Mon érection matinale…
Mercredi 30 juin 2010
Le ciel est bleu, le soleil brille, le téléphone sonne…
Une voix noire m’annonce que j’ai gagné un frigo portable, un percolateur et un set de table Breton…
Je réponds que j’ai toujours eu la passion des sets de table, une vraie folie…, tant et si bien, que la voix noire me raccroche au nez, dépitée de ne pas avoir su m’entourlouper à m’attirer dans la visite gratuite d’un magasin de meubles, spécialiste du canapé Breton…
Il y a un côté bucolique, là…, mais de ce fait, j’ai perdu mon érection matinale…
Notez que c’était là l’occasion de me “reprendre en main”…
Raté…
Le pipi du matin, qui suit le petit gourdin matinal, est un des ressorts qui oblige a quitter le lit…
A regret…
Et…, désespéré par avance des obligations imposées par la condition humaine, seul face à moi-même dans le miroir de la salle de bain…, installé sur le seul véritable trône à ma disposition, la connerie du monde m’aide à évacuer…
Mais comme dans la vie, tout ne passe pas en une fois, je me laisse aller à parcourir quelques magazines, qui en d’autres occasions, je ne lirai jamais…
Ma lecture préférée pour ce, est un magazine automobile qui m’a toujours fait c… et qui, à dire vrai, a toujours fait c… tout le monde !
Et, tout à mon plaisir… anal-ytique, je tombe sur un article ou il est question du Hummer…
Le Hummer m’a toujours mis dans une humeur noire…
La bagnole américaine confère toujours un fort pouvoir d’attraction sexuelle à son propriétaire.
Alors que les inamovibles Ferrari et Lambo continuent d’exalter le degré d’hydrométrie féminine, et que les tue-l’amour les plus souvent cités portent les logos rédhibitoires de Lada, Skoda et Seat, les bagnoles américaines apparaissent comme des dérivatifs libertaires…
Pas toutes cependant, car les Irakiens et les Afghans ne peuvent les supporter…, dès qu’ils en ont la possibilité, ils les explosent…
C’était bien la peine pour Hummer de débaucher un designer talentueux et de s’échiner à insuffler de l’auto-émotion à destination des populations indigènes que l’armée américaine venait libérer !
Car aussi époustouflants soient-ils, les Hummer souffrent de l’handicap rédhibitoire d’être des engins de terreur plutôt que de paix, le marketing va beaucoup trop vite pour les mentalités.
Il se peut même d’ailleurs qu’il faille quatre ou cinq générations de Hummer revues par les Chinois qui en sont devenus propriétaires, pour faire oublier les ravages que cette marque à fait subir à la paix…
Même à la casse ou abandonné dans le désert, un Hummer continue de mettre à mal l’image de l’Amérique…
Incendies, broyages, immersions, fusions, explosions, les remèdes les plus radicaux n’ont rien donné contre ces engins.
Comme la rumeur, le mal se répand tel un microbe dans les mauvaises blagues et les on-dit.
Quand bien même des gourous es-automobiles battraient la campagne pour l’exterminer définitivement du paysage automobile, le spectre de sa silhouette cubique continuerait à épouvanter le monde.
Le fléau est à la hauteur du traumatisme ressenti.
Souvenez-vous des premières intrusions de Hummer, dans la deuxième moitié des années 80.
Il ne s’agissait alors que d’une sous-espèce de 4X4 dégénérée, pourvue d’un ancien moteur à arbre à came latéral et de suspensions rudimentaires que les industriels automobiles refilaient habituellement à des pays émergents ou en devenir lointain….
Bien que présentant le même aspect qu’un caisson à oxygène sur roues, surtout avec ses accessoires, le Hummer n’en attirait pas pour autant la sympathie chez les ménagères, les étudiants fauchés et les défenseurs de l’écologie…
Il est vrai que les autocollants apposés ostensiblement sur la carrosserie tels “I love America”, n’aidaient pas à différencier cette voiture dite “de tourisme” d’un véhicule sans foi ni loi…
En matière d’adhésifs, les sorciers du marketing ont toujours rivalisé de savoir-faire !
Pour rassurer les plus sceptiques, la mention “Made in USA” a cependant de quoi faire sourire.
Dernier boulet rouge hérité de l’empire General Motors, le Hummer aura écumé large, il est d’ailleurs symptomatique que ce soient les chanteurs, les footballeurs et les stars cinématographiques, toujours si prompts à organiser des galas de charité à leur profit…, qui s’affichent en Hummer, sans s’inquiéter outre-mesure du dégoût qu’ils créent ainsi…
Depuis, cette année 2010, les capitaux Chinois ont ouvert à Hummer des nouveaux débouchés un peu plus excitants que le marché des fausses libertés occidentales… et les nouveaux responsables de la marque, sans doute grisés par des injections euphorisantes, ont même projeté de faire la nique à Jeep.
Si l’engin possède assurément le physique de l’emploi, la plus belle fille du monde ne peut offrir ce qu’elle ne possède pas, en l’occurrence, le prestige d’une histoire brillante derrière elle.
La laideur se vend mal affirmait le père de l’esthétique industrielle, Raymond Loewy, dans son célèbre ouvrage manifeste paru en 1952.
Faux, archi-faux, triplement faux !
Le Hummer (ou Humvee en langage militaire yankee) est la démonstration par l’absurde que la laideur peut très bien se vendre…
A l’époque ou cet ahuri de Raymond Loewy a dit et écrit cela même, le succès d’atrocités telles que la 2CV ou la Volkswagen Coccinnelle lui donnait déjà tort.
Notez qu’il prêchait pour sa chapelle… et que ce qu’il proposait pour embellir la vie des autres, était également très laid, mais sans doute que la laideur stylistique est une beauté cachée…
Démonstration intellectuelle, que la laideur se vend bien !
Très bien même !
Voilà une valeur sûre, un fort bon placement et un sacré fonds de commerce tant abondent les contre-exemples !
Comment expliquer que Citroën ait pu hisser sa si vilaine Ami 6 en tête du marché français en 1966, performance qu’aucun autre modèle aux chevrons n’a depuis égalée, ou que le même constructeur, décidément très en pointe lorsqu’il s’agit de monstruosité, ait accompli l’exploit d’écouler plus d’un million de Visa et autant de C15 ?
Et surtout, comment s’étonner encore que la plus belle progression commerciale du groupe Renault en 2007 s’appelle Dacia Logan ?
Faut-il n’avoir aucun orgueil pour se montrer au volant de pareil laideron sans s’être préalablement enfilé un sac poubelle sur la tête ?
En son temps, Raymond Loewy avait élaboré une très intéressante théorie sur la 2CV qu’il aborda sous l’angle psychanalytique.
Pour lui, le complexe d’acquisition répandu chez les petits gens impatients de consommer comme les autres, entraîne la culpabilité de vivre au-dessus de ses moyens, en conséquence de quoi le brave monsieur Dupont s’achète une 2CV comme pour se punir.
La 2CV aurait donc agit comme une absolution par le masochisme à un complexe irrépressible !
Quant à la Volkswagen coccinelle, Loewy la trouvait non seulement laide, mais également fort bête à bondieuseries…, l’acquisition d’un tel monstre ne pouvait relever selon lui que d’un cas de masochisme avancé.
Remplacez “2CV” et “Volkswagen” par “Logan” et ce raisonnement ne perdra rien de son actualité.
Pareil pour “Hummer” dans une autre catégorie…
La brûlante actualité impose parfois d’ôter son nez rouge de bouffon électronique en cette année morose qui tarde à mourir.
Le PIB part au tout-à-l’égout et le PS au tout-à-l’ego, je n’ai plus d’amante où passer l’hiver, Arthur va créer un nouveau spectacle décriant les atrocités que les Palestiniens causent à Liebermann et le Moniteur automobile a cessé de paraître dans l’Hexagone depuis quelques temps…
Je n’avais pas encore eu le temps de m’en réjouir, tant j’avais gardé un souvenir ému de mes relations de non-affaires avec ce magazine, principalement, Etienne Visart, son ex-rédacteur en chef !
Je suppose que ce non-évènement a satisfait les rares lecteurs de l’économie bimensuelle de trois euros ainsi réalisée, car ils attendaient l’essai détaillé des dernières nouveautés par ce “Moniteur” aussi impatiemment que la reconnaissance de leurs talents de pilotes potentiels de F1.
Impossible d’imaginer nouveau modèle sans sa logorrhée de chiffres à la précision chirurgicale que seul un authentique acharné de technique pouvait traduire en émotion humainement communicable !
Avec ce titre semble s’achever une époque, celle des bancs d’essai à l’ancienne, tels que les avait inventés André Costa du temps où l’Auto-journal s’autoproclamait indépendant et objectif (c’est un gag, en fonction des pages de publicités plus nombreuses que les articles, qui, de surcroit, n’ont aucun fond)…
En matière d’articles de fond, avec le Moniteur, on le touchait sans peine en lisant les mensurations millimétrées de véhicules totalement insipides et laids qui, pour des besoins alimentaires, étaient comme abonnés d’office au couronnement de l’un d’eux en tant que “Voiture de l’année”…, occasion de rafler des contrats publicitaires…
Sans pubs pas de victoire…, même les chronomètres, alors, divaguaient, crachant des chiffres forcément moins bons.
Le seul magazine, la seule émission de TV qui ne fait pas partie de ce monde de putes, et le mot est faible, c’est Top Gear, la célèbre émission automobile de la BBC, qui n’a pas peur de dire la réalité des voitures essayées…
Mais bon, comme le Big-Boss du Moniteur est issu de Procter Gamble, habitué des pubs de lessives pour ménagères débiles, peut-on le critiquer d’user de telles méthodes de blanchiment des cerveaux ?
A ce stade, la réussite, ce n’est pas la qualité et le contenu, c’est le retour d’ascenseur avec les Relations Publiques, tout comme en F1, ou s’ajoutent les dessous de tables en retour des budgets société…
Mais le Moniteur, ce n’était pas seulement une conscience professionnelle allant jusqu’à préciser les conditions météorologiques des essais…, à son crédit, rappelons le recyclage des communiqués de presse ou l’utilisation fréquente de la bouillie iconographique dont les constructeurs inondent les rédactions.
Dans un milieu réputé pourri où l’intégrité éditoriale s’arrête souvent là où commencent les intérêts des annonceurs, il vaut mieux tourner la page pour préserver son intégrité…
Il faut déplorer un recul de la presse-papier, mise à mal par les supports dématérialisés…, l’écrit ne cesse de perdre du terrain.
Car le Web avec son infinité de liens cliquables à l’envi, son instantanéité, induit un rapport bien plus épidermique à l’écrit et permet souvent une participation directe par le biais des forums.
Les smileys téléchargeables y ont malheureusement remplacé le recours salutaire au Bescherelle alors que les cent mots de vocabulaire de l’internaute moyen (j’exagère à peine), ne servent qu’une expression médiocre.
Plus vite, plus grand, plus mal.
Mais ce n’est au fond que la continuation des fameux “Courrier des lecteurs”, dans lesquels les plus ignares et stupides viennent déposer leur grain de sel au milieu des messages préformatés des pros de la désinformation…
Avec l’Internet triomphant, place à l’évènement permanent, sans malheureusement pouvoir éviter l’incursion des médias “papier” et “TV” qui y crèent des sites aux forums décébrants, à la pipolisation à outrance.
Mais comment s’étonner de cette paupérisation intellectuelle à une époque où le lieu d’expression “politique” le plus couru des médias n’est autre que le canapé de Michel Drucker ?
Je me demande parfois si des études ont déjà été réalisées pour déterminer l’effet que produit sur l’auditeur ou le téléspectateur le ressassement indéfini, pendant une période donnée, des mêmes sujets, traités en outre de façon beaucoup plus sommaire en TV que dans la presse écrite ; les effets de la durée, de la répétition.
Allumées d’un geste machinal, la radio et la télévision, qui impliquent ou permettent une certaine passivité – on peut s’informer en faisant sa vaisselle, en se brossant les dents – nous font subir un traitement que nous ne maîtrisons pas.
La forme prend facilement le pas sur le fond.
On apprend donc assez peu, mais on subit beaucoup.
L’enchaînement prométhéen à l’actualité !
Ce n’est pas que je n’aime pas être informé, bien au contraire, mais je sais seulement que j’aurai besoin d’antidotes.
Rire avec les sujets les plus graves, est ma vengeance pour l’enchaînement prométhéen à l’actualité que m’imposent radio et télévision, mais il faut bien dire que ça ne prend pas tellement.
Certaines chroniques m’arrachent un gémissement et me font replonger sous mon oreiller plus sûrement que l’annonce de n’importe quelle catastrophe planétaire, les journalistes donnent peu de mou dans la corde qui nous attache toutes et tous avec eux au piquet de l’actualité.
L’argument de l’indécence est l’arme d’un chantage un peu exaspérant.
Il nous laisse pieds et poings liés, paralysés.
Il ne nous autorise qu’à tourner en rond en répétant, tel un troupeau de moutons de Panurge affolés : “Chômage ! Chômage !”, ou : “Front national ! Front national !”, voire… et c’est encore le plus abject dans toute cette lobotomisation : “Vive Israël qui a le droit de se défendre !”…
Ca me rappelle un peu le discours de monsieur Seguin à la chèvre du même nom (pardon pour cette métaphore bêlante), qui avait elle aussi bien peu de mou dans la corde et se voyait menacer de se faire à coup sûr dévorer par le loup si elle prenait la clef des champs. Or on n’est pas obligé de croire que la chèvre se fera forcément dévorer comme dans le livre.
Quand on réfléchit à la morale qui s’en dégage, c’est d’ailleurs du pur terrorisme mental que d’offrir un conte pareil à un enfant.
Je me souviens d’avoir été moi-même été assez effaré, gamin, par cette fin totalement gore… et plutôt calmé dans mes envies d’exploration du bois devant ma maison.
Ce conte, les parents politiquement corrects des adolescents, le lisent à leur progéniture tous les soirs, toute l’enfance.
Journées de fous, courbes de résultats sur ordinateur…
Reproches : “Tu te laisses vivre !” !
Ces parents-là poussent leurs enfants, au nom de “Polytechnique ou rien”.
Mais on devine que cette attitude, encouragée par l’élitisme du système français, se retrouve dans tous les milieux, justifiée par la peur du chômage (chômage ! Chômage !).
Partout règne un même mot d’ordre : tenez-vous à carreau.
Sinon…
La pauvreté des os qu’on nous donne à ronger !
Un mot d’ordre qui a été tellement intériorisé que souvent, les élèves n’ont même plus conscience de leurs manques.
La peur, le chantage à l’indécence (indécence dans un sens large : le non-conformisme est indécent), s’ils se font particulièrement sentir chez les jeunes en formation, exercent leurs ravages dans l’ensemble de la société.
Dans le cas des journalistes, la maladresse des professionnels lorsqu’ils veulent offrir des “respirations” à leur public en dit long sur leur handicap dès qu’on les sort de leur domaine.
Bien souvent, les os qu’ils nous jettent à ronger sont des anecdotes dénuées de sens, qui révèlent la fausseté de l’idée qu’ils se font de leur public ou le mépris dans lequel ils le tiennent plus ou moins consciemment.
Ils dénotent surtout un manque crasse d’imagination, de convictions, d’une culture originale et vraiment personnelle.
A cet égard, la période estivale est toujours le moment de vérité, celui qui révèle la superficialité ou au contraire la profondeur de la culture des journalistes, lorsque l’actualité ne vient plus à eux, mais exige qu’ils aillent la chercher, qu’ils la créent.
Pour certaines rédactions, c’est l’occasion de sortir de son chapeau tous les sujets qu’on n’a pas le temps et la place de traiter le reste de l’année, de donner libre cours à sa fantaisie, et d’affirmer ainsi la personnalité d’un média.
D’autres, la grande majorité, se retrouvent totalement démunies, et refont les couvertures de l’année précédente.
Ces manques ne peuvent être mis sur le compte de la rigueur ou de la fameuse “objectivité” journalistique. On n’échappe pas à ses responsabilités : l’absence de parti pris est déjà en soi un parti pris.
La perpétuation du statu quo dans la manière de pratiquer l’information, qui se voudrait une attitude modeste, en retrait, “décente”, est à part entière un acte politique, ne serait-ce que parce qu’elle implique l’utilisation pour quelque chose d’un espace et d’un temps de parole qui pourraient être utilisés pour autre chose.
Manque de sens, manque de substance, l’imagination, qui est le fondement même de la vie, est occultée !
Et si le salut résidait dans une prise de distance par rapport à la réalité brute et à la ronde du ressassement dépressif ?
Dans le fait de se dire que l’imagination n’est pas le loup qui va automatiquement nous manger dans la montagne si nous tirons trop sur notre corde ?
Se tenir au courant de l’actualité est une attitude très valorisée socialement ; il n’y a qu’à voir les arguments utilisés dans la publicité pour les radios, de : “S’informer, c’est essentiel” (RTL) à : “Et comme par hasard tu serais la seule à le savoir ?” (Europe 1).
L’information est un rendez-vous obligé, la “Grand-messe du 20 heures”, dit-on.
Mais en même temps cette attitude, si elle est permanente et exclusive, nous met à découvert, nous rend vulnérables.
Elle crée trop de voies d’eau dans notre tête pour nous permettre de rester à flot.
Il est bien agréable d’avoir ainsi en réserve, en arrière-garde quasiment, quelque chose qu’on aime bien.
C’est comme si on possédait une maison, un endroit à soi chez quelqu’un, une retraite, un lieu magique, puisque décidément qui peux vivre sans magie sous la main ?
On ne peut comprendre le monde et faire les comparaisons que si l’on a déjà soi-même un monde formé dans la tête.
Il ne s’agit pas de jouer à l’autruche, de fuir la réalité, mais seulement de reconnaître qu’un contact permanent avec les faits bruts ne nous laisse aucune chance, aucune marge de manœuvre ; de faire jouer un réflexe de survie, auto préservation.
De prendre ses distances par rapport à la réalité pour mieux l’affronter.
Nous connaissons et pratiquons toutes les formes d’individualisme, sauf celle-là, qui serait pourtant, peut-être, la seule bénéfique.
Il est curieux que les parents qui agitent à longueur de temps devant les yeux de leurs enfants l’épouvantail du chômage (chômage ! Chômage !) ne comprennent pas qu’ils les rendent par là même plus fragiles face au fléau dont ils voudraient les protéger.
Ils leur demandent en somme de s’amputer de tout ce qui, en eux, n’est pas le futur travailleur modèle.
Ils ne leur laissent pas le temps de se découvrir, c’est-à-dire aussi de découvrir le domaine dans lequel ils seront heureux, c’est-à-dire talentueux.
Ils les orientent vers les formations “sûres”, celles qui, aujourd’hui, assurent des débouchés.
Mais que feront leurs enfants si, plus tard, la situation change ?
Comment résisteront-ils dans un domaine qui ne leur correspond peut-être pas, dans lequel ils se sentiront exilés ?
Ils ne leur laissent pas le temps de découvrir le monde, de l’explorer, de relativiser le modèle dominant, de nouer des relations.
Autant d’expériences qui font mûrir, construisent une personnalité, donnent un ancrage solide, une force ; le contact avec le réel, ce sont ces expériences seules qui peuvent le donner, et non le rappel incessant de l’inhospitalité du monde actuel.
A leurs enfants, ces parents demandent paradoxalement de ne développer en eux que ce qui, aujourd’hui, est le plus vulnérable : le travailleur.
Mauvais calcul.
Si un jour le travailleur est touché, c’est la personne entière qui coulera.
Le mirage, danger mortel et compagnon vital !
Lorsque le srâb [le mirage] miroite sur la plaine torride, l’horizon faux et l’horizon vrai y paraissent indissolublement liés.
Ainsi les chimères et les réalités vivent-elles ensemble dans les sociétés humaines, pour la déception des hommes, mais aussi pour leur espérance.
C’est la contemplation de la beauté qui sauve, la contemplation de cela même qui pourrait tuer.
De longues traînées de brume de chaleur faufilent, dirait-on, le bord de la steppe avec celui du ciel, les lointains proches avec les lointains inaccessibles, le présent avec l’ailleurs, des lacs illusoires, le reflet des palmiers dans l’eau.
Le rêve n’est pas un luxe, pas plus qu’il n’est forcément ennemi de l’action.
Il est nécessaire.
Quant à savoir ce qui peut procurer cette “fraîcheur des yeux”, vous en trouverez, j’espère, des illustrations au fil des articles de www.GatsbyOnline.com !