Marussia, le vent de l’Est…
La Marussia était une sorte de Ferrari “low cost” à environ 100.000 €uros, soit environ deux fois, voire trois fois, moins chère que la concurrence.
Personne n’a voulu frimer à la Russe !
Fin 2006 en Chine, Nikolaï Fomenko, chanteur, acteur et animateur TV, mais aussi pilote de course automobile, abîmait son bolide, une Aston Martin, lors de la course de qualification du championnat FIA GT.
Dans la nuit, les partenaires de l’équipe chinoise parvenaient à re-fabriquer et réparer : phares, ailes et pare-chocs du véhicule pour seulement 250 dollars.
Assis dans un petit bureau du nord de Moscou, les yeux de Fomenko brillaient lorsqu’il racontait cette histoire : “En Angleterre, cela aurait coûté 7.000 Livres Sterling, en France, au moins 10.000 €uros ! La vitesse et le très faible coût de la re-fabrication des pièces ainsi que de la réparation, m’ont étonné, puis réveillé… En me renseignant, le coût de production en Chine fut une révélation, à l’origine de ma troisième carrière”…
Jusque là, tout allait bien, c’est du classique, sauf qu’avant Fomenko, ce type d’histoire faisait partie du folklore Yankee, dans le sens unique qu’il s’agissait de resucées du grand rêve américain…
Presque immédiatement, Fomenko après cet épisode Chinois, lance Marussia Motors, premier constructeur automobile Russe de voitures ultra sportives… et quelques mois plus tard, ses premières supercars, les Marussia B1 et B2, sont fièrement exposées à moins de 100 mètres du Kremlin.
Marussia est donc une voiture Russe dont tout a été fabriqué en Chine, qui est destinée à être vendue en Russie et dans les pays occidentaux, ainsi que tous ceux chez qui Nikolaï Fomenko réussira à appâter des clients pour une production haut de gamme à petit tirage, soit seulement 300 voitures par an.
Oui mais…, ces grandes resucées, en dehors des fabulations journalistiques et des manipulations mentales de ces grands rêveurs-créateurs, se sont pour la plupart avérées n’être que des coups tordus qui ont parfois fonctionné (Shelby), mais souvent se sont écrasés (Cheetah), quand ce ne furent des escroqueries intelligemment montées (Tucker, Bricklin, DeLorean)…
Les autres ne furent que des fausses saga 100% plastiques, des copies pompées de voitures mythiques, comme les centaines de fabricants de Kit-cars, majoritairement des Cobra’s 427 et des Porsche’s 356 Speedster…, ou alors des opportunistes comme Clénet, Zimmer, Sparks…, des centaines d’enragés désireux de gagner rapidement de l’argent en vendant très très cher des voitures re-carrossées aux dessous périmés…, quelques-uns ont survécu en faisant d’autres choses, pas toujours très claires… ou en se faisant racheter par des requins aux dents longues et bien acérées…
En finale, tous se sont crashés dans le mur des réalités, entrainant avec eux des rêveurs d’un autre niveau comme la famille Stevens et ses Excalibur…, comme Robert Jankel et ses Panther… et quantités d’ingénieurs ayant voulu voler de leurs propres ailes et ne réussissant qu’à les voir fondre au soleil au fur et à mesure qu’ils s’élevaient dans le ciel…
Racheter…, pas toujours, puisque divers constructeurs internationaux ont simplement volé ce concept d’un coût de fabrication très bas, enveloppé dans le vent du paraître assaisonné de la vanité de ceux qui possèdent de l’argent à ne plus savoir qu’en faire…
C’est de là que viennent les super-Ferrari-Fiat à plus d’un million d’€uros, les Bugatti-VW Veyron à plus d’un million et demi d’€uros… et les Lamborghini-Audi à deux millions… et ce n’est pas tout…, puisque le réservoir financier qui alimente les plus grandes affaires de ce type… est le puits sans fond de la bêtise humaine !
Quoiqu’il en soit et quoiqu’il en sera, le design des Marussia était de premier plan, réellement novateur, différent et attirant…
Donc, ou pouvait se positionner Nikolaï Fomenko dans ce marché de dupes et de dupés ou c’est d’avantage l’image du luxe que le luxe en lui-même qui crée l’achat… ?
Si comme l’affirmait le designer Raymond Lewy (créateur de la Studebacker Avanti) : La beauté d’un objet représente les 3/4 de l’envie de l’acheter…, cet aspect des Marussia était 100% réussi !
Ensuite, Nikolaï Fomenko a eu une idée géniale concernant les panneaux de carrosserie de la Marussia B4.., sur la structure roulante (toute la partie peinte en noir) qui se suffisait à elle même en tant qu’automobile, fut posé une feuille de polyester faisant office de carrosserie avant… et une autre faisant partie de carrosserie arrière, les deux étant fixées sur la structure roulante, au moyen de rivets !
Regardez bien, la dernière née des Marussia était une voiture habillée façon Grand-couturier…, c’était simple, léger, aérien, beau, efficace et facile à fabriquer et poser…
C’était réellement une première dans le monde de l’automobile, ce qui placait d’emblée cette Marussia dans les automobiles qui marquent un jalon dans l’histoire…
Si on s’arrêtait sur cette innovation, sur le design général et qu’on acceptait toutes les magnifiques histoires qui drapaient la Marussia, pour autant qu’on avait les moyens de l’acquérir (entre 70.000 et 100.000 €uros)…, on devait craquer, on devait acheter !
Mais…, strictement personne n’a acheté de Marussia, sans doute, pour expliquer ce ratage, y avait-il une lampe dans la tête des candidats acquéreurs qui se mettait à clignoter en éclairant d’autres grandes automobiles innovatrices, comme la Tucker, la Bricklin et la DeLorean…
Autre alarme ; Pourquoi l’usine Marussia de Moscou était-elle montée comme un atelier de montage de prototypes et concepts construits en Chine ?
Alors on les gens se sont posés de plus en plus de questions…., dont une revenait sans cesse : pourquoi Nikolaï Fomenko avait-il acheté en Belgique, début mars 2011, un terrain de soi-disant 4.600 m² dans la commune de Blanchimont, près du célèbre circuit de Spa-Francorchamps, un site destiné selon-lui, à localiser la production de 200 à 300 véhicules Marussia par an pour la distribution sur le marché européen ?
Entre Blanchimont et blanchiment, il n’y a qu’une lettre de différence, car Fomenko proposait à la Région Wallonne de financer l’affaire…, la région Wallonne connaissait-elle l’histoire de Malcom Bricklin et John De Loréan ?
En effet, ce terrain n’était pas aussi gigantesque qu’indiqué (voir le plan et la photo ci-après), il suffiaitt à peine pour abriter un show-room de 4 voitures ou un petit entrepôt…, pourquoi tant d’assurance et d’affirmations péremptoires, alors qu’en réalité, Nikolaï Fomenko était loin de pouvoir fabriquer “ses” autos à la chaine selon les prévisions qu’il assènait à la presse…
“Les ventes en Grande Bretagne devraient démarrer dès cet été”, affirmait-il alors que strictement rien en Russie ne ressemblait à une usine Marussia capable d’assurer cette affirmation…, était-ce possible, mais ou et comment ?
Il y avait quelque chose de faussement modeste dans la réponse de Nikolaï Fomenko lorsque je le questionnait sur les brochures que les clients de Marussia pouvaient parcourir : “Nous nous fichons de la compétition, nous serons nous-mêmes”..., avant d’admettre que c’étaient les super cars Lamborghini, Ferrari et McLaren que Marussia espèrait devancer !
Esquissant un large sourire, Fomenko osait même une hypothèse audacieuse, suggérant que : “Dans l’avenir, les conducteurs de Lamborghini, Ferrari et McLaren seront invités à courir à bord d’une Marussia”…
Toutefois, quelques minutes plus tard il me disait que : “Marussia ne compte pas séduire le marché de Lamborghini tant que le partenariat F1 et Virgin Racing ne sera pas bien installé, mais Marussia va également présenter très rapidement d’autres véhicules dont un 4X4 très design”…
Bien…, cela signifiait que Nikolaï Fomenko était toujours dans sa phase pré-séduction en quête d’investisseurs qui pouvaient participer à ce projet… avec le risque d’y perdre des fonds considérables…, ou fiscalement peut-être, des investissement avec des retours d’ascenseur comme en F1… un grand-bazar opacifié, avec des cris de joie (ou de désespoir) dans une brume artificielle ?
Mis à part le prix (autour de 100.000 €uros au détail, sans explication concernant les taxes et contraintes légales de spécificités techniques en accord avec les législations de tous les pays du monde), ce prix, cette valeur, ne correspondait à rien, sauf que c’était la moitié, le tiers, voire le quart du prix de ses concurrents !
Nikolaï Fomenko assurait que la vitesse avec laquelle Marussia concevait ses voitures de luxe constituait un autre atout de poids : “Les deux modèles B1 et B2 lancés en 2007 et 2009 ont été construits, depuis la conception sur le papier jusqu’aux finitions, en à peine un an”.
Mais si en termes de projets tout semblait rouler (sic !) pour la société Marussia pour les douze mois à venir, toutes les questions concernant sa trésorerie demeuraient en suspens.
Nikolaï Fomenko assurait pourtant que Marussia présenterait rapidement six modèles lors du Salon automobile de Francfort en septembre 2011, dont deux 4×4.
Nicolaï Fomenko est né le 30 avril 1962 à Léningrad.
Il est diplômé en théâtre (?), en musique (?) et en cinéma (?).
Il a créé le groupe de musique “Sekret”, qu’il a quitté en 1996.
Acteur de théâtre et de cinéma, il a notamment joué dans les films “L’orpheline” de Kazan (1997), “Luna Papa” (1999), “Vieilles carnes” (2000), “Douze Chaises” (2005), “Le Jour de la radio” (2008) et dans les spectacles “Cœur de chien” et “L’opéra de quat’sous” ainsi que “Une Fortune exorbitante”…
En tant que pilote de course, il a participé au championnat international FIA GT.
Le premier show room Marussia Motors a été ouvert le 10 septembre 2010 à Moscou : “C’est très ambitieux de mettre au point 4 modèles en ces temps difficiles, mais je veux que Marussia soit une source de montagne, pas un marécage. J’espère que nous réussirons sur les 30 prochaines années”.