McLaren P1 by Itzkirb…
Flirter avec les 350 km/h sans émettre le moindre gaz d’échappement…, la McLaren P1 en est capable grâce à une mécanique hybride constituée d’un V8 3.8 biturbo de 724 chevaux et d’un moteur électrique de 179 chevaux, soit une puissance combinée de 903 chevaux et un couple de 900 Nm…, de quoi assurer un 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes (alors que les 200 km/h sont à moins de 7 secondes)… et franchir les 300 km/h ne nécessite que 17 secondes…, soit 5 secondes de moins que la McLaren F1…
La folie a depuis quelques temps submergé la raison, jamais peste ne fut si fatale, si horrible…, son avatar, c’est un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores… et la dissolution de l’être…, des taches pourpres sur le corps, et spécialement sur le visage de la victime, la mettant au ban de l’humanité, et lui fermant tout secours et toute sympathie… Mais le prince était heureux, et intrépide, et sagace, de posséder une McLaren P1 ! Pour fêter son bonheur, il a convoqué la semaine dernière une centaine d’amis vigoureux et allègres de coeur, choisissant en sus tout autant de dames, dans une de ses demeures fortifiées, un vaste et magnifique bâtiment, une création du prince, d’un goût excentrique et cependant grandiose.
Un mur épais et haut lui faisait une ceinture…, ce mur avait des portes de fer…, les courtisans et courtisanes, une fois entré(e)s, quelques ouvriers se servirent de fourneaux et de solides marteaux pour souder les verrous, les barricadant contre les impulsions soudaines du désespoir extérieur et fermant toute issue aux frénésies du dedans. Grâce à ces précautions, les courtisans et courtisanes pouvaient jeter le défi à la contagion…, le monde extérieur s’arrangerait comme il pourrait…, en attendant, c’était folie de s’affliger ou de penser…, le prince avait pourvu à tous les moyens de plaisir…
Il y avait des bouffons, il y avait des improvisateurs, des danseurs, des musiciens, il y avait le beau sous toutes ses formes, il y avait le vin…, en dedans, il y avait toutes ces belles choses et la sécurité…, au dehors, rien… Tableau voluptueux que cette mascarade…, mais d’abord laissez-moi vous décrire l’engin de tous les vices. Pour McLaren, le choix de l’hybridation poursuit d’autres objectifs que l’augmentation de la puissance pure pour affoler les chronos…, baptisé IPAS pour “Instant Power Assist”, le système électrique développé par McLaren pour la P1 a d’abord pour mission d’effacer le temps de réponse typique de la suralimentation par turbocompresseur.
Pour y parvenir, le moteur électrique fournit 260 Nm immédiatement disponibles, progressivement abondés par les 740 Nm du V8 biturbo. La courbe de couple des deux machines combinées culmine à 900 Nm, soit tout de même l’équivalent de ce que pourrait développer un bon gros 8 litres atmosphérique avec une qualité de réponse à l’accélérateur équivalente.
Les concepteurs de la P1 ne se sont pas arrêtés en si bon chemin et ont profité de la présence de cette chaîne de traction électrique pour baisser drastiquement les émissions de CO2 de leur supercar…, il suffisait pour cela d’augmenter la capacité de batterie à un niveau suffisant pour faire de la P1 une hybride rechargeable capable d’une véritable autonomie 100 % électrique. De fait, les 96 kg de batterie logés dans la coque en carbone juste derrière les passagers dotent la P1 d’un rayon d’action “zéro émission” de 20 km, mais à une vitesse maximale de 50 km/h…, une distance suffisante pour faire chuter sa consommation officielle sous les 8,5 l/100 km, soit moins de 200 g/km de CO2.
Le malus de la P1 s’établit donc à 5.000 euros pour les clients français, contre 6.000 euros pour les voitures de sport non hybrides les plus performantes…, un argument de vente qu’il convient toutefois de relativiser s’agissant d’un modèle dont le tarif est de 1.004.390 euros… et dont la fabrication fut limitée à 375 exemplaires. Plus important, cette autonomie électrique devait garantir au conducteur de cette McLaren d’accéder jusqu’au centre des grandes métropoles, aussi autophobes soient-elles. Les 96 kg de batterie sont logés à l’arrière de la coque en carbone pour garantir le meilleur centrage des masses possible. La recharge complète de la batterie réclame environ deux heures, au moyen d’un chargeur que le conducteur peut laisser dans son garage pour ne pas embarquer de poids inutile, par exemple lors d’une excursion sur circuit (sic !), enfin, comme la MP4 12C, la P1 dispose d’un aileron arrière à inclinaison variable.
Baptisé DRS pour Drag Reduction System comme en Formule 1, ce système “déclenchable” via un bouton situé sur le volant permet de réduire jusqu’à 23 % la traînée en ligne droite au profit de la vitesse de pointe et de la consommation. L’aileron reprend automatiquement son incidence normale dès que le conducteur touche la pédale de frein pour garantir une bonne stabilité lors des décélérations haute vitesse…, une enfilade impériale pour de longues perspectives en ligne droite alors que le regard s’enfonce jusqu’au bout de l’horizon sans obstacle, dans une multitude d’aspects chatoyants et fantastiques.., transformant la physionomie de l’imprudent qui s’y lance à tombeau ouvert…
Dans ce type de folie, le pendule du temps se balance avec un tic-tac sourd, lourd, monotone; et quand l’aiguille des minutes a fait le circuit du cadran et que l’heure fatale va sonner, il parait que s’élève dans l’habitacle, un son clair, éclatant, profond et excessivement musical, mais d’une note si particulière et d’une énergie telle, qu’un trouble momentané laisse place à une méditation ou une rêverie délirante.Mais en dépit de tout cela, le Prince voulait que sa fête soit une joyeuse et magnifique orgie, il avait un oeil sûr à l’endroit des couleurs et des effets, il méprisait le décorum de la mode…, ses plans étaient téméraires et sauvages et ses conceptions brillaient d’une splendeur barbare.
Il y a des gens qui l’auraient jugé fou, mais il fallait l’entendre, le voir, le toucher, pour être sûr qu’il ne l’était pas…, iI avait, à l’occasion de cette grande fête, présidé en grande partie à la décoration mobilière… et c’était son goût personnel qui avait commandé le style des travestissements. A coup sûr, c’étaient des conceptions grotesques…, c’était éblouissant, étincelant…, il y avait du piquant et du fantastique, il y avait des figures vraiment grotesques, absurdement équipées, incongrûment bâties; des fantaisies monstrueuses comme la folie…, il y avait du beau, du licencieux, du bizarre en quantité, tant soit peu de terrible, et du dégoûtant à foison…, bref, c’était comme une multitude de rêves qui se pavanaient çà et là… et ces rêves se contorsionnaient en tous sens !
Et de temps en temps on entendait sonner l’horloge du temps… et alors, pour un moment, tout s’arrêtait, tout se taisai, excepté la voix de l’horloge…, les rêves se glaçaient, paralysés dans leurs postures…, mais les échos de la sonnerie s’évanouissent, ils ne duraient qu’un instant, et à peine avaient-ils fui, qu’une hilarité légère et mal contenue circulait partout… et la musique s’enflait de nouveau, et les rêves revivaient et se tordaient çà et là plus joyeusement que jamais…Et la tête tourbillonnait toujours, lorsque s’éleva le son de minuit, alors, la musique s’arrêta…, dans une réunion de fantômes, il fallait sans doute une apparition bien extraordinaire pour causer une telle sensation…, il y a dans les coeurs des plus insouciants des cordes qui ne se laissent pas toucher sans émotion…, même chez les plus dépravés, chez ceux pour qui la vie et la mort sont également un jeu, il y a des choses avec lesquelles on ne peut pas jouer.
Toute l’assemblée parut alors sentir profondément le mauvais goût et l’inconvenance de cette fête à la gloire d’une automobile… Alors, invoquant le courage violent du désespoir, une foule de masques se précipita pour détruire la McLaren qui se tenait, comme une grande statue, immobile…, toutes et tous se sentirent suffoqués par une terreur sans nom, en voyant qu’elle n’était pas humaine… et tous les convives tombèrent un à un.. et chacun mourut dans la posture désespérée de sa chute…, et la vie de l’horloge du temps qui passe disparut avec celle du dernier de ces êtres joyeux… et les ténèbres, et la ruine…, du Prince, nul ne sut, il avait disparu…
Merci à Kirb Photography pour l’apport graphique, vous pouvez lui commander des impressions photos de toutes dimensions : http://itzkirb.com