Pebble-Beach 2013… Concours d’élégance !
Relique d’un autre temps où les hommes étaient des hommes, les femmes étaient des cruches et où les automobiles étaient un signe de réussite associale…
La nostalgie est un sentiment merveilleux, elle fait revivre à l’homme les meilleurs moments de sa vie avec une petite larmichette au coin de l’œil, alors que, enfoui sous sa carapace bourrue, le cœur de midinette se manifeste alors…, tout homme étant un être humain comme un autre, il aime lui aussi se remémorer ses premiers émois, le temps joyeux où il découvrait avec un regard neuf le monde magique du sympathiquement mauvais…
Ahahahahahah…, psychotiquement mutilés devant l’ahurissante bêtise de cette description, la curiosité doit vous pousser à en lire plus, histoire de s’assurer que je n’ai pas pété les plombs… et que je ne vais pas vous servir un brouet textuel sans saveur ni consistance, qu’il vous faudra encore diluer avec beaucoup d’humour pour obtenir le nectar habituel de mes articles déjantés avec lesquels je vous fait chavirer, car traiter d’un concours d’élégance aussi puissamment ringard dont le concept n’a pu germer que dans la cervelle flétrie d’un executive en costume gris, au cours d’une réunion avec d’autres executives en costume gris…, vous pouvez craindre que cette débauche de politiquement-correct a dû laisser le pauvre homme que je suisse : lessivé…
Pourquoi cette introduction si doucettement empreinte de pathos ? Parce que le sujet d’aujourd’hui joue pleinement la carte du souvenir…, dans l’esprit, on pourrait dire que le concours d’élégance de Pebble-Beach et toutes les manifestations qui y sont liées, partagent un goût certain pour le passéisme, notamment via les commentaires des spectateurs.
Mon intervention narrative, comme une voix off…, se veut dès lors plus légitime, celle-ci servant à faire le lien entre toutes les manifestations et empêcher ainsi l’ensemble de ne virer qu’à une succession de séquences sans aucune continuité, un moyen comme un autre de rendre le tout plus digeste.
D’entrée de jeu, l’honnêteté m’impose de reconnaître que les voitures présentées explorent presque toutes
un pan d’exploitation commerciale… et ne sont donc pas à ranger parmi les automobiles que des collectionneurs intègres, honnètes et désintéressés viennent montrer pour le seul plaisir de faire plaisir et rendre service !
Un grand nombre sont “sponsorisées” par des grandes marques de luxe…, ben oui, le concours d’élégance de Pebble-Beach n’a pas été conçu que pour les visiteurs et supposés amoureux des bisseries d’autrefois et autres curiosités antiques, non…, il y a énormément d’argent en jeu, des millions de dollars bien souvent…, aussi bien pour la valeur des voitures, que pour le coût de leur restauration…, ce qui implique aussi bien des spéculations basées sur les résultats obtenus (une voiture d’un million de dollars, si elle est gagnante du concours, verra sa valeur multipliée par deux)…, que sur le travail des carrosseries et mécaniques, qui permettent aux ateliers concernés, de remplir rapidement leurs bons de commande pour l’année !
Sous les sourires et les belles toilettes, se cachent des monstres prèts à tout…, la folie plus ou moins douce qui imprègne ces automobiles au charme suranné donne une bonne idée de l’esprit qui habite l’ensemble des œuvres sélectionnées…, le but avoué étant d’étaler un échantillon de ce que le monde de l’automobile a pu produire de plus surprenant, désuet voire complètement allumé…, le but réel étant de gagner un trophée et des masses de dollars…
Aussi, même si l’intérêt des véhicules exposés est assez inégal, voyons plutôt le bon côté des choses : il y en a pour tous les goûts, et l’ensemble donne envie de voir toutes les pépites, quand bien même leur surrestauration ne sont que des reconstructions réalisées à prix d’or par des ateliers spécialisés soigneusement choisis.
Maintenant, si vous êtes avant tout un puriste du kitsch, un zouave entêté plus qu’un bisseux, Pebble-Beach est également pourvu de solides atouts, sans toujours chercher la rareté oubliée de tous, proposant en effet la crème, que dis-je, la mousse à cappuccino des automobiles extraordinaires, en se concentrant notamment sur quelques perles excentriques qu’engendrèrent les années 50’s et 60’s.
Certaines bêtises parmi les plus mémorables sont réunies en un pot-pourri des plus délectables, avec le but avoué et hautement louable de nous faire découvrir ou redécouvrir ces classiques…, en fait, parcourir les manifestations de Pebble-Beach, c’est un peu comme consulter un vieil album de photos et se souvenir d’instants précieux devant telle ou telle automobile.
Bien que farci de classiques, Pebble-Beach comporte aussi de quoi satisfaire l’amateur de découvertes, bien que cet atout soit parfois gâché par de petites lacunes…, c’est un peu rageant lorsqu’on découvre une rareté exceptionnelle, sans savoir d’où elle est issue ni si elle est authentique…, mais en définitive, le concours d’élégance de Pebble-Beach s’avère tout de même imparfait, il est évident que le plaisir ressenti n’en aurait été que plus grand si la propension à mélanger autant les genres aurait été mieux encadré en un classement plus rigoureux, là ou l’exposition se résume parfois à un étalage superficiel.
Pourtant, il serait dommage de passer à côté d’un si sympathique hommage aux voitures d’époque et, par extension, à ces bizarreries azimutées qui sont à l’origine de tant de vocations…, en gardant mes commentaires en tête, vous ferez donc le choix de l’indulgence devant l’attitude de certains propriétaires d’automobiles, d’une nullité proprement terrassante.
Ne boudez donc pas votre plaisir de voir ces automobiles hors d’âge et autres joyeusetés vintage, qui devraient donner l’envie aux néophytes de découvrir l’ambiance d’antan, et aux autres celle de se replonger avec une douce nostalgie dans les souvenirs attendris des vieilles classiques. Et ma foi, n’est-ce pas là l’objectif recherché ?
Notez que toutes les manifestations de Pebble Beach, sont d’une naïveté confondante et les règlements tout droit sortis d’un cerveau n’ayant connu de la démocratie qu’une illustration dans un dictionnaire…, le style grand balaise gros fumeur de cigares tout-puissant, à même de faire pâlir un dictateur sud-américain… et qui peut organiser ce que bon lui semble…, sans toutefois verser dans la caricature du Big-Boss qui torture sexuellement ses petites amies lors de soirées entre amis, assassine ses hommes déméritant voire tente de tuer le shérif en pleine rue…, tout cela en toute impunité car il a acheté le seul juge de la ville qui passe désormais son temps à relâcher ses hommes de mains sous de fallacieux prétextes, prenant même le temps de proférer quelques remontrances humiliantes au shérif, poussant le vice jusqu’à le menacer à l’occasion de poursuites judiciaires pour acharnement professionnel !
Autour du chic golf californien se déroulait donc le week-end dernier l’un des concours d’élégance les plus réputés au monde, en jeu : l’excellence de modèles prestigieux…, à 123 miles du centre de San Francisco, Pebble-Beach n’est pas la petite bourgade yankee type habitée par des gros ploucs benêts aux seules préoccupations électorales… et dont la copieuse cuisine est aussi “cliché” que les bastons de lourdauds avec destruction de mobilier dans des bars miteux.
Non, que nenni…, c’est un endroit prisé par la classe aisée américaine, sa forêt, son golf et sa marina donnant sur le Pacifique représentent un écrin verdoyant idéal pour se ressourcer…, il est aussi, depuis 63 ans, l’un des rendez-vous les plus attendus des passionnés de belles voitures, car c’est dans ce cadre que se déroule ce concours d’élégance, au top des plus réputés au monde.
Plus de 200 véhicules y étaient exposés en ce 18 août 2013, avec pour événement majeur une balade entre les pins et les cyprès qui jalonnent la route autour de Pebble-Beach… et quelques tours effectués sur le circuit de Laguna Seca…, mais : il ne s’agit surtout pas d’un concours de vitesse, mais d’excellence…., les organisateurs comptent en effet sur l’expertise et les connaissances pointues et détaillées de leur jury afin de hausser le niveau du concours.
Mieux, l’élégance n’est pas le seul critère de décision : “Nous souhaitons mettre en valeur la contribution des ingénieurs, la créativité et l’ingéniosité dont ont fait preuve les constructeurs”, explique ainsi un expert, une référence en termes de véhicules vintage aux USA… et partenaire de l’événement, qui ajoute : “Les voitures exposées se doivent d’incarner leur marque, de faire preuve de personnalité”…
Cette exigence des organisateurs, “impulsée” par la présidente de l’événement : la collectionneuse et spécialiste Sandra Button, se ressent à la vue des modèles exposés : Siata 208CS Balbo Berlinetta de 1953…, Ferrari 250 GT Pininfarina Berlinetta Speciale de 1955… ou une incroyable création de Pininfarina sur base Ferrari aux lignes fluides et au toit bulle vitré.
Lincoln, marque de luxe américaine par excellence, en pleine recomposition actuellement aux États-Unis, avait amené quelques prototypes des prochaines productions et, pour rallumer la flamme, exposait quelques anciennes célèbres ou insolites comme un coupé Continental de 1941 ou encore le coupé Indianapolis Boano de 1955…, cinquantenaire oblige, il y avait aussi des Porsche 911 couvertes de gloire, telle la Monte Carlo de 1970.
Le week-end était aussi l’occasion rêvée pour les constructeurs de retracer l’histoire au travers des modèles qui l’ont marqué : une trentaine d’Alfa Roméo 8C étaient également présentées avant qu’elles n’aillent faire un tour de 1.000 miles dans les Rocheuses, façon de prouver que leur robustesse est toujours d’actualité.
Dans le même temps, plusieurs marques en profitaient pour exposer des concepts-cars ou de nouveaux modèles : 17 véhicules étaient ainsi présentés pour la première fois au public comme la Porsche 918 Spyder ou encore la BMW Pininfarina coupé et la BMW M4 DTM.
À l’issue de ce week-end, c’est une Packard 1108 décapotable de 1934 qui a eu les honneurs du jury…, les Cassini, un couple d’américains propriétaires du véhicule, n’en sont pas à leur coup d’essai : nominés l’an dernier avec la 1931 Duesenberg J. Derham Tourster, ils avaient déjà remporté le concours il y a deux ans avec une Voisin C-25 Aérodyne de 1934…
Voilà…, vous devinez en finale que les propriétaires des engins exposés sont, pour la plupart sans beaucoup de nuances, des blocs de masculinité triomphante, élevés dans des familles fortunées, biberonnés à l’amour des dollars dès le berceau… et n’ont qu’une seule véritable passion dans la vie : la chasse aux trophées, parcourant le monde pour les collectionner…, iI n’est guère de bestioles qu’ils n’aient flingués dans leur existence, humains y compris…, un parcours brillant.
Il faut voir pour le croire ces élites se congratuler et manifester soudain un instant d’émotion à l’évocation d’une marque prestigieuse…, évidemment, au terme d’une vie bien remplie, ils n’ont plus guère d’adversaires à leur taille capable d’égaler (selon eux), la taille de leur Ranch…, le nombre de leurs voitures de collection… et la place qu’ils occupent dans le classement mondial des grosses fortunes…, officiellement, ils sont lisses, mais personne n’est dupe…
Parfaitement représentatif d’un autre temps où la volonté d’en mettre plein la vue l’emportait sur le sens du ridicule, le concours d’élégance de Pebble-Beach conserve un charme fou teinté de nostalgie lié à son esthétique old school et à sa patine vieillotte…, certains diront : On n’en fait plus des comme ça (les féministes diront tant mieux)…., mais quoiqu’il en soit, on peut l’apprécier très largement au premier degré ou rester médusé devant cette relique d’un autre temps où les hommes étaient des hommes, les femmes étaient des cruches et où les automobiles étaient un signe de réussite associale…