Le tuning vietnamien…
Il ne faudrait surtout pas chercher à comparer le tuning vietnamien avec le custom franchouillard !
Certes, il lui emprunte forcément les mêmes clés, mais tout à l’inverse d’une modification générale purement psychologique comme en Franchouille, les tuneurs vietnamiens préférent réaliser une oeuvre dantesque, démesurée, une farce qui s’inspire beaucoup de l’art grotesque, allant jusqu’à l’extrême de la folie !
La présentation de ce tuning s’est déroulé lors d’un mémorable final, au célèbre temple des orchidées de satin…, dans d’incroyables scènes fantasques qui n’étaient pas sans rappeler certaines remises de coupes “de beauté” en finale des habituelles concentrations européennes.
Placée sous le sceau de l’insane et de l’effrayant, ces cérémonies purgatives revisitent à leur manière les contes locaux, oniriques et sombres comme ils se doivent, toujours faits de palais, de forêt, de monstres et de princesse en danger…, s’ouvrant à la façon d’anciennes et terrifiantes légendes à raconter à des enfants qui ne voudraient pas dormir.
Lors de la cérémonie de présentation au monde entier, réalisée dans les faubourgs de la capitale, le créateur-propriétaire de cet engin, n’hésitait pas à exposer frontalement son visage difforme, mutilé, fascinant, fœtal et animal, rappelant au public médusé qu’il avait été le seul à avoir survécu à l’explosion des bouteilles d’acétylène et propane avec lesquelles il soudait la dernière pièce de cette automobile…
Bien décidé en tout cas à se venger psychologiquement en une horrible cérémonie s’inscrivant dans une longue tradition de démons légendaires dont l’esprit du public indigène raffole en un plaisir gourmand, totalement secret…, et de créatures supra abominables aussi, complexes et plus fascinantes, in fine, que les vertueuses figures du Bien.
À la noirceur des situations et des actes commis lors de cette cérémonie s’est opposé, sans cesse, l’élégance de la mise en scène et le faste, la beauté du décor.
Mais c’est l’automobile qui a eu droit à toutes les attentions, filmée, magnifiée, vantée comme le serait un personnage à part entière dont on se serait épris et tombé follement amoureux, sans crier gare et pour d’innombrables siècles.
Magnifiquement mise en lumières elle paraîssait se révéler, se donner aux yeux de la foule ébahie (voir photos), telle une souveraine enfin conquise, amante riche et féconde révélant ses multiples charmes, ses multiples trésors…, à ceux encore sachant apprécier les pires incongruités, sans craindre (ni ignorer) le ridicule !
Esthète maléfique tel un Nosferatu ivre de culture, de raffinement et de sang, le créateur de cette ignominie roulante, toujours aussi insaisissable, a prétendu dans son discours, qu’il allait aiguiser ses cruels et nouveaux appétits au fil de nouvelles péripéties qui feraient de lui un prédateur redoutable n’ayant que la médiocrité comme seule et éternelle ennemie…
Cette voiture serait pour lui une symphonie, une messe noire, avec la majesté d’une peinture baroque, chaotique, exaltant les atrocités de l’Homme et des Dieux, et aussi les amours impossibles de deux êtres que tout sépare tels Tristan et Iseult, Orphée et Eurydice, mais réunis enfin à la faveur des bouleversements de leur monde desquels résonnent, à jamais, les inoubliables et délicates Variations Goldberg de Bach.
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