Prowler : Hot-Rod où Néo-Rod ?
Imaginez que vous assistiez à un concert symphonique. Vous êtes confortablement installé. Autour de vous le public d’allure respectable toussote. Une Madame-chic annonce quelque chose de Schubert et l’orchestre commence à jouer… Quand soudain un corniste en retard vient prendre sa place dans la rangée arrière en créant une bousculade dans la cacophonie des instruments malmenés. On est loin de l’attente d’un concert calme et soigné, d’autant que le retardataire est un putain de Rock’n’Roller. Voilà à quoi ressemblerait l’arrivée d’un Hot-Rod Hi-Boy B’32 dans une réunion mondaine de Rolls-Royce !
Imaginez que vous assistiez à un concert Rock’n’Roll. Vous gesticulez comme un dingue atteint de démangeaisons. Autour de vous l’ambiance est électrisée, le public débraillé hurle, des nananas se déloquent avec frénésie… Quand soudain un péquin en smoking à queue de pie déboule en poussant un piano à queue et pousse le groupe Rock hors de la scène dans les hurlements d’imprécations du public. On est là aussi, bien loin de ce à quoi on s’attendrait participer dans une réunion de Hot-Rods avec l’arrivée d’un Plymouth-Chrysler Prowler !
Si un Hot-Rod est incongru dans un parterre de Rolls-Royce, un Prowler qui a tout d’un Hot-Rod moderne (d’il y a plus de 20 ans) est considéré comme incongru dans une réunion de Hot-Rodders et il en sera de même en pire dans une réunion de Rolls, de Porsche, de BMW, de 2CV, d’Alpine, de vélos et même de n’importe quoi qui n’est pas un Prowler. Il a été imaginé comme étant le premier Hot-Rod de production réalisé très soigneusement et sérieusement par un des 3 grands constructeurs automobiles des USA (et du monde de l’époque), mais il n’a jamais été perçu par les Hot-Rodders purs et durs comme un Hot-Rod, ni n’a été considéré comme une voiture de sport concurrente de la Dodge Viper, de la Corvette et encore moins des Porsche, BMW, Mercedes et des Ferrari, Maserati et autres… Un Prowler ne s’apprécie qu’entr’amateurs de Prowler’s. Un Prowler ne fraie avec aucune autre automobile, ne se compare à rien d’autre qu’à d’autres et d’autres et d’autres Prowler’s.
Sans le rêve du passionné très talentueux et enthousiaste Tom Gale, capable de pousser Plymouth-Chrysler à le concevoir et le fabriquer arguant que cet engin innovant allait enthousiasmer les Hot-Rodders qui allaient l’acheter en masse jusqu’à atteindre plusieurs centaines de milliers de Prowler’s, il n’aurait jamais existé ! Vous ignorez peut-être qui est Tom Gale mais vous connaissez certainement ses créations. “Gail” (c’est son surnom familier) a passé toute sa carrière, des premiers jours à la retraite, chez Chrysler. Il y est venu à la fin des années soixante et a immédiatement réussi à mettre la main sur la Plymouth Barracuda, mais des temps sombres ont commencé : une crise d’on ne sait plus quoi, la réduction des effectifs en conséquence et des milliers de châssis dénommés “plate-forme K”, que Gale va utiliser pour une “nouvelle” série de bagnoles “bas-de-gamme” aux carrosseries adaptés à ces “plate-forme K”, ce qui va permettre de réaliser de gros profits ce qui va permettre à Lee Iacocca de tirer l’entreprise hors du fond financier. Et ce, avec succès.
Le jeune designer Tom Gale est ainsi devenu le sauveur de Chrysler. Il s’est installé dans la plénitude et le confort d’un avenir quasi-assuré de par la reconnaissance de Lee Iacocca. Il ne pouvait qu’acquérir de l’expérience et croire qu’un jour une ère de créativité réelle viendrait. Et c’est ce qui s’est passé : à la fin des années quatre-vingt, un autre titan de l’industrie automobile, Bob Lutz, a rejoint Lee Iacocca et les deux compères ont décidé de faire évoluer les Chrysler et mis le cap sur la recherche de “quelque chose de spécial” avec l’aide de Tom Gale, qui à ce moment-là, était devenu vice-président et styliste en chef de la marque ! C’est alors que toute l’énergie accumulée a éclaté sous la forme d’un morceau de brutalité, d’imprudence et de puissance bestiale nommé Dodge Viper, un concept audacieux créé en 1989 qui a évolué en seulement trois ans pour devenir en 1992 un modèle de production qui a finalement quitté la scène en 2017 (après environ 30.000 exemplaires fabriqués) sous la pression des exigences de sécurité.
Cependant, je vous conterai plus tard, séparément de cet article concernant le Prowler, la légende de la Viper, mais il vous fallait comprendre l’essentiel : son succès “assourdissant” a donné carte blanche à Tom Gale pour créer un engin “roulant” encore plus fou ! C’est l’étape suivante : le Plymouth Prowler, un véhicule que le monde n’avait jamais osé imaginer, ni vu auparavant ou même depuis, surtout en Europe. Même en tant que concept, il ne s’inscrivait dans aucun cadre. Le public ne s’attendait pas à ce que quelqu’un ait l’idée de prendre un Hot-Rod classique et de le repenser dans un style moderne : le concept Néo-rétro dans l’industrie automobile n’existait tout simplement pas à l’époque ! Et quand le Prowler est arrivé en 1997 ce fut l’ébahissement général !
Né le 16 mai 1949, j’avais 48 ans pour mettre dans mon esprit le fait de l’existence du Prowler, alors que plus jeune mais pas encore vieux, je roulais en Excalibur SV Sedan 4 portes et/ou en Bentley. Je ne l’avais jamais vu en “live”, mais, en théorie, j’aurais dû bien me préparer, tester des dizaines d’autres voitures rares et étonnantes. Et tout de même. Alors que j’étais aux USA pour TopWheels, l’édition américaine de Chromes&Flammes j’ai été invité par Lee Iacocca pour la présentation du Prowler ! Waouwwww ! En regardant l’engin dans les yeux j’ai imaginé le renouveau du Hot-Rodding qui à cette époque se cherchait une nouvelle orientation. J’étais comme engourdi et ne savais pas quoi penser de cette Plymouth. Qui êtes suis-je ? Où vais-je ? Pourquoi existe-je-vous-nous-ils ? Chaud ou pas ? J’ai pu faire un test de ce Hot-Rod Plymouth Prowler et j’ai eu le sentiment d’un pré-ratage qui n’allait pas changer ni le monde dans son ensemble, ni le Hot-Rodding qui partait soit vers l’hyper luxe avec Boydd Coddington, soit dans le basique crapuleux avec les Rat-Rods… Chaud ou pas ? Cette question, soit dit en passant, était alors beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît actuellement.
Ouiiiiii ! Le Prowler n’était que l’aboutissement d’une expérience marketing scandaleuse et inégalée. Considérez que c’était une tentative directe de prendre les clients et les concurrents à rebrousse-poil. Mais en plus, c’était aussi l’un des travaux d’ingénierie parmi les plus ambitieux et les plus progressifs de son temps, car ce Plymouth Prowler était 100%, entièrement, totalement, en aluminium ! Pour situer le contexte, je dois dire qu’à cette époque, le monde ne connaissait que deux voitures de production avec des carrosseries en alu, l’hyper-tech Honda NSX et la toute aussi révolutionnaire Audi A8. Mais ces voitures étaient des monocoques porteuses, alors que le Prowler, en plus de tout ce qui est déjà écrit, la carrosserie full aluminium était fixée sur un vrai châssis en aluminium disposant de suspensions en aluminium et d’un moteur 6 cylindres Mitsubhishi en alumium, comme la boîte et le pont ainsi que les jantes ! Tout cela afin de maîtriser les nouvelles technologies et de trouver plus tard leur application dans des modèles plus massifs…
Toutes les raisons sont bonnes pour se rappeler des Plymouth-Chrysler Prowler, leur style unique, leur remorque coordonnée, leur prix élevé ou encore leur mécanique V6 Japonaise initialement décevante sont les principales, mais c’est actuellement un anniversaire marquant qui fait ressortir le Prowler : Il y a 20 ans, le Chrysler Prowler, jadis lancé sous le nom de Plymouth Prowler, a rendu l’âme le 15 février 2002 ! Oui, après un peu plus de cinq ans se terminait la production du Chrysler Prowler (né Plymouth)… J’ai deux semaines de retard puisque cet article est publié le 7 mars 2022, mais je revendique l’excuse de la guerre d’Ukraine qui est le début d’emmerdes en cascade ! Notez que cet évènement a enterré le Covid, sauf en Chine pour faire diversion ! Donc, jz répépète qu’après 11.702 Prowler’s assemblées, la production du mythique Chrysler Prowler (né Plymouth) s’est arrêté le 15 février 2002 au Conner Avenue Assembly Plant de Detroit, Michigan, USA, où il était assemblée “à la main”.
D’abord lancé sous le nom de Plymouth Prowler en 1997, la voiture n’a été distribuée qu’en petite quantité pour sa première année sur le marché. Seulement 457 exemplaires avaient été produits et ils étaient tous de couleur mauve métallisé. Sous sa carrosserie effilée se cachait un V6 3,5 litres de 214 chevaux Mitsubishi utilisé sur les voitures de la gamme LH, composée entre autres des Chrysler Intrepid et Chrysler Concorde. La boîte automatique était à quatre rapports . Des le début, on a critiqué l’absence d’un V8 sous le capot, où trônait ce V6 faiblard aujourd’hui dépassé par de nombreux 4-cylindres. L’année modèle 1998 a été sautée/oubliée mais le Plymouth Prowler a continué sa route en 1999 en tant que Chrysler avec une mécanique bonifiée. Un nouveau V6 3,5 litres toujours en aluminium a été installé sous le capot, toujours jumelé à une boîte automatique à quatre rapports. Il produisait cette fois 253 chevaux, permettant au Prowler de boucler 0-96 km/h en 5,9 secondes, une performance acceptable pour l’époque mais surtout nettement plus rapide que les 7,2 secondes nécessaires à l’ancien moulin pour accomplir le même exercice.
Puisque la décision de retirer du marché la marque Plymouth menaçait la survie du Prowler, il est devenu un Chrysler Prowler pour l’année modèle 2001… mais seulement aux États-Unis. En effet, en Europe il a fallu attendre l’année modèle 2002 pour que la voiture change de marque. Techniquement, le Prowler a donc été commercialisée sous deux marques pour l’année modèle 2001 ! Parmi les singularités du Prowler, je mentionne ses jantes de 17 pouces à l’avant et 20 pouces à l’arrière enveloppées respectivement de pneus 225/45R17 et 295/40R20. Le Prowler était disponible en 11 couleurs différentes, dont l’Or Inca, l’Orange perlé et le noir. Pour une somme supplémentaire de 5.000 $ américains, les acheteurs pouvaient se procurer une remorque qui reprenait la partie arrière du Prowler, augmentant ainsi la capacité de chargement plutôt limité. Avec le temps passant de plus en plus d’amateurs de Prowler désireux d’en faire de “vrais” Hot-Rods, ont jeté le V6 et sa boite et installé de “vrais” V8 Yankee’s.. Certains n’hésitant pas à motoriser le bestiau avec un V8 Hemi 6L1 de troisième génération développant de 425 à 807cv chevaux selon les modifications.
Avec la fuite de France des Oligarques Russes, certaines voitures encore immatriculées par les intermédiaires avant livraisons et réimmatriculations, donc pas connues ni visées par la “rage Macronniènne” de geler les biens et avoirs Russes (surtout ceux des Oligarques amis de Vladimir 1er)… donc, avant que les Autorités Dictatoriales inventent un système pour les saisir… les oligarques liquident… Surtout à la Côte d’Azur ou s’en retrouvent un grand nombre à Saint-Tropez… Une DeTomaso Pantera comme neuve pour 10.000euros… 20.000euros pour un Prowler verdache équipé d’un V8 Hellcat de 807 chevaux et 10.000euros pour le premier Prowler de cet article et 15.000euros pour le second (jaune) qui affiche 25 .000 miles. Ces montants devraient faire un solide bond lorsque les folies Ukrainiennes seront passées, sauf si Poutine et Macron font sauter la planète. Il faut bien mourir un jour !
2 commentaires
Quel chapô mon cher Gatsby ! Vous vous surpassez !!
Comme j’avais déjà tout écrit sur le Prowler (une douzaine d’articles au moins), la seule manière d’en rajouter encore une couche est de créer un numéro de cirque en jonglant avec tout ce qui me passe en tête… Même pour moi, après 15 jours et un tonneau de Mojito, je suis incapable de ré-écrire la même histoire. Dans quelques années lorsque ma date de péremption sera dépassée, je ne m’en souviendrai même plus… Déjà même maintenant, je me demande pourquoi vous me questionnez sur cette RollsRoyce…
Commentaires désactivés.