Le paradis céleste des kustomeux !
Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant rit, tant été moi (en hiver), pour rien…
Personne ne me paie, personne ne me remercie, mais pire, personne ne pense que dans chacun de mes road-romans, j’ai du y passer du temps, qui, comme le dit l’adage : est de l’argent (le temps qui passe), apportant à chaque récit : de l’originalité, du rythme, de la vitesse et une quantité hallucinante de situations hallucinatoires qui hallucinent à la façon des Monty-Python, San Antonio ou Audiard.
On y découvre souvent la face immergée d’un iceberg torride traversée par des affrontements impitoyablement comiques.
Les protagonistes sont parfois des gens obscurs qui tissent dans l’ombre le destin fabuleux de thrillers érotico-satiriques, peuplés d’incroyables personnages féminins.
Ce sont des missiles en prose où la musique inaudible (sauf quand j’ajoute une vidéo) est d’un humanisme exacerbé…
Mais, ce ne sont pas seulement des histoires de point A et de point B.
Le tout ensemble, c’est une manière d’être, une philosophie, une présence au monde, c’est Giordano Bruno et Audiard remis dans une même plume, lue après l’amour sous le ciel étoilé.
Le sexe ?
Homo/hétéro/trans, selon la météo des pages qui défilent sous le regard médusé des lecteurs et lectrices hébétés de tant de folie.
Il est vrai que je m’amuse comme un fou à hacher la syntaxe désossée de ceux qui malmènent la langue française au fil de récits résolument loufoques, parfois fuligineux, accessoirement didactiques et souvent très crus.
Un condensé de comédie humaine brossée au vitriol, sans complaisance ni crainte de froisser les susceptibilités…
Lisez-moi et le monde vous paraîtra plus agréable.
Alors que, presque tout le monde s’inquiète désormais de la déforestation et de la fonte des glaces, de la crise et des guerres inutiles, je compose des cocktails qui préludent aux fous rires, ce qui fait toute la force de mes thriller histoires parfaitement dingues et radicalement hilarantes.
En tout cas, tous les prétextes sont admis dans cette chasse au bonheur érotico-satirique.
Un jour, lorsque Bob et Steve se sont aperçu qu’il s’ennuyaient copieusement, ils ont rêvé de larguer les amarres.
Il était temps, pour eux, d’aller écurer un monde féerique de long en large, à bord de Kustoms dévorant la plaine, à 55 miles à l’heure pour draguer des dindes.
Depuis 2006, jours et nuits calés dans leurs garages respectifs, ils ont laissé s’épancher les flots de lave d’une création incandescente qui jaillissait et qui sonnait dans leurs têtes comme du Dizzy Gillespie et du John Lee Hooker mélangés…
Tout cela dans un déferlement volcanique, une transe, un fabuleux swing de soudures qui ricochent, feulent, dansent, crépitent…, comme deux jazzmen hystériques soufflant un long blues pendant une jam-session : tempo d’enfer et riffs étourdissants : le paradis céleste des kustomeux !
Dans une transcendance infernale, quoique pitoyable en comparaison des grandes questions existentielles sur le pourquoi du comment, ils ont ainsi essayé de répondre à quelques questions que se pose depuis des lustres l’ensemble les éditorialistes et journaleux de Nitro (un mag’d’horreurs kustomizées qui fit mon bonheur du temps ou je croyais encore que mon mag’Chromes&Flammes allait changer le monde)… : Est-ce que Quelqu’un montrera un bout de son visage pour sauver l’inhumanité humaine ? Est-ce que le Kustom est soluble dans la Budweiser ? Qu’est-ce que ça signifie de faire un grand pas en avant lorsqu’on est au bord du gouffre ?
Ahhhhhhhhhhhh !, me souvenir de mes chevauchées superficielles à travers la France profonde, dans les convulsions de récits qui tiennent du roman voyageur, du Cowboy franchouille underground, de la quête initiatique et de la copulation mystique avec un imaginaire démesuré.
C’était superbe de rouler pied au plancher pour faire hurler le vent tandis que les paysages se déroulaient comme un parchemin : prairies d’émeraude au creux des vallées, rosée et nuages d’or en pleine transmutation.
Aujourd’hui, je me rends compte que c’était une expérience à la fois littéraire et spirituelle : les grands écrivains n’ont jamais été faits pour subir la loi des ahuris, mais pour imposer la leur.
Quand on ne sait pas où l’on va, il faut y aller, et le plus vite possible.
Mais où ?
Ressusciter les fantômes du Hot-Rodding et du Customizing dans un grand éclat de rire.
Tant pis pour les cons !
Il est temps que les Français découvrent la joie de l’atypisme-provocateur !
L’existence n’est intéressante que lorsqu’elle devient une fiction, c’est pour ça que je ne tiens pas mon journal intime.
C’est mieux de raconter sa vie dans des reportages : elle prend enfin une réalité.
J’observe et restitue.
J’acte tout, j’écris tout.
Les vrais reporters savent qu’écrire c’est agir, ce n’est pas le contraire de la vie, c’est la vie.
Sans écriture, pas de vie.
Les gens qui n’écrivent pas ne vivent pas.
Ne pas pouvoir écrire, c’est aussi dégradant que de ne pas pouvoir marcher ou faire pipi…
J’en viens enfin à l’histoire de Bob et Steve et leurs Kustoms…
C’était un dimanche après-midi de grand beau temps, donc un jour à ne pas mettre le nez dehors.
Un Kustomeux, s’est adressé à moi : “‘Gad’moi ça! Avec ce truc, tu prends des photos, tu fais de la vidéo, tu causes, tu vas même sur Internet ! Tu te rends compte, avec un appareil aussi petit ? Tu peux même naviguer sur les sites pornos, là-dessus. Et ce n’est pas cher. Ton prix est le mien !”…
Je lui ai répondu immédiatement, sans hésiter, sans aucune tergiversation : Mais moi, j’aime bien naviguer sur les sites de Gros Seins ! Et avec ce petit truc, on les voit tout petits, les seins !…
Je l’ai laissé planté là, pantois, avec des doutes existentiels et j’ai poursuivis mon chemin.
Je reste, à chaque fois, fasciné par cette grosse cité imaginaire que serait Kustom-City….
Là, il n’y aurait pas de feux rouges : les voitures s’arrêteraient d’elles-mêmes, les conducteurs ne seraient pas pressés, ayant déjà fait fortune dans le Kustom.
Tout le monde se parlerait gentiment, car personne ne serait fâché contre le destin.
L’étrangeté, d’une ville sans chômeurs et sans SDF.
Ici, on vivrait le Kustomising comme une religion…, la moindre des choses !
Ça compterait, ici, la politesse.
Nul trafiquant de drogue ne semblerait importuné quand on lui demanderait quelque chose.
Que serait un revendeur de drogue à Kustom-City ?
Un épicier sans cesse enrhumé parce qu’il bosserait dans la rue, contrairement aux fainéants bien à l’abri de la pluie et du froid dans leurs échoppes.
Dans cette grosse cité, quand un proxénète bousculerait des gens, il leur demanderait aussitôt pardon, craignant de s’être mis un client à dos.
Qu’est-ce que serait un proxo dans ce monde parfait ?
Un type, qui pèserait à lui seul, quelques dizaines de femmes; un monsieur qui réussirait à faire travailler les femmes pour lui, alors que la plupart des hommes travailleraient pour leur femme.
Ainsi seraient faites les femmes de là-bas : pour procréer et travailler… et les hommes pour l’amour.
Comme vous le savez, mes lecteurs chéris, dans l’univers, il y a des génies de la révolution : Marx, Freud, Einstein… et des génies de la subversion : les Elohim.
La subversion d’un Eloha (singulier du mot Elohim: ceux qui viennent du ciel) c’est du Nutella dans la purée.
En plus, j’y rajoute du gruyère.
Bon, j’y reviendrai…
Comme je dis ce que je pense, écris ce que je ressens, rapporte ce que je vois et que je ne crache pas dans la soupe qu’on me sert, j’avais donc décidé de couvrir l’évènement du siècle des siècles : la confrontation des Kustoms de Bob et Steve…
Cela ne devait rien à voir avec le concert de Montand dans une usine soviétique au milieu des années 60, que j’avais couvert avec un vrai-faux passeport avant mes vingt ans…
A l’époque, je passais ma vie à haïr la guerre mais passais mon temps à la regarder, à travers ma caméra. Aujourd’hui, en me regardant dans les yeux de certains reporters, je vois tout de suite, la différence entre la vraie et la fausse modestie.
Ce que j’y voyais, c’était mon visage dévoré par mon propre génie…
Et pourtant, je refusais de passer trop souvent devant une glace de peur de mourir de rire…
J’ai préféré rater le début des festivités.
C’est toujours comme ça que je fais quand j’ai peur de m’ennuyer.
Chercher mon chemin, ça m’occupe.
Ça doit être mon côté luciférien : celui qui apporte la lumière aux humains.
Bien fait pour ma frimousse de frimeur…, personne ne s’instruit autant qu’un reporter, dans ce bas monde.
Sandra, à qui je dois une fière chandelle pour m’avoir éclairé un jour de panne d’électricité…, travaillait à quelques mètres de l’improbable endroit, où se déroulait la concentration ou Bob et Steve désiraient présenter leurs créations….
C’était le café-restaurant qui faisait l’angle de la rue Truc et de la rue Muche.
Le papier peint du bistro était bleu, avec des fleurs blanches et rouges.
C’était un bastringue tenu par une vieille connaissance dont j’ai oublié le nom…., lui, blouse bleue et foulard rouge, les tables, nappes à carreaux blanc et rouge.
C’était le genre d’endroit où les Kustomiseux du coin adoraient déjeuner en parlant du prix d’une fixe de coke.
Sandra, la serveuse, était pharmacienne de formation, mais préfèrait travailler dans la restauration ; une polyglotte et une authentique brune, avec un pull qui montrait ses épaules rondes, les bretelles de son soutien-gorge… et ses vrais seins généreux.
Un verre par ci, un verre par là…, à la cinquième tournée, elle m’a emmené à sa chambre, qui se trouvait dans l’arrière cours de l’établissement.
Elle m’avait prise, à tort, pour Marlon Brando et fait un strip-tease d’enfer avant de me violer trois fois de suite.
Pendant l’ébat, alors qu’elle me souriait dans ses yeux bleus à tomber de beauté, je me disais : tous ces gens qui vont dîner dans les restaurants et qui subissent la conversation d’un voisin ou d’une voisine de table, s’ils étaient venus dîner ici, ils entendraient le son du ballotement des seins à mourir de plaisir de la serveuse.
Ah non, pas question de laisser passer une occasion pareille de s’envoyer en l’air.
Pas question, pourtant de me détourner de ma noble tâche : réaliser un article sur les Kustoms de Bob et Steve..
J’arrive enfin au sujet principal de cette histoire !
L’endroit était noir de monde venu admirer les créations automobiles de Bob et Steve…
Les gens semblaient avoir attendu 25.000 ans pour vivre ce moment magique.
Comme je ne supportait alors pas plus la foule qu’aujourd’hui, j’ai demandé s’il y avait une tribune pour les gens qui ne supportaient personne.
Les organisateurs m’avaient dit que non…, ils se fichaient de moi, évidemment.
Cette manie qu’ont les jeunes d’ironiser les vieux, je trouvais pourtant ça drôle quand j’étais jeune farceur, mais maintenant plus du tout.
A mon avis, et cela n’engage que ma personne : le problème dans la foule des concentrations de Kustoms, c’est qu’il y a trop de Kustoms et de cons.
Ils sont pourtant si drôles quand ils veulent et si bêtes quand ils pensent.
Ils cachent leur absence d’esprit sous un air madré, alors que leur humour est si fort quand ils font les imbéciles.
Ils s’écoutent parler, ils aiment s’indigner, ils pensent que ça leur donne de la dignité, surtout quand ça peut couler quelqu’un, car ils se sentent confrontés à la bête immonde…, tout hérissés d’une haine calme au sourire supérieur, ils poignardent l’hérétique dans son dos lourd et bleu de combattant de la liberté de pensée.
Maintenant que j’ai remis les choses à leur place (je suis un homme qui aime ranger), je continue mon récit.
Il y avait dans cette concentration, ce que l’esprit terrien a de pire : humour frivole et mécanique, bons sentiments narquois et attendrissement épais sur le temps qui passe.
Un mélange de pompe et de grotesque.
Les jurés qui avaient la mine grise des civils libanais photographiés en train de serrer la main d’un officier israélien en été 1982, n’avaient pas seulement l’art du slogan et du dialogue, ils avaient aussi celui de la dramaturgie.
Ils avaient l’habitude de faire danser les récalcitrants, ayant la haine réfléchie de grand bourgeois mis à pied comme un chauffeur de maître ayant couché avec la femme du patron.
Elle était curieuse à observer, cette cohorte de gens hésitants, mélancoliques, bizarres, troubles, interloqués et cafouillés qui, devant des bagnoles customisées, se redressaient avec fierté et jouaient les Don Quichotte du monde contemporain de l’époque.
Le pouvoir était et est toujours comme le jeu et la drogue : un plaisir solitaire..; qui rend aveugle et sourd.
Leur vie en cette concentration débile se résumait à l’interminable rédaction d’un procès-verbal, pour rectifier une réalité désolante : Les six milliards d’êtres humains ont besoin d’une bonne leçon de kustomization…
Despotes bien éclairés gardant leurs pensées pour eux, ils avaient l’air d’alpinistes ayant oublié leurs godasses et leurs piolets, mais voulant escalader quand même.
Bob et Steve ont alors entamé leur discours : Nous sommes tellement heureux d’être parmi vous, d’autant plus que c’est pour la première fois que vous nous invitez officiellement. Nous allons vous montrer toutes les subtilités de l’art du Hot-Rodding. Les valeurs américaines sont écrites dans votre code génétique. Aucun écrivain, même le plus grincheux n’a osé un jour élever la voix contre l’art du Hot-Rodding.
Cependant, aujourd’hui, les gouvernements veulent mettre fin à cette tendance naturelle en la remplaçant par le politiquement-correct. C’est la première chose à détruire si vous voulez atteindre le bonheur. Donc, notre mission, à nous, est de vous apprendre : il n’y a pas de dieu et donc pas d’enfer; il n’y a pas de frontières, pas de nations…, les noirs ne sont pas de meilleurs amants que les blancs, parce que ces derniers ont des zigounettes plus petites, ce sont des stupidités pour vous détourner de la voie qui mène au Kustomizing et au Hot-Rodding… La vérité est que l’Amérique est une puissance libérale dans un monde qui combat pour la liberté avec 180 bases militaires à travers le monde tandis que la Chine n’en possède que 2. Le budget militaire de l’Amérique est 1000 fois plus grand que celui de la Chine. Il y a 1000 bombes atomiques en Amérique pour protéger nos valeurs automobiles dont les Hot-Rods ! Prenez-en conscience. La conscience envoie des messages à beaucoup de vos neurones pour qu’ils dansent ensemble. Le Hot-Rodding est un orgasme de la conscience américaine plus facile à atteindre que l’orgasme normal. Ce devrait être un enseignement obligatoire à l’école, cela ferait une humanité plus intelligente. Lorsque vous n’êtes pas connecté aux autres personnes par le biais du Hot-Rodding, vous vous sentez tout seul, déprimé. Il en est de même pour vos cellules, elles sont toutes importantes, pensez-y ! Et maintenant place à la partouze !
Rock, Valse, Twist et Paso-doble.
Durée : vingt quatre minutes.
Une pause de trois minutes : boissons rafraîchissantes servies par une éblouissante Sandra.
L’affaire continue : Tango, Fox-trot, Quickstep et Swing.
Durée : trente minutes.
Pause boisson : cinq minutes.
Changement de partenaires féminines.
Et une troisième séance : Boléro, Merengue, Salsa et Bachata.
Durée : trente sept minutes.
Sept minutes de pause.
Quatrième et dernière séance : Lambada, Rumba, Cha-cha-cha et Mambo.
Là, je n’ai pas résisté ; j’ai fait danser Sandra.
Durée : Quarante minutes de danse caliente.
Sandra et moi avons été célébrés, vantés, flattés, caressés par un public, de plus en plus enthousiaste.
Sandra avait un sourire inondé de bonheur.
Elle était comblée dans mes bras.
Elle avait 32 ans.
Maintenant, j’ai donc le double de son âge, et elle n’a jamais été ma moitié.
L’art nie l’espace et l’âge, c’est pourquoi il est le meilleur ami des artistes !
Après les festivités, le resto était plein à craquer.
Les gens fumaient, buvaient de la bière et mangeaient de la merde.
Sandra avait les oreilles cassées par les gros mots, les insultes sexistes et les sous-entendus graveleux des pochetons perdus pour tout le monde, y compris eux-mêmes.
Le truc à ne pas faire pour une serveuse, c’est d’aller dans un restaurant avec des Kustomiseux-Kalamiteux, c’est un triangle des Bermudes dans lequel on entend des poèmes ; C’est de la pure balle atomique, mec !… Yo, c’est de la boulette !… Je dirais que ça déchire ta mère, côté braguette !…
Ha ha ha ha !
Oh, que c’est mortel comme expression !
Comme je vous le disais l’écrivais plus haut, c’est mieux de raconter sa vie dans des reportages : elle prend enfin une réalité.
Tout ça pour vous dire que vous ferez Tintin pour en savoir plus sur ces deux Kustom’s, on m’a volé mes notes… et je n’ai plus envie d’y revenir pour compléter !
@Pluche