Le grand machin…
Drogué et traîné de force par des ami(e)s (qui ne le sont plus), lors d’un dîner…, vers ce truc insipide que je refuse catégoriquement de comparer à une automobile extraordinaire, j’exclus toute participation et toute responsabilité à sa vision imposée.
Il me faut vous dire aussi que j’aurais dû voir le piège venir.
Attablés avec des amis/amies, paisiblement à la terrasse d’un sympathique petit restaurant, on me murmure soudain à l’oreille : “C’est-y pas une Excalibur là-bas derrière toi ?”.
Ah, quelle crédulité de ma part !
Et quel instant funeste aussi, quand, l’œil fébrile et intrigué, je me suis retourné pour faire face à un engin apocalyptique et accomplir enfin mon destin…
C’est vrai qu’ensuite, mon verre de Saint-Émilion avait un drôle de goût, mais, sur le coup, je n’y avais pas vraiment prêté attention.
Me voilà donc, reprenant conscience dans la nuit bientôt obscure (sic !), à l’exact instant où j’aperçois cette bizarrerie assez pathétique !
Je dois avouer que, pendant quelques secondes, la rétine floue et encore tout abasourdi par les tranquillisants, j’ai cru qu’un quidam quelconque avait réussi à croiser une Excalibur avec une Clénet.
Que nenni : c’était bel et bien une espèce d’horreur au style gnangnan…
Son conducteur, pas insensible à mon étonnement mâtiné d’un profond dégoût envers l’espèce humaine capable de réaliser de telles bêtises…, m’a apostrophé et débité un discours clichetonneux au possible, genre faut vivre sa vie, faut aller de l’avant malgré tout : “J’aime, la vie, j’adore l’automobile”, bla-bla-bla…
Du baratin complètement inoffensif, inintéressant, raplapla, auquel il est impossible de se passionner et qui ne donne aucune envie d’y croire alors que je fonctionne, justement, sur la croyance d’une émotion ou d’une esthétique particulière.
Rien de tel ici : cet engin au look sans saveur, n’était pas émouvant une seconde (ni les autres secondes et minutes, d’ailleurs), sans parler d’une musique insupportable et omniprésente (petites notes de piano affligeantes), sortant de l’habitacle en cuir d’autruche rouge sang !
J’étais (encore une fois) victime d’un non-événement mal amené, mal exploité et tout simplement ennuyeux…. dont vous allez vous contrefoutre royalement !
Je me dis, naïvement sans doute, que l’auteur de ce bitza doit être un grand malade schizophrénique.
Au moins ai-je eu le mérite d’aller au bout de ce machin sans commettre l’irréparable (ahhh, les joies de la scie sauteuse)…
Tout cela est-il bien raisonnable ?