Ahhhhh, la Clénet, cette “voiture” voulait rappeler les années 1930 par son allure, mais utilisait des dessous contemporains (il s’agissait d’un bricolage entre un châssis Lincoln MkIV et des pièces de carrosserie de MG Midget).
A l’origine de cette entreprise, on trouvait Alain Clénet, fils d’un garagiste angevin, expatrié aux Etats-Unis, ou, beau gosse, un peu gigolo, il a pu survivre de quelques femmes (double sens à méditer) tout en galérant de mauvais jobs en jobs pires encore, avant de se retrouver dans les bureaux de design de divers vrais grands constructeurs.
Franchouille et jobard, il s’est inventé une vie de Play-boy bientôt milliardaire, affirmant sortir, manger et nager avec le super big-boss d’un grand constructeur qui était sur le point de lui confier le design d’une série extraordinaire d’automobiles…
Il a toutefois eu une idée plus “durable” en discutaillant le bout de gras avec un propriétaire d’Excalibur qui se plaignait de la rusticité des Séries I, II et III, sans vitres électriques, avec un système complexe et peu pratique de “capotage”… et il a dessiné sur la nappe du snack, une Lincoln Berline MK IV, avec la calandre à l’ancienne au niveau du train avant et le reste de la carrosserie remplacé par celle d’une MG Midget pour en utiliser la cellule avec portes, pare-brise et coffre (les éléments les plus complexes à fabriquer)…
Il a acheté une Lincoln MK IV et une MG Midget d’occaze et s’est mis à tout découper…, le résultat était émouvant : un roadster à l’allure kitch et néoclassique…, restait à convaincre Hollywood.
Le bougre a réussi…, les gens ne voyaient pas la MG Midget ainsi embourgeoisée, allongée, kitchissime… et le bagout franchouille d’un “si beau mec” a fait le reste…, Alain Clénet a ainsi acheté et désossé 250 Lincoln MK IV neuves, revendant la carrosserie aux mêmes concessionnaires ou il les achetait : pour les pièces de carrosserie, sauf la calandre… et aussi 250 MG Midget plus ou moins potables, sauf qu’à la fin de la “Séries I”, les pôvrettes étaient souvent des épaves…
Toutefois, nombreux sont ceux qui se sont engouffrés dans la brèche, alléchés à l’idée de faire passer un simple assemblage de pièces de récupération pour une voiture aussi luxueuse qu’une Rolls-Royce aux yeux des stars californiennes, béotiennes en matière automobile…, moins chères ou mieux finies, les concurrentes de la Clénet ont alors pullulé… telle la Phantom Corsair, copie de Clénet, elle même évocation sans style précis des lignes des années trente.
Alain Clénet a voulu monter en gamme avec une 4 places dont la cellule habitable provenait de la VW Cox, les clients ne voyaient pas que cette merveille était une VW Cox de folie, malgré les portes, vitres, et la capote…
Après une centaine de “Séries II”, Alain Clénet qui commençait à souffrir de manque de liquidité (une vie faste, une épouse américaine dépensière), a lancé une troisième Série (l’Asha) qui s’est époumonée à la vingtième fabriquée…
Une entreprise est dite en faillite lorsqu’elle ne peut plus honorer les dettes qu’elle a contractées, c’est-à-dire que sa trésorerie où ses actifs immédiatement cessibles (comme des parts de sicav monétaires, par exemple) ne suffisent pas à couvrir les échéances de remboursement.
Le terme juridique le plus approprié en droit français est celui de cessation de paiements…, c’est dans un délai de quarante-cinq jours après la constatation de cette cessation de paiements que l’entreprise doit informer de la situation le tribunal de commerce : c’est ce qu’on appelle le dépôt de bilan…, faute de quoi, la cessation de paiements pourra être constatée à l’initiative d’un créancier qui n’a pas été remboursé, du ministère public ou du tribunal lui-même.
Parfois, un Etat peut aussi se retrouver en faillite, on utilise alors le terme “défaut de paiement”…, dans ce cas, il va d’autorité décider de ne pas rembourser une partie de sa dette…, cette pratique était courante en France sous le régime de la monarchie… et la faillite du pays sous Louis XVI est considérée comme une des causes principales de la Révolution française.
Plus récemment, des pays comme le Mexique, la Russie ou l’Argentine (en 2001) ont connu le défaut…
Il existe aussi en France une procédure dite de rétablissement personnel, souvent appelée faillite personnelle…, elle va permettre aux contribuables souffrant d’un surendettement très grave d’effacer leurs dettes, mais cela se traduira aussi par la vente de tous leurs biens, hormis ceux indispensables à la vie courante…, voilà, voilou, vous avez compris que Alain Clénet s’est cassé la G…
Après la faillite de Clénet en 1980, Alfred DiMora qui y avait œuvré comme ouvrier, puis comme bonimenteur, avant de partir créer une marque concurrente utilisant les mêmes recettes : la Gatsby Griffin Sceptre…, créa le “Club Clénet”, destiné à tous les amateurs de cette auto, possesseurs ou non (c’était pour percevoir le montant tacitement renouvelable de l’adhésion annuelle)…, il s’est ensuite positionné dans “le grand monde” en proposant ses sévices (services) aux 500 et quelques propriétaires d’un des 3 modèles de cette marque confidentielle de voitures néo-classiques.
Avec grand “tra-la-la” (comprenez : avec un certain faste et un goût très américain de la démesure), il a commencé par refabriquer des pièces en plastique de carrosserie, puis a fait refabriquer l’accastillage chromé typique en Thaïlande… et s’est ensuite lançé dans la fabrication d’une poignée de “Séries IV” (une “Séries I” simplifiée)…
Il est devenu Play-boy, body-builder, bronzeur-es-place, gigolo… le beau-gosse roulant carrosse exclusivement en Clénet… faisait passer le Grand Alain comme un ex-associé qui avait du partir au loin, poursuivi par le Fisc, la Mafia, et divers fournisseurs… le laissant seul, lui, Alfred, pour tenir la barre…
De fil en aiguille il s’est retrouvé avec des clients vendeurs de leur Clénet… et avec d’illustres inconnus qui voulaient en acheter une…
Comme c’était plus simple de revendre les authentiques Clénet que “ses” Clénet de substitution sur lesquelles la patte du Grand Alain ne s’était jamais posée… et vu qu’elles ne tenaient pas bien la distance (elles se “cancérigènaient” avec le temps), Alfred s’est converti en fabricant patenté, affirmant qu’il avait repris les droits de fabrication et Tutti Quanti…
Mais, les Clénet n’étaient plus “Up-To-Date”, il lui fallait trouver une idée pour maintenir son nouveau (grand) train de vie…, il a fait venir des Holden Australiennes, en version Pick-Up, pour les modifier en Kustom-Cars… puis il s’est essayé dans les Choppers…
Enfin il a tenu en haleine un certain public américain avec le développement d’une extravagante et chimérique limousine inspirée de la berline Maybach, mixée avec le concept présenté officiellement au public en mai 2005 à Berlin, résultat d’une demande du fabricant de pneumatiques Fulda… ce monstre était motorisé par un V12 biturbo de 700 chevaux permettant d’atteindre 350 km/h… mais pas celle d’Alfred…
Alfred à nommé son projet de voiture chimérique : la Natalia SLS 2, une limousine à deux millions de dollars, équipée d’un V16 de 1.000 chevaux (tout aussi chimérique) ! L’annonce de ce nouveau modèle n’a pas surpris ceux qui connaissaient le passif d’Alfred DiMora…, celui-ci, qui était en effet devenu importateur temporaire Hennessey à Dubai (en réalité il était simple vendeur dans un garage de luxe)… et est revenu à la surface aux USA, avec cet extravagant projet.
Son but : tout simplement devenir milliardaire en fabriquant et vendant la voiture la plus chère au monde (le 2 de son matricule SLS signifie deux millions de dollars), avec une liste d’options aussi longue que saugrenue.
Il a de suite prétendu que son point mort dans ce grandiose projet d’avenir était déjà passé… la notion de point mort désigne généralement le niveau minimal de chiffre d’affaires qu’une entreprise doit atteindre pour couvrir ses charges d’exploitations… autrement dit, si elle réalise un chiffre d’affaires inférieur, elle sera en perte ; si elle réalise ce chiffre d’affaires, son résultat sera nul ; enfin, si elle réalise un chiffre d’affaires supérieur au point mort, elle réalisera des bénéfices.
Cette notion est particulièrement importante dans les activités industrielles et/ou marquées par des coûts fixes importants…, par exemple, si une entreprise veut se lancer sur un nouveau marché, elle évalue son point mort (le niveau de chiffre d’affaires à partir duquel elle devient rentable) et doit ensuite analyser si la réalisation d’un tel chiffre lui semble facile, simplement probable ou irréaliste, pour décider d’engager les coûts ou non.
Dans les entreprises en démarrage (start-up), la notion de point mort est un peu différente…, partant d’un chiffre d’affaires nul, elles commencent toujours par des pertes…, on parle parfois d’un point mort à cinq ans : cela signifie qu’il faudra cinq ans pour que la somme des résultats annuels cumulés (les pertes des premières années, puis les bénéfices) soit ramenée à zéro…, cela donne une indication aux investisseurs concernant la durée à attendre avant de juger de la viabilité de leur investissement.
La presse en a fait écho… quelques gogos ont envoyé des chèques… aucune plainte n’a été déposée pour acomptes payés non suivis d’effets… rien, le vide abyssal, Alfred était un fantôme et on ne sait pas remettre des assignations à un fantôme… en fait rien n’était réel, tout n’était qu’un montage-web dont l site affichait quelques photos d’Alfred en personne occupé à poncer ce qui devait être une partie de carrosserie attribuée à la Natalia SLS2…
Alfred n’a jamais calculé et travaillé de la sorte (gag !), tout, absolument tout était virtuel et bidon… que de l’enroule… il s’est contenté de faire dessiner des projets mirobolants sur ordinateur, changeant la couleur du dessin de la carrosserie, les fonds d’écran (version ville et campagne, hiver et été), bref, du grand n’importe quoi, en ce compris une magnifique vue éclatée pompée sur la Maybach…(Sur les photoshop’s, le “designer” a oublié d’effacer le sol au travers de la custode de la DiMora Natalia SLS2)
Si aujourd’hui ce projet est au point mort, Alfred DiMora est récemment revenu sur le devant de la scène avec deux modèles (cet amateur d’effets d’annonce ne peut faire moins), l’Adina et la Vicci…, en effet, début d’année 2014, coup de tonnerre… Alfred a présenté sa nouvelle voiture révolutionnaire, la DiMora Adina… qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à la Clénet Roadster “Séries I”, coqueluche d’Hollywood dans les années 1970 : on y retrouvait la même ligne générale, ainsi que les faux échappements chromés sortant du capot, évocation d’une puissance mirobolante… telle celle de l’Excalibur, qu’Alain Clénet considérait alors comme une de ses principales concurrentes.
Concession à la modernité, l’Adina troquait le poussif V8 Ford de la Clénet au profit du V8 LS3 de 431 chevaux emprunté à la Corvette… l’Adina devait être basée sur un châssis inédit…., son équipement s’annonçant à la hauteur du kitch de la carrosserie, avec profusion de bois italien sur la planche de bord et une moquette en laine épaisse… tout était à nouveau bidon, ce n’était qu’un vieille Clénet “Séries I” repeinte !
Quelques mois plus tard, Alfred frappait un second grand coup, qui là, lui…, euhhhhh, qui devait révolutionner le monde, c’était un autre modèle, la Vicci, qui semblait plus inédit, sa carrosserie rappelant (selon lui) les Talbot Lago ou certaines créations de Pourtout dans les années 1930…, en réalité, c’était encore un de ses vieux Kit-Car des années Clénet, une vieille concurrente…, la Gatsby Griffin Sceptre, Alfred avait retrouvé une épave dans une casse et l’avait “retapée”, puis a affirmé qu’il avait créé une nouvelle voiture plus élaborée encore que “ses” Clénet…, alors que le fameux châssis sophistiqué était celui de l’époque de ce bitza, mi-Lincoln MK IV, mi-n’importe quoi…, mais la voiture avait belle allure !
Elle allait être selon Alfred, disponible en coupé comme en cabriolet, chacune basée sur le même châssis que l’Adina (sic !), pouvant également recevoir le V8 LS3 de la Corvette mais aussi le V8 LS9 à compresseur Eaton de 638 chevaux, issu de la Corvette ZR1… et ce n’est pas tout (gag !), deux boîtes automatiques, à quatre ou six rapports avec palettes au volant, ainsi qu’une transmission manuelle à six rapports, seraient disponibles.
Un Chinois passant par hasard l’a cru sur parole et s’est mis en tête d’en faire une oeuvre d’art… le pôvre kit-car s’est retrouvé peinturluré de couleurs vives et exposé comme étant : “La plus extraordinaire automobile sportive de tous les temps”…
GPS, caméra de recul, planche de bord en fibre de carbone et intérieur en cuir italien y ont été de série… la carrosserie en matériau composite étant (toujours selon Alfred), fabriquée selon un procédé baptisé Alurock (sic !)…, il semblait donc qu’Alfred DiMora abandonnait la carrosserie en fibre de basalte Barotex (re-sic !), envisagée sur la Natalia SLS 2…, un vrai choc !
Aucun tarif ni date de commercialisation n’ont été avancés (gag !)…, encore fallait-il pour cela que le projet aboutisse… et qu’Alfred trouve d’autres Kit-Cars de Gatsby Griffin…, mais le Grand Alfred a alors affirmé que la DiMora Vicci avait été vendue 1 million de dollars (avec sa peinture chinoise) et qu’une seconde était en chantier et pré vendue également 1 million de dollars…, incluant l’habitacle dérouillé d’une MG Midget récupérée chez un casseur, avec ses portes, fenêtres, pare-brise…, Dieu est sûrement de son coté !
Sans doute que ses investisseurs de DuBaï et Hong-Kong lui en veulent pour je ne sais quoi et qu’il cherche à se venger…
Quelques mois vont passer et… troisième coup de tonnerre, cette fois c’est le summum, Alfred n’a pas vendu la seconde Kit-Car Gatsby Griffin…, mais Dieu est avec DiMora…, Dieu est en lui et s’est incrusté dans sa tête pour qu’il écrive quelques prophéties ou Israël tient une place de choix…, regardez les vidéos, c’est hallucinant !
Alfred, propose rien de moins que le téléchargement de son livre de prophéties, les prophéties de la Bible sont vraies, le “Saigneur tout puissant”, selon Alfred (et Dieu dans sa tête), arrivera à Hollywood au volant d’une DiMora Grand Sport Adina…
À ce moment tout se réalisera, tout ce qui s’est transmis d’une génération à l’autre…
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