Libre, pour toujours…
A le regarder de plus près il était encore plus beau que dans ses rêves les plus dingues, c’était un vieux bus scolaire jaune, tout pourri, exactement à l’image de ce qu’il avait toujours rêvé de posséder…, parce que là, crénom de bois, il était soudain revenu dans la véritable vie !
Il venait de passer cinquante ans derrière les barreaux mais il ne pouvait décemment pas rester insensible aux charmes bruts de ce bus de transport scolaire américain qui avait illuminé son enfance…, il alluma une cigarette, inspira un bon coup et entreprit de faire le tour du véhicule…, après cinquante ans passés à bouffer chimique et à nettoyer les chiottes d’une taule haute sécurité, il avait vraiment tout son temps… et puis dehors, personne ne l’avait attendu ni pour l’amour, ni pour l’amitié et encore moins pour le travail.
L’engin était un de ces vieux bus qui avaient bercé sa jeunesse, une sorte d’El Dorado scintillant pour tous les gamins, le rappel d’un ancien monde rempli de magie et de bons moments tels les adolescentes blondes aux formes déjà avantageuses qui montaient dans les bus en rang serrés et en jupes courtes, c’étaient les prémisses du rock-and-roll.
Il était alors tombé pour une attaque à main armée assortie de trafic de drogue et de proxénétisme aggravé…, avec le recul, il ne regrettait rien, il avait toujours assumé ses choix de vie et il revendiquait sans l’ombre d’un problème tous ses actes…, mais en revanche il regrettait la manière sans éclat, la façon peu spectaculaire, qu’il avait employée et qui l’avait conduit en prison.
Aujourd’hui il ne ferait plus la même chose, mais voilà, aujourd’hui, tout avait bien changé, les Etats-Unis étaient la patrie du seul roi dollar tout acquis à la cause de l’ultra libéralisme et du maître capital, mais devenu un pays à la dérive, plongé dans les guerres à répétition et clairement en décalage avec son temps, ce n’était plus un état mais un anachronisme.
Avant de décéder, John Wayne avait pris un sacré coup de vieux et ne faisait plus peur à personne, les rebelles qu’il flinguait étaient maintenant comme lui, des vieux débris… et les adolescentes timides et bien peignées d’alors qui roucoulaient dans ses films, se faisaient à présent violemment culbuter sur écran géant par des bodybuildés aux phallus démesurés.
Il n’hésita pas un instant avant de fracturer le bus scolaire jaune et trafiquer les fils du tableau de bord pour mettre en branle le moteur qu’il imaginait fatigué…, il était un homme de principes et tout cet abominable gâchis lui pesait…, jamais il n’aurait cru que ce vieux bahut aurait pu démarrer si facilement, pourtant, il y eut comme une renaissance, un miracle, allez savoir…, les desseins de la destinée !
Là, assis au volant, il trouvait curieux que le tableau de bord comportait une quinzaine de cadrans…, il haussa les épaules en grommelant, tout en appuyant à fond la pédale de l’accélérateur, les exaltations enrouées du moteur crachotant lui ont d’abord envoyé des images rassurantes tout droit sorties des années ’50, mais après une minute le bruit devint assourdissant comme celui d’un vieux bombardier quadrimoteur B17 de la dernière guerre…, sans s’inquiéter il démarra et lorsqu’il activa le levier de vitesses, le vieux GMC ne poussa pas des plaintes sinistres de vieillard meurtri, mais un sourd grondement apocalyptique…
Il choisit la route qui se prêtait le mieux à son retour en adolescence et adopta un rythme soutenu, le bus fit un “Bang” en se levant du nez d’au moins 50 cm tout en cirant les pneus arrière, le tout dégageant une fumée pire qu’un brouillard…, assourdissant…, l’autoradio grésillait, il tourna les boutons à la recherche d’une station potable, bingo, yeahhhhh : un tube des Beach Boys… et il poussa le volume à fond…, les pneus arrière ciraient toujours après 100 mètres, à l’allure à laquelle il était emmené, le bus craquait de partout et ses pneus se tordaient et hurlaient leur souffrance, lancé comme un train fou, le vieux bus scolaire jaune n’eut aucun mal à voler littéralement lorsqu’il quitta la route.
Assis au volant avec un sourire béat accroché aux lèvres, il contemplait la grande étendue qui l’attendait, il avait conscience que sa première cascade digne d’Hollywood était une grande réussite… et pendant la poignée de secondes que dura le vol plané du bus scolaire jaune, il y eut comme un parfum de liberté qui brilla dans ses yeux d’enfant, enchâssés dans son visage buriné de 70 ans…, il était libre, pour toujours…
Les infirmières étaient étonnées de voir un tel vieillard avec des yeux si jeunes, si pétillants, dans un visage si ravagé par le temps et les souffrances…, il est resté plus d’un mois à l’hôpital à cicatriser de tout ce qu’on avait du recoudre…, finalement il est reparti en prison pour le vol et la destruction du bus et il y est mort, il était quadriplégique suite à l’accident…, la police avait dit aux infirmières et médecins de l’hôpital qu’il avait voulu se suicider… en réalité, il ne s’était pas rendu compte qu’il avait volé un Bus-Dragster-Rat-Rod ’41 Chevy propriété de Jason Bliesner, qui y avait installé un Cummins 5L9 V12 diesel turbocompressé !
Engine: 5.9L Cummins with ARP main studs, fire-ringed block, ported and polished head, 180-lb valve springs, heavy-duty pushrods, ARP head studs, Hamilton 188/220 hot street cam and tappets, C-Line/562 Fabrication low-profile oil pan, Canton Racing Products overflow reservoir, Wizard Cooling radiator
Fuel: Scheid Diesel P7100, custom-bent stainless injection lines, and 5×13 injectors, homemade fuel system with FASS 260-gph lift pump, Summit Racing 20-gallon aluminum fuel cell
Air: Custom compound turbo arrangement with BorgWarner S472 atmosphere charger and S363 high-pressure turbo, Treadstone Performance intercooler
Exhaust: Flipped factory exhaust manifold, 5-inch turbo-up system with rain cap
Electronics: Fabricated-aluminum gauge panel with Auto Meter gauges for boost, EGT, transmission temp, water temp, oil pressure, fuel supply pressure, fuel level, air pressure, mph, and engine speed, Billet Automotive Buttons push button switches
Transmission: Turbo 400 three-speed automatic built by Steve’s Transmission with manual valve body, line-lock, non-lockup converter, and TCI shifter
Horsepower: 650 hp (est.)
Torque: 1,200 lb-ft (est.)
Suspension: ‘85 Chevy C30 front IFS with modified upper and lower control arms, rear four-link, Air Ride Technologies air-ride (front and rear)
Rear Axle: ‘85 Chevy C30 14-bolt with 3.21 ring and pinion