Porscheries & Ferrailleries de luxe, toutes fausses ?
Les Porsche de course historiques les plus chères remises en cause…
Selon une information d’Alain Rouhaud (dont on voit la RS jaune en finale de cette chronique) et un article de Maurice van Kesteren paru dans son magazine Porsche RS, les collectionneurs de voitures du monde entier suivraient l’affaire d’Uwe Niermann avec préoccupation…, affirmant que pendant de nombreuses années, il a été le vendeur attitré des plus importantes Porsche historiques auprès des Porschistes ultra-nantis, jusqu’au moment où un Français l’a accusé de l’avoir escroqué.
L’accusation, selon les informateurs, étant solide et étayée, il s’en serait suivi toute une série d’arrestations de grands noms de l’industrie des Porscheries de luxe, tous désignés comme s’étant livrés à la contrefaçon, fermé les yeux sur les faux qu’ils devaient dénoncer et expertiser… en rapport des gigantesques possibilités financières qui en découlent !
Le marché des voitures de course historiques se chiffre en centaines de millions chaque année, c’est un milieu ou fourmillent les escrocs, les affairistes sans scrupules et les vaniteux…, un monde qui permet le blanchiment et la récupération d’automobiles détournées, volées, maquillées où, outre la rareté, l’histoire de la voiture est primordiale.
Des officines spécialisées en magouilles d’envergure, bien souvent attachées à un constructeur seul habilité à délivrer une authentification en contrepartie de montants mirobolants, ont investi ce qui auparavant était la chasse gardée de garagistes mafieux…, sous prétexte d’assainir ce marché de dupes, ces officines ont bâti un “système” qui n’a rien a envier aux anciens empereurs de la drogue tels Pablo Escobar.
Dans nombre de cas, les Commissaires priseurs y font également fortune en mettant en vente des automobiles parées de doublettes ou triplettes de documents d’immatriculation et d’historiques aussi fausses que le curriculum Vitae et le certificat de bonnes vies et mœurs d’un évadé…, désireux de se refaire une virginité…
Le prototype Porsche 917 qui a pris le départ aux 24 Heures du Mans en 1970 et qui est ensuite apparu dans le film de Steve McQueen a été adjugé pour 14 millions de dollars il y a deux ans…, en justification, l’engin a été abandonné dans un hangar pendant des décennies (sic !) jusqu’à sa découverte en 2002 dans une autre grange (barn find), suivie de sa restauration totale.., les détails sont évidement nébuleux, on ne sait plus à qui elle était, qui pouvait la prendre du hangar jusqu’à la grange pour créer un barnum de fausse découverte de type “Barn find”…, rien…, rien de rien…
D’autres 917 ont été vendues de presque même façon, n’ayant pratiquement plus rien de la voiture d’origine, dont une 917 impliquée dans un accident de l’époque, 90 % de la voiture avait été détruit…, c’est dire que si seulement 10% est authentique (sic !) il ne s’agit plus d’une restauration mais d’une construction plus ou moins à l’identique.., en effet, la carrosserie est en fibre de verre et le châssis en aluminium…, dans ce monde de duperie en réalité on construit “à l’ancienne” un nouveau châssis et une nouvelle carrosserie le tout équipé d’un nouveau moteur et “ça passe” grâce au numéro de châssis qui est le seul élément authentique, quoique… et aussi grâce à la fameuse “expertise”…, tant qu’il en sera ainsi de ces magouilles typiques des reconditionnement de voitures volées, la voiture en question continuera à être considérée comme “la voiture”, indépendamment de l’ampleur de la rénovation dont elle a fait l’objet.
Cette voiture a-t-elle bel et bien participé aux compétitions à l’époque ou est-ce que ce sont seulement ces vingt centimètres de son châssis qui ont participé à la course ?
Ca se corse avec les officines de restauration intégrées de Porsche et Ferrari qui délivrent des attestations d’originalité dont le cout est en adéquation avec le résultat qui peut être obtenu dans une vente aux enchères…
A ce sujet, j’ai pisté une Ferrari Enzo qui avait été totalement détruite dans un grave accident en Californie, la voiture, de mauvaise conception, n’avait pas résisté (comme les autres) aux ondulations longues de la route au delà de 200km/h et s’était brisée en deux… et bien c’est Jean Todt qui est venu acheter l’épave pour la faire détruire totalement et qui a utilisé le numéro de châssis pour que Ferrari construise une Nième nouvelle Enzo Ferrari comme si c’était une réparation bégnine…, comme les Enzo ont été interdites aux USA en cause de leur dangerosité (comme écrit, elles cassent en 2) c’était le moyen de mettre une Enzo sortie de nulle part en vente…, il n’y a pas de petits profits !
(Toute l’histoire se lit ici : https://www.gatsbyonline.com/automobile/ferrari-enzo-crash-342741/)
La Ferrari Enzo rouge qui était une épave après l’accident, a prétendument été entièrement reconstruite “à neuf” chez Ferrari, mais repeinte en noir “Nero-Daytona”…, c’est la version officielle…, mais lorsqu’on voit la Ferrari Enzo rouge coupée en deux avec le moteur/boîte et train arrière arrachés, tout comme la moitié du train avant…, c’est impossible… et, à examiner la “belle Enzo noire”, à moins que ce ne soit une Enzo “volée” ayant été maquillée par transfert des plaquettes d’identification et du numéro de châssis… on ne peut que deviner/supposer que Ferrari a construit une Enzo flambant neuve et y a placé le numéro de châssis et les plaquettes d’identification de l’épave (vedette de cet article)…, plus simple et plus rapide que tout réparer (par impossible)…
Une tromperie grandiose, se juxtapose ainsi dans cette histoire rocambolesque…, la raison basique est que cette façon de faire permet de ne plus devoir payer de taxes puisque déjà payées pour l’Enzo rouge qui appartenait à la Banque d’Ecosse qui en faisait un leasing à Stefan Eriksson…
Comme cette Enzo multi-facettes a été vendue en 2016 à Paris…, il serait intéressant de savoir qui vendait cette curieuse voiture qui a été adjugée 1.568.000 €uros dans une vente aux enchères organisée par RM-Sotheby en 2016 à Paris l’occasion de Rétromobile…
A moins que le nouveau propriétaire Français était un fou et un parfait idiot (qui d’autre achèterait 1.568.000 €uros, une voiture refaite à partir d’une épave)…, impossible qu’il ignorait que sa voiture trimbalait un f… pédigrée et avait été une épave (il y a de quoi rire) entièrement refaite “à neuf” selon ce qu’en écrivait RM-Sotheby dans son catalogue, (un extrait est repris ci-après)…
Effectivement, c’est une Enzo neuve sur laquelle ont été placé les plaquettes d’identification et le numéro de châssis de l’épave de l’Enzo rouge…, c’est l’oeuvre de Jean Todt grand manitou à la FIA et aux destinées de Ferrari qui a acheté l’épave de l’Enzo rouge, l’a fait acheminer chez Ferrari pour la faire détruire à 1000%…, qu’il n’en reste plus un atome de poussière…, et a fait fabriquer une nouvelle Enzo 100% neuve sur laquelle a été greffé l’identité de l’Enzo rouge, évitant ainsi une homologation hypothétique et les taxes…, Ferrari certifiant qu’il s’agissait d’une “restauration” et l’Enzo Ferrari peinte en noir a été vendue par RM Sotheby avec une description et une historique mensongère, ce qui est d’autant plus grave et malhonnête que Jean Todt est membre du Conseil Consultatif International de Sotheby’s…
L’acquéreur, un an et quelques plus tard a vendu l’Enzo en gré-à-gré à un important collectionneur français situé près de Saint-Jean de Luz…
“The Enzo presented here, chassis 135564, is a 2004 model that was originally finished in Rosso Corsa (DS322) and fitted with seats trimmed in Nero (VM 8500) leather with four-point harnesses and instruments in Rosso”.
“The car left the factory in Maranello in January of 2004 and was sold new to its first owner through Maranello Concessionaires in the U.K. on 12 February 2004. The car then made its way to the United States in 2006, where it was unfortunately damaged in a road accident”.
“The chassis was repaired and overhauled at the Ferrari Technical Assistance Service, where it was finished in a stunning colour combination of Nero Daytona over Rosso leather seats. The car was built with a handful of special features, including satellite navigation, a Bose stereo system, a reversing camera, power windows, and a rear spoiler in carbon fibre with ‘Enzo script’, adding a touch of luxury to the otherwise spartan interior. Currently, the car has only 2,500 kilometres on its odometer and has remained in Europe since its rebuild”.
“Furthermore, the car has been fully blessed and certified by Ferrari Classiche, confirming its authenticity in every way. Today, it remains in virtually as-new condition and is ready to be enjoyed on the open road.
Presented here is a very unique Enzo with a fascinating array of special features that were unavailable on any other Enzo built. Fully certified by the Factory, this is perhaps the most exclusive Enzo available today. It is a unique Ferrari without peers and one to be cherished and appreciated”.
https://www.rmsothebys.com/pa16/paris/lots/2004-ferrari-enzo/1078446
Mais c’est pire avec les voitures de course historiques qui se vendent bien plus que le million et demi de cette Enzo…, un monde qui était généralement réservé exclusivement aux voitures d’origine, mais qui ne l’est plus…, le terme “d’origine” étant donc déjà un sujet de discussion, mais le problème va bien au-delà, bien plus loin : les voitures de course historiques “d’origine” ont pris une telle valeur que l’on n’ose pratiquement plus les utiliser en compétition.
Naturellement, l’utilisation sur les circuits d’une voiture d’une valeur de sept millions, appartenant à un particulier est une folie pour toute personne raisonnable, de ce fait, depuis de nombreuses années déjà, les collectionneurs ont, en plus de leur vieillerie d’origine, une réplique identique impossible à distinguer de l’authentique et destinée uniquement aux compétitions.
La participation à une compétition historique avec une réplique est absolument contraire aux règles de la FIA, à moins que la réplique en question n’ait été enregistrée, homologuée et qu’elle ne soit dotée d’un certificat HTP…, pourtant, c’est une pratique courante et généralisée depuis de nombreuses années, même sans certificat, dans de nombreux cas, on pourrait même se demander à quel point il est sûr de rouler sur circuit avec un châssis de course non restauré !
Le client est roi et il est assez exigeant dans ce segment, ainsi, un constructeur automobile est chargé par un client de préparer par exemple, une 917 pour la compétition, mais les travaux ne doivent pas coûter plus de deux à trois millions, c’est difficile, mais c’est possible, car on peut trouver un bout de châssis (celui ou est frappé le numéro) et construire le restant du châssis à neuf…, la carrosserie peut aussi être construite à l’identique.., quant au moteur, on pourra probablement en acheter un quelque part pour un million, voire le faire construire de A à Z (Si les tarifs de chez Porsche et Ferrari sont trop élevé, quelques officines en Argentine font des faux remarquables et peuvent également fournir de fausses attestations d’authenticité)…
Il ne s’agit pas d’un travail bon marché où on n’utilise que des pièces d’origine, mais pour une somme d’argent abordable, on pourra obtenir une belle fausse vieille que l’on n’hésitera pas à utiliser en compétition.
Quelque 130 Porsche 550 Spyder ont été fabriquées à l’époque et il ne reste aujourd’hui que quatre ou cinq de ces voitures entièrement d’origine… et bien sûr, ces voitures ne sont pas utilisées en compétition, les autres ont été complètement restaurées (ou construites à neuf) et, ici encore, la question est de savoir combien il reste de la voiture d’origine…, d’autant qu’une 550 a atteint entre temps la valeur astronomique de sept millions de dollars.
Mais tout cela est encore assez inoffensif, surtout si on le compare à la Porsche Carrera RS…, selon les connaisseurs, il existe aujourd’hui deux fois plus d’exemplaires de cette voiture que ceux qui ont été fabriqués à l’époque et aucun de ces exemplaires n’est homologué comme réplique…, la vente d’une réplique comme une authentique voiture de collection ou le transfert des numéros de châssis constituent pourtant une fraude grave mais mêmes les entreprises les plus réputées se livrent à de telles pratiques, et c’est précisément cette zone grise du caractère original que le marché exploite avidement… et je vise principalement les acheteurs ici.
La vie de la voiture, son histoire et son authenticité sont les éléments qui contribuent à ces montants élevés, même si cela est discutable ou si cela ne correspond pas à leur valeur…, en 2008, on pouvait encore acheter une bonne 2.7 RS pour 200.000 euros, mais quelques années plus tard, il fallait dépenser 800.000 euros pour acquérir un de ces modèles.
Si on vous en propose une pour 400.000 euros, que faites-vous si vous avez l’argent et êtes assez crétin pour vous aventurer dans ce panier de crabes ?
Même les maisons de vente aux enchères ne divulguent pas certains faits concernant une voiture si cela peut nuire à sa valeur et les propriétaires mentionnent rarement les éventuels défauts de leur voiture.
https://www.gatsbyonline.com/automobile/porsche-carrera-rs-2l7-398518/
Uwe Niermann est le propriétaire de la SCUDERIA m66, une entreprise qui vend, répare et restaure des voitures de course historiques ou en construit de nouvelles fausses sur demande… Uwe est réputé sur le marché comme un professionnel fiable et intelligent…, dans le monde des courses, la surprise est énorme lorsque, le 25 juillet 2019, il est accusé de fraude.
Selon la chaîne de télévision allemande WDR, il est accusé d’avoir vendu des voitures contrefaites, d’avoir falsifié des documents et d’avoir gagné une centaine de millions frauduleusement…, l’implication présumée de Jürgen Barth, Willy Kauhsen, Manfred Hering et Manfred Freisinger a également suscité un choc…, Jürgen Barth, par exemple, a connu l’époque où les voitures de ce type étaient garées dans les arrière-cours comme des tacots, mais aujourd’hui il sillonne le monde pour donner son avis (contre le paiement de fantasmagoriques émoluments) sur les voitures d’antan, qui valent plusieurs millions.., un rapport de ce monsieur est en soi une raison suffisante pour prendre une voiture au sérieux, donc d’accepter d’en payer un prix très conséquent : si Jürgen Barth a examiné la voiture, alors il s’agit d’une voiture authentique et fiable… et le contenu du rapport, si tant est qu’il soit lu (ils sont stéréotypés), est interprété favorablement.
Il en va de même pour les voitures vendues aux enchères, si une voiture a déjà été adjugée par Bonhams, Coys, Artcurial pour un montant historiquement élevé, cela constitue en soi une augmentation de la valeur de cette voiture, sans que l’on ait aucune certitude pour autant quant à la façon dont la voiture a été nouvellement construite et quels sont les éléments authentiques, pour autant qu’il y en ait.
Le marché est sensationnaliste, il succombe à la folie des noms célèbres et cherche la valeur dans une voiture elle-même.
Geert Jan Jansen est un maître faussaire qui est parfaitement capable de présenter des peintures de sa main comme des œuvres de Picasso ou de Karel Appel, par exemple…, les propriétaires de telles œuvres sont généralement indignés par de telles prétentions, plutôt que déçus… car il n’est tout simplement pas dans leur intérêt de reconnaître qu’ils ont un faux accroché au mur !
Il en va de même dans le cas des bagnoles.
La question est maintenant de savoir si d’anciens clients de Niermann vont maintenant se manifester et faire une réclamation ?
Dès le moment où ils feront une telle réclamation, la valeur de leur voiture va dégringoler jusqu’à zéro ou peut-être ne vont-ils pas faire une telle réclamation parce qu’ils sont parfaitement conscients de ce qu’ils ont acheté.
Là aussi, j’ai enquêté sur des Bugatti et surtout sur deux Alfa Roméo ayant le même numéro de châssis : https://www.gatsbyonline.com/automobile/alfa-romeo-8c-1932-figoni-chassis-2211079-379278/
Uwe Niermann qui contrefait des numéros de châssis et falsifie des documents…, qui vend une réplique comme une voiture authentique et fait construire des voitures à partir de pièces détachées pour les vendre comme voitures d’origine ?
Quel souk !
Dans l’univers des voitures classiques et des courses, il existe plusieurs exemples de voitures “célèbres” qui réapparaissent soudainement, avec ou sans l’aide du fabricant d’origine.
Plus fort encore : la Porsche Typ 64 noire de la collection privée de la famille Porsche a été entièrement construite autour de la plaque du châssis !
Il en est de même de la Bugatti Atalante du musée VW et de celle d’un célèbre confectionneur américain…
Les premières voitures de course comme les Porsche 906, 908 et 917 étaient mises au rebut lorsqu’elles avaient été impliquées dans un accident, les numéros de ces voitures sont documentés et pourtant maintenant elles circulent à nouveau dans un état plus neuf que neuf…, de même que ces dernières années, les châssis de rechange ont également commencé à être utilisés comme bases pour la construction de voitures avec des numéros de continuation inconnus mais agréés par l’usine.
C’est un fait, quasiment dans tous les cas, les clients de ce segment sont plus qu’étroitement impliqués dans la construction de ces nouvelles fausses vieilles voitures.., imaginez qu’une 908 Le Mans Classic reconstruite remporte la course ?
Tout le monde rivalise pour l’acheter…, mais quelle est la responsabilité de l’acheteur ? Quand peut-on encore parler de restauration ? Dans quelle mesure une voiture doit-elle être originale pour pouvoir être considérée comme d’origine ?
En cas de contrefaçon ou d’escroquerie pure, l’affaire impliquant Uwe Niermann sera assez facile à résoudre.
Récemment, Klaas Vlaanderen a intenté une action en justice contre Peter Hofstee, il y a des années, Vlaanderen avait acheté une Porsche à Hofstee et il pensait avoir réalisé une très bonne affaire…, selon Vlaanderen et selon un expert évaluateur auquel il avait fait appel ultérieurement, il s’agissait d’une Carrera 2.7 RS Lightweight extrêmement rare.
Toutefois, des années plus tard, il avait découvert que cette voiture n’était pas du tout une 2.7 RS d’origine.
Hofstee a affirmé qu’il n’avait jamais prétendu vendre cette voiture comme telle et que, de plus, le prix ne correspondait nullement à une telle voiture…, le tribunal a statué en faveur de Hofstee, l’acheteur aurait dû effectuer des recherches plus poussées et, selon le tribunal, il aurait dû savoir qu’il n’était pas possible d’acheter une véritable 2,7 RS pour ce prix.
À la lumière de ce jugement, cette affaire est très intéressante…, il mixe une zone grise et une pente savonneuse.