Maserati Levante : Au top ou bien un flop ?
Par Marcel PIROTTE
Maserati, un nom qui claque comme un coup de fouet…, une entreprise centenaire fondée en Italie du côté de Modène par une fratrie de sept frères, c’était en 1914.
Aujourd’hui et après bien des déboires et des tas de propriétaires sans doute flamboyants (la famille Orsi, Citroën, De Tomaso, Chrysler) mais pas tellement au fait de la saine gestion commerciale d’une petite entreprise automobile de renom, Maserati a enfin conservé son âme bien italienne et semble stabilisée après le rachat il y a trente ans par le groupe Fiat…, avant d’être intégrée dans FCA, Fiat Chrysler Automobiles, tout en constituant un pôle sportif de milieu et de haut de gamme avec Alfa Romeo.
Il y a vingt ans, on n’aurait pas parié une seule lire sur l’avenir de Maserati qui, à l’époque, ne proposait en fait que deux modèles au sein de sa gamme : le coupé 3200 GT à moteur V8 ainsi que la grande berline Quattroporte à moteurs V6 et V8.
Ces modèles contre toute attente vont cependant permettre à la célèbre firme de Modène de carrément doubler sa production pour la porter à quelque 1.900 unités en 1999.
Et les bonnes nouvelles de se succéder avec des ventes mondiales de 15.000 unités en 2013 grâce aux berlines Ghibli et Quattroporte, sans oublier les coupés et cabrios GranTurismo et GranCabrio…, ventes qui vont plus que doubler l’année suivante avec 36.500 unités… et plafonner en 2016 avec plus de 41.200 voitures grâce notamment à l’arrivée du grand SUV Levante.
Avec ce grand break surélevé du type SUV 4X4 orné du célèbre Trident, les frères Maserati ont sans doute dû se retourner dans leur tombe, mais c’était ça ou le dépôt de bilan.
A l’aube de ce nouveau millénaire, souvenons-nous que c’est le grand SUV Cayenne qui a sauvé Porsche de la faillite.
Aujourd’hui avec son petit frère Macan, ces deux SUV «sportifs» représentent à eux seuls plus de 60 % des ventes de la maison de Zuffenhausen !
En 2017, certains médias très orientés côté «transalpins» vantaient les mérites d’une industrie automobile italienne en pleine renaissance, n’arrêtant pas de claironner haut et fort que pour Maserati, l’année avait été tout simplement exceptionnelle…, des propos à relativiser !
L’année de tous les records avec plus de 51.500 voitures fabriquées et livrées à des concessionnaires (fabriquées et non vendues, ce n’est pas pareil), alors que d’autres sources comme celles émanant de certains syndicats italiens bien présents chez Maserati ne sont pas aussi optimistes… et de préciser qu’à trois reprises durant l’année dernière, les trois usines italiennes de Maserati ont été à l’arrêt, ce qui a forcément réduit la production qui serait de l’ordre de 43.000 unités, ce qui me semble nettement plus réaliste…, tout en constatant que c’est la première fois en cent ans que la firme de Modène atteint ce chiffre assez remarquable.
C’est imputable aux bons résultats du SUV Levante qui devrait atteindre à lui seul plus de 40 % de la production totale Maserati alors que les autres modèles assez vieillots sont un peu en perte de vitesse.
Depuis des années, on attend avec impatience le coupé Alfieri qui a bien du mal à montrer le bout de son nez alors que l’année dernière, les problèmes d’importation et de distribution liés au marché chinois (le second en importance après les USA pour Maserati) ne sont pas étrangers à cet arrêt plutôt spectaculaire de la progression.
Mais en coulisses, les spécialistes et autres analystes pensent qu’il s’agit plutôt de problèmes récurrents de mévente et que les stocks constitués ne permettent pas des rentrées suffisantes alors que Maserati doit encore bonifier en qualité ainsi qu’en fiabilité tout en améliorant son réseau et surtout l’accueil de ses clients qui n’admettent plus aujourd’hui que des «babioles» empoisonnent la vie des possesseurs d’une machine marquée du célèbre Trident de Neptune.
A près de 100.000 € au bas mot l’unité avec quelques options, on les comprend.
Il y dès lors encore du pain sur la planche, surtout au niveau du renouvellement de certains modèles (coupés et cabrios, Quattroporte…) un peu dépassés par la concurrence qui va tellement vite.
Mais revenons à ce Levante, au top ou bien un flop ?
A vous de décider après la lecture de ce mini dossier et de l’essai d’une version Q4 essence de 350 chevaux.
Pour tout dire, j’ai vraiment été agréablement surpris par les progrès enregistrés à tous les niveaux et pourtant, je n’ai jamais été très tendre envers Maserati qui bien avant l’ère Fiat produisait des voitures exceptionnelles côté motorisations et performances mais qui n’ont jamais été des modèles de fiabilité.
A l’aube de ce nouveau millénaire, les constructeurs européens de SUV de luxe se comptent sur les doigts d’une seule main : Range Rover qui a servi de «déclencheur» à BMW (propriétaire à l’époque de Land Rover), qui en 2000 a lancé son X5…, sans oublier la Mercedes ML, c’était à peu près l’offre en l’an 2000.
De l’autre côté de l’Atlantique, les Jeep Grand Cherokee faisaient rugir leur V8 tout comme les Ford Explorer et autres Dodge Durango, alors qu’une certaine Cadillac Escalade n’avait rien trouvé de mieux que d’emprunter le châssis de «camion» de la Chevrolet Tahoe tout en voulant se positionner comme marque de luxe typiquement US…, de quoi rester sur sa faim.
Deux ans plus tard, Porsche entre dans la danse avec le Cayenne, partageant de nombreux composants avec le VW Touareg et son autre cousin Audi Q7.
Quinze ans plus tard, presque tous les constructeurs premium de haut de gamme, ont eux aussi leurs SUV «Sport Utility Vehicle».
La liste est longue, impressionnante, Alfa Stelvio, Bentley Bentayga, Jaguar F-Pace, Lexus RX, Volvo XC90 et dans quelques semaines, la venue à Genève du Lamborghini Urus en attendant une Rolls Culinan ainsi qu’une Aston DBX…, sans oublier Ferrari qui ne peut faire l’impasse d’un SUV très sportif.
C’est dans l’air du temps et comme ça se vend comme des petits pains, autant profiter de cette aubaine, les constructeurs concernés auraient tort de ne pas exploiter ce filon qui n’est sûrement pas éternel, question de mode bien évidemment…, mais avec des résultats financiers qui frisent l’indécence tout en augmentant sérieusement les marges.
Il ne fallait donc pas hésiter très longtemps !
Et Maserati dans tout cela ?
Très vite, le constructeur italien sous l’impulsion de Fiat a senti le besoin de se démarquer et d’explorer de nouvelles tendances.
Au salon de Genève en 2000, Italdesign sous la conduite de Giugiaro dévoile un concept de voiture haute, à cheval entre une berline de grand luxe ainsi qu’un monospace, le Buran.
Avec près de 5 m de long et 1,95 m de large, ce concept offre vraiment beaucoup de place à l’intérieur, l’accès étant facilité à l’arrière par une porte coulissante de chaque côté.
Et bien qu’animé par le nouveau V8 Maserati turbo de 3,2 l de 370 chevaux (installé à bord du coupé 3200 GT lui aussi dessiné par Giugiaro mais de toute beauté) entraînant les quatre roues, les lignes de ce Buran ne font vraiment pas l’unanimité, pataud et lourd à la fois, sorte de Vel Satis à l’italienne mais en moins bien.
De quoi rejoindre le musée et c’est très bien comme cela.
En 2002, Porsche étonne le monde entier en sortant son premier SUV de grand luxe et sportif à la fois, le Cayenne.
Cela n’a pas échappé au boss de l’entité Ferrari-Maserati, le Marquis Cordera di Montezemolo, un gentleman, un passionné de très belle mécanique qui pendant près de 25 ans va présider avec beaucoup de panache et d’élégance aux destinées des deux marques italiennes les plus prestigieuses.
Et de suggérer à Giorgietto Giugiaro, ce designer de génie, de préparer pour le salon de Detroit en janvier 2003 une réponse plutôt cinglante à ce grand break allemand surélevé, pas très élégant, du moins à ses débuts.
Estampillé Maserati, ce Kubang GT Wagon, c’est son nom, se voudra nettement plus élégant et deviendra par la suite une sorte de référence parmi les SUV de grand luxe.
Sur une longueur de près de 5 m, le designer italien a concentré ce qui se fait de mieux en matière de design pour un SUV aussi imposant, notamment en ce qui concerne le coefficient de pénétration dans l’air, le fameux CX, avec en plus beaucoup de place à l’intérieur ainsi qu’un vaste coffre modulable.
Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un best seller…, cela n’avait pas échappé à mon attention à la vue de ce superbe prototype fabriqué à deux exemplaires…, avec en prime une partie technique de rêve, une plate-forme bien italienne, quatre roues motrices avec répartition automatique de couple, une distribution des masses bien pensée (48/52 % ), une boîte automatique 6 rapports robotisée et enfin une mécanique noble, un V8 Maserati 4,2 l de 390 chevaux avec plus de 450 Nm de couple, des jantes de 19 ou 20 pouces. Bref, une réponse 100 % italienne à celle de Porsche qui ne pouvait faire aussi bien.
Hélas, trois fois hélas, les Italiens toujours un peu frileux dès qu’il s’agit d’investir une nouvelle niche du marché, n’ont pas compris qu’il fallait «foncer» et qu’avec ce concept Kubang (c’est le nom d’un vent violent de l’île de Java), Maserati détenait une véritable arme de conquête tout à fait novatrice et bien dans l’air du temps.
Le projet Kubang était magnifique et novateur mais pour le groupe Fiat, il arrivait sans doute trop tôt…
Et pourtant l’Etat-major de Turin avait pris à l’époque contact avec Audi afin d’utiliser les synergies entre les deux constructeurs ainsi qu’une plate-forme allemande… mais la «sauce bolognaise» n’a jamais pris, incompatible ave une «sauerkraut» (choucroute) bien teutonne !
Mais il ne faut jamais dire jamais… et c’est ainsi qu’en 2011 à l’occasion du salon de Francfort, Maserati ressortait son fameux projet Kubang…, mais cette fois, les choses ont bien changé, le fringant marquis di Montezemolo ne préside plus aux destinées de Ferrari-Maserati, c’est un nouveau boss tout puissant, Sergio Marchionne, brillant hommes d’affaires (ou joueur de poker chanceux, à vous de choisir), qui a pris les commandes…, avec un fait marquant qui va un peu déstabiliser les autres «boss» de l’automobile, il réussit à racheter pour une bouchée de pain le groupe Chrysler en pleine déconfiture dont la marque Jeep.
Du coup, ce nouveau Kubang qui détonne véritablement au milieu des élégantes berlines, coupés et cabrios Maserati se présente un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Ce grand SUV qui repend l’appellation déposée en 2003 repose sur une plate-forme de Jeep Grand Cherokee… et sa fabrication est envisagé de l’autre côté de l’Atlantique avec un bloc V8 revu par Ferrari, un 4,7 l ainsi qu’une nouvelle boîte auto 8 rapports, sans oublier une transmission intégrale permanente, mais…, ce serait un crime de lèse-majesté de laisser fabriquer une Maserati de l’autre côté de l’atlantique.
Finie aussi la contribution de Giugiaro, c’est le bureau de style Maserati sous la direction de Lorenzo Ramaciotti qui s’est chargé du dessin très italien, reprenant dans les grandes lignes le dessin inspiré par Giugiaro en 2003.
Les pontes de Maserati ajoutent également que ce gros bébé devrait entrer en production en 2013 du côté de Detroit.
Heureusement que les dirigeants n’ont pas suivi cette «bien mauvaise idée», Kubang aurait été un «SUV mort né».
Marchionne a en effet compris que Maserati, c’était avant tout italien à 100 % et que ce grand SUV devait être assemblé dans l’usine Fiat de Mirafiori dans la grande banlieue de Turin.
Ouf, l’honneur était sauf.
A l’inverse, Sergio Marchionne n’a pas eu les mêmes états d’âme lorsqu’il a confié aux usines italiennes de Fiat le soin de fabriquer le cousin américain de la Fiat 500 : la Jeep Renegade.
On a vu passer 2012, 2013, 2014 et 2015, toujours pas de Kubang à l’horizon.
Il a donc fallu attendre cinq ans de plus, (que de temps perdu) pour que la version définitive de ce Kubang rebaptisé Levante entre en scène, c’était à l’occasion du salon de Genève 2016, le lancement commercial devait avoir lieu quelques semaines plus tard.
J’étais bien évidemment à Genève sur le stand Maserati lorsque les dirigeants ont fait vrombir le moteur mais c’était un simple V6 turbo et non un V8 !
Première déception pour un grand SUV chargé de concurrencer avec des «années lumière de retard» les principaux concurrents «teutons», Porsche Cayenne en tête, BMW X6 et Audi Q7.
A première vue, le design semble assez réussi, 5 m de long, calandre béante orné du célèbre trident, capot démesurément long et partie arrière marquée par des hanches généreuses ainsi qu’un hayon fuyant…, décidément, ce grand SUV n’est sans doute pas comme les autres, il a du caractère et ne manque pas d’élégance.
En outre, il repose aussi sur une nouvelle plate-forme elle aussi bien italienne extrapolée à partir des berlines Ghibli et Quattroporte !
Ce premier SUV Maserati n’a pas raté son entrée, il se veut aussi polyvalent et pratique à la fois tout en étant élitiste avec un intérieur plutôt bien traité revêtu de cuir signé Ermenegildo Zegna.
L’examen de l’habitacle révèle toutefois quelques faiblesses au niveau de la finition et de l’assemblage, alors que l’habitabilité arrière n’est pas son point fort, du moins avec 5 m de long, mais son coffre modulable très vaste (à partir de 580 l), met tout le monde d’accord.
Un an après le lancement commercial de ce SUV (qui représente plus de 40 % des ventes de la marque au trident), Levante se remet déjà au goût du jour avec notamment des équipements high tech mais également une finition encore plus soignée et des assemblages nettement mieux réalisés.
Uniquement livrable avec des blocs V6 essence biturbo de 350 et 430 chevaux, Levante l’est aussi avec le diesel V6 3 l VM Motori de 275 chevaux qui actuellement n’aurait plus tellement la cote en Europe.
Et comme la version la moins puissante de 350 chevaux était jusqu’à présent réservée au marché chinois, elle débarque enfin en Europe d’où cet essai d’une version GranSport, caractérisée par une finition nettement plus huppée avec sièges sport à réglages électriques, des étriers de freins peints en rouge ainsi que des jantes de 20 pouces (21 sur la voiture d’essai)…, avec en prime une direction assistée électrique nettement plus précise ainsi que de nouveaux systèmes d’aide à la conduite, comme le régulateur de vitesse intelligent, l’alerte de franchissement de ligne, l’avertisseur d’angle mort, bref, on a déjà vu cela chez d’autres constructeurs, Maserati se devait de l’installer sur Levante…. mais toujours pas de lecture tête haute dans le pare-brise, un dispositif pourtant très utile et qui permet d’encore mieux se concentrer sur la conduite (une autre version GrandLusso est également inscrite au programme).
Pendant trois jours, je vais devenir l’heureux propriétaire par procuration de cette Levante Q4 de 350 chevaux qui a fière allure, une voiture de «macho» pas pour les fillettes et leur pointure 36…, du moins, c’est l’impression qu’elle donne au premier abord.
Comme tous les grands SUV de la dernière génération, il se veut imposant, très imposant, plus de 5 m de long mais aussi plutôt lourd, un peu plus de 2100 kg en ordre de marche sans les options.
Dans cette version Q4 de 350 chevaux et finition GranSport, Levante démarre à 88.700 € mais la voiture d’essai bien équipée avec de nombreux packs et surtout personnalisable à souhait revient à près de 115.000 €, pas donné, je vous le concède, mais les prix s’alignent sur ceux de la concurrence.
A l’intérieur, ravissement, ici, on monte en voiture : planche de bord bien présentée, belle couleur bleue, grand écran central, sièges et colonne de direction à commande électrique…, bref, rien n’a été oublié, mais ce très grand SUV offre seulement quatre vraies places…, à l’avant c’est royal, mais à l’arrière l’espace est plutôt compté pour les grandes tailles.
Petit coup d’œil sur la console centrale, du bel ouvrage avec les fonctions drive ainsi que les paramètres pouvant gérer le dynamisme de ce grand SUV tout en proposant grâce à la suspension pneumatique cinq hauteurs de caisse différente.
Sur route, la hauteur de caisse normale est encore réduite de près de 2 cm pour encore mieux coller au bitume alors qu’en «tous chemins», pas de rapports courts mais un système «off road» comportant le freinage en descente et surtout la possibilité de faire varier la hauteur de caisse, très pratique si l’on s’éloigne des sentiers battus.
Mais attention, ce n’est pas un SUV du genre Range Rover, pas un franchisseur et de plus, ce serait dommage de rayer une aussi belle carrosserie dans des chemins creux.
En mode sport, ce n’est pas seulement le bruit du V6 qui s’amplifie mais bien évidemment l’ensemble du groupe motopropulseur qui se met au diapason.
Sur le bitume, ce grand SUV n’a sans doute pas l’agilité d’une ballerine, mais on n’a jamais l’impression de piloter un engin de plus de deux tonnes.
La transmission intégrale permanente Q4 élaborée par Magna en Autriche ave coupleur central et différentiel arrière à glissement limité (identique à quelques détails près à celle de l’Alfa Stelvio) permet en effet de répartir automatiquement le couple à 100 % vers l’arrière ou le faire varier jusqu’à 50/50, mais le pilote ne s’en aperçoit même pas.
Avec en prime une transmission ZF automatique 8 vitesses plutôt sophistiquée à la commande un peu parfois récalcitrante, mais avec fonction manuelle via d’immenses palettes, un peu trop encombrantes, fixées derrière le volant.
Avec 350 chevaux à 5.750 tr/min et 500 Nm à partir de1.750 tr/min, ce grand SUV avec son moteur V6 Maserati revisité dans les ateliers Ferrari n’arrête pas de chanter.
C’est encore plus beau en mode sport, c’est toute la Scala de Milan qui vibre à l’unisson, je comprends maintenant nettement mieux comment des mélomanes peuvent tomber amoureux de ce V6 terriblement italien dans ses vocalises…, d’autant qu’il ne chôme jamais sur la route : 250 km/h en pointe, ça, on s’en f… un peu, sauf sur les autobahnen allemandes non limitées que ce grand SUV avale à l’allure d’un TGV, mais ce sont surtout les accélérations (de 0 à 100 km/h en 6 s) qui retiennent l’attention, de même que les relances dont on ne se lasse jamais.
Excellente tenue de cap également, ce grand SUV préfère bien évidemment les grandes courbes aux virages les plus serrés mais cette «belle italienne» ne chôme jamais dans le trafic alors que son appétit varie en fonction de l’humeur de son pilote, entre 10 et 15 l/100 km, il n’y a pas de miracles.
Autre sujets d’étonnement positif, le silence de marche, l’excellente motricité sur des revêtements glissants comme la neige qui m’a empêché d’atteindre Paris en ce début février (pas à cause de ce Levante mais des autoroutes embouteillées à n’en plus finir et Paris sous la neige, c’est la cata !) et surtout cette absence de bruits de roulement ou d’autres sifflements aérodynamiques. Assez bluffant du moins sur une Maserati sauf que j’ai été un peu déçu au niveau du freinage pourtant confié à quatre gros disques généreux avec étriers peints en rouge, il manque un peu de puissance et surtout d’endurance dès que l’on veut attaquer un rien… et que l’on sollicite un peu trop les freins.
Mais n’ayons pas peur des mots, ce Levante m’a bien réconcilié avec Maserati, enfin, une machine plutôt homogène et bien conçue… et de plus garantie trois ans, kilométrage illimité.
Et l’avenir de Maserati ?
Il passe en premier lieu et bien évidemment par le renouvellement des berlines et de coupés/cabriolets un peu trop vieillissants, il faut réagir.
Quant au Levante, s’il veut se poser en concurrent sérieux des grands SUV performants style Porsche Cayenne, BMW X5/X6, Audi Q7 et autres Jaguar F-Pace et les cousins Range Rover, la gamme doit évoluer au plus vite…, avec notamment un V8 qui aurait dû figurer au programme dès 2016 (il arrive dans les prochaines semaines).
Pour le futur, une version hybride est tout simplement indispensable, Maserati se doit dès lors de mettre les bouchées doubles et pourquoi pas proposer un petit frère à ce Levante, de quoi concurrencer la Porsche Macan.
Afin de ne pas marcher sur les plates-bandes de l’Alfa Stelvio, Maserati doit s’intégrer en termes de motorisations avec quelque 300 à 350 chevaux sous le capot, ce serait un minimum.
Aux spécialistes du Marketing de se débrouiller pour que ce «Mini Levante» soit un pur produit Maserati qui, de manière intelligente, pourrait aller puiser ses organes ainsi que sa nouvelle plate-forme au sein du groupe FCA, notamment chez Alfa.
Il faudrait également et c’est impératif, que Maserati étoffe sérieusement son réseau de concessionnaires spécialement sélectionnés et pas des amateurs ni des «margoulins» comme dans un passé pas très lointain.
Certes, il y a du pain sur la planche, mais c’est se retrousser les manches ou bien mettre la clef sous le paillasson.
Les frères Maserati n’apprécieraient vraiment pas…, les actionnaires encore moins…
Marcel PIROTTE