Pouf-pouf-pouf… #02
La Rolls Royce Camargue…
Vilaine mais rare et elle ne vaut plus grand chose.., quoique 70.000 euros en occazzzz, c’est pas vraiment rien…, mais rien en comparaison d’une Rolls Phantom Coupé 2016 neuve, quoique finalement, à vrai dire vrai, tout le monde s’en f…
Oui, mais…, sauf Chrisfoss alias DeepBlue, alias Machin… qui n’est d’autre qu’un pseudonyme anonymement inconnu mais malgré-tout connu de quelques-uns et une (sans “S”) qui témoignera à mots couverts si le besoin s’en faisait sentir…, entre-temps, autres moeurs…, ce qui suit est donc une sauvegarde masquée… !
L’histoire de la Rolls Royce Camargue, telle que racontée par l’ensemble des journaleux est assez simple :
– Un beau jour, Rolls décida de faire carrosser un de ces modèles (le plus prestigieux du moment) par le meilleur carrossier du monde (Pininfarina) pour aboutir à la Camargue, la plus chère voiture de série (dixit le Guiness-book of records), qui fut boudée par la clientèle qui trouva le modèle trop cher et pas assez beau…, le somptueux coupé finit sa carrière onze ans après son lancement (de 1975 à 1986)…
Tout cela n’est pas vraiment faux…, mais la réalité des choses est beaucoup plus complexe et intéressante…
Il n’y a aucune passion dans ce bazar, ce n’est que du consumérisme foireux top-level (en anglische, c’est encore pluche “more very chic and stupid”, n’est-il pas ?)…
Pour comprendre le pourquoi de la naissance de la Camargue dessinée par Pininfarina, il faut remonter à la fin des années soixante (66/69), date de sortie de la gamme Silver Shadow et du départ de John Blatchey (en 1969), un designer bien connu des fanatiques de la marque, car c’est à ce “grand” monsieur (qui nous a quitté définitivement en 2008) que l’on doit le dessin des Silver Cloud (I II & III) ainsi que celui de la Silver Shadow.
Désirant se retirer des affaires et de faire valoir son droit à la retraite de façon anticipée (à 55 ans seulement !) et brusque (et ce pour des raisons sur lesquelles j’ai décidé de ne pas m’étendre) le Sieur Blatchey mis la maison Rolls Royce dans un certain embarras…
Blatchey hors circuit, il n’y avait plus de directeur de design au sein de la vénérable marque anglaise…, le nouveau modèle Silver Shadow (très réussi, et qui connaîtra un très grand succès commercial) était, certes, lancé pour une décennie au moins, mais pour les nouveaux modèles, ceux à venir, c’était le grand vide…
La suite de l’histoire est assez connue de ceux (et celles) qui savent…, c’est le jeune et talentueux Fritz Feller (assistant à l’époque) qui finit par prendre (tardivement) la place de Blatchey au milieu des années 70 et qui mènera à bien le design de la génération future : la Silver Spirit, en se “démerdant” pas trop mal (à mon avis…
Mais, en 1969 (nous n’en sommes pas là)…, Blatchey fait défaut, Rolls/Bentley montre de relatifs signes de faiblesse dans son département design (privé de tête) et peine à développer sa gamme Shadow…
C’est dans cette ambiance floue et incertaine, parfaitement conscient de cette situation délicate, que Pininfarina qui a déjà proposé l’année précédente (1968) une étude pour un coupé Bentley sur la base Silver Shadow/T1, tente une opération séduction auprès de la vénérable firme de Crewe.
Le carrossier italien sait que Rolls Royce aimerait bien redorer le blason de la marque Bentley (qui lui appartient à l’époque) et proposer autre chose que les sempiternelles variations dérivées de la gamme Rolls (à cette époque, les Bentley ne sont rien d’autre que des Rolls dont on a changé le nom et la calandre)…
Le prototype apparu en 1968 semble intéresser la direction de Rolls Royce, qui charge Pininfarina de développer le projet Delta : un futur grand coupé Bentley, censé faire renaître la marque et l’esprit sportif de la légendaire Bentley Continental des années 50…, le projet est d’autant plus “bandant” que Pininfarina a déjà signé quelques créations uniques assez réussies sur base Bentley au début des années 50…, pour être clair : la Camargue (projet Delta) devait, à l’origine être un coupé Bentley !
Sergio Farina “himself” promet de s’impliquer personnellement dans le design et charge Paolo Martin (le jeune prodige qui a signé le fabuleux prototype Ferrari Modulo) de se mettre à la tâche…, le projet avance et Paolo Martin trace des lignes élégantes, très géométriques, qui peuvent évoquer aux plus observateurs le look du grand coupé Fiat 130, un design Pininfarina déjà présent à cette époque…, tout semble aller comme sur des roulettes, mais ce paysage idyllique ne va malheureusement pas tarder à s’assombrir…
En fait, les tous premiers problèmes apparaissent au moment où les responsables Rolls découvrent certaines esquisses, ils trouvent la future “Delta” trop italienne pas assez “british” et n’auront de cesse de vouloir rendre le dessin le plus classique possible…, il est par exemple hors de question d’adopter une partie arrière fastback (comme sur le prototype de 1968), ce qui avait pourtant été sérieusement envisagé…
Il faut savoir que le projet Delta/Camargue est basé sur un châssis et un ensemble technique à peu de choses près identique à celui d’une Shadow…, le moteur devant être plus puissant d’environ 15%…
Ensuite, alors que le projet avance doucement, avec son lot de problèmes techniques (la mise au point de la climatisation “super moderne” va engendrer quelques retards), c’est la société Rolls qui montre des signes de faiblesse…
En 1971, c’est la faillite…, la restructuration des entreprises du groupe (Rolls Aviation va voler de ses propres ailes) et la division auto va devoir se “demerder” toute seule…
Le climat change…, l’univers enchanteur et optimiste des années soixante laisse la place à l’inquiétude des années 70, la crise du pétrole de 1973/74 finira de plomber l’ambiance…
La décision tombe : Même s’il n’est pas raisonnable d’annuler le projet Delta/Camargue (ce qui fut envisagé sérieusement durant plusieurs mois) il n’est plus question de jouer la carte Bentley, jugée trop hasardeuse par la firme qui décide de serrer la vis et de se concentrer sur l’essentiel : le Projet delta deviendra donc une Rolls, toute tendance sportive devant être amoindrie, car ce nouveau coupé de grand luxe doit désormais séduire en premier lieu une clientèle américaine…, elle se nommera Camargue
Elle est présentée en 1975, à un tarif astronomique (une fois et demi plus chère qu’une Silver Shadow) dans un climat de récession économique assez peu propice à ce genre de plaisanterie !
Son dessin massif mais élégant (c’est en tous cas mon avis…) rappelle beaucoup celui de la Fiat 130 Coupé (un peu trop, selon les mauvaises langues), il faut bien avouer que la Camargue, malgré ses proportions intimidantes évoque un sentiment de déjà vu…
Qui plus est, programmée au départ pour être une Bentley à tendance sportive (tout est relatif, on allait tout de même rester assez loin du style Maserati), la Camargue peine à trouver sa place au sein de la gamme Rolls où les clients sont plutôt friands de berlines, limousine ou cabriolets…
Qui plus est, elle entre en concurrence avec le coupé Corniche à toit fixe (qui déjà ne se vend pas trop bien, c’est le moins produit de la famille) et elle est vraiment beaucoup plus chère…
Pour lui laisser la voie libre, Rolls ira jusqu’à supprimer ce coupé Corniche de son catalogue (en 1982)…, mais rien n’y fera, trop décalée, très chère, la Camargue finira sa carrière en 1986 après avoir été produite à a peine plus de 500 exemplaires, ce qui en fait le modèle Rolls le plus rare de la période après guerre…
Le Pouf-pouf-pouf numéro 3, c’est à dire le second d’une série dont je ne vois pas le bout, sera consacré à une Ferraillerie de choix : la fumeuse (et fumante) 348.., la base de cette histoire déjantée (tout comme celle que vous venez de lire concernant la Rolls-Royce Camargue, vient du pseudo nanonyme “Chrissfoss”, j’ai également ajouté mes ingrédients…/…