, de l’ordre de 150 millions d’euros.
Le futur de cette marque emblématique passe malheureusement par une alliance et celle nouée avec Mercedes/AMG, entré à hauteur de 5 % de son capital, est un bon début. Il est urgent de renouveler la gamme et pourquoi pas avec des blocs V8 et V12 signés AMG, un SUV DBX, serait aussi en préparation avec …Mercedes.
En Allemagne, la bagarre entre les marques « premiums » a tournée en 2016 à l’avantage de Mercedes, 2.084.000 voitures vendues cotre deux millions pour BMW, sans compter bien évidemment Mini (360.000 ventes pour cette Mini qui n’arrête pas de grandir en taille) et Rolls Royce ( un peu plus de 4.000 unités livrées ).
En 2016, Mercedes a été la marque qui a le mieux su gérer son accélération sur le marché chinois avec notamment ces différents modèles de SUV’S qui se vendent là bas comme des petits pains (le même raisonnement vaut pour BMW) mais également avec ses cabriolets et coupés remis au goût du jour. Comme le cabrio S 500 selon moi nettement plus évolué que la meilleure » convertible » de Rolls Royce mais également les coupés/cabrios classe C en attendant les nouvelles versions coupés et open air basées sur la dernière classe E, véritable monument de technologie embarquée, une voiture autonome avant l’heure.
C’est aussi le cas de la berline BMW série 5, rien que de la qualité et des tas d’aides à la conduite, sans doute eu peu au détriment du plaisir du pilotage toujours assuré par les différents modèles badgés M.
Le dernier coupé M2 de 370 ch. à moteur six cylindres en ligne est un modèle du genre, il reprend à merveille la succession de la première M3.
Depuis 2009, les ventes du groupe Jaguar/Land rover ont été multipliées par trois, connaissant dès lors une croissance ininterrompue. Avec 583.000 ventes, ce groupe anglais qui appartient comme on le sait au géant indien Tata a réalisé de véritables prouesses mais également un incroyable boulot tant de la part des ingénieurs que des designers.
Chez Jaguar, les coupés et cabrios F-Type ont toujours la cote alors que les berlines XE et XF continuent à progresser surtout avec les nouveaux moteurs Ingenium, essence ou diesel dont le nouveau deux litres livre désormais 240 ch. Nouveau venu dans le monde des SUV’S, le F Pace surtout en version six cylindres trois litres de 300 ch. et 700 Nm de couple, permet de redorer le blason « britannique ». Performant, puissant, élégant, bien dessiné, peu gourmand, ce « SUV Jag » ne serait pas pour me déplaire.
Et tant qu’on y est, la gamme Range Rover va à nouveau s’étoffer avec un nouveau venu, Velar, se situant entre Evoque et Range Sport mais j’ai beaucoup aimé le cabriolet SUV basé sur l’Evoque, ça devrait se vendre comme des petits pains d’autant que sa démarche et son positionnement le classent dans une niche du marché encore inexploitée.
Bien vu et à mon avis, la nouvelle version diesel quatre cylindres de 240 ch. devrait mettre tout le monde d’accord.
En 2016, Volvo qui appartient au chinois Geely a connu une progression des ventes de plus de 6 %, clôturant l’année avec près de 535.000 ventes, ces résultats étant à mettre à l’actif d’une progression à deux chiffres sur le marché chinois et américain. En Chine notamment, Volvo va ériger une troisième usine de montage chargé également de fabriquer des modèles pour l’exportation. De quoi faire craindre à long terme que l’usine d’assemblage de Gand en Belgique, la plus importante en Europe après Göteborg, voit ses activités réduites …On croise les doigts.
Parmi les modèles qui cartonnent le grand SUV XC 90 n’est pas ma tasse de thé favorite mais ça plait et ça se vend, c’est l’essentiel. En revanche, j’ai beaucoup apprécié la finesse dans le dessin de la nouvelle berline S90 complété par le break mais également par une version « off road » X Cross Country. A Genève, une nouvelle série sera dévoilée, un SUV baptisé XC40, à voir.
En terminant cette revue des constructeurs automobiles, je pense aux quatre « indépendants » japonais à savoir Honda, Subaru, Mazda et Suzuki. Honda, je l’avais un peu oublié. Sans doute par le fait qu’en Belgique, une réorganisation qui devait avoir lieu « n’a pas eu lieu » et que dès lors, mes liens pourtant chaleureux depuis de très longues années avec ce géant de la moto mais aussi de la voiture (4.900.000 unités produites l’année derrière) se sont un peu altérés, question de personnes sans aucun doute mais ça devrait sans doute repartir d’un bon pied.
D’autant que je n’ai toujours pas eu à l’essai la derrière Civic R et que j’attends impatiemment de prendre en mains une nouvelle Civic berdine très allongée. Et si Honda veut « se racheter », il peut me faire essayer sa dernière NSX, je suis partant, qu’on se le dise.
Quant à Mazda qui a fêté la millionième MX-5 ( et fourni la base du roadster Fiat 124), sans faire beaucoup de vagues mais avec une recherche constante de la qualité et de l’amélioration de ces différents modèles, il parvient à écouler dans le monde un peu plus de 1,55 millions d’unités. Bravo, un fameux succès.
Subaru, ce sont des voitures d’ingénieurs, des quatre roues motrices la plupart équipées de moteurs quatre cylindres Boxer. En 2016, on en a vendu plus d’un million d’unités. Cette firme entretient depuis des années déjà des accords privilégiés avec le géant Toyota ce qui avait débouché sur la mise ne production en commun d’un coupé sport, BRZ chez Subaru et GT86 chez Toyota.
Suzuki, spécialiste des petites voitures et des crossovers compacts veut lui aussi se rapprocher du numéro un nippon, ce serait tout bénéfice pour les deux marques, Suzuki et ses 2,8 millions de véhiucles pourrait ainsi permettre au géant Nippon de redevenir le numéro un mondial. A suivre …
Tesla, la voiture électrique « premium » ! Voilà une marque qui « fait peur » aux autres constructeurs et qui a déjà révolutionné le monde de l’automobile,, ses méthodes de construction et sa manière de penser et de vendre des voitures. Une Tesla berline S P90D est un « monument de technologie », elle accélère comme une Porsche et laisse une Ferrari sur place, 539 ch, près de 1000 Nm de couple (au démarrage), ça « déménage » tout en vous laissant « pantois » devant de telles performances. Mais qui ont un prix très élevé ainsi qu’une autonomie réduite à 350 km.
Mais pourquoi diable déployer autant d’énergie et multiplier les stations de recharge dans le monde pour finalement ne vendre que 85.000 voitures par an, tout en ne dégageant aucun bénéfice. Une grande berline hybride , Porsche, BMW, Mercedes fait tout aussi bien le « job » sans pour autant faire subir à son conducteur autant de contraintes et surtout le fait qu’il pourrait tomber à court de « jus ». Et rester ainsi sur le bord de la route…
J’aurais bien voulu terminer en vous parlant de McLaren et se ses « formidables voitures de sport », inimitables, du moins, c’est ce que l’on dit, je ne vous cacherai pas que je n’en sais absolument rien. Aucun contact en effet avec l’importateur et pourtant, c’est une charmante et jolie jeune femme qui remplit les fonctions de « public relations ». Je la connais pourtant très bien, avant cela, elle officiait chez BMW Belgium. Dommage …
Marcel PIROTTE