Le Kustom Russe m’a couté 39.000€ la nuit, durant le Festival du film 2013…
39.000 euros la nuit, c’est le prix du luxe absolu dans le Penthouse Majestic, l’une des plus belles suites de Cannes, avec sa piscine privée dominant la baie…
Pas mal non plus : la suite Sean Connery de 380 m2 de l’hôtel Carlton, proposée à 20.000 euros la nuit.
Le prix des chambres pour les ploucs, durant le festival du Cinéma, s’étale en moyenne entre 400 et 800 euros, sachant qu’il faut rester au minimum 8 nuits consécutives, ce qui alourdit considérablement la facture…
Les hôtels cannois font 15 % de leur chiffre d’affaires annuel pendant le Festival.
Ça te dit d’aller à l’Anonyme, une boîte échangiste, enfin, ce soir vers minuit, parce que là, c’est un peu tôt ?… me demande Viktor Litchensky un Kustomizeur Russe rencontré à Moscou il y a quelques semaines…Je vais donc revoir ce fantastique personnage à Cannes, dans le cadre du Festival du film, dans cette Sodome azuréenne, sans que cela ne suscite plus guère d’étonnement.
Je pense d’abord décliner poliment l’invitation, mais, imaginant avec effroi la fureur des internautes (qui me lisent avec avidité)…, s’ils se rendaient compte que je refuse de participer corps et âme à l’une des multiples manifestations croustillantes et insolites qui font leur bonheur lorsqu’ils se masturbent en lisant mes aventures…, je suis illico déterminé à brûler les chandelles cannoises par les deux bouts pour leur faire plaisir.Je me présente à une heure indue, en tenue correcte mais virile, devant L’Anonyme…, un temple du candaulisme local dont le site internet garantit qu’il est “un lieu infréquentable pourtant si bien fréquenté”.
Quelle n’est pas ma joie, en plongeant dans les entrailles du club libertin, de croiser des bourgeoises à cravache fouettant et branlant des personnalités menottées.
On m’informe de suite que, le temps du festival, l’endroit sert aussi d’écrin houellebecquien aux fêtes d’après-projection. Heureusement, l’esprit libertin n’a pas totalement déserté le club, puisque la foule se montre moins guindée que sur le tapis rouge, les convives les plus canailles sachant même faire bon usage des équipements mis à leur disposition : barres de strip-tease, cage et piste de danse surélevée en Plexiglas, sous laquelle s’amassent les mateurs-branleurs…
Pour être tout à fait honnête, j’espérais que la fratrie me déride dans un festival aux sujets pas toujours joyeux (la prostitution juvénile, la psychothérapie d’un Indien névrosé, les familles dysfonctionnelles, ce genre de choses…). Je ne suis pas déçu avec cette plongée dans le glauque, accueilli par une rafale de gloussements de femelles œuvrant de canapé en canapé en attendant des jours meilleurs…, me donnant l’idée d’écrire une chronique de la dèche, assortie d’improbables séances sado-maso au travers d’une subtile réflexion sur les aléas du succès et de l’échec.
Un ange et un diablotin viennent alors se poser sur mes épaules. D’un côté, le démon me montre des images de cocktails enivrants et de filles sublimes se mouvant dans un décor propice à tous les fantasmes…, de l’autre, le séraphin me projete le visage sévère de mon ange gardien qui se désole depuis quatre jours de ma perdition cannoise. Belzébuth remporte la bataille. Inutile sans doute de préciser que le reste de la nuit sera un nouveau suicide professionnel
Derrière le strass et les paillettes du Festival de Cannes se dessine ainsi en filigrane la critique somme toute classique de la superficialité obligatoire des gens des scènes.
Pour des raisons psychologiques évidentes, mon marathon sexuel commencé quelques heures avant m’amène des idées luminescentes, quoique perverses, qui fusent dans mon cerveau et je n’ai pas assez de mes dix doigts pour les noter. Du coup, je n’ai rien noté…
La salle est pleine d’odeurs suspectes, chaque mouvement du public épars présent sur la piste se termine par des hurlements. Dès mon arrivée, j’avais pris conscience d’une réalité : j’étais la seule personne de l’établissement à avoir une définition du hardcore, qui n’avait rien à voir avec celle des personnalités dénudées.
Je profite d’un moment d’accalmie pour parler avec le président du collectif à l’origine de la soirée qui se dit très déçu du public présent : – Il y a toujours eu des hauts et des bas, mais en ce moment, c’est vraiment pas génial.
– OK, pourquoi ?
– L’image qu’on renvoie…
– Quoi d’autre ?
– Ce qui m’énerve, c’est qu’ils se foutent de la gueule du monde…
J’ai l’impression que des escadrons de B52 lâchent des bombes à fragmentation sur des chatons aveugles et que tous les dictateurs de l’histoire viennent de ressusciter…, mais tout rentre dans l’ordre 10 minutes plus tard quand je prend conscience que les civilisations mondiales sont toujours debout.
Je remarque alors qu’il y a deux fois plus de monde : je retrouve tous mes nouveaux amis : chaque coup que je reçois, chaque fois que mon coude heurte les dents d’un inconnu, j’ai le sentiment que le hardcore est la seule chose qui compte à Cannes…
Un gars ressemblant à Léonardo DiCaprio m’explique que son but est de s’amuser tout en étant violent., à ce moment-là, l’idée de le frapper au visage pour sceller notre amitié me traverse l’esprit, mais je décide de le laisser dire ce qu’il a sur le cœur : – Je suis conscient que tout le monde n’aime pas forcément ce que je joue…– Il y a quelques années, vos fan’s portaient des shorts de caillera, des casquettes “Aviator” et avaient des tatouages partout. – Aujourd’hui ça s’ouvre de plus en plus. Des fan’s qui n’ont pas du tout ce style vestimentaire commencent à m’aimer…
– Presque toutes les personnes auxquelles j’ai parlé ce soir, ont abordé la notion de violence. J’ai accosté divers joyeux lurons pour tenter de me convaincre que parmi les personnes présentes, certaines n’étaient pas venues uniquement pour le plaisir de se foutre sur la gueule. – C’est pour se défouler et de dégager la pression, autrement dit, de se latter entre amis. – Dès cet instant, je décide de ne plus faire confiance à personne.
– J’ai théorisé ce concept que je nomme la violence positive. Peu importe que ce soit politisé ou pas, il s’agit d’une sexualité fédératrice et sans restriction.
J’ai cru un moment que la folie Cannoise s’était définitivement emparée de mon âme, quand j’ai entendu des tambours battants sourdement au loin, j’ai alors commencé à balancer mes bras dans tous les sens avant de me jeter au milieu d’une fosse d’individus imaginaires. J’ai ouvert les yeux pour apercevoir un homme sain et souriant vêtu de blanc et synthétisant dans son sourire, un maximum de vitamine D, soit l’exact opposé de ce que j’avais vécu jusque-là :– Viktor Litchensky, putain, je désespérais de te voir !
On est tous d’accord sur le fait que le concombre est un splendide objet sexuel, ainsi qu’un met fabuleux accompagné de vinaigrette ou de guacamole. Ce cucurbitacée avait aussi semé la terreur il a quelques années en Europe, en se révélant porteur de bactéries dangereuses pour les consommateurs. Mais on sait moins que ce légume est aussi le représentant d’un atelier de design spécialisé dans le Kustom Russe, qui, en plus d’avoir des potes actifs, sort régulièrement une sacrée compilation de bagnoles, bordéliques mais généreuses, frôlant le décharné bien nerveux, en passant par quelques réalisations de bonne augure.
Bon, Viktor, le chef de ce gang a du se dire que ça faisait un peu trop, et qu’il fallait cadrer les choses. Alors, il m’a passé un message, un appel à publier ses virtualités. Au menu donc : fin du monde, guerre nucléaire, extraterrestres et blondes sexy découpées en morceau.
Sinon, le mec qui tient le crachoir, c’est un pote à moi, il m’a fourni en putes, drogues et appart’ à Moscou pour un an, donc je suis obligé d’en parler.
Ses accointances avec le Kustom américain ne sont plus à prouver, et j’en ai retrouvé une bonne dose dans sa dernière création, un Kustom-Rod Low-ridder apocalyptique qui pose sur une instrue bien sombre, très fun dans l’esprit, presque religieux. Et si cet engin s’inscrit logiquement dans les racines du Kustom russe, on sent que les concombres ont servi de point de départ…, ne serait-ce que la couleur !
Lunettes sur le nez, cheveux aux vents, Viktor Litchensky crache son habituel monologue anxiogène et neurasthénique sur le Kustom Russe, mais sur base d’une création étonnamment évidente, parfaitement branlée, lunaire et complètement dérouillée de manière hystérique.
Impossible de ne pas parler d’ultra classe en voyant son Kustom verdâche d’une élégante décadence, la classe dans la dépression, une divagation droguée naviguant en apesanteur qui rayonne sa mère, qui scintille comme la queue du diable…, un petit trésor qu’il me balance dans la gueule sans crier gare. Je vous jure, c’est hallucinant, génial, hypnotique à se prendre la colonne vertébrale et se l’arracher soi-même.
Les détails qui fusent dans tous les sens…, il faut le dire, cela tranche avec l’indigence habituelle…, ça parasite le cerveau… ça donne envie de chanter sous sa douche tout en aspergeant sa salle de bain comme un damné, noyé dans un bordel hystérique rendant débile au point d’avoir envie de tabasser des gens au hasard, le panard absolu. C’est beau, imparable, catchy en diable… et agressif comme la mort. On frise la perfection dans le genre, impossible de ne pas avoir les cheveux qui se dressent sur la caboche, folie pure.
Après 5 minutes, la tempête passe, j’ai en tête une mélodie désespérée sans rien d’autre autour, si ce n’est une saturation des effets chelous. Ca me fout la frousse, je suis flingué sur place, mon cerveau étalé sur l’écran de l’ordinateur…, je me retrouve avec une conclusion lumineuse en tête, à me donner envie de courir dans les champs avec des tournesols qui me fouettent la tronche.
On peut être sur d’une chose : si le gouvernement taxait à 75% la richesse et la beauté, avec cet engin, on sortirait de la crise illico.
Cet engin, c’est les planètes qui copulent avec les étoiles, c’est les fantômes qui viennent te hanter pendant que tu baises, c’est le monstre-foule qui t’enveloppe et t’étouffe alors que tu marches tranquille dans la mégalopole. Pourtant, en ce moment, les Hot-Rods métaphysiques me saoulent un peu, mais là, mon palpitant ne peut pas résister, on ne peut que se prosterner devant la perfection du tout.
Voilà, cher internaute qui me lit sans rien comprendre, je pourrais te parler du cul de mon chat que j’écrirais pareil, c’est trop fou… Quoi de mieux que la connerie littéraire en ces temps barbouillés de stupre ?
L’extraordinaire Kustom de Viktor est tout aussi virtuel que ce texte… et ce que je narre avec l’appétance d’un f… de g… total….
Mais que cela soit pour l’amour des concombres, du Hot-Rodding chelou ou de la fin du monde…, toutes les excuses sont bonnes.
Toujours est-il, que la base utile pour en arriver là, correspond à la voiture ci-dessous, Russe, elle même pompée sur une Opel…
Non…, en fait, j’en ai rien à f… de tout ça…, il faut absolument pécho le bordel, ne serait ce que pour avoir l’impression, enfin, d’être heureux dans sa vie.