Patrice De Bruyne, le “Gatsby” on line !
C’est l’un des derniers rêveurs vivants librement, écrivain surréaliste de divers romans qu’il refuse de re-publier après leur rupture de stock, tels les plus fous : Quelqu’un, le roman du web…, Je ne me souviens plus du titre…, Liens d’amours…, Par qui ce scandale…, Dictatucratie…, Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens… et Quelqu’un contre le reste du monde… C’est surtout l’éditeur de plusieurs magazines automobiles, dont les célébrissimes Chromes & Flammes… et Gatsby ainsi que leurs dérivés, publiés à 500.000 exemplaires mensuels dans le monde : AutoChromes, Auto Kraft, AutoKracht, AutoMania, TopWheels, Calandres, InternationalMotorShopping, FranceCustom, Customania, SuperChromes… etc.
C’est également un grand amateur de voitures déjantées (sans double sens) et l’éditeur du plus fantastique site-web planétaire : www.GatsbyOnline.com, s’y laissant aller dans un style unique réservé aux épicuriens baroudeurs aimant la vie, les femmes, les automobiles, les motos, les bateaux et les avions extraordinaires, dévoilant ses expériences et ressentis personnellement vécus et prouvant de ce fait que, nanti ou pauvre, connu ou inconnu, chaque être n’en est pas moins homme avec ce que cela implique de vulnérabilité et d’enthousiasme. A travers l’écriture, Patrice De Bruyne accentue le trait de cette évidence et aborde les aspects interdits les plus secrets de son existence. Il en est devenu ainsi son propre autoportrait, poignant, comme l’aurait imaginé un peintre cubiste, en désarticulant sa vie pour mieux la reconstruire à travers le prisme des bonheurs et des malheurs qui l’ont jalonnée.
Dès les premiers mots de ses écrits, le cœur des lecteurs et lectrices va battre au même rythme que celui de son auteur. Dès les premières phrases de chacun de ses articles, on sent, on sait que ce ne sera pas commun. Le verbe y est vif, cru, précis, nourri d’autodérision. La phrase courtise l’intimité d’un tête-à-tête avec lui-même et un autre lui-même, pourtant le même, ceux qui sont partis, ceux qui sont toujours là. Le ton adopté est celui de la confidence désabusée d’amertume caustique, rien n’est caché, tout est écrit, autant sur lui-même que sur ceux et celles qu’il croise. Avec humour…
– www.GatsbyOnline.com regroupe 4.000 articles plus mes magazines dont les derniers publiés et je ne sais plus compter les vidéos !
Avec son livre Quelqu’un contre le reste du monde, l’exercice se veut thérapeutique. On plonge immédiatement dans l’expression charnelle d’une existence hors du commun que la patine de la vie laisse tour à tour joyeuse, brutale, effilochée, blessée parce qu’au paraître, un vécu est venu se mêler. Porte ouverte à l’identification. Les impressions priment la chronologie, mais le lecteur ne perd jamais le fil. Car s’il a pris la plume pour la reposer aussitôt, la reprendre, l’oublier, la reprendre encore dans une urgence afin d’aboutir à cet ouvrage au début du troisième millénaire, il tisse une cohérence narrative autour de lui, son autre lui-même, ses rencontres, l’art dans toutes ses formes, en ce compris l’art de se moquer du monde et l’art de faire de l’argent..
De ses désirs sexuels jusqu’à sa dernière aventure d’affaire, en passant par ses doutes, ses acouphènes du matin et quelques migraines, il se raconte en blanc et noir avec un fil rouge. Question de survie. Sans fausse pudeur et avec une pointe d’humour salvatrice il explique tout, parce que c’est ce tout qui l’a construit et déconstruit. Les fils rouges du passé et du présent s’enchevêtrent pour conduire vers un futur improbable. Cela n’empêche pas les aveux, les ratages, des regrets, une lucidité implacable. Sur cela s’impriment étroitement, intimement des temps d’enfance, des aventures, des anecdotes aussi. On y trouve aussi des rêves, les ingrédients de ce qui va devenir www.GatsbyOnline.com le web-site de plus gonzo déjanté de l’univers…
Dans les espaces de lumière comme dans les zones d’ombre, on y croise des personnalités fortes, rarement anodines, il y confirme sa double vie : l’une envahie par les affaires, l’autre totalement accro à l’art, mais l’art de la photographie et de la rédaction d’articles déjantés… Il lui faut distribuer les cartes du grand jeu de la vie, lui avait appris son père. Il a eu des hauts, des bas, mais il distribue les cartes : “Devenir ce que nous sommes”, disait Nietzsche, reste sa pensée motrice… Parfois on lui demande : Alors tu travailles ? Eh bien non, il s’amuse. La vie lui a donné cette chance de toujours s’amuser en travaillant.
Comme les sept nains de Disney. Sauf quand il allait à l’école, là, il en profitait pour rêver. Il en est devenu architecte et créateur de mobiliers étranges. Ses doigts couraient sur la table à dessin, sa tête était ailleurs. Il se voyait en Gatsby le Magnifique !
-Je suis ému d’interviewer Patrice De Bruyne alors que je suis le graphiste attitré de votre magazine Gatsby, mais l’occasion se présente, alors je fonce ! On commence par une anecdote ?
– Un soir, sur le web, une belle plante vénéneuse en pot m’a abordé pour me demander comment il fallait faire pour me rencontrer. Cela m’a rappelé une phrase d’une pièce de Jean Genet : Le balcon. Dans un bordel, on entend off des coups de feu au loin. Un personnage dit : Encore des gens qui rêvent ! J’ai beaucoup rêvé dans ma vie et j’ai réalisé qu’il fallait que je continue de rêver en faisant rêver… Mais je m’amuse à placer des matières à cauchemars dans mes textes avec la maîtrise de ce que j’ai vécu et ce que je vis encore. Aujourd’hui je me retrouve aimant la vie et ceux et celles que j’aime, je les aime vivants…
– Vous êtes étrange !
– Me croyez-vous photographe de mode agité, flambeur, qui roule en Porsche, drague, vit dans le futur, déclenche comme un dingue en tournant autour d’une fille, lui passe sur le corps en disant : “c’est bien, continue !” ?.
– On voit ça dans des films.
– Ben non… Je suis très Smart ! Et puis on me découvre. Pas d’ambiguïté, je suis né dans l’art et la mécanique… Mon grand-père paternel était antiquaire, De Bruyne était fort connu au Sablon à Bruxelles, mais avant-guerre, il “chinait” les églises en grand équipage, une Hispano-Suiza avec un chauffeur noir en gants blancs… Mon grand-père maternel était un artiste de la mécanique, surtout des motos qu’il vendait et réparait, la grande époque des avant-guerre, FN, Gnome&Rhone, Saroléa, Velocette… sans pour autant dédaigner les automobiles, surtout les Amilcar, quelques Citroën, Delage, Delahaye et même Bugatti.
– Mazette !
– Pour ma part, après St-Luc en architecture, je me suis lancé dans l’édition de magazines de décorations et d’architectures en sus de la construction de maisons avant-gardistes. De fil en aiguille (mon père était Maître-Tailleur sur mesure) je me suis retrouvé éditeur et publiciste, y développant entre-autres passions, celle de la photographie.
– Vous avez une certaine notoriété, en dactylographiant votre identité sur Google, on lit que vous avez fait beaucoup de choses…
– Sans faire partie du fameux carré respecté des plus célèbres au monde, ni sans avoir révolutionné les noirs & blancs et les couleurs de la vie et du monde, je suis passé à la postérité avec un de mes magazines : Chromes&Flammes qui a durablement marqué les années quatre-vingt (500.000 exemplaires mensuels en 5 langues et diffusion planétaire).
– Vous devez être mondain, alors ?
– Je fuis les mondanités, je ne travaille pas comme un forcené, ni ne m’emballe pour des peccadilles, mais je sais passer des jours à créer des textes.
– De quelle façon ?
– Je suis un partisan de la simplification qui n’aime pas les complications inutiles… et privilégie la vraie spontanéité… Ma vie est de ce fait : hors du temps, donc dure, car en fait, pour chacun, le temps n’existe pas vraiment. Lisez mes textes pour comprendre, peut-être y verrez-vous mes mélanges…
– Je n’arrête pas de les lire puisque j’en fait des montages graphiques pour Gatsby Magazine ! C’est un mélange de raffinement, de modernité et de nostalgie flottant dans un univers hypnotique.
– Mes textes sont souvent des autobiographies qui contiennent mille souvenirs, mille rêves.
– Qui êtes-vous ?
– Né en 1949 à Tournai, Belgique d’un père Français, j’ai obtenu (avec bonheur) la nationalité “Hexagonale”… La grisaille et la monotonie du “plat pays” que chante Jacques Brel, qui l’envahissent l’hiver, ont usé mes yeux verts qui analysent tout sans cesse, mais sans le mystère, on se perd. Adolescent, la littérature et la poésie m’ont nourri : Pétrarque et Leopardi, Eugenio Montale, Kerouac et Ginsberg. En 1968, j’ai tenté d’étendre la révolution dans mon école, mais ce fut un échec… Pour me dépasser en sus de mes études, j’ai ouvert une agence de publicité, transformée, sitôt terminé mes études terminées, en maison d’édition destinée à publier des idées nouvelles en décoration et architecture… J’étais prêt pour le grand saut.
– Pas simple comme parcours !
– La culture est un style qui fuit la faute de goût et permet de se transcender…, ce fut le cas me concernant jusqu’à la création des magazines Chromes & Flammes, en passant par divers travaux pour British American Tobacoo, Cristal d’Arques, Pirelli…
– Une évolution ?
– Une évolution entre deux mondes, donc nulle part, entre le passé et le présent. Un pied en belgique, l’autre en France…, puis un maelström de voyages, principalement aux Etats-Unis, en Floride, à Hallandale au nord de Miami Beach ou j’ai créé divers magazines… Après plusieurs années, j’ai revendu le tout et pris trois années sabbatiques, en sortant pour recréer d’autres magazines (Auto-Folies, Autorama), revendus également après un an… Puis, l’opportunité s’est présentée d’importer en Europe la marque Excalibur, ce qui m’a fait entrer dans le monde des automobiles hors normes, puis de collection avec www.LesAutomobilesExtraordinaires.com … De là, viendra la création d’un site-web totalement déjanté, www.GatsbyOnline.com… puis d’un magazine éponyme que je fais évoluer vers “la totale”….
– C’est très original, là…, vraiment inattendu !
– J’aime les critiques et plus encore les polémiques, étant débiteur du goût des autres… Avoir eu des hauts et des bas, laisse surpris d’être encore là, mais sans peur, n’attendant plus que le téléphone sonne, ayant trouvé dans mes magazines un moyen formidable de jouer à cache-cache avec la vie.
– En lisant vos magazines on peut dire que votre champ d’action va du Glamour au Porno chic en passant par un soupçon de Trash mécanique…
– Oui, ça sonne bien, cette définition est à garder, pour l’instant du moins, car il est très dur de décider d’un champ d’action éditorial, mais une chose est sûre : toutes les formes d’expression sexuelles, artistiques et scripturales m’intéressent.
– Vos articles ne disent pas explicitement quel regard vous avez, car vous aimez cultiver l’ambiguïté…
– Il est vrai que la plupart des magazines et web-sites se spécialisent très vite dans un style bien défini, on devrait les appeler des binaires, mais ça ne m’intéresse pas, je préfère agrémenter la vie de mes lecteurs et lectrices en saisissant les instants magiques et intemporels.
– Il y a un côté terriblement déjanté dans vos articles, dans le bon sens du terme évidemment. Etes-vous d’accord avec cela ?
– Dans tous les sens du terme en fait. Mais oui, j’adore. C’est toujours un moment privilégié et secret qui laisse des traces à tout jamais.
– Vous êtes très sensible aux formes et aux mouvements qui vont vers la fusion dirait-on ?
– Heureusement, sinon je changerais de hobby.
– Est-ce qu’écrire et publier calme ou alimente vos fantasmes ?
– Je réponds la même chose que Hugh Heffner : Ca dépend de la photo… Je fantasme énormément, étant très rêveur et utopiste. Mais en fait… et là je vais vous dévoiler un secret d’intérêt mondial, que le fantasme est simplement une prémonition de ce que l’on peut réaliser si on s’en donne les moyens. Par exemple, mettre en scène une femme extraordinaire qui impose systématiquement le silence en entrant dans n’importe quel restaurant. Tout cela, c’est plus que du fantasme réalisé si c’est une réalité.
– Par quoi avez-vous envie de terminer cet entretien ?
– Par une photo de mon Cocker Blacky… Ensuite par dire un grand merci à Bill Gates et à tous les génies qui ont inventé l’internet. Il n’y a maintenant plus aucune possibilité de censure de la part de n’importe quel gouvernement si on a “les couilles” de réaliser un web-site indépendant, pas de glandes sur les réseaux asociaux ! Je crois que l’Internet sera une des créations parmi les plus importantes de toute l’histoire de l’Humanité. Il faut toutefois faire attention aux milliardaires qui détiennent le pouvoir, car ils n’ont aucune envie d’être utile, juste d’être futile… et domestiquer le monde pour le réduire à un marché aux esclaves. Il faut savoir se sacrifier chaque jour pour la conquête indéfinie des libertés…
– Vous avez le sens de la démesure !
– Mon style est multiculturel, j’ai vécu en France, en Belgique et 5 ans aux Etats-Unis. Mes influences pourront peut-être révéler mon style.
-Dernière question, la présentation de la page Gatsby avec la caricature des personnages “moteurs” du web-site a changé, maintenant vous avez intégré des personnages qui font un doigt-d’honneur ! Pourquoi ?
-A cause de Facebook dont les censeurs-robots ont décrétés souverainement que la caricature leur était intolérable parce que le personnage principal fumait un cigare et que les Lois interdisent la publicité pour le tabac ! Comme les lois n’interdisent pas les bras d’honneur et les doigts-d’honneur, j’ai placé deux personnages qui font chacun le leur avec un doigté personnel ! Le visuel me semble bien meilleur et percutant car c’est exactement ce que j’exprime avec mes articles dans Gatsby !
Interview de Patrice De Bruyne par Olivier Fayoux