Mise en abîme de la McLaren P1 2013 à Bahreïn…
Tout chroniqueur qui se confronte au défi de coucher sur papier l’enfer des automobiles extraordinaires, se heurte bien vite aux limites du supportable, ce qui l’empêche de pleinement partager son expérience.
Comment réussir à exprimer fidèlement ce vécu très intime qu’est l’effroi “automobilistique” ?
Et pourtant, il faut s’accrocher, témoigner, ne pas avoir quasi-perdu la vue pour rien.
La mise en concurrence simultanée et anarchique de plusieurs points de vue sur ma mise en abîme de la McLaren P1 2013 à Bahreïn (13 selon ma mémoire, mais la majorité semble être constituée de banques de données libres de droit !), me permet en effet ici, après une longue réflexion, d’exploser à la face de ceux et celles qui me lisent, toute prétention à une direction intellectuelle unifiée, histoire de varier les plaisirs !
Si le décor quasi numérique choisi par McLaren pour me présenter sa P1 à Bahreïn (on me connaît là-bas exclusivement en tant que Mr X chargé de collecter des fonds pour restaurer un bunker anti-atomique situé sous les bureaux d’un premier ministre européen gay)… ne dépareilleraient pas trop sur une PS1 (avec une tolérance pour les mauvaises incrustations), les explications fournies pour expliquer le pourquoi du comment, sont dignes d’un enfant phocomèle de 4 ans armé d’une tablette tactile bon marché.
Le summum est atteint, par ailleurs, avec le look caramélisé, mou, les designers s’étant manifestement contentés de piquer un logiciel d’ameublement chez Ikea pour réaliser ce qui ressemble à un kit-car semi-futuriste-rétro (ce qui en fait d’autant plus ressortir les détails les plus effarants).
Amateurs de conneries roulantes, bienvenue à vous qui venez vous repaître des engins difformes des atrocités automobiles d’une autre planète…
Vous allez être bien servis aujourd’hui…., préparez-vous à être gavés d’horreur jusqu’à la régurgitation.
Oui, nul besoin d’introduction inutilement longue qui viserait à vouloir noyer le poisson, je vais aller droit au but : la McLaren P1 tache gras…, que même un mélange K2R/Cilit Bang/Destop ne pourrait rien faire pour vous et votre âme, souillés pour l’éternité.
En fait, la situation est plutôt simple : La McLaren est tout bonnement une utopie qui amène le monde effaré vers une nouvelle étape de son existence.
Ce n’est pas que ce soit laid, ni que ce soit hors de prix, ni que ce soit inutile, ni que ce soit un tantinet idiot…, pas vraiment…
C’est… comme les émissions débiles que la TV diffuse peu avant 20 heures, ou comme les messages par millions qui s’affichent sur le web pour informer des gens qui s’en f…, de leurs activités ménagères…
Tant de technologie pour ça !!!
Des écrans hyper plats et maintenant capables d’être enroulés, comportant des milliards de pixels et une technologie spatiale que n’avait même pas la NASA du temps d’Apollo…, pour regarder les pitreries de crétins et débiles surpayés dans des jeux promotionnels qui seraient tout aussi stupides et vomitifs en 80 hertz noir et blanc…
C’est comme la McLaren P1 dans notre monde actuel en totale déconfiture à force de nous avoir poussé dans un abîme consumériste qui se limite à vendre le plus cher possible des jeux et gadgets débilitants, sous prétexte que c’est la seule alternative pour aller de l’avant… et sortir de la crise qui justement est la conséquence de la surconsommation effrénée…
Dans une impasse, on fait demi-tour ou marche arrière, on n’appuie pas sur l’accélérateur pour se pulvériser contre le mur croyant qu’on va passer au travers !
Allons bon, même une opinion aussi rentre-dedans ne dispense pas d’une mince trame scénaristique…, en l’occurrence, je vais m’ingénier à m’intéresser à cette voiture, conçue vraisemblablement par des ingénieurs aussi malheureux dans leurs expériences que dans leurs amours…, passant leurs nuits à s’injecter en vain des sérums colorés, dans une totale confusion entraînant la complication inhérente type à ce genre de situation : l’auto-expérimentation à la sauvage de substances inconnues qui leur font imaginer un bibendum caramélisé à l’insu de leur plein gré…
En janvier 2013, l’usine McLaren a présenté sa nouvelle P1 TM à Bahreïn, au Moyen-Orient, affirmant qu’il s’agissait de la prochaine génération ultime de la supercar de sport britannique, conçue avec un seul objectif à l’esprit : être tout simplement la meilleure voiture du monde, sur route et sur piste !
Sans rire, quelques beaux messieurs et dames ont affirmé à un parterre de milliardaires locaux que la P1 TM McLaren était l’une des voitures les plus attendues de la décennie…, inspirée par l’ingénierie de la formule1, offrant des performances aérodynamiques exceptionnelles, incroyables et un design sur mesure pour chaque propriétaire.
Cette scène surréalistement hyper consumériste destinée à capter quelques miettes des fortunes colossales que les chameliers locaux gagnent grâce au pétrole consommé par les millions de petites autos populaires de par le monde…, se déroulait dans les somptueux locaux du nouveau concessionnaire McLaren Automotive : Al Habtoor Motors…, situé dans le périmètre du très luxueux Habtoor Grand Resort Beach and Spa ou j’avais réussi à m’inviter sans devoir payer la luxueuse suite à 10.000 euros par nuit…
Les photos de l’engin caramel ont été prises au Circuit International de Bahreïn, dénommé sobrement, je traduit : la maison du sport automobile du Moyen-Orient Est.
Bahreïn est ainsi devenu la base (en arabe, la base se traduit par AlQaeda) du Moyen-Orient pour McLaren, mais, c’est également à “la maison” de son actionnaire majoritaire : Shérif Mumtalakat, également directeur régional pour le Moyen-Orient et l’Afrique…
Mark Harrison grand ordonnateur de cette bouffonnerie, m’a déclaré : “Après un lancement réussi au Bahreïn, nous sommes très heureux que la McLaren P1 va être commercialisée au départ des Emirats arabes unis, où notre partenaire Al Habtoor Motors, a confirmé son intérêt énorme dans cette voiture unique en achetant 10 voitures. Cette année marque notre 50ème année anniversaire, il est donc approprié que nous nous préparions à lancer notre nouvelle voiture en la présentant d’abord ici. Soyez assuré qu’elle va redéfinir les paramètres de la performance, à la fois sur circuit et sur ??route. C’est pourquoi nous vous avons invité dans un endroit absolument approprié pour notre supercar”…
Sans nul doute que Shérif Mumtalakat est une sorte d’oncle milliardaire disposant d’une belle cave à vins.
J’ai de suite pressenti que le plan de pharmacovigilance allait être mis à rude épreuve.
Combien de hausses d’impôts pour financer ça ?
Mais pendant que je découvrais tout ça avec horreur, un obèse qui se morfondait dans un fauteuil au fond de la salle de conférence, s’est levé d’un bond en criant : “J’en veux une, je paye cash”…, et de brandir une valisette, tandis que les gens applaudissaient…
Une analyse psychologique aurait pu démontrer qu’il cherchait sûrement à compenser en offrant à sa blonde et gourde amante accrochée également à sa valisette…, un substitut orgasmique original.
Ah ça, c’est de l’amour !
Ça devait d’ailleurs être pour ça que les autres milliardaires ont réagit à cette éradication culturelle.
Alors j’entends déjà les plus perspicaces d’entre vous s’interroger quant à un possible hommage.
Il faut vous avouer que j’ai ressenti très fort l’envie de m’y laisser aller, me positionnant sur une nouvelle niche marketing très sélect.
C’est dire l’ambition artistique qui me meut et m’émeut…
De là à imaginer que tout ce barnum était destiné à escroquer quelques nababs du pétrole en leur réclamant de l’argent sous peine de leur faire de la pub sauvage.
De l’anti-sponsoring, quoi !
Et pourtant, j’ose tout…
Dès le début de cette présentation, j’ai senti que McLaren avait créé la P1 comme une sorte de pierre philosophale de très haute volée capable de transformer tout ceux qu’elle touche en zombies signeurs de chèques très provisionnés.
Mais attention, un certain niveau financier est requis.
Pour accéder au niveau atteint par Ferrari, il importe que la McLaren soit d’une équivalente ignominie tout aussi bonnement inimaginable, capable de s’auto-réenchanter de manière perpétuelle afin que les zombies ne s’habituent jamais au carnage intellectuel qui les éclabousse en permanence…
Il faut en effet que cette stupidité absolue fraie dans des abysses jamais atteintes, où la lassitude ne peut en rien entamer les traumatismes incessants qui balaient toute humanité chez les victimes impuissantes.
McLaren Automotive, fabricant britannique de voitures de luxe et de sport haute performance, situé au McLaren Technology Centre (MTC) à Woking, dans le Surrey…, doit donc évoluer dans un univers extra-dimensionnel à même de choquer.
La poule de luxe, offerte avec la suite à 10.000 euros la nuit, pour tout vous dire…, avait sexuellement faim…
Je n’ai fait ni une ni deux.
Et bien sur, j’ai pris prétexte d’essayer la McLaren P1, parce que j’aime bien de temps en temps n’encanailler.
Ses sièges confortables étaient un vrai régal pour mon postérieur tandis que la puissance de son moteur, ont tôt fait de la propulser à la vitesse folle de 60 km/h sur la route embouteillée menant au circuit, ce qui justifiait de disparaître ensuite à l’hôtel.
Quant à son revêtement tout plastique sous les peausseries de cuir, il a semblé bien pratique à ma poule de luxe pour y déposer des tas de trucs : “Un coup d’éponge et ce sera comme neuf”….
Et voici que grâce à la McLaren, je suis devenu l’ami des pakistanais, ces gens rudes et travailleurs qui savent que l’argent ne se trouve pas sous le sabot d’un chameau.
Finalement, en Arabie, le pakistanais qui oeuvre quasi pour rien comme esclave, c’est un peu un lorrain qui se serait spécialisé dans la maçonnerie mais qui ne connaîtrait pas grand chose à l’acier.
Sinon, à la base c’est pareil, c’est frugal un travailleur… et pas très porté sur la déconne si ce n’est qu’à force de baver, certains deviennent terroristes…
Mais bon, je ne dis pas cela en tant que ethnologue bien entendu ; ce sont juste les fruits de mes réflexions personnelles.
Après tout, je ne suis allé que trois fois en Lorraine avant de venir quelques fois à Dubaï et Bahreïn.
Alors comme je m’entends bien avec les lorrains, il n’y avait pas de raison que je ne m’entende pas avec les pakistanais locaux.
Mais tandis que le lorrain peut rigoler à la lecture de mes articles, le pakistanais s’en tape complètement tout absorbé qu’il est par son travail sous-payé.
Alors après 20 minutes d’enfer, je suis arrivé au circuit…
J’ai ouvert la porte pour signaler que je venais faire le tour et réaliser quelques photos… et, alors que je m’apprêtais à propulser hardiment la P1, l’employé devient tétanisé.
Il regardait tour à tour la voiture et la poule de luxe, hypnotisé, comme s’il n’en avait jamais vu.
Mais bien sur qu’il en avait déjà vu des comme la mienne… mais le problème c’est qu’il n’en voyait plus… et que moi, je venais de ressusciter sous ses yeux esbaudis, le miracle du consumérisme moyen-oriental : la meilleure alternative moderne aux chameaux dans le nouveau paradis des mécaniques complexes, là ou on entretenait des moteurs simples, fiables et increvables pour pas grand chose du temps ou les anglais étaient les maîtres !
Alors comme il comprenait peu à peu que je devais être un spécialise, il m’a fait un signe du pouce.
Alors là, le Prophète serait apparu sous ses yeux que le brave homme aurait été moins étonné.
Il voulait tout savoir, où je l’avais eu et pour combien.
Et comme l’homme semblait sincèrement m’envier d’avoir trouvé une telle merveille, j’ai décidé de faire profil bas, de lui montrer que je ne tirais aucune gloire ni fierté de la possession d’une McLaren P1.
Très simplement, je lui ai expliqué qu’une camionnette était moins chère et plus pratique.
Je l’ai vu hausser les yeux au ciel et m’expliquer qu’une aussi bonne voiture en si bon état, on pouvait s’en servir tous les jours et pas seulement comme camionnette et qu’il ne fallait pas l’abîmer.
Désireux de me concilier ses bonnes grâces et de maintenir cette amitié de fraîche date, je lui ai expliqué alors qu’il avait raison mais que je tenais à lui souligner le côté peu pratique du véhicule !
Là, il m’a compris et a acquiescé totalement en me disant qu’à l’époque on savait faire de bonne bagnole, manière rude de souligner que ce n’était pas comme maintenant où l’on vend des merdes bourrées d’électronique qui valent une blinde pour pas grand chose de plus.
Voyant qu’il me regardait encore, j’ai enfoncé la pédale d’accélérateur pour lui faire entendre le son si caractéristique d’une voiture hors de prix !
Par la vitre, j’ai vu l’homme lever le pouce encore une fois en signe d’acquiescement, comme si ce bruit de moteur si caractéristique était pour lui sa petite madeleine de Proust…
J’ai passé alors la première, négocié le virage et l’ai laissé à ses rêveries.
Merci à toi, ami pakistanais dont je ne sais pas le nom, d’avoir ainsi partagé de si précieux instants avec moi !
Toi seul, dur à la tâche et taiseux, aura su distinguer dans la McLaren P1 ce que les esprits moqueurs et superficiels ne verront jamais.
Allah est grand !
Dans le jargon de la Formule1, le terme P1 renvoie au diminutif “Position 1” utilisé par le préposé au panneautage posté dans la ligne droite des stands.
Avec ce véhicule exploitant les technologies issues de la F1, McLaren aspire à prendre la tête des supercars de nouvelle génération.
Le défi à relever est de taille car Ferrari présente aussi à Genève la version définitive de la remplaçante de la Enzo connue sous le nom de code F150, la bête de Maranello va associer le V12 6,3 litres issu de la F12 Berlinetta à son système HI-KERS.
De son côté, Porsche lancera cette année la 918 Spyder, la firme de Stuttgart annoncant au moins 795 chevaux pour cette barquette mariant un V8 4,5 litres à injection directe d’essence à deux moteurs électriques.
Pour participer à cette course à la puissance, la McLaren P1 utilise une version très puissante du V8 biturbo de la MP4-12C, délivrant 727 chevaux à 7.500 tr/mn et un couple confortable de 720 Nm à 4.000 tr/mn.
Cette mécanique est associée à un gros moteur électrique délivrant 176 chevaux et un couple de 260 Nm. La P1 peut parcourir 10 km sur la seule énergie électrique.
La puissance totale de la P1 ressort donc à 903 chevaux et 900 Nm de couple pendant un court laps de temps, grâce au renfort d’un système de récupération de l’énergie cinétique au freinage, semblable au KERS utilisé en F1.