Pick-Up. #1..
Un Pick-Up : Oui, mais en cinq cylindres ou V6, sinon rien !
Autant se faire plaisir…
Par Marcel PIROTTE
Petite question à cinq euros : Quelle est la voiture la plus vendue dans le monde en 2016 ?
Une berline, un SUV ? Vous n’y êtes pas du tout, il s’agit en fait d’un Pick-Up et pas n’importe lequel : le Ford F 150, avec près d’un million d’exemplaires, 986.660 unités précisément.
Il devance la berline compacte Toyota Corolla (952.276 unités), cousine de l’Auris vendue en Europe…, la VW Golf occupe la troisième marche du podium avec 859.845 ventes.
Incroyable succès pour ce Ford F150 lancé en 1948 vendu en très grande majorité en Amérique du Nord (USA, Canada et Mexique) qui depuis 35 ans déjà occupe la tête des ventes aux Etats-Unis, juste devant ses deux rivaux Chevrolet Silverado et Dodge RAM.
Des véhicules “passe-partout” malgré leurs dimensions bien aux nomes US (longueur de plus de 5,8 m, plus de 2 m de large, charge utile de plus de 1,3 T, capacité de traction de 3.500 kg) en fait des “Light-Trucks” (camions légers) parfaitement adaptés aux routes US ainsi qu’aux très grands espaces, des véhicules de franchissement également, des 4X4 purs et durs, avec notamment la traction intégrale permanente et bien souvent une suspension pneumatique.
Bref, les Américains ne peuvent s’en passer, ils reviennent à leurs vieux démons et tant pis si ça consomme un peu trop de fuel et que les normes de CO2 explosent, ça fait le bonheur de Trump qui n’en a “rien à foutre de la pollution atmosphérique”…
Avec en effet un V6 turbocompressé pour le F 150 de 411 chevaux et 600 Nm de couple, le tout accouplé à une boîte automatique 10 rapports, rien n’est trop beau pour séduire ces éternels cow-boys, le V8 6,2 l, 420 chevaux et 623 Nm du Chevrolet, ainsi que le V8 5,6 l HEMI du Dodge avec 400 chevaux et 555 Nm, voilà au moins des chiffres bien dans la tradition US, bousculée tout de même ces derrières années par l’apparition de versions diesel de ces Pick-Up avec des V6 trois litres chez Ford et Dodge, Chevrolet privilégiant pour sa part un gros V8 6,6 l de 445 chevaux et 1234 Nm…, de quoi grimper aux arbres mais également supporter dans sa benne des charges de plus de 3 tonnes et tracter d’incroyables remorques en tous genres jusque 8 tonnes et un peu plus…
Ces véhicules, aux States, coutent un peu plus de 37.000 € (c’est vraiment pour rien, mais certains exportateurs indépendants en ont fait un business très juteux, transport, mises aux normes, droits d’importation, transformation au LPG/GPL, ce qui fait très vite grimper le prix de la facture à 65.000 €, si pas plus…), certes assez exotiques mais peu adaptés aux exigences d’un client européen, d’autant que la consommation est en rapport avec leurs dimensions, comptez entre 15 et 30 l de fuel par tranche de 100 km à moins d’opter pour une transformation LPG (de l’ordre de 3.000 € mais amortie en 20.000 km seulement) qui n’a plus du tout la même saveur d’un V8 qui carbure à l’essence… mais, c’est sans doute la seule solution actuelle en attendant les gros diesel pour profiter à moindre coût d’un Pick-Up US.
Comptez cependant sur 20 l/100 km de LPG/GPL, mais à un coût nettement moins élevé que l’Eurosuper, (En Belgique : 0,50 €/l contre 1,5 €/l pour l’Eurosuper 95, trois fois moins, il n’y a pas photo).
A vos calculettes… mais vous allez me dire que rien ne remplace le bruit d’un V8 HEMI Dodge ou d’un V8 6,2 l entraînant le Silverado, ça vous prend aux tripes…, oui c’est vrai mais c’est cher payé…
Le Pick-Up…, qui peut bien avoir inventé ce ‘truck’ ?
En fait c’est un châssis sur lequel repose une cabine deux places, avec à l’arrière une benne pour transporter pratiquement n’importe quoi !
Il fallait impérativement un visionnaire, c’est Henry Ford qui a eu l’idée de transformer en 1925 son fameux modèle T en un Pick-Up ayant une charge utile de près d’une demi tonne !
Durant trois ans, il a été vendu à plus de 130.000 exemplaires, un record pour l’époque !
Dès 1928 alors que la production du modèle T a été arrêtée, c’est bien évidemment la version A et son dérivé Pick-Up qui vont prendre la relève, deux ans avant la naissance du premier Pick-Up Chevrolet qui, pour la circonstance, inaugurait un beau six cylindres en ligne.
C’est aussi à peu près à la même époque que Dodge, faisant partie du groupe Chrysler, dévoile également son “Half-Ton Pick-Up” motorisé par un choix de trois moteurs, deux six cylindres de 63 ou 78 chevaux, sans oublier le quatre cylindres Maxwell de 45 chevaux !
La boucle est bouclée, les Américains ne vont plus jurer que par ces Light-Trucks ou Pick-Up qui vont leur rendre bien des services tout en améliorant leur quotidien.
A un point tel que durant de nombreuses années (et c’est encore le cas aujourd’hui), les Pick-Up battent tous les records de ventes aux States, bien avant les berlines classiques.
Comme j’adore ces gros 4X4 américains, je ne résiste pas au bonheur de vous faire partager mon plaisir à propos d’un gros Pick-Up US des années ’70 que l’on refait là-bas dans le Wyoming chez Jackson, mais à l’état neuf : le Legacy Power Wagon, dérivé du Dodge AWD Truck : quatre freins à disques, airco, direction assistée, treuil, plus deux tonnes de charge, amortisseurs Bilstein, blocage de différentiel avant et arrière avec au choix un V8 essence Magnum de 425 chevaux ou bien un 3,9 l Cummings turbo diesel avec plus de 500 Nm de couple, boîte mécanique 5 vitesses ou automatique 4 rapports au choix !
Le prix, de l’ordre de 100.000 € !
Il est réservé aux des Big boys !
Quand on aime, on ne compte pas …
Le marché mondial des pick up représente environ 5 millions de ventes annuelles, un segment largement dominé par Toyota et Nissan mais également par les constructeurs américains.
En Europe, cette niche du marché se cantonne à environ 200.000 unités par an, mais à terme, la progression devrait être assez importante avec l’arrivée de nouveaux modèles.
Comme le Renault Alaskan ainsi que le Mercedes X, tous deux développés à partir du Nissan Navara (fabriqué pour l’Europe à Barcelone), alors que le groupe PSA envisage avec l’aide de Toyota de développer un Pick-Up qui serait assemblé au Maroc, un autre Pick-Up destiné au marché africain et fabriqué en Tunisie, serait planifié avec le constructeur chinois Dongfeng…
Ce gigantesque Barnum d’auto-constructions, à quoi relancer “l’aventure Pigeot” qui s’est terminée avec le Pick-Up 504, encore utilisé aujourd’hui dans pas mal de pays du Maghreb.
Aujourd’hui, le marché européen est très largement dominé par les constructeurs asiatiques : Toyota Hilux, Nissan Navara, Isuzu D-Max, Mitsubishi L-200 (et son cousin Fiat Fullback), SsangYong Actyon Sports…, des Pick-Up à grande majorité assemblés en Thaïlande, mais le marché europpéen est également “infiltré” par le VW Amarok fabriqué en Argentine et depuis peu à Hanovre… sans oublier le Ranger conçu par Ford Australie et fabriqué en Thaïlande.
Ces véhicules pratiques et polyvalents mais assez encombrants sont presque tous conçus sur le même moule, châssis en échelle, simple ou double cabine, longueur maxi largement supérieure à plus de 5 m, charge utile d’une tonne, pouvant tracter des remorques de deux à 3,5 tonnes.
Pour les moteurs, ce sont en majorité des quatre cylindres diesel, de 1,9 à 2,4 l, d’une puissance de l’ordre de 150 à 190 chevaux, avec une consommation moyenne comprise entre 8 et 10 l/100 km, des rejets de CO2, limités, des tarifs compris entre 25.000 et un peu moins de 40.000 € TVAC sans les options (bien entendu).
Avec en prime de nombreux avantages fiscaux dans de nombreux pays européens où ils sont toujours considérés comme des utilitaires légers, assimilés à des “camionnettes”…, d’où une taxe de mise en circulation peu élevée (France), pas de taxe de mise en circulation (Belgique), pas de malus écologique, exonération (en France) de la TVS (taxe sur les véhicules de société)…, bref, rien que des avantages sans oublier pour les “pros”… une TVA déductible à 100 %…, de quoi réaliser de très bonnes affaires.
Avant d’acheter un Pick-Up, mieux vaut cependant se souvenir de quelques petits conseils? Attention à bien choisir !
Si à longueur d’année, vous devez transporter des charges très lourdes, n’ergotez surtout pas sur le choix du moteur, prenez celui qui développe la puissance la plus élevée mais également le meilleur couple à bas régime.
En outre, rien ne vaut la traction intégrale qui garantira sur tous les revêtements une bien meilleure motricité et surtout davantage de sécurité.
A choisir entre la solution mécanique et la boîte automatique à convertisseur de couple, la seconde l’emporte haut la main, surtout si vous envisagez de tracter constamment de lourdes et encombrantes remorques ou des vans.
Certes, la consommation sera sans doute un rien élevée mais rien ne vaut ce confort et cette facilité de conduite.
En outre, fini de se soucier de l’embrayage, son remplacement pouvant coûter parfois très cher alors qu’en off road, la boîte automatique fait merveille.
A ne pas oublier non plus, ce sont des véhicules très lourds, plus de deux tonnes, relativement encombrants, ils ne font pas demi-tour dans un mouchoir de poche mais offrent quatre voire cinq places pour adultes en double cabine avec le confort et la finition d’un SUV.
Et en prime la possibilité de combiner harmonieusement travail et loisirs.
Ils n’ont cependant pas l’agilité d’un SUV et encore moins celle d’une voiture !
Le comportement routier a certes fameusement progressé ces dernières années mais ils demeurent des Light-Trucks avec tout ce que cela suppose comme inconvénients au plan du comportement routier…, à maitriser avec modération !
En revanche, la position de conduite surélevée est optimale, les nombreuses aides à la conduite corrigent également les erreurs d’un conducteur distrait ou surpris, de nombreux modèles proposent même, lors des manœuvres de parking, une caméra de recul ou la présence de “bip bip” bien nécessaires.
Attention cependant à la hauteur hors tout surtout avec des accessoires comme des phares longue portée sur le toit de la cabine…, certains parkings souterrains pas très hauts peuvent facilement les réduire en miettes, comptez également sur plus de 2 m de large avec les grands rétros extérieurs…
Alors prêt pour l’aventure en Pick-Up ?
C’est une autre manière de se déplacer mais également d’appréhender la nature et de gouter le hors pistes.
Les possibilités de personnalisation ont aussi explosé ces dernières années, que ne ferait-on pas pour gâter les utilisateurs de plus en plus individualistes !
A deux, on peut toujours dormir dans la benne surmontée d’un hard top ou bien s’évader en famille, rien ne lui est impossible.
Si les versions quatre cylindres diesel peuvent satisfaire la toute grande majorité des utilisateurs, qu’ils soient de simples particuliers ou des professionnels, il se peut que le bruit un peu rugueux de ce quatre pattes ne soit pas à votre goût…, alors avec tous ces avantages fiscaux, pourquoi ne pas se faire plaisir et opter pour le Ford Ranger cinq cylindres ou le tout dernier VW Amarok V6 TDI ?
Là au moins, le propriétaire est assuré d’y retrouver des motorisations nettement plus nobles, plus puissantes… et surtout bourrées de couple à bas régime sans pour autant consommer trop de gazole.
Ce Ford Ranger, petit frère du F 150 avec son look typiquement américain, se pilote de préférence avec un Stetson vissé sur la tête, chemise et pantalon en jeans sans oublier les boots bien dans la tradition US…, c’est un beau grand bébé de 5,36 m de long, assez lourd 2,2 tonnes, double cabine pouvant accueillir cinq adultes mais avec un dossier de banquette arrière beaucoup trop droit et à la longue assez inconfortable, ce descendant de “l’Outback australien” a beaucoup de gueule, du costaud, il ne lui manque plus qu’un pare kangourous pour s’y croire…, d’autant qu’il se voit entraîné par un gros bloc diesel cinq cylindres de 3,2 l de 200 chevaux et 470 Nm, son petit frère le quatre pattes 2,2 l ne pouvant revendiquer que 160 chevaux et 385 Nm de couple.
Entre les deux, il n’y a pas photo, choisissez le Big block à cinq pattes, mais avec la boîte automatique 6 rapports.
Quel ensemble harmonieux…, certes, il vous en coutera près de 40.000 € TVAC, mais c’est le prix à payer pour évoluer en toute quiétude, la force tranquille en quelque sorte avec en prime un très beau bruit de fonctionnement.
Comme ce Ranger est un 4X4 de franchissement, du moins avec le pack off road comportant des rapports longs et courts ainsi qu’un blocage de différentiel, un passage à gué de 80 cm ne lui fait pas peur, il peut aussi tracter une remorque de 3,5 tonnes avec une facilité déconcertante.
En outre et moyennant un léger supplément, pas de problèmes pour avoir une connectivité à la page, de nombreuses aides à la conduite ainsi qu’un système audio de qualité.
Sur la route, (vitesse de pointe de 175 km/h, de 0 100 km/h en un peu mois de 11 secondes, consommation moyenne de 10,5 l/100 km), les progrès en termes de comportement ont littéralement fait un bond de géant ces dernières années, ça tient le parquet, pas de problèmes de tenue de cap, ça vire plutôt bien à plat, bref, ça devient de plus en plus sécurisant.
Attention cependant en charge et en tractant une remorque, prévoyez de plus longues distances de freinage, ce Pick-Up ne peut faire de miracles…, en revanche, il est garanti trois ans ou 100.000 km ce qui n’est pas le cas du VW Amarok limité à deux ans mais avec kilométrage illimité, un choix cornélien.
Il nous vient de la Pampa, très loin dans l’hémisphère sud, d’Argentine plus précisément, ce VW Amarok “gaucho” a débarqué il y a six ans déjà avec un quatre cylindres TDI deux litres, sans doute un peu juste pour contrer l’incroyable succès du Ranger, surtout en version cinq cylindres.
Il fallait réagir, VW a donc pensé que ce serait bien de “faire plaisir à ses acheteurs” en ne proposant qu’un seul V6 TDI, de provenance Audi, déjà installé depuis belle lurette sous le capot de son cousin Touareg.
Finis dès lors les quatre cylindres, désormais, un seul V6 TDI de 3 litres de cylindrée mais disponible en trois niveaux de puissance, 163, 204 et 224 chevaux avec respectivement 450, 500 et 550 Nm de couple, du lourd, je vous dis !
Tout comme le poids de ce grand Pick-Up de 5,32 m de long : il frôle les 2300 kg avec le V6 le plus puissant qui, de série, est uniquement accouplé à l’excellente boîte automatique ZF huit rapports, un délice de douceur et d’efficacité.
Avec 224 chevaux et 550 Nm (un peu plus pendant quelques secondes avec l’overboost), ce mastodonte très impressionnant, mais qui lui aussi évoque la force tranquille, son V6 le catapulte à plus de 190 km/h tout en franchissant la barre de 0 100 km/h en moins de 8secondes, tout cela pour une consommation moyenne un rien supérieure à 10 l/100 km.
Franchement, on reste sans voix d’autant que la boîte auto ainsi que son V6 forment un mariage presque parfait, la boîte pouvant aussi être commandée via des palettes situées derrière le volant.
A se demander si l’on se trouve bien à bord d’un “catalogué premium” ou bien d’un SUV de haut de gamme.
Avec un bruit onctueux, délicatement étouffé, à peine audible sauf lors des phases d’accélérations ou de reprises, ce V6 laisse sur place de nombreux automobilistes curieux qui ne pensaient vraiment pas qu’un Pick-Up puisse aller aussi vite.
On ne se lasse jamais de monter à bord de ce Pick-Up, sans doute le plus chic, le plus huppé de son segment, très habitable, surtout aux places avant, quoique la banquette arrière trop droite va faire un peu souffrir ses occupants, l’espace aux genoux étant aussi compté.
En revanche, dotation de haut de gamme : navigation Europe, très nombreuses aides à la conduite, jantes de 18 pouces, sièges en cuir, Park-pilot avec caméra de recul (du moins sur la version Higline, pas donnée il est vrai, environ 45.000 €).
En Off Road commandé par un bouton et malgré l’absence rapports courts, Amarok peut vraiment tout faire grâce à sa transmission intégrale permanente 4Motion avec différentiel Torsen : Prendre des angles de crête impressionnants, et des pentes de 100 %, ne lui font pas peur, freinage automatique en descente avec ABS spécialement calibré, aptitude au dévers…, rien ne l’arrête sauf un gué de plus de 50 cm.
Sur la route, rien que du plaisir, quatre gros disques se chargent du freinage, la direction se veut plutôt précise, confort de marche préservé (surtout en charge où l’on ne sent plus tellement les petits chocs occasionnés par les ressorts à lames à l’arrière) et comportement particulièrement soigné, il ne se couche pas en courbes, bonne tenue de cap et très peu de bruits de roulement.
Bref, on se croirait à bord d’un SUV premium tellement le confort tant sur le bitume qu’en Off Road se veut tout particulièrement préservé.
Et pour les utilisateurs de la benne, deux euro palettes peuvent s’y engouffrer, un hard-top élégant peut aussi la recouvrir.
Malgré un prix qui n’est pas donné… mais avec des avantages fiscaux plutôt intéressants (pourvu que ça dure !), ce V6 TDI Amarok représente sans doute en Europe ce qui se fait de mieux au niveau de Pick-Up.
A donner des complexes à ces cousins américains qui ne peuvent revendiquer une telle homogénéité ainsi que ce caractère bien trempé qui fait tout son charme premium.
Marcel PIROTTE