Les liaisons dangereuses…
Cela fait près d’un an que je profite à l’envi des hauts et des joies du célibat… que je peux laisser traîner à souhait mes slips chauds dans la salle de bain, m’envoyant du picrate à foison derrière la cravate sans qu’une mégère vienne me prendre la tête du soir au matin dans un langage hermétique et sibylin. Je suis heureux, subjectivement…, même si d’aucuns ont avancé l’idée que j’avais plutôt une vie royale, plus objectivement : aucun compte à rendre (ou a surveiller), aucun reproche, aucun conseil à supporter, aucun commentaire… et le choix total et illimité de faire tout ce qui me passe par la tête !
Puis le destin se décida enfin à frapper à l’écran de mon ordinateur ; je m’en souviens plutôt bien, il était tard, c’était un soir de pluie…, c’est ainsi que j’aperçus pour la première fois Kate Machine, coquine au regard de tigresse, princesse douce et rebelle à laquelle je jurais aussitôt un amour éternel parce qu’elle avait un Hot-Rod…
Dommage en revanche que les histoires d’amour commencent mal, en général, car si le charisme onirique de ma dulcinée n’avait d’égal que la bizarre laideur de son Hot-Rod qui datait des années ’80…, le mélange des genres supportant “mâle” les outrages du temps… et ayant, de surcroit, par le passé, mâle-heureusement déjà été témoin des ravages que l’apesanteur et le poids des années pouvaient exercer sur une belle paire de seins (et de fesses)…, j’ai commis l’erreur de succomber, du fait qu’elle n’avait pas des masses de seins et de jolies fesses…
L’amour, ça ne se commande pas… et ça se décommande peut-être encore moins, diront certains…, alors pour aller à la rencontre de mon destin, je ne disposais pas d’une grande variété de possibilités…, bon sang, il fallait impérativement que je fasse le pas ultime, alors que j’étais au bord du puits sans fond de la connerie humaine !
J’avais malheureusement perdu le numéro de téléphone de SOS Sexe, suite à un stupide accident involontaire alors que je pensais me reconvertir dans l’écologie relaxante (la machine s’est emballée)…, et je me suis retrouvé seul et désœuvré pour faire face à une pulsion aussi dense et futile que l’antique et sacro-saint mystère du sens de la vie.
Il y a de ça quelques années, j’avais vu MacGyver à la télé en train de bricoler un missile air-sol avec un simple bâton de ski, un vieux chiffon, quelques boules antimites et un tube de colle…, c’était plus ou moins la même recette qui avait du inspirer Kate pour son Hot-Rod… manifestement réalisé avec les moyens du bord… “et divers dons de mâles-donateurs voulant remonter sexuellement dans le temps”…, m’étais-je alors dit avec un sourire confiant…
J’y suis donc allé… et sur place, chez elle, c’était le bizarre et moche Hot-Rod qui s’est avéré le seul objet digne d’intérêt dans mon entreprise désespérée d’un retour sexuel aux sources…, je ne dénombrais autour de moi qu’un pédalo d’appartement, une cocotte-minute, un vieux dix-de-chute, du fil dentaire usagé, un boulier japonais, quelques strings sales, ainsi qu’une vieille bouteille de Beaujolais périmé.
C’était d’ailleurs à peu près tout ce qui restait, le reste de ses possessions ayant récemment été saisi par le fisc suite à une sombre affaire sexuelle pour laquelle elle m’a affirmé qu’elle ne s’était déroulée qu’à l’insu de son plein gré…
Histoire de m’éclaircir un brin les idées, je commençais par boire la bouteille de vin d’un trait jusqu’à ce qu’un étrange flot d’idées prenne soudain forme au plus profond de ma psyché…, je passerai les détails techniques pour ceux et celles qui ne goûteraient pas particulièrement à tout ce qui touche aux mystères !
Et croyez-le si vous le voulez, mais ça a marché…, enfin presque…, parce que les voyages sexuelo-temporels nécessitent en amont des calculs hautement délicats, même pour un cerveau aussi rare et brillant que le mien.
Dans mes savantes estimations, j’avais en effet totalement négligé une équation à 216 inconnues qui en fut donc ainsi quelque peu faussée…, c’est du moins ce que je n’allais pas tarder à apprendre à mes dépens, mais fatalement un brin trop tard pour espérer pouvoir actionner la marche arrière de cette sombre galère…
Car un grand flash de lumière d’un rouge vif et flamboyant illumina soudain la pièce dans laquelle je me trouvais lorsqu’elle m’a sauté sur le kiki turgescent faisant exploser sans exception toutes les ampoules que j’avais en tête… et m’expédiant l’instant suivant dans un décor sauvage et luxuriant qui me rappela aussitôt la concentration de Kustom et Rods d’Arcachon dans les années ’80 ou mon pote Patrick voulait m’offrir une jeune et jolie en remerciement de je ne sais plus quoi de trouble, troublant, insensé et même assez préoccupant… (35 ans plus tard, tout comme Patrick, elle a du physiquement et sexuellement changer, j’en frémis d’avance qu’il pourrait me la re-proposer dans un Nième plan-couchage sous tente à oxygène, raison pour laquelle j’évite Arcachon et ses mollusques et les “plans-moules” de Patrick)…
Je n’arrivais pas encore tout à fait à y croire, mais je venais en effet d’atterrir (à nouveau) en plein cœur de la préhistoire du Hot-Rodding Franchouillard… aucun doute là-dessus, surtout à en croire l’homme primitif certes peu poilu, mais très barbu et muni d’un gourdin, qui me fixait méchamment en commençant à faire tournoyer, au dessus de sa tête, son énorme massue.
C’était un second échec total et cuisant, d’autant que je n’avais apparemment plus que quelques secondes à vivre avant de me faire ouvrir le crâne façon pastèque bolognaise…, ce qui aurait par ailleurs eu l’effet de marquer la fin tragique et précipitée de cet époustouflant récit…
Le seul point positif dans toute cette histoire est que j’avais pu conserver mon moyen de transport ainsi que mes vêtements au cours de mon voyage à travers l’espace-temps-sexuel…, ce qui me sauva sans doute de cette situation des plus délicates comme vous allez maintenant vous en apercevoir…
J’étais en effet par chance tombé sur un documentaire animalier traitant des us et coutumes d’une tribu primitive du nord de la France sur le câble quelques jours auparavant… et je pensais donc aussitôt à fouiller mes poches à la recherche d’un cadeau d’accueil à destination de cet étrange sauvageon avant qu’il ne m’explose le courgeon sans ambages, technique à la fois chic et sournoise utilisée autrefois par Christophe Colomb et sa bande de bigots pour enrhumer les Indiens d’Amérique avant d’en exterminer la quasi totalité, si je ne m’abuse.
J’ai mis ainsi la main sur une liasse de billets de banque usagés que j’offris à l’inquiétant autochtone…, probablement sous-monétarisé, l’affreux humanoïde laissa d’abord échapper un râle de satisfaction avant de palper ma modeste offrande sans même prendre la peine de compter…, je ne saurai probablement jamais ce qui poussa ce précurseur de l’humanité à disparaître, mais le fait est qu’une poignée de secondes plus tard, il n’était plus là…
Ce que j’ignorais également à ce moment-là (bis !), c’est que je venais sans réclamation possible et devant quelques témoins tapis dans un coin…, de terrasser dans un combat considéré comme loyal, le mac d’une tribu comptant pas moins d’une douzaine de superbes femelles sur lesquelles j’avais désormais droit de vie, de mort, et surtout de cuissage.
Un seul être vous manque…et… euh, non… rien, en fait…, l’accueil fut d’ailleurs des plus chaleureux, et j’eus ainsi droit à une soirée orgiaque et d’excès divers spécialement en mon honneur : danses folkloriques, cours de sussions diverses, démonstration de krav maga, partie de twiter, on peut même dire que j’en eus pour mon argent, si j’ose dire… profitant de l’occasion pour distribuer quelques billets de banque et autres pièces de menue monnaie aux femelles les plus méritantes.
Le concept de l’argent sembla d’ailleurs connaître un franc succès auprès de mes charmantes amphitryones… et je dois dire être à ce jour assez satisfait d’avoir au moins pu apporter cette modeste contribution à leur prometteuse émancipation…
Histoire de faire montre de ma reconnaissance, je décidais ensuite de passer la nuit dans leur camp, léchant à loisir quelques grenouilles hallucinogènes au coin du feu en leur interprétant un medley de mes meilleures chansons paillardes et cochonnes…
J’ai gardé peu de souvenirs de la fin de soirée pour être honnête, mais je me rappelle ensuite avoir été réveillé dès proton-jacquet par les palpations maladroites d’une paire de mains menues qui semblait être en train de me faire les fouilles…, “ça ne ressemblait pourtant pas au genre de la maison”, avais-je d’abord pensé sans doute à tort…, je me voyais d’ailleurs déjà, ordonnant sans la moindre pitié de faire trancher poings et pieds à l’effronté(e) qui avait eu le culot de se risquer à tel crime de lèse-majesté…
Parvenant finalement à ouvrir un œil encore engourdi par cette longue nuit, véritable tourbillon d’un vent de folie…, j’eus la surprise d’apercevoir un drôle de primate ; un singe vert de toute évidence, qui venait de mettre la main sur la boite de préservatifs qui se trouvait dans ma poche – vieux vestige de l’époque où je baisais encore raide et sec comme Charles Bukowski et Michel Houellebecq réunis…
Avant que je ne puisse reprendre suffisamment mes esprits pour crier au scandale, l’affreux sagouin tenta de m’étrangler à l’aide d’une corde à piano dégotée on ne sait où, sans doute en vue d’éliminer le seul témoin de son odieux larcin. Face à ma résistance désespérée pour ne pas succomber à cet assaut des plus insensés, il m’urina finalement dans la bouche afin d’étouffer mon cri d’alerte puis s’éloigna… et ce à la vitesse de la lumière et disparut dans un même (et second) éclair flamboyant que je vous ai décrit précédemment, emportant avec lui mes derniers espoirs sur la bonté humano-animale…
C’est ainsi que je me retrouve aujourd’hui prisonnier dans un passé lointain…, vous comprendrez donc pourquoi trop souvent je replace des texticules illustrés datant de l’époque héroique de Chromes&Flammes…
Ma fière tribu possède certes une ligne Internet, mais à très faible débit…, le genre de connexion qui vous fait penser au suicide chaque fois que vous allumez votre PC… et c’est soit dit en passant par ce biais que je vous adresse aujourd’hui ce modeste entrefilet.
Ici, on ne peut pas dire que je sois particulièrement mal loti, les femmes sont plutôt dociles… mais au niveau de l’hygiène, ça laisse franchement à désirer…, habituellement, je ne suis pas du genre à cracher dessus quand ça sent un peu fort, mais à ce niveau-là, c’est un peu too much, même pour moi…, sérieux…, une véritable horreur…
@ pluche…