1965‎ Peel Trident…‎‎ “121.000 US$”…

Vous êtes convaincus que les automobiles “collectionnables” s’achètent moins cher aux USA qu’en Europe, ce qui fait la fortune des garagistes de l’hexagone…, mais plutôt que d’y aller, manque de finances aidant…, vous restez enracinés en Franchouille à attendre que des montagnes d’or tombent du ciel chez vous, tout comme les œufs-chocolat de Pâques à l’occasion de la fête des cloches… et dans cette perspective d’espoir qui vous pousse à investir la valeur d’un dîner “d’amoures” non réciproques dans un 48 étoiles afin d’acquérir un billet de la Française des jeux…, vous rêvez de ce que vous pourriez faire de votre gain !

“Combien ? Que peut-on faire de 150 millions d’€uros ? Même un peu moins, mon Dieu !”…, vous retrouvez-vous à penser tout en parcourant sur le web (c’est gratuit) les annonces du Figaro immobilier, les comptes-rendus des ventes aux enchères des Maîtres en escroqueries… et divers  commentaires “euphorico-lobotomisateurs” de journaleux “zotomobiles”..., hésitant à leur lecture entre un château en Bretagne et une villa les pieds dans l’eau sur les bords de Méditerranée…, soupesant à contrario l’intérêt de posséder une Bugatti Atlantic en comparaison d’une Ferrari 250 GTO… de même manière qu’on vous dicte, publicités à l’appui, quelle est la meilleure voiture à acquérir avec un budget de 3.000 euros en crédit de 6 ans…

Pour ce qui est de ces deux automobiles, je vous conseille de relire le N°3 de mon magazine Chromes&Flammes, j’en cause…, ensuite, je vous déconseille le château, ils sont à vendre (laborieusement) entre 250.000 et 900.000 €uros, certains beaucoup plus car destinés aux Cadors Russes et Présidents escrocs-sanguinaires d’Afrique et du Moyen-Orient…, ils sont ruineux en coûts de chauffage (il y fait froid toute l’année sauf à la Cote d’Azur où les plus “top” s’échangent jusqu’à 100 millions d’€uros)… et refaire les toitures exige que vous gagniez une seconde fois le gros lot…

Pour en terminer sur ces bagatelles, je vous implore d’éviter les villas en bord de mer de notre sud hexagonal…, jusqu’à dix fois plus chères que les châteaux pour des villas de moyennes gammes, elles comportent souvent une piscine olympique pouvant accueillir 200 nudistes…, autant de chambres avec salles de bains que les hôtels de luxe…, y inviter vos amis et familles pique-assiettes en été, équivaut à entretenir plusieurs régiments de CRS où (selon vos choix politiques) un demi millier de Gilets-Jaunes affamés par Macron…, sans compter les vols d’argenterie et les dégradations rancunières très volontaires des uns et/ou des autres, unis par les mêmes besoins “de se taper du riche” !

Finalement vous allez vous rabattre dans du plus “raisonnable” en fixant votre gain espéré dans une fourchette de 100/150.000 €uros…, persuadés que Dieu vous exaucera plus facilement !
Pour cette somme, c’est :
– soit un studio “très cheap” ex-local aux ordures à Paris (très recherché pour l’émission de Stéphane Plaza dédiée aux pires horreurs immobilières), un peu moins minable en province, encore moins en Ukraine où en Mongolie (mais il vous faut alors calculer vos frais de transport), un bien que vous allez rêver pouvoir louer facilement pour le payer… tout en arrondissant les angles acérés de vos fins de mois…
– soit : “Allons-y gaiement oh Satan !” : une belle automobile de luxe d’occasion “première main”, car, comme pour les crédules du sexe dit faible : “Vous le valez bien”…, en l’occurrence, à titre de mauvais exemples choisis dans “la Newsletter d’info-stock” d’un spécialiste des utopies installé à Monaco…, pour moins de 150.000 €uros, vous pouvez choisir entre : une Mercedes S 63 AMG Coupé 4Matic Brabus 650 chevaux de 2015…, où une Ferrari 599 F1 Fiorano de 2007…, où une Ferrari 550 Maranello de 1997…, où une Lamborghini Murcielago de 2003…, voire une Bentley Continental GTC I Supersport Cabriolet de 2011…, quoiqu’une Porsche 991 Turbo S PDK Cab 580 cv de 2016 vous ébranle quelque peu !

Dilemmes insoutenables… d’autant qu’avant votre futur et probable divorce, votre chère et tendre vous rappellera qu’il faut finir de payer les crédits, en sus des études du petit et de la petite et du fameux voyage autour du monde promis pour les 30 ans de mariage et prévoir de LUI acheter :
– soit une cuisine équipée de style Mérovingien avec touches rustico-modernes…
– soit une salle de bain “à-la-française” avec douche “à l’italienne” et baignoire jacuzzi-balnéo “à l’américaine” qu’il faut encastrer en superposition dans 5 m² d’espace disponible… afin de ressembler à celle de Brigitte Macron à l’Elysée.

Le philosophe que je suisse…, trouve sa justification d’être dans sa capacité à rappeler quelques truismes.., il peut donc, plus encore en période estivale, évoquer quelques lieux communs sur la valeur des choses…, une chose acquière une valeur dès lors que quelqu’un, dans un cadre donné, lui en accorde une ; ou qu’il peut concevoir qu’un autre puisse lui en accorder une autre…, le problème de la valeur des choses ne peut donc s’appréhender que subjectivement et relativement.

Ainsi, l’utilité…, qu’on en juge sur le registre du besoin ou du désir, c’est-à-dire sur celui de l’autorité de la nature ou bien morale… et la rareté, confèrent de la valeur : “Un cheval ! Mon royaume pour un cheval !” [Richard III (Shakespeare)]… et si la chose considérée (sa propriété ou sa jouissance), est transférable, aliénable…, alors elle acquière une valeur de commercialisation, monnayable, fiduciaire, la valeur d’usage induisant une valeur d’échange : de la nourriture, une voiture, une œuvre d’art, un droit à polluer, l’âme du Docteur Faust.

On peut sans doute considérer que la vie a aussi une valeur ; non pas la vie en soi, celle écrite en majuscule, mais celle de M. Dupont ou de M. Durand, du quidam clochardisé qui squatte un hall d’immeuble ou du président des États-Unis d’Amérique, car après tout cette vie peut être volée, à défaut d’être donnée ou échangée.

Mais, pour ce qu’il en est de la Vie, les points de vue des sectes chrétiennes et stoïciennes divergent, rendant vaine tout volonté de lui en reconnaitre une objective : les chrétiens justifient leur lutte contre l’avortement par la sacralité de la vie, ce qui n’a jamais empêché l’église du christ de passer par le bûcher les hérétiques et les sorcières ; les stoïciens enseignent qu’il faut savoir quitter ce monde lorsque la vie ne nous apporte plus de satisfaction suffisante : “Rien n’est difficile dans la vie. Quand tu le veux, tu sors et tu n’es plus gêné par la fumée. Pourquoi donc te tourmenter ?” [Epictète – Entretiens : Livre IV-X-27,28].

La santé a pareillement une valeur, sans doute un peu différente pour un adolescent et un octogénaire, comme pour une bouteille plus ou moins vide, mais par contre, elle n’a pas de prix, faute de pouvoir être monnayée, même si les soins qui la maintiennent, ayant un coût, ont bien, eux, un prix.

Pour ce qui est des valeurs, c’est évidemment autre chose, car parler des valeurs c’est tenter d’objectiver la valeur morale d’une idée, d’un concept, d’un principe… et j’en resterai aujourd’hui sur ce distinguo d’évidence : la valeur des choses, subjective et relative, et les valeurs objectivables et absolues…, c’est un peu comme de distinguer la matière et l’idée, le monde selon Epicure et celui selon Platon.

Il se fait que je me trouvais avec un ami déjanté, tous deux d’humeur joyeuse, à Monterey, Californie, lors de la vente aux enchères d’automobiles de collection RM-Sotheby’s…, c’était en août 2017, il avait un peu d’argent à perdre…, pour ce montant il avait évalué quelques “possibilités” et sélectionné les quelques mêmes bêtises que j’ai déjà cité en introduction vous concernant : une Mercedes S 63 AMG Coupé 4Matic Brabus 650 chevaux 2015…, où une Ferrari 599 F1 Fiorano 2007…, où une Ferrari 550 Maranello 1997…, où une Lamborghini Murcielago 2003…, voire une Bentley Continental GTC I Supersport Cabriolet 2011…, quoiqu’une Porsche 991 Turbo S PDK Cab 580 cv 2016 l’ébranlait quelque peu…, j’ai plaisanté en lui suggérant d’acquérir une automobile moins ostentatoire…, car acheter “raisonnablement” une automobile moins prétentieuse, plus simple, le rendrait plus philosophe et il se détacherait de la masse pour qui ces voitures représentent “le summum de la classe et du bon goût”... et je lui ai désigné une vraie rareté : une Peel Trident 1965…

Cette Peel Trident était l’une de ces étranges petites voitures qui fréquemment apparaissent dans les numéros hors série des magazines de vacances dans la rubrique : “Les 10 plus laides automobiles du monde”…, j’ai toujours trouvé que ces listes, définies par des journaleux particulièrement crétins pour boucler le nombre de pages minima nécessaires pour qu’ils soient payés du minimum de leurs piges…, étaient généralement injustes et ne prenaient pas en compte le contexte du “Pourquoi ces voitures ont-elles été conçues ?”.

Donc, en voyant cette Peel Trident annoncée à la vente, j’ai communiqué à mon ami l’excitation d’en posséder une, voire plusieurs… et nous nous sommes sentis tout béats de pouvoir l’essayer “pour de vrai” avant la vente aux enchères !

Cette Peel Trident était minuscule, elle provenait du fabuleux “Lane Motor Museum”, qui ne possède et n’expose que les pires voitures du monde dans leur collection…, c’était une petite baignoire en fibre de verre avec trois roues, deux phares similaires à des yeux protubérant de grenouille, coiffée d’un bulle-dôme en plexiglas…, probablement la pièce qui donne le plus de caractère à cette voiture, pour le bien et le mal…

Le bon côté de ce dôme, est qu’il donne à la voiture un look de soucoupe volante ratatinée façon bande dessinée “Les Jetsons”, une singularité proche du ridicule absolu et grotesque, quoique adorable, qui à tout jamais est resté hors-norme dans la catégorie des stupidités roulantes…, toutefois, outre son coté “surchauffant” même sous les pires conditions hivernales, il offre une visibilité de 360° tout en protégeant de la pluie et du vent.

Cette bulle d’amour a toutefois un second énorme défaut : très rapidement l’intérieur de la soucoupe roulante est asphyxiant en cause des gaz de l’échappement qui s’infiltrent partout et restent tel un nuage de Zircon’B à l’intérieur de ce four qui en devient crématoire, en suite du film “Thunder-Dôme”, il s’agit ici du “Murder-Dôme” sous plexiglass.

L’air frais doit théoriquement pénétrer dans l’habitacle via une trappe “suicide” coulissante latérale…, un “évent” minuscule, grand comme un bec de gaz (le fermer, est maintenant connu de la Justice comme étant une position-suicidaire)… et le petit monocylindre deux-temps, 12 chevaux (un moteur de scooter) situé à l’arrière, fait tout son possible pour cracher sa fumée d’échappement en dessous du dôme-de-la-mort, qui se remplit d’un gaz mortel invisible.., l’asphyxie peut être rapide, certains tribunaux ont jugé que certains propriétaires ont assassiné leur épouses en bloquant cette trappe de survie…

Mais cet engin diabolique a un autre tour dans son sac pour arriver à occire ses occupants.., il est également sujet à retournement (c’est pourquoi il est quasi indispensable :
– soit de disposer d’un fort contrepoids à placer à coté de la personne a occire [celle qui conduit la chose]…
– soit d’avoir deux personnes [de même gabarit] à bord…, car on a besoin d’avoir un contrepoids à qui conduit)…

La Peel Trident est de surcroit incroyablement petite, à tel point que dans la circulation habituelle, vous vous sentez amoindris, faibles et vulnérables, car même une Smart et/où une ancienne Fiat 500 vous paraissent gigantesques… et, tous les engins plus grands, surtout les camions, engendrent une transpiration de peur panique d’être écrabouillé au sol.

En fin de compte, cependant, je me suis retrouvé à encore aimer la Peel Trident, même si elle voulait me tuer, car j’ai pensé que, peut-être, sous toutes réserves et sans reconnaissance préjudiciable…, une version convertible prendrait soin d’au moins le pire de n’importe quel désir d’en finir une fois pour toute de l’humanité…, à moins de pouvoir y pratiquer la conduite en scaphandre climatisé !

Il est maintenant temps d’aborder l’audiométrie satanique qui sonne et résonne dans la voiture comme si on se trouvait dans une cloche d’église : en effet la Peel Trident vibre comme un jouet sexuel de haute tension…, cela s’améliore à régime plus élevé (comme le godemiché électrisant), mais au ralenti, l’un comme l’autre s’avèrent de même constante, un engourdissant shaker, qui donne l’impression d’être sous l’eau sans oxygène…

Alors, oui, même si j’ai vraiment, vraiment, apprécié la petite chose pour la folie qu’elle communique, car elle est agile, étonnamment rapide dans sa lenteur, pratique si l’on considère son marché de prédilection consistant à aller d’un point A vers un point B éloignés au maximum de 300 mètres en terrain plat…, je garde une certaine réserve en ce qui concerne le risque (important) d’empoisonnement et d’asphyxie…
Donc, j’ai dit à mon ami que seul un couple d’Aliens (“couple” à cause du contrepoids vital pour éviter les retournements) qui respire l’échappement des moteurs deux-temps et vit sur une planète très encombrée avec stationnement difficile, pouvait acquérir cette chose.

Mon ami n’a eu que faire de mon analyse, il m’a rétorqué que la Peel Trident était un développement ultérieur de la célèbre Peel P50, qui détenait toujours le record du monde Guinness en tant que plus petite automobile de série jamais construite.
– “Avec une carrosserie légèrement plus grande que la P50, la Peel Trident a été présentée avec optimisme comme présentant le confort d’une berline avec le coût d’un scooter. Dévoilée pour la première fois au Royaume-Uni d’Angleterre au salon de la moto d’Earls Court en 1964, la Peel Trident présentait un nouveau design de carrosserie mais utilisait le moteur monocylindre Zweirad Union de la Peel P50 et sa boîte de vitesses à trois vitesses sans marche arrière. Cependant les six dernières Peel Trident produites utilisaient le moteur de 98 cm3 et la transmission automatique du scooter Triumph Tina de 49cc, qui atteignait une vitesse maximale de 55km/h et une consommation ridicule de 2 Litres aux 100kms. En conséquence, conduire la Peel Trident était annoncée dans les brochures de la firme comme était moins couteuse à utiliser que marcher”.
– “Oui, mais le dôme est une calamité !”.
– “La toute nouvelle carrosserie a été conçue autour de ce dôme en plastique transparent qui s’incline vers l’avant pour permettre au conducteur d’entrer. Bien que la Peel Trident était surtout utilisée en monoplace avec un contrepoids, la voiture a été conçue pour accueillir deux occupants”.
– “Le dôme futuriste et l’aspect général du Trident ressemblant à un vaisseau spatial donnaient à la société Peel prétexte à un slogan naturel: “Votre transport de demain, aujourd’hui»…, c’est quasi grotesque…, bon…, que comptes-tu faire avec cette chose ?”…
-“Il me la faut, je vais l’acheter, quelqu’en soit le prix !”….

La Peel Trident présentée ici, numéro de châssis E185, avait été vendue neuve au Royaume-Uni en 1965, son propriétaire l’a restaurée à neuf en mars 2014.
La vente sans prix de réserve comprenait un fichier contenant les documents originaux d’immatriculation au Royaume-Uni, une sélection de documents d’usine rares et d’autres documents totalement introuvables…, comme les Peel Trident sont très rarement disponibles à la vente, surtout en Amérique du Nord, il s’agissait en Californie d’une occasion rare et merveilleuse d’acquérir l’une des microcars les plus rares au monde !

Cette Peel Trident a été vendue 121.000 US$ (cent vingt et un mille dollars US), frais de l’acheteur inclus…, tandis qu’une Peel P50 était vendue, dans la même vente : 141.000 US$ !!!
Ceux et celles qui ne croient pas en cette histoire pourtant 100% exacte et réelle peuvent se faire confirmer le prix de 121.000 $ auprès de RM-Sotheby’s concernant la vente MONTEREY des 18 et 19 AOÛT 2017… Si vous voulez en acheter une, sachez que RM-Sotheby’s en présentera une le 9 aout 2019 à Monterey, pronostiquant une vente à 200.000 US$, d’autant plus certain qu’une a atteint 170.000 US$ en 2018 !!!

https://rmsothebys.com/en/auctions/am16/auction/lots/r131-1964-peel-p50

https://rmsothebys.com/en/auctions/mo17/auction/lots/r111-1965-peel-trident

https://rmsothebys.com/en/auctions/MO17/Monterey/lots/r108-1964-peel-p50/422687

https://rmsothebys.com/en/auctions/mo19/monterey/lots/r0010-1964-peel-trident/766170