Mustang-Market & co…
Une grande part du marché français des Mustang’s, passe par la Belgique, un pays surréaliste surnommé “La Belgitude” ou on mange des frites cuites en deux fois et ou on boit de la Jupiler fraîche avec un grand col en 33cl…, mais une autre part de ce juteux business est basé en Hollande (les Pays-Bas)…
Si le Français a tendance à considérer le Belge Wallon, comme un immigré de troisième génération, il n’a aucune considération pour les “zollandais” qui parlent une langue étrange et sont les moins consommateurs en vacances (ils emportent tout de Hollande pour leurs vacances en France°…
Les “Zollandais” n’ont pas d’avis “officiel” concernant les Français (c’est un peuple d’essence (Shell) consumériste)…, par contre pour les Belges-Wallons (qui s’en f…), les Français ne viennent dans le Bénélux que pour trois choses :
– acheter de l’herbe plus d’autres substances hallucinogènes… et des Mustangs importées des USA en Hollande…
– faire le plein de cigarettes et d’essence au Luxembourg…
– se taper des putes à Anvers…
Les Français sont les seuls à se faire arrêter 9 fois sur 10 à la frontière avec 100 kg de cigarettes et d’herbe dans leur coffre…, faisant le bonheur des douanes volantes (double-sens), la suppression (temporaire ?) des fontières intra-européennes, n’empêchant nullement les discordances légales de divers produits à (très) haute valeurs non déclarées…
Max, un Grec d’origine Polonaise naturalisé Danois mais vivant en Flandre-Belgitude, avec Albina, une Albanaise (sic !) d’origine Yougoslave, naturalisée Croate, mais disposant d’un passeport Ukrainien avec statut de réfugiée “prioritaire-ONU”…, est devenu spécialiste de l’exportation des Mustang’s pourries à destination de la France…, d’abord méfiant, il m’a raconté comment il en était venu à “faire des affaires avec la France”…
– Qu’est ce qui vous a amené à ouvrir une officine d’import-export de voitures américaines réservée à l’export vers la France ?
– L’appât du gain, l’argent facile, c’est le job le plus crétin au monde : acheter des quasi-épaves de bagnoles américaines le moins cher possible à des crétins en panne de trésorerie… et les revendre le plus cher possible à des imbéciles illuminés qui ne sont pas encore en panne de trésorerie en profitant de la mode des “belles américaines”… et plutôt que de passer du temps à en chercher aux USA et de dépenser un max de flouze en frais de transports et d’importation, c’est plus simple d’aller les acheter à l’intérieur des frontières européennes, pas de taxes… et pour les “papiers” on utilise directement ceux du précédent proprio. Pas d’adresse, pas de garage, uniquement une adresse anonyme de messagerie et un tél des télécoms anglais… Faut juste faire gaffe quand on cause. Le pire c’est quand les Français nous reprennent, du genre : “Nonante ? Ah ouais, quatre-vingt dix, parce que nous en France on dit quatre-vingt dix”… Ils nous expliquent aussi qu’on dit Brukselles et pas Brussels. Le genre de trucs qu’il faut accepter pour le business. Il y a que les Français qui sont comme ça. C’est les seuls cassos qui vont voir un rappeur marseillais avec un maillot de Paris…
Sa copine Albina, a enchainé en me disant que les Parisiens étaient les pires.
– Ouais, les Parisiens considèrent que rien n’existe en dehors de Paris et que la Belgique est une région campagnarde de France. Alors qu’on a un IDH supérieur au leur, des meilleures conditions de vie, une meilleure hygiène, une meilleure couverture sociale, un meilleur avenir et un meilleur équilibre écologique, un meilleur système d’enseignement, en plus on est plus grands, en meilleure santé et on est plus beaux. Mais comme on leur prend un max d’euros, c’est pas grave de les supporter.
– Mouais, je vois.., que j’ai répondu,…, mais vous êtes d’origine Albanaise naturalisée Croate, avec papiers ukrainiens…, non ?
– Ouaisss, et alors ?
– Rien…, c’est bon… Z’avez de beaux yeux…
Je me suis alors re-adressé à Max…
– Est-ce qu’il arrive que des Français se foutent de vous à cause de la situation politique ?
– Ouaisss, pas pour la Pologne, l’Ukraine et mes autres pays d’adoption, rien que pour la Belgique…, ils nous disent : “De toute façon vous avez même pas de gouvernement”…, ce qui est faux… Il existe plusieurs ethnies belges, restées longtemps planquées dans les poches de populations les plus isolées que les anthropologues et les ethnologues ont poursuivies durant des centaines d’années. Puis, lorsque le monde civilisé est enfin arrivé à foutre ses grosses pattes dessus, on s’est à chaque fois aperçu que leur recherche n’avait en fait que peu d’intérêt. Albina et moi n’avons que peu de choses en commun avec toutes ces tribus. Ils n’ont par exemple jamais vraiment lutté pour résister à la civilisation extérieure…
Quand j’ai demandé à Albina, dans quelle mesure elle aurait préféré que Max, qui l’a découverte au fin fond de l’Albanie…, ne la trouve jamais…, elle a secoué la tête :
– Je ne sais pas si j’aurais survécu sans lui, avant j’étais lesbienne, ce n’est pas la meilleure façon d’avoir une descendance, m’a-t-elle répondu…, ce à quoi j’ai rétorqué :
– Pour une fois, l’inépuisable curiosité de l’humanité et son désir inébranlable de lever le voile sur tous les secrets de ce monde ont peut-être contribué à préserver, plutôt que contaminer, l’un des derniers secrets de la civilisation humaine…
– Las du joug du Parti communiste et de la vie urbaine en général, mes parents se sont enfoncés dans l’arrière pays. Ils étaient des pacifistes convaincus, des vieux-croyants, un culte chrétien ultra-orthodoxe. Après avoir choisi leur terrain, ils ont bâti une cabane et vécu une vie rude : ils filaient leur laine de mouton eux-mêmes, sur un rouet qu’ils avaient traîné sur des centaines de kilomètres et grâce auquel ils fabriquaient leurs fringues. Ils survivaient en s’alimentant uniquement de pommes de terre et de champignons sauvages. Après trois années passées dans les bois, une tempête de neige a ruiné leur récolte. Ils ont survécu en mangeant l’écorce des arbres avant de se mettre à cuisiner leurs chaussures. Après, Max a débarqué. Max et moi sommes partis vers la Belgique, terre d’accueil et d’allocations diverses, il avait une Mustang brinquebalante…, un trajet interminable. Quand on est arrivés, Patrick, le copain de Max, nous attendait derrière son comptoir… C’est lui qui nous a suggéré de vendre des Mustangs à des Français via des petites annonces…
– Pour une jeune femme qui a dû manger ses chaussures pour survivre, je suis surpris de voir à quel point vous êtes en bonne santé.
– Ce n’était pas facile pour nous, en effet de couper les arbres et de prendre soin de nos chèvres… Le jour de notre arrivée, après avoir donné à Patrick, la chèvre et la poule que je lui avais apporté en cadeau, je lui ai demandé s’il pouvait intercéder auprès de ses relations pour qu’on recoive une petite aide de la part du gouvernement belge, notamment en ce qui concerne la recherche de nourriture… C’est comme ça que j’ai reçu un document de réfugiée prioritaire-ONU avec des papiers Ukrainiens. L’été dernier, Max a chopé une grave maladie et a dû se faire raser le crâne. Un médecin lui a dit que faire du culturisme pouvait être bénéfique à sa santé. Il a donc décidé de remonter seul une petite affaire de Zumba-Zumba… en plus de son commerce d’épaves de Mustangs…
– Quand on le regarde, sa motivation peut paraître étrange.
– Au début, il m’a aidée. Maintenant, il ne fait plus rien que me baiser. Un autre aspect quelque peu énigmatique a surgi. Il y a eu deux sales trucs. Qui sait ce qu’il avait en tête… Il a commis un péché après l’autre… C’est effrayant, il a un oeil partouze et l’autre ailleurs… Chez lui, il y a plein de modèles réduits de Mustang. Il collectionne aussi les Mangas nippons et les sabres kamikazes !
– En gros, vous veniez juste boire et vous défoncer ?
– Oui, mais maintenant on achète des Mustang en Hollande, et pour les revendre on passe des annonces sur LeBonCoin et on ajoute 50% du prix pour nous. Les Français préfèrent passer par nous, car ils ne parlent pas le flamand qui est la langue en Hollande. J’ai appris à les connaître avec le temps.
– Va falloir que je vous quitte, je vais justement en Hollande enquêter sur le marché des Mustang en France…
– Oh putain, vous êtes insupportable avec votre enquête à la con, vous faites tout pour ne pas vous mélanger avec les Belges avec vos chaussures bateau et votre accent bourgeois. Et puis vous n’arrêtez pas de nous faire chier avec les essuies et les torchons… Aller en Hollande pour enquêter sur le marché français des Mustang… C’est dingue, ça !…
– Comment ça ? Il se fait qu’une grosse part du marché des Mustang passe par la Hollande… Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de serviettes et torchons ?
– Ce que vous appelez serviette, chez nous c’est un essuie, votre torchon c’est un essuie de cuisine et votre serpillière chez nous c’est un torchon. OK, c’est pas facile mais vous les Français vous êtes insupportables avec ça. Vous n’acceptez pas qu’on utilise les mots comme vous, sérieux. Vous êtes tout le temps en train de mal faire l’accent belge pour imiter tout, tout le temps, du genre : “Vous êtes bien sur la boîte à messages de mon GSM… Nianiania”. Et puis vous les Parisiens vous êtes pires que tout, vous vivez dans une ville où les loyers sont particulièrement élevés, une putain de ville socialement déséquilibrée et où personne n’arrive à s’affirmer. Alors quand vous arrivez en Belgique, on doit subir vos frustrations et vos complexes de supériorité. J’ai rencontré des Parisiens hier et ils étaient là juste pour essayer de trouver des drogues qu’ils n’avaient pas en France. C’est ce qui m’énerve chez les Parisiens…, c’est le fait que tout doit toujours tourner autour d’eux. Ils te demandent même pas comment tu t’appelles, ils te déballent leur vie, comme si on était un peuple primitif émerveillé par leur avance sur nous, juste pour foutre la merde, être bourré dès le matin et faire chier tout le monde.
J’ai coupé court à cette discussion, j’ai planté là Max et Albina… et je suis parti en Hollande voir une Mustang Coupé GTA de 1967 qu’un marchand Hollandais m’avait proposé…, prétexte pour moi de sonder le “Mustang-Market”…
Paumée dans les alentours bucoliques de Hazerswoude-Dorp, petit village de Hollande méridionale, au milieu des prés verdoyants et des vaches ruminantes, des vieux moulins à vent et des tulipes…, se trouve une ferme pittoresque dont la grange a été transformée en entrepôt abritant une quantité hallucinante de carcasses automobiles dont certaines sont plus roulables que d’autres…
La Mustang magique était dehors à m’attendre et j’ai parqué mon Prowler à ses cotés pour mieux évaluer “le bonheur qui m’étreignait”…, vu que je me faisais passer pour un imbécile pouvant accepter d’échanger son Prowler flambant neuf contre une “quasi-épave” de Mustang Coupé
Le propriétaire des lieux, connu sous le doux sobriquet de “Mister-Mustang”, était en train de déballer un mannequin plus vrai que nature de taille humaine et projetait de le déguiser en Steve McQueen pour aider à pousser vers la stratosphère financière, une Mustang Fastback en décomposition avancée.
– Bienvenue dans notre ferme d’Hazerswoude-Dorp,nous ne sommes qu’à 30 kilomètres au sud d’Amsterdam, je vous dis ça au cas ou vous voulez visiter les rues à putes, c’est unique en Europe, de plus il y a plein de “Bar-à-herbes”…
– Comment vous en êtes venus à bosser dans les vieilles Mustang ?
– Je travaillais dans une pizzéria. Au-dessus du restaurant il y avait un dealer de crack qui faisait du business avec des mecs pleins aux as qui aimaient se la péter grââââve dans des bars américains de merde. Le dealer de crack est venu me voir et m’a dit que ses clients cherchaient des Mustangs pour frimer… et on a décidé de monter un business ensemble. On a commencé, grâce à un pote qui s’était enfui aux States et avait ouvert un garage en Floride qui se nommait Exclusive Impex Automobile. Il achetait des moches Mustangs semi pourries et promettait monts et merveilles aux Français via des pubs dans des magazines de vieilles bagnoles. Il disait qu’il remboursait le voyage en cas d’achat… Les mecs venaient voir, il leur présentait des Mustangs impeccables pour trois fois moins cher qu’en France. Les Français achetaient direct, signaient un bon de commande et il les envoyait à Disneyland pour qu’ils n’aient pas la possibilité de visiter d’autres garages. Un ou deux mois plus tard, alors qu’ils avaient payés, un container arrivait au Havre avec la Mustang de leurs rêves… Ils payaient la douane d’avance, comme la loi l’exige, puis le container était ouvert… A l’intérieur, il y avait une Mustang de même couleur, de la même année, avec les papiers qu’ils avaient validés, mais elle était pourrie, c’était une épave… Les mecs râlaient, menaçaient de faire un procès…, mais la voiture correspondait bien aux spécifications et numéros indiqués sur le bon de commande… Le Bill en a rétamé pas loin de 5.000, je me suis dis que si je n’en faisait qu’une centaine se serait jackpot… J’ai cherché un pays “facile” question business avec la barrière de la langue, la Hollande c’était le pied, voilà.
– Comment est-ce possible ?
– Les gens ne vérifient jamais la concordance des numéros de la carte d’immatriculation avec les numéros de châssis, le mec aux USA il jouait avec les plaquettes rivetées, d’une voiture à l’autre…
– C’est de l’escroquerie !
– Non, c’est du business…
– Vous avez commencé dans cette ferme ?
– On a démarré dans beaucoup plus petit. Il était très important d’évaluer la demande du marché de façon précise. Après ça, on a déménagé dans un espace plus grand, mais ce n’était toujours pas assez. Puis en 2002, j’ai trouvé cet endroit où nous sommes en ce moment, qui est parfait puisqu’il est constitué de deux bâtiments séparés, ce qui permet d’isoler les différentes catégories de voitures et de minimiser la contamination croisée.
– Qu’est-ce que ça veut dire ?
– Rien, pas grave… On avait enfin tout ce dont on avait besoin pour alimenter le marché européen, mais les lois ont changé et mon associé est parti en Australie en me laissant tout le bastringue…
– Je connais un peu les événements qui ont mené à l’évolution des lois, mais on n’en a pas beaucoup parlé dans les médias. Il s’est passé quoi exactement ?
– Ce qui a été choquant, ce n’est pas ce qui s’est passé, mais plutôt la réaction des médias. En raison des mesures protectionnistes françaises de l’époque, nombre de véhicules étranger ne sont entrés en France qu’en nombre très restreint et étaient d’autant peu présent sur le marché local. La Californie et la Floride étaient notamment à cet égard un vivier quasiment inépuisable d’épaves de collection, quel que soit le modèle recherché. Ma recherche portait sur des véhicules dans leur jus et sans corrosion visible ce que l’on ne trouve pas facilement dans cet état en France. Les Français avaient tendance à confondre ces presques épaves en Amérique avec des voitures presques neuves en France. Notre pote et nous en avons bien profité, mais maintenant, avec Internet, c’est fini. C’est pourquoi mon associé s’est taillé et moi, trop con, je suis resté… A cause du scandale planétaire d’Exclusive Impex mais aussi à cause des phénomènes de mode locaux : les italiens sont fanas des Alfa, les allemands préfèrent les Porsche… et de la fluctuation des taux de change, les gens ont perdu tout attrait financier à aller chercher eux-même la voiture de leurs rêves aux USA… Ils ont commencé à chercher dans d’autres pays d’Europe, mais toujours en sous-estimant les frais fixes qui seront les mêmes que vous achetiez une Triumph TR6 à 7.000 € ou une Porsche 356 à 70.000 € ! J’ai pris en compte ces paramètres en jouant l’expert…, puisque c’est un job non règlementé ou il n’y a aucun accès à la profession… J’ai déconseillé fortement aux débutants d’acheter uniquement sur photos sur Internet, soulignant que les photos ne montrent jamais plus de 10% des défauts et que le vendeur ne joue pas toujours la transparence en oubliant parfois certains angles non valorisants de son véhicule. Là-dessus je me suis auto-proclamé “Expert” sous un autre nom… et j’envoyais les clients faire expertiser mes épaves par ses soins vu qu’ils ne connaissent personne d’autre… Donc en tant qu’expert je faisais des expertises 100% formidables… Et ça marchait à fond la caisse.
– En les filoutant…
– En effet ! Ça fait plus de 20 ans que je joue ce jeu, puisque le principal écueil d’une importation est généralement la distance. Les gens en ont marre de devoir dépenser des fortunes en frais de voyages, de recherches, de transports, sans oublier les frais divers, taxes, assurances. De plus en plus ne se déplacent plus si loin dans des aventures sans fin. Ils préfèrent faire l’économie d’un voyage et comme ils croient qu’un expert va expertiser, ils payent pour une expertise qui est du n’importe quoi, puis ils achètent l’épave… S’ils râlent à l’arrivée, ma copine ne leur répond qu’en flamand, ils laissent tomber… Mais pour les irréductibles, il y en a, la parade est que l’adresse officielle est située au fin fond du nord de la Hollande dans une usine abandonnée, ceux qui y vont doivent se débrouiller avec la population locale qui ne cause que le flamand… En plus bon courage pour l’adresse… Et au tél, qui est une ligne GSM anglaise en pré-payé… quand on répond au cas ou ils téléphonent d’un autre numéro, on leur répond exclusivement en flamand… On n’a jamais eu de problèmes en justice !
– Vous êtes des spécialistes de l’arnaque…
– Si les gens ne se déplacent pas, il leur faudra faire appel à un tiers pour effectuer l’expertise du véhicule avant de prendre une décision, c’est là que j’interviens. Sur l’Europe, pour un imbécile de particulier qui rêve d’avoir une Mustang, il lui faudra se déplacer sur les principales capitales avec les vols lowcost mais il lui faudra refaire le trajet en voiture avec une remorque pour ramener sa belle, une “belle” qui aura été vendue entretemps, pour autant que le vendeur existait vraiment. Sur l’Amérique du Nord, c’est pire, l’imbécile, il va lui être souhaitable de se reposer sur un agent local qui sera à même d’effectuer l’expertise, de fournir de nombreuses photos de détail, d’effectuer un essai routier et de sécuriser les transactions financières. L’achat en Amérique du Nord se conclu par une mise en container et un voyage en bateau de 6 à 8 semaines. Et c’est souvent une arnaque style Exclusive Impex… C’est de là que j’ai décidé de constituer un stock virtuel de Mustang quasi toutes pareilles que les gens ne peuvent voir que sur Internet. Mon truc est qu’elles soient toutes très moyennes dans leur état, de sorte qu’avec 20 Mustang identiques, ils n’imaginent plus qu’il puisse en exister d’autres ailleurs en bien meilleur état… Et les gens achètent sans y voir grand chose, sans venir voir…
– C’est vrai que votre Mustang Coupé GTA de 1967 est rouillée dans les coins avant de bas de porte, que le système d’air-co a été sauvagement arraché et qu’il y a un sacré paquet de mastic et autres produits qui cachent les défauts que masque une peinture noire à fines paillettes qu’on ne saura jamais retoucher, nécessitant une peinture complète qui va entrainer des frais de restauration à n’en plus finir… C’est une merde !
– C’est la vie, c’est du business. Si les gens sont cons, c’est leur problème. Je vois que vous êtes connaisseur en conneries, on ne vous la fait plus !
– Importer en France une voiture en provenance du marché Américain engendre certains coûts, non ?
– Les frais fixes sont les frais de transport, de manutention, des frais administratifs, et les prix des diverses taxes fiscales : L’achat du véhicule au prix US au cours actuel : voir http://www.xe.com pour le taux de change. Il faut aussi prévoir quelques dizaines d’euros pour les frais de transfert bancaire + commission de change. Il y a également la commission de l’agent local assurant la prestation logistique aux USA : c’est très variable, de 500$ à 2.000$, selon la prestation. Le transport du véhicule du lieu d’achat jusqu’à la compagnie de shipping pour la mise en container : entre 0.8 et 1$ par mile. Le dossier des formalités d’export : 30 $… L’assurance convoyage maritime : 2 à 3 % de la valeur d’achat du véhicule… L’empotage et le transport maritime en container jusqu’en France : 1.000 à 2.500$ selon le port de chargement, cote Est ou Ouest…
– C’est parce que leur teneur en humidité est moins forte ?
– Ahahahahahahah… Oui et non.
– Il y a aussi les frais liés à l’arrivée en France…
– Oui, bien sur… Les frais de dépotage et de traction portuaire : 400 à 500 €… Les frais de l’armateur : 100 à 150 €… Les frais Dossiers fixes sur le dédouanement : 100 à 150 €… La délivrance du certificat douanier 846A : 50 à 100 €… Les différents frais portuaires : 100 à 150 €… La douane et la TVA : taux réduit global de 7% sur véhicule de plus de 30 ans… Le cas échéant : transport routier du Havre au domicile de l’acheteur français : comptez environ 1 euro TTC du km… L’attestation FFVE + la carte grise : 50 euros + le coût de la carte grise… Et les emmerdes avec la Drire, ex-mines… Voilà… Je dis que l’importation d’une auto de collection n’est pas insurmontable pour un particulier mais demande de l’organisation et de s’appuyer sur une entreprise et un interlocuteur compétent : moi…
– Combien de pigeons vous pouvez plumer par an dans votre usine-ferme ?
– Je n’aime pas trop parler de ma production exacte, mais je dirais que la capacité actuelle de ma petite entreprise tourne à environ 250 Mustang par an. Les gens font la queue en pleurant, genre « C’est la dernière Mustang GTA, il me la faut ». Je n’ai aucun problème pour m’en débarrasser.
– Vous pensez que ce genre d’escroquerie pourrait être interdite par les instances européennes ?
– On ne sait jamais. Depuis le 16 janvier 2013, de nouvelles règles fiscales pour l’importation des autos de collection s’appliquent… Jusqu’alors, les règles de dédouanement des véhicules de collection étaient complexes, car basées sur différents textes, parfois contradictoires. En France se mêlent des arrêts de la Cour de Justice Européenne (CJCE), des bulletins officiels des douanes, des notes explicatives et la définition de la fiscalité applicable aux oeuvres d’art et de collection permettant au final d’appliquer généralement aux voitures de plus de 25 importées une fiscalité totale réduite, un taux de TVA réduit de 10% / anciennement 5 puis 7%… Mais il parait qu’une loi en France va encore tout compliquer, elle serait applicable dès 2017, ça concerne les voitures transformées, style Mustang-Eleanor, les Hot-Rods, les Muscle-Cars…, la moitié du business va tomber à rien !
– Essayez de faire simple…
– Deux interprétations principales cohabitaient en France jusqu’à janvier 2013. D’un coté, une interprétation quasi-généralisée basée sur le BOD n°5513 du 1er mars 1991, définissant essentiellement des critères d’âge et de volume de production… et de l’autre, les arrêts de la CJCE introduisant une condition supplémentaire à celle d’âge: devoir présenter un intérêt historique ou ethnographique. L’arrêt de la Cour de Justice européenne précise que « Sont présumés présenter un intérêt historique ou ethnographique, les véhicules qui se trouvent dans leur état d’origine, sans changement substanciel des chassis, système de direction ou de freinage, âgé d’au moins 30 ans et correspondant à un modèle ou type dont la production a cessé… ou ceux fabriqués avant 1950, même s’il ne sont pas en état de circuler ». Voyez que ça va chier bien gras !
– La fin des haricots semble inévitable. Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’un politicien prenne une dose complètement déraisonnable de taxes et essaie de voler le peuple un peu plus…
– Tout le monde doit se responsabiliser, encore plus qu’avant. Les utilisateurs doivent comprendre que leurs actions peuvent mener à la destruction d’une activité entière… et garder en tête que les gens instables peuvent parfois avoir des comportements déviants. Aussi, les médias doivent se rendre compte que tout ce toutim barnumesque de taxes et surtaxes peut avoir des répercussions énormes. D’ailleurs, c’est là tout leur rôle, préserver le commerce dans un environnement hostile. C’est pour ça que les journalistes automobiles racontent n’importe quoi. En préservant leur job, ils préservent ce marché. Ce sont eux qui donnent envie aux imbéciles de constituer des “collections” de merde… Quant ils ont inventé le concept de “Young-Timers”, là ça a été génial, toutes les merdes invendables et sans valeur ont eu le la valeur aux yeux des cons…, c’est un marché en or !
– En ce moment l’environnement est politiquement hostile, mais le système survit.
– L’ambiguïté d’interprétation est désormais levée car depuis le 16 janvier 2013, le BOD 5513 du 1er mars 1991 est abrogé et remplacé par le BOD 6967 qui se calque sur les arrêt de la CJCE et précise bien les deux conditions cumulatives pour que puisse s’appliquer à l’importation d’autos de collection la fiscalité réduite, c’est à dire l’exonération des droits de douane + le taux de TVA réduit intermédiaire à savoir que : “Le véhicule DOIT entrer dans la catégorie “véhicule de collection”, à savoir : être relativement rare…, ne pas être normalement utilisé conformément à sa destination initiale sans exclure pour autant que ses qualités fonctionnelles puissent rester intactes…, faire l’objet de transactions spéciales en dehors du commerce habituel des objets similaires utilisables…, avoir une valeur relativement élevée… et présenter un intérèt historique, à savoir : se trouver dans l’état d’origine, sans changement substantiel des châssis, système de direction ou de freinage, moteur, etc…, être âgé d’au moins trente ans… et correspondre à un modèle ou type dont la production a cessé”.
– De fait, ce changement repousse ad-minima aux véhicules de plus de 30 ans, au lieu de 25 ?
– Oui, cela donne la possibilité d’accéder à la fiscalité réduite (TVA réduite intermédiaire à 7%)… et introduit au moins deux conditions qui ne manqueront pas de créer de nombreux débats : la notion de « valeur relativement élevée » et la notion « d’état d’origine ». A noter que les répliques sont explicitement exclues dans tous les cas… Dans l’impossibilité de réunir l’ensemble des conditions désormais exigées, les droits classiques de douanes s’appliquent : 10% de douanes + 19.6% de TVA sur le montant véhicule + transport…
– Donc, les voitures moins chères aux USA, c’est du baratin ?
– Oui, les voitures américaines sont moins chères parce que la notion française de voiture dans son jus et roulante est synonyme de voiture en bon état, alors qu’aux USA ce sont des quasi-épaves… Une voiture en état concours en France, n’est qu’une voiture en bon état aux USA… Et une voiture en état concours aux USA est considérée en France comme sur-restaurée à l’américaine… Les français sont crétins, c’est pour cela que les belges et les hollandais font fortune. Mais certains garagistes en France ont vite appris et pratiquent des tarifs stratosphériques… Près de Toulouse, il y en a un qui en plus de tout ce que je viens d’énumérer, demande 15.000 euros pour obtenir l’immatriculation d’un Prowler…
– En conclusion, j’en reviens à ce que j’écris dans GatsbyOnline à usage des lecteurs : Roulez en Smart !
– Ahahahahahahah !
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