Mille Miglia Storica 2012…
Je vous invite à découvrir le St Graal automobile : la course la plus mythique du monde : les Mille-Miglia Storica…
Cette course fut créée par les jeunes comtes Aymo Maggi et Franco Mazzotti, en réponse, semble-t-il, de la perte du Grand Prix d’Italie par leur ville de Brescia.
Avec un groupe d’associés fortunés, ils établirent un circuit en forme de huit allant de Brescia à Rome et retour, pour une distance parcourue d’environ 1.618 kilomètres, soit 1.005 milles.
La première course eut lieu du 26 au 27 mars 1927 avec 77 concurrents au départ, tous italiens.
Le gagnant, Giuseppe Morandi, termina la boucle de cette première édition en un peu moins de 21 heures et 5 minutes, à la moyenne de 78 km/h .
L’originalité de cette épreuve était de faire courir des voitures d’endurance sur routes… et non sur circuit.
Ferrari, Maserati, Alfa Romeo, Porsche, Mercedes, Jaguar, Aston Martin, Bugatti…, tout le “gratin” de la compétition automobile se disputait la 1re place de cette prestigieuse épopée sportive et humaine.
De nos jours, une épreuve routière dénommée “Mille Miglia Storica”, réservée aux voitures de course de collection, perpétue la tradition.
Ce rendez-vous annuel est devenu l’un des événements les plus prestigieux au monde, dans le domaine des courses de véhicules d’époque.
A la différence près que la régularité (50km/h de moyenne imposée) a pris le pas sur la vitesse pure.
Cette année 2012, ce sont plus de 1000 véhicules (dont 375 engagés, le reste étant des accompagnateurs) qui ont pris le départ du rallye depuis la Piazza della Loggia, à Brescia, pour former la boucle historique en passant par Vérone, Ferrara, Rome, Florence et Modène.
A l’occasion du 35ème anniversaire des Mille Miglia Storica, les participants étaient venus accompagnés des plus belles pièces de collection qui ont marqué la course originelle de leurs empreintes.
Une armée de Ferrari était venue participer à cette édition, au milieu de plusieurs Mercedes 300 SL, BMW 328, Jaguar XK120, Alfa Romeo 6C et bien d’autres.
25 membres du Club Mercedes SLR ont également rendu hommage à Stirling Moss et sa fabuleuse Mercedes 300 SLR victorieuse de l’épreuve en 1955.
D’autres constructeurs avaient également fait le déplacement comme Porsche qui était présent avec deux 550 Spyder et quatre 356… et Bentley avec deux “Blower” 4,5l de 1930 et une Type-R de 1954.
L’une, à de multiples reprises pilotée par Henry Tim Birkin ( vainqueur au Mans en 1929 ), avait déjà participé aux Mille Miglia en 2005 et 2011.
L’autre des 50 “Blower” ( en référence à son 4 cylindres suralimenté ) était un modèle destiné depuis sa fabrication, à un usage routier.
Généralement, les Bentley d’avant-guerre sont plutôt associées à leurs retentissants succès aux 24 Heures du Mans, menées par les Bentley Boys Birkin, Barnato et Benjafield notamment, ce groupe de gentlemen drivers Anglais et Français fascinés par la vitesse et mécènes de la marque pour certains ( Joel W. barnato a d’ailleurs rachèté Bentley en 1926 )…
Impossible cependant de passer outre la fameuse boucle Brescia-Rome-Brescia, surtout en cette année marquant les 35 ans des Mille Miglia Storica, forme ressuscitée de la mythique course italienne.
D’où quelques illustres britanniques alignées pour 2012.
Bentley profitait également de l’événement pour célébrer les 60 ans de la Type-R, emblématique de son approche du Grand Tourisme : la berline la plus rapide de son époque, du haut de ses 185 km/h…
Le vénérable trio était accompagné, hors concours évidemment, par deux productions bien d’aujourd’hui, une Continental GT W12 et un cabriolet Continental GTC V8, qui ont escorté leurs aïeulles !
J’ai pu participer aux Mille Miglia 2012 à bord de la Bentley Blower 4L5 version route… et ce fut épique !
Après une presque sortie de route assez traumatisante après deux kilomètres…, j’ai réussi à maintenir le cap, fébrilement, tout en saluant mes amis, effondrés de mes inconduites (en double sens)…
Je ne vais pas leur jeter la pierre, ils avaient faim…, ils m’ont dit, en finale de mes exploits, qu’ils étaient venu pour autre chose que me voir tournoyer dans une Bentley valant plus d’un million d’euros et ne même pas réussir à réaliser le carton du siècle…, maintenant, en réciprocité ils ont droit à mon oubli, à refaire leur vie…
Bref, après mon premier écart de conduite, surgit soudain de l’arrière, comme de nulle part…, une Mercedes 1927 SSKL blanche, pilotée par un rude gaillard défiguré (pour tout dire on aurait dit un zombie) équipé d’un énorme casque en cuir et poussant des grognements plus importants que le bruit des échappements de sa machine…, le style “bûcheron tyrolien en forêt”, habillé sans nul doute d’un short sexy en cuir (je n’ai pas eu le temps ni la hauteur nécessaire pour voir)…, qui campe (normal) et qui va chercher son bois en sautillant, en chantonnant… et en se tapant les cuisses (si c’est pas de la provoc, ça) !
Il m’a littérallement massacré les oreilles et allègrement distancé….
Un autre dingo s’est pointé en claxonnant…, il pilotait un vrai monstre, une Lincoln Continental qui prenait toute la route dans des déhanchements inquiétants, n’hésitant pas à en faire trop, quitte à me pousser légèrement !
Ca se la jouait joyeusement (et maladroitement) gore, avec possible éventration en cas d’accident et tout et tout…
Grâce au Blower, j’ai pu le distancer, me disant que le type capable d’avoir inventé un engin aussi démentiel…, allez savoir ce qu’y peut lui passer dans la tête question fantasmes sexuels…
Et comme j’étais tout fier de mon effet spécial “Blower”, durant une bonne minute montre en main, dégorgeant facile quinze à vingt litres d’essence, je n’ai pas vu un jeune couple arrivant en Fiat 500 direct devant moi…
Un chat noir est alors passé en trombe, m’obligeant à un coup de volant hasardeux qui m’a fait passer à quelques millimètres de la Fiat 500 dont les occupants étaient occupés d’hurler…, leurs yeux totalement exorbités de terreur… (ne cherchez pas de cohérence, il n’y en a pas, si ce n’est que le chat noir est souvent un mauvais présage, mais ce n’était pas un vendredi 13).
Ma Bentley a fait un tête à queue… et s’est arrétée presque contre la Fiat…
Composé d’une blonde gironde et d’un beau jeune homme tête à claque, ce couple se dirigeait vers la ligne de départ que j’avais quitté peu avant…
La fille s’est senti mystérieusement attirée par une force étrange à la vue de mes yeux verts.
Retentit soudain la musique du film “Il était une fois l’homme” (en toccata allegreto), annonçant que c’était du sérieux, qu’on n’était plus là pour rigoler…
J’ai eu direct… une érection…
Elle m’a dit que le coin était hanté et qu’il y a quelques siècles les habitants attiraient les voyageurs pour les dépouiller.
La blonde, attirée par on ne sait quelle force mystérieuse… est sortie de la Fiat 500 seulement vêtue de bottes et d’un ciré jaune.
J’arrête là vu que ce n’est que le début d’un n’importe quoi généralisé auquel j’ai continué de participer, à moitié groggy, à moitié hypnotisé…
Ah ben oui…, vous vous attendiez à quoi ?
Après quelques minutes d’hébétude, vous allez sentir… puis vous rendre compte que vous êtes face à une OEUVRE : le texte que vous êtes occupé à lire !
Un peu comme le monolithe noir de “2001 l’Odyssée de l’Espace”…, devinant que l’humanité n’est pas encore prête d’en percer tous les secrets.
Et peut-être cela vaut-il mieux ainsi… que j’en arrête là…, avec le drapeau à damiers de la ligne d’arrivée.
Point…
Au terme de ces 1600km (1000 miles) de course, cette 30ème édition a été remportée par une Alfa Romeo 6C 1500 Sport Spider Zagato de 1933, suivie de près par une BMW 328.
Aux mains de l’équipage argentin Scalise/Claramunt, l’Italienne renouait avec son remarquable palmarès aux Mille Miglia.
La 6C 1500 Sport Spider Zagato fut la première Alfa Romeo à adopter la carrosserie Spider.
Construite à partir de 1928, cette version est motorisée d’un 6 cylindres 1,5l d’une puissance stagnant autour des 80 chevaux.
Fruit des ateliers Zagato, sa carrosserie toute en aluminium permettait d’afficher un poids contenu et des performances généreuses.
En 1928, Giuseppe Campari et Giulio Ramponi s’imposèrent à son volant lors de la 2ème édition des Mille Miglia.
S’en est suivi un long palmarès pour Alfa Romeo avec des 6C 1750 Spider Zagato et différentes 8C 2300, avant que Ferrari n’imprime son nom sur la liste des voitures victorieuses à partir de 1948…