Les péripatéticiennes hiérophantes et la Mercedes SLS…
Divers journaleux, à force de laudifier et encenser diverses marques automobiles en fonction des rétro-retours abjects assurant leurs surplus viatiques avantageux…, sont devenus des péripatéticiennes hiérophantes aux écrits dithyrambiques, que seuls les connaisseurs reconnaissent par les ellipses fugaces entraperçues dans leurs textes rébarbatifs comme autant d’expressions d’une fascination qui les hante depuis des années et qu’ils ont fini par coucher sur papier avec ce style qui n’appartient qu’à eux, en cause de la recopie servile des communiqués de presse… et dont les lecteurs béats et hallucinés trouvent dans des magazines publicitaires, la forme la plus aboutie, distillée jusqu’à l’essence… D’autres journaleux, envisagent pour leur part, des articles, par le biais de légendes, leurs yeux empruntant ceux d’aveugles jetant des osselets d’os humains pour nommer les voitures élues qui ne reviendront pas de ces voyages imaginaires sur papier glacé, comme une malédiction de ne pouvoir les alimenter en offrandes…
Il est des articles dont la lecture vous retire soudainement la capacité de lire. Le lecteur en regarde les mots en phrases creuses avec la même fascination qu’il aurait à observer les instants, englués dans un temps soudain devenu mélasse, de la rencontre entre un train et une automobile… Et ils le laissent longtemps après coupé de la capacité d’expression, mais par-dessus tout de la capacité de transmission à d’autres de l’expérience transformatrice dans sa splendeur première. Un handicap qui peut être vu comme une bénédiction, si elle force à dépasser les pauvres mots maladroits pour aller se lancer dans l’exploration d’une jungle de mots qui, soulevant le lecteur telle une lame de fond irrésistible, le dépose sur des rivages où l’homme du commun est perdu au sein de la foule des champions. Le principe de cette histoire est trompeusement simple, commençant par une hagiographie romancée de divers aèdes de tant d’autres véhicules dont la renommée est de toutes façons, usurpée ! Nulle phrase qui ne soit ornée comme un palais rococo, apprêtée comme une épouse de harem le soir de sa rencontre avec son seigneur, enluminée comme un lupanar indochinois reconstruit par Cecil B. de Mille. La langue française, si rétive sous d’autres plumes, peut pourtant se prêter à toutes les contorsions, se plier aux désirs les plus intimes, les mots acquérant des sens nouveaux et inattendus dans des configurations inédites.
Les métaphores peuvent ainsi se suivre et se mélanger avec divers fantasmes qui surgissent et prennent corps dans des ruelles obscures, des marécages moites, des autoroutes sans issues… tandis que les adjectifs transhument en troupeaux sauvages de phrases extraordinaires. Dans ces complexes circonvolutions, le sens lui-même peut alors se dérober… et ne se révéler qu’après mûre réflexion, voire même pas, permettant toutes les extrapolations, fournissant un réservoir inépuisable d’explications via des textes pervers. Mes textes ne sont pas faciles, il faut les mériter, les savourer, chaque audacieux assemblage de syllabes introduisant une nouveauté polyphonique, architectonique, syntactique. Mon but est de vous rendre incapable de résister… puis, lorsque vous aurez provisoirement déjanté, de vous donner l’envie de le reprendre votre lecture, vous laissant guider, pour déguster quelques mots, voire, gourmandise suprême bien qu’un peu filandreuse, un paragraphe entier ! Plus, c’est pêché ! Au fil des articles, vous devriez sentir émerger une dynamique d’identification, à la poursuite d’agiles et gracieuses jolies dénudées qui parfois sont rattrapées sans affèteries et préciosités. Cherchez ailleurs si vous ne voulez que tristes narrations se limitant aux faits. Je ne puis en effet me limiter aux tristes faits, il me faut créer une réalité transcendée. Une métaphore bachelardienne dirait qu’à mesure que je m’enfonce dans les mystères des mots de mon écriture qui absorbe le vide… je m’empare de l’unicité… et par prodige, j’épanche votre soif de satiété.
Mais, la célébration de ma vie libérée des tristes contraintes de la réalité, ne peut suffire en soi à faire saisir aux lecteurs et lectrices, la densité de l’immensité, d’où le besoin de m’attaquer à l’analyse même des traces concrètes abandonnées de mues successives, afin de révéler une analyse de la place et de l’aspect inacceptable d’un monde infesté par la rationalité… et en même temps d’essentialité, pour suppléer à la carence de sens quant à notre séparation d’avec le néant, m’attachant pour cela uniquement à mon propre travail et ne faisant appel qu’exceptionnellement à ce que tant d’autres érudits élaborent difficilement. Loin de me perdre dans divers méandres, j’affronte courageusement la complexité de chaque sujet et parvient à ne pas perdre de vue la suite de ce qui fera la référence : le panégyrique de tous les preux, accordant à chacun le temps nécessaire pour trouver sa spécificité admirable dans un ensemble…, passant ensuite en revue la munificente imagerie avec laquelle le temps et surtout les plus talentueux, enrichissent la légende…, transfigurant ainsi votre vision de l’automobile (et de la littérature), vous transportant, pour peu que vous soyez un peu réceptif, dans un état second que vous crûtes ne jamais pouvoir éprouver à la lecture de mes textes sans queue ni tête que les générations futures garderont précieusement en mémoire, peut être soigneusement entourés d’une chaîne et d’un cadenas, pour éviter qu’une jeune âme ingénue ne les exhume par hasard… et ne discerne, au creux de mes lignes prolixes, les voiles interdits d’un univers voué à l’anathème… Je n’écrirai rien concernant la Mercedes SLS photographiée à coté d’un North American T6 restauré à la perfection, faites-vous-en votre propre cinéma au moyen de ce que j’ai déjà écrit et sur ce que d’autres en disent…