J’avoue publiquement m’être lâchement saoulé de quelques Mousses-Alcoolisées à plus de 50°, pour aider mes neurones à ce que mes doigts puissent tapoter un texte avant-tout destiné à me faire mousser moi-même…, c’est assez jouissif parce que j’aime la mousse en certaines occasions…, en effet je devais impérativement m’appesantir sur un des retours les moins attendus… et même le moins annoncé de la scène internationale : non pas le Grand Retour de Chromes&Flammes…, ni celui de l’inflation exponentielle des Rat-Rods (voir plus loin) mais celui de l’icône glacée des années ’80, la sculpturale Grace Jones, un savant calcul alcoolisé destiné à illustrer musicalement les propos qui suivront cette mise en bouche gustative…
Cette ancienne top-modèle, reconvertie d’abord comme comédienne, puis comme chanteuse disco, avant de trouver son style musical définitif en 1980, n’avait pas sorti d’album depuis 1989… et il y avait peu d’espoir que l’on n’entende jamais parler à nouveau d’elle…, pourtant, il y a quelques années d’ici, à 60 ans et quelques, ce qui lui en fait 70 actuellement, comme moi…, à peine altérée par l’âge, Grace Jones avait effectué un retour remarqué sur le fameux label électronique Wall Of Sound.
Grace Jones, c’était avant tout un physique et un look, celui que peaufina son compagnon d’alors, le français Jean-Paul Goude, qui fit de cette grande noire masculine, une femme-robot aussi inquiétante qu’attirante, qui laissa aux années ’80 quelques grands titres, comme la reprise glacée du “Love Is The Drug” du Roxy Music Band…, celle de “La Vie en Rose” d’Edith Piaf…, et surtout les deux tubes planétaires “Libertango (I’ve Seen That Face Before)” et “Slave To The Rhythm”.
Ce qui aurait pu être un come-back désespéré ou opportuniste s’est avéré être tout simplement un des meilleurs albums de Grace Jones, toutes époques confondues, si ce n’est le meilleur, la diva ayant su récupérer à la fois l’héritage trip-hop des années ’90 (et notamment le son du “Mezzanine” de Massive Attack) en y ajoutant un côté lounge-rock particulièrement aérien donnant à l’ensemble de l’album un caractère mélancolique très touchant, que vient contrarier en contrepoint son chant glacé et désincarné…, aussi, je ne peux que vous inviter à redécouvrir ce magnifique album passé un peu trop inaperçu et qui consacre la carrière d’une artiste qui a toujours eu le souci de repousser les limites de la création artistique, en dépit de sa renommée et du nivelage par le bas du monde de la pop.
Je suis con-textuel, je l’avoue, un masturbateur texticulaire d’écrits-vains, qui n’a toutefois aucune peine à jouir de mes propres relectures…, aussi ai-je décidé un matin, après avoir écouté la Zique ci-avant de Grace Jones et m’être simultanément astreint à la relecture hallucinante de mes ancies d’il y a 35 ans, magazines Chromes&Flammes, de me transcender via une réadaptation personnelle… destinée à prendre de surprenantes proportions dans le monde des Hot-Rods, Rat-Rods et Kustom-Cars, l’avantage certain de ma façon de fonctionner, étant de ne brider absolument aucune créativité, aussi improbable soit-elle… et de spermettre à certains illuminés particulièrement scotchés, de sortir parfois une œuvre de pur génie, rattachable à aucun style, et dont malgré tout on se délecte comme d’un jouet tout neuf…, c’est le cas d’un Steampunk-Rod, engin indéfinissable entre tous, apparu dans un esprit entre hardcore et post-rock.
Il y a ainsi une bonne dizaine d’autres Hot-Rods, Rat-Rods et Kustom-Cars dont je pourrais ainsi vous gratifier dans GatsbyOnline.com et Chromes&Flammes, dont les texticules ne ressemblent à pratiquement rien de connu… et marquent donc un changement de direction assez net dans la mouvance du Gonzo-journalisme mêlant un style déphasé totalement expérimental et surréaliste, créativement à mi-chemin entre le psychédélisme post-avant-gardisme-rétro et la dégénérescence gothico-punkoïde expérimentale… et pourtant, au plus mes articles malmènent, torturent, concassent les cerveaux les plus endurcis, au plus www.GatsbyOnline.com et Chromes&Flammes magazine deviennent fascinants, addictifs, d’une créativité unique et insaisissable, rendant les membres turgescents (ceux des visiteurs) perpétuellement déconcertés…, car ils (et elles) adorent ça, et en redemandent encore.
Chaque article est comme un mouvement d’une symphonie virtuelle qui allie dissonance structurée et structuration dissonante… et malgré tout, ça coule dans l’œil avec une déconcertante facilité, tant chaque élément est en place… et conduit logiquement au suivant avec une maîtrise et une créativité totales…, seul véritable défaut, chaque article est bien trop court pour tant d’extases… à recommander absolument à tous les ceusses avides d’expériences nouvelles !
“Rat rod”… est sans doute l’un des mots le plus maltraité du champ lexical automobile, il date du début des années 1990 et a été créé pour surnommer la tendance qui émergeait alors parmi les Hot-Rodders, d’utiliser des véhicules des années 1950 en exagérant leur look “Jalopy” : basses voire surbaissées, bruyantes, avec des pneus arrière énormes et de très gros moteurs.
-“Ces véhicules étaient généralement construits à partir d’un budget resserré et de pièces réutilisées. Ce qui leur manquait en confort, fioritures et raffinement, elles le gagnaient en personnalité, en originalité et en esprit guerrier”, m’a précisé Leslie Kendall, conservateur du musée automobile Petersen, à Los Angeles (Californie)…
-“D’ailleurs, elles ressemblaient en réalité beaucoup aux tout premiers Hot-Rods ! Au fil des ans, le terme en est venu à désigner tout ce qui a un peu de patine et des roues à l’air, quoi qu’il en soit, les véritables Rat-Rodders sont les héritiers de l’esprit du Hot-Rod, et en sont heureux !”
Pour la petite histoire…, le mouvement Rat-Rod s’inspire du ras-le-bol de Jim Jake Jacobs, ancien copropriétaire de “Pete & Jakes Hot Rods” situé à Peculiar, dans le Missouri : agacé par le tournant pris à la fin des années 1980 par les Pro Streets qui se contentaient d’être remorquées de show en show sans plus jamais toucher le bitume, il a décidé, à l’occasion du show Goodguys’ West Coast Nationals de 1987 à Pleasanton (Californie), de construire un Hot-Rod de la vieille école à partir de pièces détachées récupérées dans la décharge de sa boutique, concevant ainsi un véhicule très original en un hommage à l’ère de l’artisanat patient et du “do it yourself”…, ce n’est pourtant pas à lui que revient l’honneur d’être le premier Rat-Rodder “officiel”, la palme en revenant à l’artiste de culture-pop Robert Williams et à son “Eights and Aces”…, Williams avait travaillé comme directeur artistique pour le constructeur légendaire Ed “Big Daddy” Roth dans les années 1960, puis, au début des années 1990, il avait décidé de construire un Hot-Rod comme ceux qui avaient bercé son enfance…, le résultat fut le “Eights and Aces”..., Gray Baskerville, l’éditorialiste du magazine Hot Rod en avait ensuite parlé en le qualifiant de “Rat-Rod”…, et le mouvement était né…
De nos jours, le mouvement Rat-Rod est devenu un sous-ensemble très officiel du Hot-Roding… et si la plupart des Rat-Rodders sont restés fidèles à ce qui les avaient inspiré au départ, il est clair que tous les Rat-Rods ne sont pas nés égaux…, il en existe même toute une gamme, des véhicules bichonnés avec les meilleures pièces détachées, roues neuves choisies avec soin ou sièges baquets faits sur mesure…, jusqu’aux demi-épaves rafistolées en empilant de vieilles pièces presque bonnes à jeter…, ce qui n’empêche pas leurs propriétaires d’être ravis de leur guimbarde rouillée !
Jeb Greenstone, de Cutworm Specialties, est un puriste qui pense que le Rat-Rodding devrait célébrer le design et la science de construction automobile dans les règles de l’art.
-“On parle de métier, de maîtrise, ici, dans ce que ces mots ont de plus noble. Et on se met à nu. Oui, à nu, sous la lumière. Les forces, les faiblesses. Les succès, les échecs. Faire du Rat-Rodding, c’est accepter d’être observé sous toutes les coutures, d’être jugé. Ce n’est pas seulement l’accepter d’ailleurs, c’est même le savourer, c’est confronter ses compétences de Rat-Rodder au plus grand des tests : le jugement du public”…
L’approche de Greenstone est plutôt haut-de-gamme, il évite les bricolages et les pièces détachées détournées de leur usage premier, mais ce n’est pas du tout par snobisme !
-“Je n’arrive jamais à trouver de pièces de bonne qualité à un prix acceptable, si bien que je fais fabriquer sur mesure la plupart des éléments dont j’ai besoin”, précise-t-il…“Et bien entendu, c’est la meilleure façon d’aller au bout de ma vision. Pour autant, mes créations sont faites pour être conduites, pas pour être remorquées !”, tempête-t-il…, sa toute première voiture lui a pris 10 ans, il ne parvenait pas à trouver une Ford Model A qui soit à la fois dans un état acceptable et suffisamment abordable…, mais au lieu d’abandonner, Greenstone s’est alors dit :
-“Et si je la fabriquais moi-même ?”…
Le résultat est sa création, surnommée “Close Enough”, un Hot-Rod fabriqué complètement à la main et sur mesure, à partir de rien, qui incarne toutes les valeurs qui sont au centre de Cutworm Specialties depuis sa fondation en 2006 : style rétro, élégance simple et fonctionnelle, sobriété…, un rêve devenu réalité.
Sa création suivante, “Aluminium Dually”, s’est avérée plus impressionnante encore, elle a consacré à la fois Jeb Greenstone et sa boutique, désormais incontournables dans le milieu.
Robert Killian, de Géorgie (USA) se revendique de la tradition des Rat-Rods :
-“Un rat rod est ce que son propriétaire veut qu’il soit !”, martèle Killian… “Tout est possible : les rêves les plus fous comme le simple bricolage, en fonction de ce que vous pouvez vous offrir. J’aime bien essayer d’aller toujours plus loin, mais je ne juge personne”. »
La philosophie de Killian est un peu différente de celle de Greenstone…, ce qu’il aime, lui, c’est racheter des véhicules pas tout à fait finis et les reconstruire entièrement :
-“J’aime voir jusqu’où je peux les améliorer”, explique-t-il.
Le premier Rat-Rod de Killian était une dépanneuse Diamond T de 1948 surnommée “Rat-Rod Wrecker”…, entre sa grille avant enjolivée d’une enclume et d’un soc de charrue, son capot surmonté d’un lavabo décoré d’une flamme, son pare-brise façon jeep de safari, son vieux ventilateur, son piège à animaux sur le plancher et sa poche à montre ancienne accrochée au tableau de bord, sa voiture est furieusement éclectique et résolument unique…, Killian est même devenu un youtubeur star avec son “Uncle Jed”, le Rat-Rod le plus rapide de la planète (selon lui en tous les cas !)…, basé sur une Ford Model A de 1928, “Uncle Jed” a gardé sa peinture d’origine, ainsi qu’un look “Old-School” remarquable avec sa carrosserie anguleuse et légèrement surbaissée…, tandis que sous le capot, on trouve un puissant moteur Ford Hemi de 2.000 chevaux et de 820 cm3 construit par Jon Kaase Racing Engines.
Et nous voilà tout au fond du tonneau : la voiture de dessin animé :
-“Il ne suffit pas de prendre quelques gros pignons et de les souder au capot d’une vieille guimbarde rouillée pour pouvoir s’enorgueillir d’avoir assemblé un Rat-Rod”… s’agace Greenstone… “Cela s’appelle une voiture de carnaval, ça, mais certainement pas un Rat-Rod”…
Killian est un peu plus indulgent :
-“Tout le monde n’a pas la vision ou l’argent pour concevoir et assembler un véritable Rat-Rod”… pondère-t-il… “Le plus important, c’est de voir grand, et de donner un véritable but à sa conception”…
Aux États-Unis… et même dans le monde entier, de plus en plus…, la plupart des Rat-Rodders sont fiers de parler de leurs créations, ils sont la preuve de ce qu’il est possible de concevoir avec un peu de temps, beaucoup de bidouille et énormément d’imagination…