Mercedes 300SL Roadster 1958
Au détour de quelque coin de l’univers inondé des feux d’innombrables systèmes solaires, il y eut un jour une planète sur laquelle des animaux intelligents inventèrent la connaissance… Ce fut la minute la plus orgueilleuse et la plus mensongère de l’histoire universelle, mais ce ne fut cependant qu’une minute. Durant ce temps, mais après quelques soupirs de la nature, quelques secondes avant que la planète se congèle, un humain inventa la Mercedes… En cette suite, les animaux intelligents n’eurent plus qu’à attendre qu’elle s’auto-transforme en boîte à gâteux… pour y mourir.
Telle est la fable qu’on pourrait inventer sans parvenir à mettre suffisamment en lumière l’aspect lamentable, flou, fugitif, vain et arbitraire, de cette exception que constitue l’intellect humain au sein de la nature. Des éternités ont passé d’où il était absent, et s’il disparaissait à nouveau, il ne se sera rien passé, si ce n’est qu’en un temps actuellement incertain, a existé Mercedes… On a fait un grand pas en avant lorsqu’on a fini par inculquer aux grandes masses (qui ont la digestion rapide), ce sentiment qu’il est défendu de toucher à tout, qu’il y a des évènements sacrés où elles n’ont accès qu’en ôtant leurs souliers…
Toutefois, il ne leur est pas permis de toucher quoique ce soit avec leurs mains impures. C’est le Top-point le plus élevé d’humanité qu’ils peuvent atteindre ! Au contraire, rien n’est aussi répugnant, chez les êtres soi-disant cultivés, chez les “sectateurs” des idées modernes, que leur total manque de pudeur, surtout leur insolence familière (de l’œil et de la main) qui les porte à toucher à tout, à goûter de tout et à tâter de tout, de sorte qu’il se peut qu’aujourd’hui, dans le peuple, il y ait plus de noblesse relative du goût, plus de sentiment de respect, que dans ce monde des esprits qui aiment les Mercedes-Benz !
Sont particulièrement visés ceux qui érectionnent devant les fantaisies merdiatiques, jouissent des divagations des journaleux et se considèrent cultivés. Tout homme d’élite aspire instinctivement à sa tour d’ivoire, à sa retraite mystérieuse, où il est délivré de la masse, du vulgaire, du grand nombre, où il peut oublier les règles, étant lui-même une exception à cette règle… Tout esprit profond a besoin d’un masque pour grandir et se développer sans cesse, grâce à l’interprétation toujours fausse, c’est-à-dire plate, de chacune de ses paroles, de chacune de ses démarches, du moindre signe de vie qu’il donne.
Ainsi, il est possible que dans l’histoire de la littérature, des milliers de romans aient intégré diverses Mercedes sans qu’aucun lecteur ne le sache. Dans La Bête Humaine, elle est peut-être sur un parking de gare sans qu’Émile Zola ne daigne en parler ! Dans Tristan et Iseult, elle sert probablement d’engin transportant l’anti-héros… Sous ces carapaces de banalités, diverses créatures insidieuses développent des stratégies visant à les distinguer de la masse afin de briller en société : s’auto-définir en affirmant leur personnalité, en achetant le moins cher possible quelque chose d’indéfinissable…
Pour toutes sortes de raisons (toutes mauvaises), c’est Mercedes qui est devenue l’idéale élue de seconde main (et bien plus)… Et ils font tout leur possible pour le crier à la face du monde pour enfin avoir quelque chose à dire.. Pas de bol pour l’humanité ! Cette Mercedes, hors son prix de vente “Kolozall”, n’avait rien de très glamour au temps ou elle était neuve… Et c’est bien pire avec plus de 64 ans passés à rouiller et cancériger, la police en trouve parfois en faisant des descentes dans des parkings souterrains ou elles ont été abandonnées depuis plusieurs années !
Malgré tout cela, les Mi-Geek-chics ont vu dans la Mercedes 300SL un label qui leur permettrait de se définir en société comme ayant une caractéristique leur faisant sortir de la masse des anonymes. En général, ces pauvres bougres s’auto-persuadaient tant bien que mal rouler en Mercedes fait tellement “appartenance à un groupe social élevé”, au même titre qu’une gamine de 14 ans se dit “gothique” parce qu’elle porte souvent un t-shirt noir et aime Tim Burton. Pourtant, les Mi-Geek sont souvent discrets de prime abord, parce qu’ils ne sortent pas naturellement de la masse par leur charisme ravageur !
Mais aussi parce qu’ils passent tellement de temps inutile, qu’au bout d’un moment, les gens ne se souviennent même plus qu’ils existent. Hélas, tel les sous-marins U-Boot nazis se tenant invisibles à l’écart des convois de joyeux marins britanniques s’enivrant au son des vagues de l’Atlantique-nord roulant contre la coque, les Mi-Geek finissent toujours par trouver une occasion leur permettant de parler de leur Mercedes pour plomber l’ambiance : qu’il s’agisse d’une âme charitable leur adressant la parole, d’un cercle mal fermé laissant une place où s’insérer, ou tout simplement d’un malheureux passant à proximité !
La comparaison avec les U-Boot se poursuit, puisqu’ils se mettent à chasser en meute, sachant exploiter toutes les failles. Dès lors, ils ouvrent grand leur bouche pour en sortir quantité de torpilles verbales qui viennent percuter les esprits honnêtes, faisant flamber les sujets intelligents et sombrer le niveau ambiant des conversations. En un mot, ils s’empressent de prétendre que leur Mercedes est le top du top, à savoir ses gadgets, accessoires et autres nullités pouvant leur permettre d’expliquer que : “Halala, je ne dis pas du tout ça pour faire un concours de kiki avec ce que je peux !”…
Comment peut-on faire comprendre que si Mercedes inventait une dynamo à mépris, cela permettrait de résoudre la crise énergétique mondiale ? Le Mi-Geek actuel, collectionneur de ce que son père possédait à crédit, c’est un peu comme Christine Boutin qui se déclarerait Love-Coach : on est sûr qu’elle le pense, mais on n’a pas encore bien compris pourquoi et on préfère éviter ses conseils. L’étalage de leurs discours creux drapés d’atours supposément techniques concernant leur Mercedes, permet à chacun de comprendre à quel point ils n’y connaissent strictement rien de plus que leurs ancètres…
Ils vivent simplement au milieu de leurs illusions et préjugés présentés comme des vérités générales… Autant de signes qui permettent à chacun de savoir que oui, les Mi-Geek qui suivent une mode absolument consternante consistant à prendre pour chic une Mercedes qui ne l’est pas, doivent donc être bien malgré-eux des sortes d’enveloppes vides errant sur quatre roues, se réclamant de n’importe quoi, se proclamant mécanos, grease monkeys, parce qu’ils adorent aller au salon de l’auto, même s’ils n’y pigent rien à la mécanique, mais qui tentent de caser “Mercedes” le plus possible pour faire expert !
En deux mots, des beaufs, qui comme tous les beaufs, suivent la mode en matière de voitures anciennes pour mieux se mettre en avant… Evidemment, tout cela aurait pu rester sans conséquence : les Mi-Geek n’étant finalement simplement que des personnages des plus ennuyeux (qu’importe leur sexe), tentant de se définir au travers d’une marque qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes. Hélas, ils incarnent un fléau pour les sociétés modernes, puisque leur passion pour les Mercedes et la passivité des gens à ne pas les renvoyer à leur incompétence, leur permet de briller auprès de plus crétins qu’eux…
D’un pas nonchalant Christopher-Alexander von Hutten zum Stolzenberg arpente son domaine de sa fringante silhouette. Un soleil radieux illumine la baie et la journée s’annonce idéale pour la Party à laquelle il a convié les plus proches de ses anciennes relations d’affaires. En ajustant ses Wayfarers, il esquisse un sourire satisfait à la pensée qu’il est le seul d’entre eux à s’être défait de l’encombrant lien du mariage. Depuis qu’il a acheté cette Mercedes 300SL Roadster proposée par RM Sotheby’s, il se sent un autre homme, sa cure et la refonte totale de sa garde-robe ayant bien arrangé les choses.
Il se sent particulièrement fier de l’harmonie formée par son chinos Ralf Lauren “flat front” blanc a rayures bleues, son polo jaune John Varvatos, et ses élégants mocassins Tod’s. Mais sa plus grande fierté est sans conteste Sophie Von Bismark, sa jeune et plantureuse compagne. Il est d’ores et déjà impatient de la voir exciter les regards libidineux de ses amis, assise à ses côtés dans la Mercedes 300SL, presque la même que son ex-femme lui avait offert pour fêter leurs nouvelles perspectives de retraités… Que penserait cette dernière si elle savait que Sophie Von Bismark, est plus jeune que leur propre fille cadette ?
Christopher-Alexander von Hutten zum Stolzenberg s’en moque. Ce soir il l’exhibera non sans un certain orgueil à ses amis lors du dîner dans son domaine au bord des flots qui, selon les dires de certains autochtones, aurait abrité les ébats estivaux coupables des membres mâles de la famille Kennedy avec des jeunes filles du crû. Oubliant un bref instant ces considérations sexuelles je vais vous concentrer sur l’objet même de cet article La Mercedes 300SL qui arbore un style classieux qui provoque de violentes poussées allergènes aux Hot-Rodders et Customaniaques !
Son profil impressionne toujours par sa classe. Laissons les Customaniaques hurler, comme d’autres l’ont fait lors de la vente d’une Mercedes 300SLR Coupé pour 135 millions… Ce dessin est une merveille de décadence Germanique, liant subtilement le charme d’une automobile classique avec les raffinements snobissimes quasi Wagnériens. Aucun lecteur de GatsbyOnline, ardent défenseur des charmes classiques des vénérables ancêtres fanatique ne pourrait y rester insensible… Premier constat à l’abord de l’engin, les “womenizers” américains catégorie “senior” se doivent de conserver un corps d’athlète.
Il faut effectivement faire preuve de souplesse pour monter dans ce Roadster, surtout capote en place. Après quelques contorsions on se retrouve assis comme dans une authentique sportscar, très bas, les jambes quasi droites, avec le volant qui tombe parfaitement contre le torse avant d’être en main. Deuxième constat, l’intérieur full-luxe est à des années-lumière des sombres tableaux de bord en plastique noir des taxis Mercedes. On assiste ici à une véritable débauche de matériaux précieux (avec de subtils effets de symétries), cuir voluptueux et moquette aussi profondes que la gorge de Linda Lovelace.
La qualité de finition est telle que l’on en oublie qu’on est mortel… Les premiers tours de roues ne se font pas sans une légère appréhension. Devant, le capot semble aussi bas que large et indéfiniment long, les limites de ce monstre de près de deux tonnes sont impossible à cerner… On est vite rassuré par la douceur des commandes qui permettent de promener la 300SL dans une quiétude d’esprit relative. Seul un rayon de braquage ridicule provoquera quelques sueurs froides dans les carrefours les plus étroits et les parkings… Mais quel cuistre irait dans ce genre d’endroits pour péquenots ?
La Mercedes 300SL se conduit somme toute comme n’importe quelle sportive de grand luxe… Il ne faut pas hésiter à se montrer irrévérencieux pour évaluer les capacités du moteur. On enfonce la pédale d’accélérateur jusqu’à la butée, l’échappement laisse enfin échapper un feulement viril tandis que la 300SL se cabre et se lance dans une charge héroïque tel un Cuirassé Nazi à plein régime. L’accélération devient soudainement vigoureuse et on est surpris par la disponibilité du moteur qui semble sans limite. Mais si la 300SL est une formidable automobile en lignes droites, son comportement est scabreux en courbes.
Les liaisons au sol ne disposent pas des égards de l’ office de préparation mécanique AMG et sont strictement d’origine. Les excès d’enthousiasme sont irrévocablement tempérés par les lois élémentaires de la physique. Il apparaît alors complètement illusoire de laisser s’exprimer de quelconques velléités en hommage à Fangio à son volant, d’autant plus que si le freinage est indéniablement efficace, la pédale requiert une certaine violence pour effectuer son office. Tel le sémillant Christopher-Alexander von Hutten zum Stolzenberg, cette 300SL aborde son tardif démon de midi avec un panache réjouissant.
Elle se laisse aller, avec une indéniable maladresse, à des instincts répréhensibles que son étiquette lui interdit mais l’intensité de sa personnalité décadente lui confère un pouvoir d’attraction qui, s’il laissera insensibles les adeptes du manichéisme, n’en rencontre pas moins les suffrages des nantis. Bien que la Mercedes-Benz 300 SL Gullwing Coupé soit le summum des voitures de collection portant l’emblème de l’étoile à trois branches, beaucoup considèrent que la 300 SL Roadster qui l’a suivie est plus facile à conduire et plus pratique pour les visites fréquentes et longues distances que les propriétaires apprécient.
Lorsque Max Hoffman, le distributeur américain de Mercedes-Benz, a convaincu Daimler-Benz en 1953 de mettre en production une version client de l’étonnante et réussie voiture de course 300 SL, les portes papillon distinctives et le confort d’une cabine fermée ont conduit les planificateurs de produits à décider que la première version à être introduite serait le coupé. Néanmoins, croyant qu’il y aurait une forte demande pour un roadster offrant les plaisirs de la conduite décadente (un must !), Hoffman a encouragé Mercedes à développer une version ouverte avec à la fois une capote et un toit rigide amovible.
Ce qui a dû être changé par rapport au coupé était le châssis tubulaire, dont les seuils latéraux très hauts nécessitaient les portes en aile de mouette. En ajoutant des jambes de force diagonales pour soutenir les sections latérales abaissées et en renforçant davantage le châssis principal, les ingénieurs ont pu maintenir la rigidité en torsion du Roadster tout en abaissant les connexions centrales sous les portes traditionnelles plus grandes qui facilitaient l’entrée et la sortie, permettant également l’utilisation de vitres enroulables, ce qui rendait la voiture plus confortable lorsque le toit rigide amovible était installé.
Au lieu de la géométrie impitoyable de la suspension à pivots élevés et à essieu oscillant du coupé, adaptée du châssis W186 des plus grandes berlines 300, le châssis Roadster utilisait la suspension arrière à pivot bas et à essieu oscillant adaptée des berlines 220a ultérieures, avec un ressort hélicoïdal monté transversalement au-dessus du différentiel, relié aux essieux par des jambes de force verticales pour atténuer le survirage et les chocs. La refonte du châssis et de la suspension a également permis l’installation de ressorts hélicoïdaux offrant aux Roadsters une conduite beaucoup plus souple et confortable.
La compression du moteur des Roadsters a été augmentée pour tirer parti de la disponibilité de l’essence à indice d’octane 100 et ainsi augmenter la puissance de 25 chevaux pour compenser le poids supplémentaire du châssis, de la capote rabattable et des fenêtres à remontage. La fabrication d’un arbre à cames sport standard et l’installation d’une extrémité arrière inférieure de 3,89:1 ont amélioré l’accélération au détriment de la réduction de la vitesse maximale à 137 mi/h, deux changements plus appropriés aux limites de vitesse et aux conditions de circulation américaines.
Dans l’ensemble, les Roadsters, d’alors et de maintenant, sont plus pratiques à posséder que les coupés et se sont bien vendus dès l’introduction en 1957 jusqu’à la fin de la production en 1963, avec un total de 1.858 unités produites. Ce magnifique exemplaire a été livré à Brême, en Allemagne, en novembre 1957, à destination des États-Unis, le Roadster a quitté l’usine fini en peinture gris blanc sur cuir rouge avec un toit décapotable noir. Il est resté aux États-Unis pendant les trois décennies suivantes avant d’être réexpédié en Europe en 1987. En 2010, la voiture a été envoyée dans un atelier de restauration.
Alte Sterne Manufaktur à Stuttgart, en Allemagne, s’est occupé de la rénovation. Achevé en 2011, le Roadster se présente désormais dans la couleur d’époque “Medium Blue Metallic” (DB 396) avec un toit cabriolet bleu et un intérieur en cuir rouge foncé (641), une combinaison vraiment splendide. De plus, les freins à tambour standard ont été remplacés par des disques et permettent une plus grande facilité d’utilisation et de confiance lors de la conduite dans la circulation moderne. Les freins à tambour d’origine sont compils dans le stock de pièces accompagnant la Mercedes..
Après la restauration, la voiture est restée en Belgique jusqu’en 2022, date à laquelle elle a été ramenée par avion aux États-Unis après avoir été acquise par le propriétaire actuel. De manière significative, le moteur, la boîte de vitesses, la carrosserie et les porte-essieux avant correspondent aux unités correctes à la voiture, comme indiqué par les numéros de série notés sur la carte de données. Après avoir acheté le Roadster, le propriétaire actuel l’a envoyé à Classic Performance Restorations primé à Gilbert, en Arizona, pour corriger les défauts de la finition de la peinture métallisée.
En tant que tel, la voiture a été complètement repeinte à un niveau extrêmement élevé et se présente maintenant dans des conditions de compétition nationale. En plus des photographies, des factures et du rapport d’évaluation FIVA d’octobre 2022, cette 300 SL Roadster est accompagnée des manuels du propriétaire, d’d’outils et de documents détaillant la propriété au fil des décennies. Cette Mercedes-Benz 300 SL respire la qualité de toutes les surfaces et de tous les détails, engageante, utilisable et passionnante au volant. Cet exemplaire de qualité concours, va devenir le point culminant de toute collection !
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
La vision espiègle et amusante des vices et travers de l’humanité que vous partagez avec vos lecteurs est toujours aussi plaisante à lire, je vous renouvelle mes remerciements les plus sincères !
Votre Lectorat.
Mon cher lectorat, mon évident mérite vient que j’ai possédé ces automobiles en un temps ou elles ne valaient plus grand chose, ce qui était le secret de pouvoir les revendre assez cher à des gens qui n’en connaissaient pas les réalités…
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