Mad-Fake-Mercos-SLK32-AMG…
Un voyage en Afrique du Sud est un périple hors du commun. Le pays, baigné par deux océans (Atlantique et Indien), possède un relief d’une infinie variété et des paysages d’une remarquable beauté. C’est une mosaïque de steppes, de savanes, de montagnes, de zones désertiques, de plages aux eaux turquoise, de grandes villes à l’américaine, de petits villages zoulous hors du temps. On passe presque sans transition des quartiers branchés de Cape Town aux plus misérables des townships, de la sauvage Garden Route à la furie urbaine du Gauteng, sans oublier les riches parcs animaliers : le Kruger n’étant pas le seul digne d’intérêt. Fait primordial pour les affairistes, l’économie d’Afrique du Sud traverse une mauvaise passe ! Du fait des retombées massives de la crise sanitaire et économique, l’économie la plus industrialisée d’Afrique s’est effondrée de 51% entre avril et juin 2020, en pleine pandémie de Covid-19. Ce recul sans précédent du PIB était prévisible en raison du strict confinement imposé dans le pays à partir du 27 mars afin de freiner la propagation du nouveau coronavirus, en limitant les déplacements de la population au détriment de la plupart des activités économiques. De ces faits tout y est devenu 50% moins cher qu’en Europe… et quelques affairistes m’ont fait miroiter diverses affaires “à ne pas rater”... De quoi en écrire un roman !
Gunther Reinhart est un vieux pervers narcissique nazi qui a migré en Afrique du Sud, pas loin du Cap, pour d’obscures raisons raciales et de trafic de substances interdites ainsi que pour d’étranges affaires sexuelles sado-masochistes avec des transsexuelles physiquement délabrées attirées par des pratiques insoutenables mettant en scène des personnes amputées d’un membre qui ne peuvent que circuler en fauteuil roulant…
L’histoire qui va suivre, qu’il m’a narré dans sa “Mad-Fake-Mercos-SLK32-AMG”, une voiture pour laquelle j’étais venu réaliser un reportage… a commencé selon ses dires alcoolisés, par une proposition d’une de ses voisines de misère, une Française exportée au Cap pour des raisons assez glauques, qui avait pour pseudonyme “Georgette” et travaillait dans une maison de retraite.
Connaissant l’attirance sexuelle de Gunther Reinhart pour les peaux ridées et souhaitant faire plaisir à ses pensionnaires, elle lui a proposé d’organiser une partouze BDSM… Tout homme aurait largement préféré avoir affaire à un groupe de jeunes filles de 20 ans, mais il faut parfois se contenter de ce que l’on trouve. Cependant, ça ne gênait pas Gunther qui ressentait avec les vieilles éclopées, une sensation de bien-être qui durait bien plus longtemps qu’avec des jeunes femmes… Mais la mémé arrivait au bout du rouleau… s’il attendait quelques semaines, il n’aurait plus eu que son cadavre à se mettre sous les dents, toutefois elle possédait une antique Mercedes GullWing héritée de son époux tragiquement décédé deux ans auparavant, c’est du moins le baratin qu’elle lui avait dit sous la couette et qu’il m’avait seriné en retour pour me faire venir avec une “lettre de crédit” de ma banque…
Le transfert de propriété de “sa” Mercos-SLK32-AMG s’est déroulé dans des circonstances étranges après le décès inopinément bizarre de Georgette, mais (arroseur arrosé) la fabuleuse (sic !) Mercedes 300SL Gullwing s’est avérée n’être qu’une réplique mal-foutue de Mercedes 300SL-Gullwing… Gunther a alors eu une idée lumineuse… m’approcher sous un motif fallacieux pour me proposer “un investissement exceptionnel” (sic !) qui, pour des raisons inconnues quoique suspectes, devait s’effectuer d’une manière aussi peu orthodoxe que possible dans un lieu tenu secret à Johannesburg… Je devais m’y rendre muni d’une “lettre de crédit” attestant que j’avais bloqué un million d’€uros pour une durée d’un an, afin de les positionner sur un compte bloqué d’avance (sic !) pour un an exclusivement à la : “Banque Nigériane d’investissement”, qui, selon un processus tenu “secret-défense” ajouterait chaque mois 10% d’intérêts sans toucher au capital défini par la dite “lettre de crédit” qui nécessitait que je bloque un million d’€uros à ma banque Française à l’appui d’une reconnaissance de non-renoncement au bénéficiaire de la dite “lettre de crédit”… Cette “affaire-limpide” (sic !) générant chaque mois d’autres (sic !) 10% d’intérêts sur le capital et ses intérêts fusionnés… le tout pour une période d’une année pré-automatiquement auto-renouvelable (sic !) sans aucun consentement nécessaire… un montage sournois qui en finale m’assurait (gag !) que je recevrais la Mercos pour rien en même temps que le retour en annulation de ma “lettre de crédit”... pour laquelle il me fallait toutefois en garantir la valeur par le dépôt d’un vrai million d’€uros… Vous percevez surement qu’il y a une arnaque là-dessous ? Ne vous inquiétez pas, moi aussi !
Devant mon attitude angoissée… il m’avait été dit lors d’un déjeuner somptueux chez Sénéquier(Saint-Tropez) , que c’était un système “en or”, totalement “blindé”, le miracle de la multiplication des pains et du vin (un Pétrus millésimé à 240 euros le verre en terrasse assorti de ravioles humidifiées par un filet de bave au roquefort du Maroc préparé avec amour par des chefs en cuisine m’ayant été offert en gage d’amitié et de sérieux)… m’étant résumé brièvement par l’argument imparable de la garantie que “mon” argent, sans bouger de mon compte, mais seulement dupliqué en miroir à la “Banque Nigériane d’investissement” servirait à créer des puits pour étancher la soif des populations autochtones… Je vous l’écris tout de GO, je me fais chier grâââve en me lançant dans un programme de récolte de “dons” avec la banque “KissKissBankBank” qui génère trois dons pour un total de 160 €uros destinés à financer l’impression du magazine papier “Gatsby” avec la perspective divinatoire de ne rien percevoir du tout pour cette noble cause… et au même moment on cherche à me piquer un million d’€uros en me proposant une arnaque que même Madoff n’aurait pas osé proposer… qui plus est avec une chimère sous la forme d’une abominable réplique de Mercedes 300SL Gullwing ! Je ne vais pas encore vous dévoiler la fin… mais sachez que j’en avais tellement ras-le-bol que j’ai même pensé supprimer la totalité de mes pages Facebook et autres conneries, d’autant plus que sans me donner de raison objective, Facebook m’a bloqué pour 24 heures renouvelables par tacite reconduction unilatérale… En fait je suis très cool avec www.GatsbyOnline.com et si je suis sur les réseaux sociaux à-la-con c’est parce que mon précédent technicien informatique m’avait dit que Facebook pouvait servir de “courriel des lecteurs-internautes” de mon site-web… Pour m’en dépêtrer c’est “bonbon”... Mais j’en ai l’idée et l’envie…
– Si c’est pour endiguer la misère humaine, c’est donc une noble cause… que j’avais alors dit à cet ingénieur en techniques bancaires… Comprenant immédiatement que le gag de l’affichage du compte “plein-écran” affichant “mon” million ne serait qu’une sorte de capture d’écran, le pognon s’étant fait la malle “direct”, où servant de garantie liée à ma banque Française à je ne sais quels autres stratagèmes vicelards… Ce à quoi il m’avait répondu qu’il était sérieux ! D’ailleurs, pour me conforter, il avait osé me raconter que ce système était tellement honnête que tous les bénéficiaires nageaient dans des piscines remplies d’or et n’hésitaient pas à acheter des Excalibur Phaeton et des Marcos-SLK, toutes en pur plastique… pour 1.600.000 euros car tel était leur bon plaisir… (Je profite d’être entre les photos illustratives de cet article concernant l’habitacle rouge de la Mercos, pour vous souligner le gâchis total et les imperfections diverses, c’est vraiment un travail d’incompétents et je n’y ferais aucune allusion raciste remontant au temps de l’esclavagisme) …
– C’est une cause humanitaire, qu’il a osé me dire sans rire… De plus c’est garanti sans risque, chaque matin, vous ouvrez votre ordinateur sur votre relevé de compte et vous voyez votre montant qui est là… C’est la preuve du sérieux de l’affaire… Vous ne pouvez pas toucher à votre million pendant un an, mais vous avez ainsi la certitude garantie que votre million est bien là. De plus chaque mois s’y ajoute les 10% minimum d’intérêts, qui peuvent uniquement augmenter à l’infini. L’année passée, grâce aux mouvements pétrolifères, nos investisseurs ont vu leurs intérêts passer de 10 à 50%, en fin d’année ils voyaient leurs comptes multipliés par 20… et plus. Tous ont demandé que leur argent reste sur leur compte…
– Ahhhh ! Bien, donc, si je peux voir sur mon ordinateur, chaque matin, que mon argent est bien là indiqué sur l’écran, c’est formidable, c’est très sérieux, aucune banque n’a jamais proposé un système aussi rassurant, mais 1 million ce n’est pas assez, puis-je vous confier 10 millions pour commencer. Toutefois 1 de ces 10 devra servir à l’achat direct de votre sublime Mercos en Afrique du Sud, je suis certain que montrer que je suis client de la “Banque Nigériane d’investissement” fera son effet auprès de mes relations d’affaires, un gage de sérieux… Soyez béni de votre confiance et de m’accepter dans votre club…
Quelques temps plus tard, j’étais parti en Afrique du sud et je me repassais en boucle la discussion que j’avais eu avec Gunther Reinhart, impatient de voir sa fumeuse Mercos-300SL-Gullwing… Le monde est extraordinaire, c’est dingue le nombre de tordus qu’on y croise… Deux jours pluche trad j’étais “Au Cap”... Gunther Reinhart était venu me chercher à l’aéroport… c’est le genre de gars que vous vous attendez à entendre raconter l’histoire de son parfait tee-shot sur le 15E trou un vendredi après-midi sur quelques bières… la réalité, cependant, est que vous êtes plus susceptible de le trouver dans son garage que dans le clubhouse, quand il n’est pas occupé à gérer sa propre entreprise ! Il m’a raconté sa vie et j’ai été obligé de l’écouter, coincé sur le siège passager (situé à l’anglaise du côté droit), de sa voiture, me raconter comment il avait pu acquérir cette Mercos Gullwing…
– “Avec ma bien aimée Georgette, euhhhh Ginette… Déjà qu’une mémé c’est tout sec quand c’est vivant, alors mort, tu n’imagines même pas. Avant qu’elle crève, mon choix s’était donc porté sur la raison, pas celui du plaisir, la précarité de sa santé se lisait sur son visage, l’arthrose l’avait bloquée presque totalement, la pauvre, mais comme je suis du genre à respecter mon engagement, je ne pouvais ignorer la dernière volonté d’une mourante qui avait décidé de me léguer sa voiture. Assise sur son lit, un immense sourire aux lèvres, elle me regardait avec des yeux de braises indescriptibles. Ce n’étaient pas des braises, mais un incendie de flammes défiant la vieillesse et la mort… Nos regards ne se quittaient pas, témoignage mutuel d’une envie irrésistible de commettre l’acte. J’ai posé ma main sur la sienne, elle m’a répondu par un sourire. Je la sentais frissonnante, c’étaient bien des frissons de plaisir et non la maladie de Parkinson. Frissons communicatifs, instant de tendresse à l’état pur, de romantisme abstrait où un corps immonde donne envie de chair. Lorsque j’ai rouvert les yeux, ce n’était plus un corps ridé à la peau tannée, aux pustules poilues généreuses, qui était devant moi, c’était un regard d’envie, un menton qui tremblait de bonheur, un appel à la vie dans un monde où le laid n’existerait pas, c’était l’oubli des contraires et des préjugés, j’ai ainsi perdu toute mon appréhension malgré l’odeur tenace du désinfectant mis par l’aide-soignante et une odeur indescriptible caractéristique des vieux fourreaux dont seuls ceux qui ont découvert la tombe de Toutankhamon peuvent imaginer. Lorsqu’on a pu enfin discutailler de sa voiture, elle bêlait presque en continu ; elle hurlait même. Elle était proche de l’hystérie. C’est à ce moment-là qu’elle est tombée de sa chaise roulante. Heureusement elle venait de signer la facture m’établissant comme nouveau propriétaire… la Mercos était à moi. J’ai décidé de partir avec cette voiture là où il ferait beau : la Croatie, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, c’est beau l’été, toutes ces jolies jeunes filles si courtement vêtues. Un régal pour les yeux. Vive le réchauffement de la planète ! Toutes ces créatures affriolantes, c’est un plaisir pour les yeux, mais une frustration pour mon sexe. Pourquoi je ne draguais pas plus que ça ? J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps ces dix dernières années tout comme je le perds encore aujourd’hui… C’est comme si j’avais loupé le train, je me sens comme un con, seul sur le quai. Mais dans quelques temps, je prends l’hétéro par les cornes et je change de vie ! Je suis motivé ! Je vais d’ailleurs vous vendre la Mercos”.
Comme il est un fan de voitures classiques dont la dépendance à toutes les choses huileuses remonte à des décennies, qu’il a possédé, construit et travaillé sur des MG, Alfa, Triumph, Lotus et autres depuis de nombreuses années… je lui ai dit que l’espèce humaine était en train de régresser intellectuellement et donc de devenir de plus en plus bête. Qu’en tant qu’éditeur et écrivain, je me disais souvent que c’était vertigineux et que je cherchais qui est coupable….
– Serait le fruit du hasard ? Y a-t-il une volonté derrière cet abêtissement général ? A qui profite le crime ? Cette basse de l’intelligence est due en fait à l’arrivée des écrans et des applications qu’on y trouve. Sous couvert de nous faire croire que l’on pourra communiquer les uns avec les autres, découvrir l’amour, avoir plus d’argent… ne cherchent qu’une seule et unique chose, nous rendre dépendant à leur consommation afin d’obtenir plus de renseignements sur nous pour vendre de la pub ciblée à des personnes qui vont s’enrichir. Ce n’est pas uniquement moi qui le dis, mais également des repentis de la Silicon-Valley qui un jour se sont aperçus du mal qu’ils faisaient aux gens. Et cela est beaucoup plus préoccupant pour les enfants que pour les adultes ! Ces applis sont massivement consommées et scientifiquement fabriquées pour nous rendre dépendant à quelque chose qui ne nous apporte que du vide Cela nous fait perdre du temps et donc notre vie C’est dans les livres qu’on trouve la véritable information, pas sur Facebook ! Sur le web on ne trouve que ce que Google a envie qu’on trouve !
Et, soudain, de m’écouter, Gunther s’est mis à sangloter !
– Vous savez, j’ai honte de vous vendre cette Mercos, ce n’est pas une authentique Mercedes Gullwing mais un Kit-Car que son mari avait construit il y a quelques années. Le point de départ était un châssis de récupération, il a donc acheté une SLK32 AMG d’occasion. Il n’avait pas les compétences pour créer une réplique exacte de la 300SL. Après plus de quatre ans la carrosserie était prête ! La suite, c’est banal, il a continué d’obtenir des pièces Mercedes durant quelques années, puis il s’est mis en tête d’en faire un engin extraordinaire. Son projet a été un désastre. L’engin ne ressemble à rien. De plus son proprio a des documents légaux attestant de l’identité de son nouveau propriétaire ! Mais le prix est très intéressant !
– Gunther, merci de votre franchise… Depuis la nuit des temps, l’être humain se pose des questions existentielles sur sa vie… à quoi bon se vouer au labeur dans l’honnêteté alors qu’il serait plus simple de tuer, piller et violer ? Pourquoi il y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Face à toutes ces questions, des êtres humains au cœur généreux et à l’intelligence fine, ont aidés leurs semblables à mieux accepter leur vie de corvées. Pour cela, ils ont inventé les religions. Hélas, les religions n’ont pas su évoluer avec le temps et sont aujourd’hui trop désuètes pour répondre aux besoins de la plupart d’entre nous. C’est d’autant plus dommage ; dans nos sociétés de plus en plus déshumanisées et impersonnelles, des soutiens spirituels feraient le plus grand bien. Ahhh! si j’en avais le charisme, c’est sans hésiter que je créerai une nouvelle religion dont je serai le gourou, unifiant l’humanité entière dans la joie et la sérénité. Hélas, je n’arrive déjà pas à m’occuper de ma vie, alors m’occuper de l’humanité, n’y pensons même pas.
Mercedes pour l’instant est dépassé par le nombre de “kiteurs”, mais il y a quelques temps l’usine avait voulu marquer les esprits en affirmant ne pas plaisanter avec les plaisantins (sic !), et annoncé pouvoir détruire toutes les répliques de 300 SL “Gullwing” suite à une décision de justice en Allemagne.
C’est un artisan allemand qui a fait les frais de la rage il y a quelques années, il s’était mis en tête de produire des répliques modernisées de 300SL à carrosserie en résine, mais Mercedes a fait envoyer la Polizei, la Wehrmacht et quelques nostalgiques du Troisième Reich de mille ans pour stopper ce qui allait devenir une pandémie pire que le Coronavirus, pas question que les nuls, les fauchés, les non-clients puisse acquérir une bricole extrapolée du génie Mercedes… Sieg Heil !
Les forces de l’ordre ont donc saisi un kit en composites qui, même s’il n’arborait pas l’étoile de Mercedes fut considéré (à tort par la suite) par la justice comme étant un plagiat d’une silhouette dûment enregistrée dans les livres de la propriété intellectuelle… ce qui n’était pas vraiment exact et va être remis en question avec une affaire similaire opposant un “kiteur” patenté et Ferrari concernant la fameuse Ferrari 250GTO… et Ferrari a perdu… En conséquence, l’action “démantèlement” des “GTO”, “Gullwing”, “Cobra” et autres vieilles stars a été stoppée en attente d’autres moyens…
Qu’en est-il de la Mercedes 300 SL “Gullwing” ? Mercedes au début des années cinquante voulait revenir à la compétition automobile avec notamment le coupé 300 SL (W 194 en interne) qui, en 1952, s’était imposé aux 24 Heures du Mans ainsi qu’à la célèbre course d’endurance mexicaine : la « Carrera Panamericana ». Du coup, Max Hoffman, concessionnaire multimarques de voitures de sport et de luxe aux Etats-Unis est venu trouver les dirigeants de Mercedes, leur commandant d’emblée mille exemplaires de la future version de route avec en prime un fameux chèque à la clef.
Devant cette montagne de dollars et comme les finances de Mercedes en avaient bien besoin, la direction prit la décision de fabriquer une version « route » de cette machine de compétition qui respectait à la lettre les codes de la W 194.
Le coupé W 198 fit donc son apparition au salon de New York en 1954, marquant ainsi le début de la production de cette voiture vendue 11.000 dollars (de l’époque) aux States et 29.000 Marks en Allemagne, des sommes astronomiques dans les années cinquante. Avec son châssis tubulaire en acier mais avec un capot moteur, des portes ainsi qu’un couvercle de coffre réalisés en aluminium, cette 300 SL (300 indiquant la cylindrée de 3 l du moteur, SL pour “super leicht”, super léger)…, ce coupé deux places qui pesait tout de même 1310 kg, étonnait également par ses portières qui s’ouvraient et se déployaient telles des “ailes de mouettes” : les “portes papillons” vont cependant rester dans la langue française tout comme l’appellation anglo-saxonne “Gullwing”.
Inconvénients, les vitres ne s’ouvraient pas, l’accès à bord imposait d’être un gymnase-contorsionniste, il fallait s’asseoir sur le seuil ensuite se glisser à l’intérieur, ce qui avait obligé les “irresponsables-ingénieurs” à installer un volant inclinable… de plus, s’il pleuvait, toute l’eau accumulée sur le toit se retrouvait dans l’habitacle ! En outre et comme le coffre était entièrement occupé par l’immense roue de secours, sans oublier l’office de remplissage du réservoir de 130 litres, de ces faits, les bagages devaient être impérativement logés à l’intérieur de l’habitacle, juste derrière les sièges.
En revanche, ces quelques petits détails n’ont nullement découragé les “très riches acheteurs” qui découvraient une technologie de rêve : une suspension à roues indépendantes assez confortable mais assez capricieuse en conduite rapide à cause des demi-arbres pivotant causant des changements importants de chasse sur mauvais revêtement, mais surtout un moteur en avance sur son temps, du moins pour l’époque : un trois litres six cylindres de 3 L incliné vers la gauche de manière à favoriser l’aérodynamisme et réduire la hauteur du capot, alimenté par une injection directe Bosch permettant de délivrer 215 chevaux à 5.800 tr/min ainsi qu’un couple de 28 mkg à 4.900 tr/min… une boîte quatre vitesses synchronisée transmettant toutes ses valeurs aux roues arrière…
Il y avait de quoi pointer à 228 km/h, accélérer de 0 à 100 km/h en 9,3s et franchir le kilomètre départ arrêté en 28,2s moyennant une consommation moyenne de 16,7 l/100 km… ces chiffres ayant été mesurés par la revue allemande Auto Motor und Sport lors d’un essai réalisé en 1955.
Avec son style inimitable et son look qui fait l’unanimité, cette 300 SL coupé a été fabriquée « officiellement » à 1.400 exemplaires de 1954 à 1957 avant que le roadster 300 SL ne prenne la relève jusqu’en 1963 avec 1.858 unités au compteur.
Il fut un temps où j’ai rêvé d’en posséder un exemplaire et cela s’est réalisé, je me suis retrouvé contorsionniste pour m’y installer et ridicule pour tenter d’en sortir… entre ces deux opérations la direction était plutôt lourde et assez capricieuse tout comme la suspension arrière alors que les freins à tambours faisaient tout au plus office de ralentisseurs et qu’il fallait bien pousser à fond sur la fichue pédale de freins. Du coup, j’avais eu soudainement une profonde admiration pour les pilotes qui conduisaient à la limite cette 300 SL, plus particulièrement pour Olivier Gendebien et Willy Mairesse, qui avaient miraculeusement remporté à deux reprises, en 1955 et 1956, le fameux rallye de Liège-Rome-Liège.
A l’issue de cette prise en mains vraiment pas comme les autres qui m’avait rendu plus que dubitatif à l’idée d’y dépenser un million d’€uros, mon intérêt pour les 300 SL n’est pas resté… surtout au vu des sommes folles qu’il faut dépenser pour acquérir un exemplaire original et surtout l’entretenir tout en ayant la trouille de se le faire voler… ou qu’il soit accidenté… et aussi et surtout de rouler dans une telle stupidité… plusieurs autres questions m’ont taraudé l’esprit… sans trouver de réponses…
Officiellement, Mercedes aurait fabriqué 1.400 exemplaires de ce coupé mythique… Mais, il suffit de se balader dans les principaux salons de voitures anciennes, comme Essen où une bonne centaine d’exemplaires sont chaque fois proposées à la vente, ou bien dans les allées de Rétromobile (j’en ai compté près de cinquante à la dernière exposition), de consulter les petites annonces de sites spécialisés haut de gamme, tout en visitant quelques musées automobiles de renom… pour en déduire que de multiples “copies” ont été réalisées !
Et de conclure que plusieurs centaines si pas des milliers de coupés dans le monde se baladent avec des numéros de moteurs et de châssis dupliqués à la demande de clients très fortunés mais peu regardants sur l’authenticité de ces voitures de collection. L’occasion de s’en mettre plein les poches…, mais attention, certains indices montrent que les prix astronomiques de ces voitures de collection pourraient très vite s’effondrer et que la bulle spéculative pourrait à court terme imploser. De quoi briser les rêves “très juteux” des vendeurs qui n’ont aucun amour pour la voiture de collection, seul le profit les intéresse…
Confronté à la réplique Mercos de Gunther Reinhart, mes craintes se sont révélées justifiées, aucun panneau n’est en ligne avec les autres, tout est gondolé, approximatif, la face avant est dentelée mais cette découpe à la scie sauteuse a été masquée par un “U” en plastique mou simplement collé… Les lignes générales ne respectent pas celles de la vraie Mercedes 300SL, le capot est trop court, le nez trop plongeant, le coffre est disproportionné et l’habitacle est tellement étroit à l’intérieur que le pilotage doit se faire en position décalée la tête contre le plexi de la porte… c’est totalement crétin et ridicule ! Si un chemin peut conduire au meilleur, il passe par un regard attentif sur le pire. De même que l’écrevisse, le bélier, le scorpion, la balance et le verseau perdent toute bassesse quand ils apparaissent comme signes du zodiaque, ainsi on peut voir sans colère ses propres vices dans des personnages éloignés…
Il est des autos ratées, des voitures infamantes qu’on doit oublier mais on ne peut tolérer un tel laisser aller, avec elle c’est ‘platane assuré’, tant le comportement de la bestiole est perfectible… la stabilité à toutes vitesses (même à l’arrêt) est problématique… Une qualité de construction lamentable et une fiabilité catastrophique mettront sur la paille chaque impétrant osant en acquérir une. Le moteur crame consciencieusement tout ce qui l’entoure, tandis que l’électricité et la complexité générale de l’ensemble achève définitivement tout amateur. L’engin se révèle délicat à la limite. La finition franchement médiocre n’est qu’un détail par rapport à la fiabilité toute relative…
Lourde, pataude, instable à toutes les vitesses (même à l’arrêt et en marche arrière, je reprécise), mal amortie et manquant de punch (mais où sont les purs-sangs promis ?) elle n’est faite pour aucune route d’aucun pays… Preuve qu’il y a un début de justice sur terre, il ne s’en est pas vendue ! Il y a de quoi braire en effet : une Gullwing aguicheuse sans punch ! On peut éventuellement pardonner la mauvaise et acrobatique position de conduite (après tout, ce n’est pas la première dans ce cas) et se satisfaire d’illusions, la Mercos est dépourvue du moindre début de commencement de caractère à 750 tr/min, comme un bon gros diesel… Parfaitement absent au-delà, il rupte à 4 000 tr/min ! De quoi préférer retourner derrière sa tondeuse à gazon le dimanche plutôt que brûler de l’essence et du pneu…
Cette “chose” est faite pour les “ceusses” qui de manière masochiste, adorent rouler ‘décalé’, retrouver le gout de ‘l’authentiquement faux’ et autres niaiseries tant vantées actuellement… et de surcroit n’avoir aucun goût ! Cette voiture incarne à merveille la folie qui touche le marché de l’automobile de collection : performances anémiques, direction hyper lourde, prix des pièces délirant, fiche technique aussi excitante qu’Angela Merkel sous valium… le tout pour environ 1.000.000 € ! Tout ça parce que cette galette sur roues ressemble à la mythique 300 SL Gullwing… Dépensez mille fois moins que cette somme pour une Ami-Citroën électrique…ou alors cherchez un Roadster Smart d’occazzzz (elle n’est malheureusement plus fabriquée) nantie d’un comportement joueur et d’un réel plaisir à conduire (pour 6.000 euros maxi)…