Toyota Classic 1996
Cet article concerne la Toyota Classic 1997 ! 99,999% d’entre vous n’en connassent strictement rien, n’en’ont nanana jamais vue auparavant, c’est parce que seulement 100 exemplaires de cette Japonaiserie ont été fabriqués en 1996 ! Très très très peu d’elles ont été vues en 1997 et dans les années qui ont suivi. La Toyota Classic 1996 a été conçue pour célébrer le 60e anniversaire de la sortie de la première Toyota de tourisme, la AA 1936, dont le style était étroitement basé sur la DeSoto Airflow de ces mêmes années d’avant-guerre.
Ce qui suit devrait vous spermettre d’éviter de devenir des vieux connnards (où des vieilles connasses) en apprenant ce que sont les origines et dessous de la belle ainsi que concernant le syndrome du rétroviseur qui consiste à toujours trouver que tout ce qui se faisait avant était bien mieux… “De mon temps on faisait comme ceci, à mon époque c’était comme cela, quand j’étais jeune tout était plus simple, une chose comme ça, ça ne serait jamais arrivé de mon temps”… Ressasser le passé avec une telle automobile en laissant croire que le 100% contemporain manque de fond, c’est étrange concernant Toyota.
Pourquoi une telle bouffée de nostalgie ? Est-ce dû au vieillissement de la clientèle où/et des ingénieurs/concepteurs/designers de Toyota ? Aux crises économiques qui n’en finissent pas ? Qu’est-ce qu’elle nous apprend cette Toyota Classic qui déboule en 1996 ? A trop regarder le monde dans un rétroviseur, on peut louper le coche et manquer ce qui se passe juste devant nos yeux. Aujourd’hui et surtout demain…
La conception de la Toyota Classic 1996 est en réalité une approximation raisonnablement proche de la Toyoda AA 1936, avec des tolérances accordées pour les normes modernes de sécurité et de confort. Chaque Toyota Classic 1996 était basée sur un châssis Toyota Hilux, moteur avant et propulsion aux roues arrière et en utilisait les freins, la suspension et le quatre cylindres en ligne de 2,0 litres, ainsi que les portes.
La Toyoda AA 1936 était la première voiture de tourisme de production du constructeur automobile japonais et elle avait plus qu’une ressemblance passagère avec le DeSoto Airflow. Cette similitude avec l’Airflow n’était pas un hasard, Toyoda en avait acheté une aux USA et l’avait envoyée au Japon pour en créer une copie commercialisable. Il y avait toutefois beaucoup de différences entre les voitures, mais les carrosseries étaient étroitement liées, à l’exception de certaines caractéristiques comme les phares et le pare-brise monobloc.
Toyota avait commencé sous le nom de Toyoda Industries, mais le nom a été changé en Toyota (avec un “T”) en 1936 après un concours organisé pour trouver un nom qui fonctionnerait bien en anglais et en japonais. L’écriture kanji japonaise pour “Toyota” est considérée comme chanceuse car elle est composée de huit coups, et huit est considéré comme l’un des numéros les plus chanceux, c’est émotionnel…
Les émotions sont des concepts très complexes, philosophiques avant d’être scientifiques, ce qui explique qu’elles furent longtemps dédaignées par les scientifiques. En effet, comment concevoir étudier des phénomènes aussi subjectifs, aussi personnels, aussi intimes ? Mais L’émotion n’est pas un phénomène totalement subjectif, certains éléments, certains processus physiologiques, comme l’accélération du pouls, la transpiration, sont communs à l’ensemble des Hommes sur la planète. Un sourire est reconnu, du fin fond de la forêt amazonienne jusqu’au cœur du Japon comme un signe de joie !
Basiquement, l’émotion peut se définir comme une manifestation de la vie affective, généralement accompagnée d’un état de conscience agréable ou pénible. L’émotion est donc un trouble à durée variable, une rupture d’équilibre, contrairement à la passion, qui est un déséquilibre durable de la raison. Longtemps méprisées, parfois diabolisées, souvent incomprises, les émotions ont fait l’objet de vives discussions, pour certains philosophes, elles constitueraient un obstacle majeur au plein accomplissement de l’action, elles fausseraient le jugement et seraient une entrave aux processus délibératifs menant à l’action.
Face à une pulsion, l’Homme ne réfléchit pas, mais se laisse porter par ses émotions qui ne faussent pas le jugement, mais amplifient la résonance, font vibrer, au sens strict, frissons, chair de poule, voire une petite larme. Il était donc subliminal et essentiel pour Toyota de parvenir à écouter son ressenti, il était nécessaire d’aller plus loin que le simple aspect technique être démonstratif, montrer que Toyota était capable d’effleurer son passé. Il est toutefois toujours plus difficile de faire ressentir et d’accepter une caresse quand on attend un coup de poing.
L’émotion ne ment jamais, elle est beaucoup plus directe que la réflexion, elle doit permettre d’entrer en résonance avec les émotions du public qui en lui ouvrant les portes de son inconscient. Créer un mythe et en extrapoler la simple évocation visuelle de cet inaccessible mythe pour que les passions se déchainent. Rares sont ceux qui ont la chance de l’approcher et encore plus rares, ceux qui ont réussi à en posséder un exemplaire défini comme légendaire car plus aucune des AA 1936 n’existe encore, une peut-être, quelque-part, sans plus d’autres !
Ce qui est rare est cher dont fait souffrir les envieux de sa valeur astronomique. Une automobile si rarissime et exclusive doit forcément pulvériser toutes les valeurs, marquer les imaginaires au fer rouge, poser une empreinte indélébile dans la tête des néophytes crédules. Cette Toyoda AA devait être forcément extraordinaire, elle devait avoir donner une claque aux autres constructeurs, un crochet au foie, un uppercut fulgurant, les mettant Knock-out.
Que nenni mes Sieurs. La Toyoda AA n’était qu’une auto clone que la Toyota Classic 1996 utilise visuellement en tant que pourvoyeuse d’émotions destinées à faire transpirer à grosses gouttes divers émotifs. La réduction n’est pas un problème grave en soi, les mauvaises odeurs disparaissent à l’aération dans le plus grand plaisir de “dealer” et retrouver immédiatement de la hauteur, une caresse d’une infinie douceur, une opulence sensuelle, un concentré d’émotions brutes.
Si la Toyota Classic 1996 marque certains esprits, c’est plus par sa sensualité torve, son élégance pataude et sa classe “à l’ancienne” ainsi que son aspect luxueusement Vintage, que par sa force. La belle ne se livre pas spontanément, il faut aller la chercher pour le décrypter, elle se mérite, elle peut même se refuser à celui qui voudrait la posséder, car elle n’existe qu’à 100 exemplaires et l’originale AA 1936 n’existe plus qu’en un seul exemplaire !
S’il n’y a pas d’émotion, un jour, la façade se lézardera et deviendra ennuyeuse. Toyoda ne descend pas de sang impérial, n’a pas été utilisée par l’Empereur, n’a pas d’histoire extraordinaire à rappeler de son existence à travers les siècles et les siècles du Japon. Son nom ne provient d’aucuns descendants illustres, Toyota avance seule, nue sur la croupe d’un temps qui ne l’a même pas portée au firmament des légendes automobiles.
La Toyoda AA avait été construite de 1936 à 1943 à seulement 1.404 exemplaires, ce qui est très faible compte tenu des chiffres de production automobile stupéfiants que la société Toyota publiera quelques années plus tard. Comme avec presque toutes les voitures de production des années 1930, la Toyota AA utilisait une construction carrosserie 4 portes en acier sur châssis. La puissance étant fournie par un moteur six cylindres en ligne de type A de 3,4 litres avec une transmission manuelle à 3 vitesses…
Jusqu’à ces dernières années, on croyait qu’il n’y avait pas un seul exemple survivant de la Toyota AA d’origine. Une recherche mondiale a été entreprise par Toyota pour en trouver une et les chercheurs sont revenus les mains vides, en conséquence ils ont construit une réplique qui est aussi exacte qu’ils pouvaient l’obtenir, cette voiture est maintenant au Musée de l’automobile Toyota. Mais une Toyota AA survivante a été trouvée en Russie en 2008, elle était à l’abandon et le moteur d’origine avait été remplacé par celui d’un camion GAZ-51. La décision a été prise de le conserver dans son état telle que trouvée, elle peut être vue au Musée Louwman aux Pays-Bas.
Au début des années 1990, à l’approche du 60e anniversaire de la sortie de la Toyota AA, les dirigeants de Toyota ont décidé de développer et de publier un hommage moderne à cette voiture en nombre très limité, seulement 100 seraient fabriqués. Le projet a commencé avec un nouveau design qui était une approximation visuelle proche de la conception AA originale. Le châssis de la Toyota Hilux et son moteur quatre cylindres en ligne 3Y-E OHV de 2,0 litres produisant 96 ch et 118 pi lb de couple ont été utilisés, les acheteurs pouvant choisir entre une boîte automatique à 4 vitesses ou une manuelle à 5 vitesses avec un levier de vitesses “à colonne”…
L’intérieur de la Toyota Classic 1996 a reçu une foule de traitements de luxe, comme un tableau de bord en bois, une moquette épaisse, des sièges en cuir et un volant classique en bois. Les 100 Toyota Classic ont toutes été vendues, elle se sont avérées un peu “clivantes” du point de vue du style et elles ont souvent été comparées aux véhicules inhabituels du plus petit constructeur automobile japonais : Mitsuoka.
2 commentaires
100 exemplaires c’est de la grande série pour Gatsbyonline ! Néanmoins, votre lectorat découvre chaque jour de nouvelles choses ! La phrase “A trop regarder le monde dans un rétroviseur, on peut louper le coche et manquer ce qui se passe juste devant nos yeux. Aujourd’hui et surtout demain…” mérite d’être encadrée, quelle sagesse !
J’encadre ! OK ! Je ne m’en souvenais déjà plus… J’aime assez cette Toyota Vintage dont la finition me rend admiratif.
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