Le Buggy de McQueen dans le film “L’affaire Thomas Crown” : révélations, faux et utopies…
Pour “tout le monde”, vous y compris, moi aussi avant que j’enquête suite à des informations diverses, le Dune-Buggy utilisé dans le film “L’affaire Thomas Crown”, piloté par Steve McQueen qui y balade Faye Dunaway, est un Meyers Manx. C’est plus qu’une certitude obligée, c’est l’équivalent d’une vérité révélée (par on ne sait qui ?) à laquelle il est indispensable de croire à peine de négationnisme, parce que c’est “comme ça et pas autrement”, que d’ailleurs c’est écrit sur une pierre sacrée du Mont Rushmore, cachée dans une chambre-forte secrète… Le sculpteur Gutzon Borglum est à l’origine de l’œuvre monumentale du Mont Rushmore, représentant les visages de quatre présidents américains, il avait fait creuser une pièce secrète derrière la tête d’Abraham Lincoln, elle n’a jamais été ouverte au public. Il s’agit du “Hall of Records”, la salle des archives, où quelques documents importants ont été conservés, l’objectif initial étant de construire une salle accessible par un escalier en granit, rejoignant l’entrée du canyon, derrière la tête d’Abraham Lincoln.
Des documents importants y ont été entreposés, des jalons exceptionnels et ultra-précieux de l’histoire américaine : la Déclaration d’Indépendance… la Constitution… la Déclaration des droits civiques… la robe tachée de Monica Lewinsky… la vérité sur le 11 septembre, sur Pearl Harbour, sur la Baie des cochons ! ET diverses autres “Vérités” et obligations quasi divines, telles les preuves que Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive, les plans de la première bombe atomique, les aveux complet de Neil Amstrong comme quoi il n’a jamais été sur la lune mais dans le désert de Mojave… Et aussi la biographie de Gutzon Borglum (sic !), le tout “caché” dans un sarcophage/coffre-fort en titane recouvert d’une pierre de granit sur laquelle est inscrite cette phrase : “Placées là, taillées en haut, aussi près du ciel que nous le pouvons, les paroles de nos chefs et leurs visages, pour montrer à la postérité quelles sortes d’hommes ils étaient. Prions pour que ces souvenirs durent jusqu’à ce que seuls la pluie et le vent les effacent”… Chaque année, près de trois millions de personnes visitent le Mont Rushmore, mais cette pièce secrète n’a jamais été ouverte aux visiteurs.
L’obligation qui relève du droit est souvent confondue avec la nécessité de fait (c’est la distinction “en fait”/”en droit”), mais ce qui est obligatoire, que ce soit juridiquement ou moralement, peut ne pas être accompli, en effet l’obligation suppose la possibilité de la désobéissance, la nécessité, en tant que contrainte incontournable, annule toute obligation : “Pas d’obligation sans choix ; pas d’obligation sans exercice de la liberté”… On considère aussi parfois que devoir et obligation sont synonymes, mais l’obligation n’est un devoir au sens strict du terme que si elle est libre de toute contrainte extérieure, la confusion entre l’obligation et le devoir empêche de comprendre la distinction entre l’obligation juridique assortie d’une contrainte extérieure (hétéronomie) et l’obligation morale librement consentie (autonomie)…
Comme il est important de noter que ce qui est librement consenti n’est pas pour autant facilement accompli, la confusion entre contrainte et obligation étant souvent due à l’amalgame entre liberté et facilité, pour mesurer l’importance du mythe de ce Buggy qui serait un Meyers Manx et de ce modèle en particulier (car il y a des dizaines de types de Meyers Manx), il faut revenir en 1967. C’est cette année là que Norman Jewison réalise “The Thomas Crown Affair”, du 6 juin au 22 septembre. A cette époque, le Buggy mis au point par l’Américain Bruce Meyers fait fureur depuis 1964 sur les plages et routes de Californie, l’engin est on ne peut plus basique : une carrosserie polyester “ouverte” sans porte ni panneaux “ouvrant” de coffres AV et AR, est boulonnée sur un châssis de VW Cox provenant de récupérations chez des ferrailleurs, châssis qui a été raccourci et ressoudé… L’ensemble est boosté par une mécanique Volkswagen 4 cylindres (également de récupération), c’est simplissime, mais la voiture est amusante et légère.
La vérité vraie qui est fausse, veut qu’on croie que : fan de mécanique, Steve McQueen a repéré (évidemment) ce Dune-Buggy et réclamé d’utiliser ce Meyers Manx dans Le film “L’affaire Thomas Crown” en remplacement d’une simple Jeep, comme le prévoyait le scénario à l’origine, la scène devant ainsi être certainement plus spectaculaire… La même vérité vraie précise que Steve McQueen a géré en personne la construction du Buggy avec des exigences bien précises, plus ou moins satisfaites par le préparateur californien Con-Ferr, ce qui en fait est exact, sauf que la base de cette construction, n’était pas un Buggy Meyers Manx ! Apporter du vrai dans une histoire fausse, permet de faire croire à n’importe quoi !
En réalité, Steve McQueen n’a jamais acheté de Meyers Manx, il voulait un Dune-Buggy dans le même style, équipé d’un moteur Porsche 6 cylindres : Con-Ferr lui suggérant plutôt un moteur Corvair de 140 CV… Comme il a aussi suggéré (oui ; aussi…) de réaliser une carrosserie la plus simple possible avec un minimum de surface de carrosserie sur les côtés, avec un renforcement conséquent du châssis VW pour mieux protéger le Buggy en réception des sauts prévus pour le film “Yucatan”, qui ne verra jamais le jour… L’engin a donc été utilisé pour une séquence du film “L’affaire Thomas Crown”, qui se déroule dans les dunes de Cape Cod, où eut lieu le tournage et ce Buggy va se montrer finalement bien à la hauteur de son rôle avec pour passagère, une Faye Dunaway souriante, grimaçante, apeurée, mais courageuse (sic) compte tenu de la conduite “sportive” de son partenaire à l’écran.
La vérité vraie (toujours elle) précise qu’à l’issue du tournage, Steve McQueen va racheter le Buggy pour son plaisir personnel et va le garder plusieurs années pour y emmener son fils Chad en balade. La vérité vraie est que cet engin n’était pas un Meyers Manx amélioré mais un “Con-Ferr” réalisé sur commande par Steve McQueen, de plus il n’avait pas besoin de le “racheter” puisque c’était SON Buggy…
Et on comprend soudain que la vérité vraie ne date pas de l’époque du film, mais de la période ou se propage le bruit (le pet) lancé à la face du monde par un propriétaire mystérieux que personne ne connait (gag !), que personne n’a jamais connu (sic !) et que personne n’aurait jamais connu si je ne m’étais pas inquiété de toute cette escroquerie… Ce mystérieux personnage prétend donc posséder le Saint-Graal des Buggy’s, un mythe de très grande valeur, d’un montant gigantesque, incommensurable, toutefois limité temporairement (sic et re-sic !) à 1 million de US$… Qui oserait penser que tout ce barnum, ne sert que ses finances ainsi que celles de “ceusses” qui possèdent l’atelier ou sont refabriqués les vrais Meyers Manx “Continuation-Edition” ?
L’affaire est juteuse : 1° pour le mystérieux propriétaire qui calcule que le Buggy racheté 20.000 US$ va lui rapporter sûrement 1 million de US$, mais aussi 2° par “l’usine” qui refabrique les kits “Meyers Manx” qui profitent grandement de l’image de Steve McQueen, alors qu’en réalité le Buggy de Steve McQueen a été construit à sa demande pour son film épique inachevé “Yucatan” (c’est le moment de tapoter “Steve McQueen Yucatan” sur un moteur de recherche). C’est l’arnaque classique des voitures pilotées par Steve McQueen dans ses films parce qu’elles vaudraient des millions de dollars aujourd’hui, c’est basique, on connasse en Europe quantités de voitures qu’on attribue à Alain Delon et autres stars, qui n’en savent rien et qui n’y perçoivent rien, car lorsqu’on lie n’importe quoi à une star, surtout hollywoodienne (et encore plus si c’est McQueen), n’importe quoi habillé d’une histoire intéressante, même si ce n’importe quoi n’a jamais été vu de près et s’avère n’importe quoi, les prix flambent !
L’arnaque était donc d’informer le peuple des gnous éberlués, via les habituels journaleux qui n’y connassent rien, qu’en 2017, 50 ans après le tournage de “L’Affaire Thomas Crown”, le Buggy Manx Meyers amélioré de Steve McQueen existait toujours entre les mains d’un propriétaire désireux de garder l’anonymat mais désireux de le vendre pour au moins un million de US$… Après avoir propagé cette révélation “extraordinaire”, comme il était dangereux de présenter un Buggy non restauré qui ne serait pas vraiment l’engin original, le truc c’était de le restaurer AVANT présentation et de mettre le public des idiots en haleine en diffusant sporadiquement un bilan de santé rendant compte de l’avancement de la restauration ! Devant l’ampleur de cette escroquerie, sans attendre la révélation de la fin de restauration de ce qui était prétendument le Buggy Meyers Manx du film “The Thomas Crown Affair”, Fox News a été contacté, a enquêté, et a informé que le Buggy retrouvé par miracle et attribué à McQueen, était peut-être un Meyers Manx, mais que pour le film aucun Meyers Manx n’avait été utilisé et que donc c’était une escroquerie.
Don Martin de Valley Center, en Californie, avait en effet déclaré à un enquêteur de FoxNews que la voiture attribuée à McQueen était un coup de génie raté venant de son beau-père, qui avait acheté un vieux Meyers Manx à son voisin nommé Don Graves, un vendeur de motocyclettes impliqué dans la scène off-road, à l’époque où Steve McQueen grattait ses démangeaisons du désert avec l’aide d’un mécanicien de l’équipe Don Mitchell, qui avait vendu le Meyers Manx à Don Graves (vous suivez toujours ?), McQueen n’ayant donc absolument pas utilisé et possédé de Meyers Manx !!! Don Martin de Valley Center avait donc hérité du Buggy de son beau-père, qui l’avait acheté à Don Graves et avait concocté une “affaire” qui pouvait être très profitable…
Selon Don Graves, Don Mitchell a affirmé que McQueen l’avait conduit quelques fois, mais c’était faux, en réalité Steve McQueen avait commandé en 1969 un Buggy au célèbre spécialiste des véhicules tout-terrain Con-Ferr filiale de Solar Plastics Engineering. La lettre originale de McQueen envoyée à Con-Ferr spécifiait qu’ils devaient s’inspirer de la ligne du Meyers Manx avec une carrosserie blanche, un intérieur beige, un éclairage légal, un moteur VW de 85 chevaux sans silencieux et des pneus les plus larges possibles, la documentation de suivi montrant qu’une transmission automatique à 3 vitesses avait été installée, ainsi que des amortisseurs Koni, des freins à disque avant provenant d’une VW Karman Ghia, le devis final étant de 3,612.51 US$.
Il s’est avéré que Steve McQueen ne l’avait pas acheté avec l’intention de faire du cross-country ou même de le conduire en rue, ni même pour l’utiliser dans “L’affaire Thomas Crown”, Don Graves a dit à Martin qu’il était destiné à servir pour “Yucatan”, un film que McQueen avait en pré-production à l’époque, mais qui n’a jamais été fini. Pourquoi McQueen aurait-il cherché à présenter un autre Meyers Manx dans un film juste un an après la célèbre scène de “L’affaire Thomas Crown” où il a sauté et dérivé à travers les dunes de Crane Beach Massachusetts avec Faye Dunaway ?
Le biographe Marshall Terrill a d’ailleurs affirmé que le scénario de “Yucatan” correspondait à un projet que McQueen avait en tête et qui selon lui allait être l’un des plus grands films jamais réalisés, c’était un film d’aventure et d’action à propos d’un expert en sauvetage marin enrôlé à la recherche de trésors cachés au fond de puits profonds dans une ancienne ruine mexicaine. Il comportait une scène de poursuite automobile au volant du Buggy Con-Ferr qui devait faire ressembler celles de “The Great Escape” et de “Bullitt” à un sermon de dimanche à l’église, raison pour laquelle le Buggy “Con-Ferr” a finalement été équipé d’un moteur Corvair 6 cylindres (aucun Meyers Manx n’en a jamais été motorisé) et peint en rouge parce que : “ça donnait un meilleur rendu filmographique”…
Les pièces de ce puzzle semblent bien s’emboîter, “l’art conceptuel” du film “Yucatan”, imprimé dans le New York Times en 2006, décrit tout cela et dépeint des centaines de motos roulant à travers une plaine désolée en ce compris le Buggy Con-Ferr. Malheureusement, après l’échec financier du “film d’amour” de McQueen : “Le Mans”, le projet “Yucatan” s’est effondré, les quelque 1700 pages de notes et de “scénarimages” créés par son équipe de développement ont été placés dans un coffre et stockés pendant des années, comme l’Arche d’Alliance d’Indiana Jones, jusqu’à ce qu’ils soient découverts des années après la mort de Steve McQueen, dans les années 1990, par son fils Chad.
Le jeune Chad McQueen a alors travaillé avec les poids lourds d’Hollywood pendant des années pour transformer le matériel découvert, en un film devant se nommer “Yucatan”, avec Robert Downey.Jr dans le rôle principal. Chad a dit que c’était un film nécessitant au moins 200 millions de dollars de budget : “Je serais ravi de le voir se produire un jour afin que la vision de mon père, Steve McQueen, puisse finalement se dévoiler”, mais cela n’a aboutit à rien, même si l’écrivain de “Pirates des Caraïbes”, Terry Rossio a été amené à participer au projet un an plus tard, c’est la seule et dernière fois qu’il y a eu des nouvelles “importantes” à ce sujet, donc on ne sait pas quand ce film se fera (ou pas)…
Pour en revenir au Buggy attribué faussement à Steve McQueen, il avait été mis en vente lors des enchères Mecum en 2013 avec d’autres articles McQueen, mais il n’a pas réussi à trouver un acheteur puisque l’histoire de ce Buggy était plus que trouble ! Ce Buggy ne sera jamais la voiture de McQueen, ni dans sa vie, ni dans sa mort, l’authentique a été détruit dans une casse automobile, il ne sera non plus jamais vedette de substitution sur le grand écran du film “Yucatan”, mais c’est un des artefacts existant qui aura fait le plus saliver les margoulins de la planète, c’est le Meyers Manx le plus légendaire des vrais-faux décelés, ce qui n’a peut-être pas d’importance du tout !
Il en existe une réplique fabriquée en un mix Belgique/Royaume-Uni : le Solar Crown, une espèce de tromperie bis, une réplique du Buggy du film “L’affaire Thomas Crown”, qui n’est pas un Meyers Manx, juste un clone de rien du tout qui est éternellement à vendre 40.000 €uros, un prix stratosphérique pour un vieux châssis VW-Cox flanqué d’une simplissime carrosserie “baignoire” obtenue en un seul moulage ! La publicité réalisée pour le vendre est elle aussi basée sur la tromperie et la vanité : “Qui n’a jamais rêvé de piloter le Buggy Manx spécial de Steve McQueen dans L’affaire Thomas Crown ?”…
Se revendiquant “Grand fan de McQueen”, le Bruxellois Mohamed El Khnati, auteur de cette belle farce et attrape est un garagiste qui se prétend collectionneur de tout ce qui se rapporte au célèbre acteur et à ses films, mais il lui manquait ce fameux buggy ! Alors le garagiste-collectionneur a tout bonnement décidé de s’en fabriquer une réplique dans le but de le vendre en série limitée et en 2010, le Bruxellois a prétendu relancer la fabrication du Buggy culte sous la marque Solar Crown, remplaçant le moteur Corvair par celui d’une Coccinelle ! Il n’y aura qu’un seul exemplaire !
Well I went to bed in Memphis… And I woke up in Hollywood… I got a quarter in my pocket… And I’d call you if I could… But I don’t know why… I gotta fly…
I want to rock and roll this party… I still want to have some fun… I want to leave you feeling breathless… Show you how the west was won… But I gotta fly… I gotta fly…
Like Steve McQueen… All I need’s a fast machine… And I’m gonna make it all right… Like Steve McQueen…Underneath your radar screen…You’ll never catch me tonight…
I ain’t takin’ shit off no one… Baby that was yesterday… I’m an all American rebel… Making my big getaway… Yeah you know it’s time…I gotta fly…
Like Steve McQueen…All I need’s a fast machine… And I’m gonna make it all right… Like Steve McQueen… Underneath your radar screen…You’ll never catch me tonight…
Like Steve McQueen… Like Steve McQueen…
We got rock stars in the White House… All our pop stars look like porn… All my heroes hit the highway… They don’t hang out here no more…
You can try me on my cell phone… You can page me all night long… But you won’t catch this free bird… I’ll already be long gone…
Like Steve McQueen… All we need’s a fast machine… And we’re gonna make it all right… Like Steve McQueen… Underneath your radar screen…
You’ll never catch us tonight…
Like Steve McQueen… All we need’s a fast machine… And we’re gonna make it all right… Like Steve McQueen… Underneath your radar screen…
You’ll never catch me tonight…