Ricky Chocx 1966 Buick Riviera…
Il y a quelque chose de grandiose dans cette automobile…, toutefois, l’article y consacré n’est absolument pas un simple générique livré aux agélastes, ainsi nommés par Rabelais parce qu’ils ne savaient pas rire et redoutaient tant ses saillies féroces déjà distanciées avant la lettre : “Aulcuns ont à l’Autheur reprouché de ne pas plus sçavoir le languaige du vieulx temps que les lièvres ne se cognoissent à faire des fagots. Iadis ces gens eussent esté nommez, à bon escient, cannibales, agelastes, sycophantes, voire mesmes ung peu yssus de la bonne ville de Gomorrhe”…(Honoré de Balzac, Les Contes drolatiques)…, dans chacun de mes récits qui composent toutes les sections de GatsbyOnline.com, je fais en sorte que les phrases et les situations jetées à bout de bras, cognent avec l’immutabilité faussement psychopathe d’un marteau pilon-monde en mouvement perpétuel et incontrôlable.
Il vous faut vous accrocher jusqu’au bout…, le front en sueur, car c’est déjanté…, je m’amuse en effet à chaque chronique, article voire pensum… de vous conduire dans une épopée d’une extraordinaire densité à travers une série d’analectes explosives, souvent cruelles, parfois zizi/quéquette, mais toujours pertinentes dans le grand cirque actuel des humains en tourmentes…, vous offrant sans aucune compassion, chers tousses, indubitablement médusés, un parcours à hauts risques sur la terra-mater fatiguée de tourner comme une conne autour du soleil, avec cette pauvre lune qui lui colle au train, elle aussi piétaille céleste en déshérence…
Et dès lors que survivre n’est guère un métier facile, de cet assemblage savant d’éjections fécondes, tour à tour drôles, violentes, amorales, insolites ou sensuelles, comme le soufflet du forgeron…, chaque moment fait injonction à ce qui reste de braises agonisantes dans une ultime mangrove philanthrope perdue au fond de ce site-web, unité de lieu de l’ensemble de mes récits…, s’empilent alors une suite d’aventures aux accents profondément prophétiques pour donner aux lecteurs et lectrices une dernière chance de construire un abri avec un mur dérisoirement précaire mais rempart possible pour échapper, si sauve se peut, à l’incontournable apocalypse d’un chaos monstre en train d’advenir sous nos yeux.
Les quelques fous qui osent répondre via des messages souvent abscons, ne sont que des baratteurs (et barattrices) de crème fouettée, engrangeant des omelettes de mots après avoir comptés leurs oeufs, afin que le chaman que je suis ici…, porte-parole auto désigné par moi-même…, puisse à l’abri des bas besoins…, se livrer à diverses réjouissances d’anthropologue actif…, gourou à l’esprit bacillaire préalablement enrichi dans l’édition de magazines automobiles (Chromes&Flammes) avant d’engranger ses plus-values et de vendre ses biens pour se transporter dans la virtualité où il a fondé un “Peuple Élu” avec quelques adeptes dévots, service de sécurité, artistes et autre acolytes à sa dévotion…
Quelque part enfouie dans les recoins d’un univers où végète un reste de vie contrariée, organique ou peut-être encore un brin sociétale, GatsbyOnline.com est une sorte de communauté restreinte… qui surnage au bord du puits sans fond de la bêtise humaine berceau de notre société initiale de référence, ou on promet le rêve à toutes et tous comme autant d’étoiles accessibles dans la galaxie de l’envie insatiable… et pourtant les peuples agonisent… mais en espérant de ne plus mourir du tout !
Ça vous dit peut-être quelque chose ?
Normal, c’est le monde dans lequel nous survivons…, ou passe et repasse la horde humaine, flot ininterrompu d’humains souvent inhumains hébétés par les jeux vidéo et les lendemains qui ne chantent pas…, ou plus…, déchets résiduels d’un vivant éphémère compacté, lancé à flots continu vers un rêve d’ailleurs préalablement acheté à vil prix sur catalogues en 3D…, chacun voulant être l’égal des Dieux pourtant inventés…, en tous cas bande d’inutiles sommés de laisser le champ libre au nouveau monde anthropotechnologique quasi-achevé.
De cette abondante quantité d’humanité lancée dans la savane consumériste du Nouvel Ordre mondial comme autant de gnous, nos dirigeants ont chargés leurs sbires d’être aux aguets pour prélever, en safari sociétal, le meilleur des moins mauvais…, parce qu’il faut encore plus de bras pour baratter la crème…, les lauréats devant surtout apporter l’éminente preuve de leur capacité à être humbles parmi les humbles, faibles parmi les faibles, journaliers parmi les journaliers d’un monde futur définitivement nomade et précaire, construit et exploité par les nouveaux dirigeants-dictateurs d’une société technologique marchande en expansion inexorable.
Un futur proche qui devrait aboutir à un Nouvel Ordre Mondial…, un Monde Nouveau, une dictatucratie, ou chacun/chacune ne sera admis que dûment sélectionné, chaque organe ausculté voire ponctionné pour être analysé conforme…, ce qui ramène subrepticement à la société de surveillance du chacun par soi et du chacun par chacun…, d’ailleurs déjà en marche rigoureuse dans l’esprit des chercheurs en technologies assassines, avec les téléphones et le net-web nomade d’aujourd’hui ou dans les cartons des société d’assurances mondialistes.
J’ose vous le prédire à petits pas et tant pis…, car mon caractère pince-sans-rire, débitant en tranches un humour un brin dépravé, s’amuse d’écrire des récits qui labourent les pages une à une pour qu’en finale, vous n’en gardiez que les fragments les plus insolites, les plus excitants et crus, ceux qui font jouir en solitaire…, cce qui crée des conflits entre ceux qui savent bien et bon rire de tout… et les agélastes d’aujourd’hui qui ne manquent pas de s’offusquer de la radicalisation des situations rocambolesques et crues proposées !
Quoiqu’il en soit, je donne encore du grain à moudre aux sycophantes… et que vous en riez ou que vous en pleuriez de rage…, la lecture de mes textes déjantés doit vous rapprocher de Rabelais, non point par l’écriture ou les centres d’intérêt, mais par analogie aux désaccords esthétiques, aux indignations impitoyables qui ont entouré et même mis sous le boisseau, il y a quelques siècle, l’oeuvre jubilatoire du Maître…, l’histoire ne se révèle en effet qu’à travers un jeu de bouts de miroir…, c’est un peu toutes les certitudes ethnologiques, religieuses, philosophiques, sociétales de notre temps que je soumets à la question à partir de ce jeu d’écriture…, fragments de presque rien, de quelque chose qui disparaît, se déroulant dans la farandole de mon esprit en raillerie permanente.
Dans les imaginaires du tout-monde actuel, les fragments (humains) lancés dans la tempête d’une horloge folle ont perdu toute ligne de conduite…, il ne reste qu’à s’adapter, c’est-à-dire colmater, pomper, éviter les infections bubonique… et pour cela fendre les crânes butés…, de sorte que toutes les réalités féroces que je mets à nu dans leur ambiguïté propre…, vous pètent à la figure en un orgasme qui vient couronner tout cela…
Dans l’actuel monde qui ne se régule plus que sous l’emballage d’un tout esthétique soft, l’extraordinaire ne nous a pas définitivement abandonnés…, Jim Councilman, pas loin des 80 ans aujourd’hui et 54 ans de Kustom derrière lui au sein du “Over The Hill Gang” de Phoenix…, s’en est donné à cœur joie avec l’air de ne pas y toucher en créant une automobile extraordinaire, noire comme l’enfer…
Sur la surface métallique impeccable du Kustom qui illustre cet chronique, pouvaient venir se frotter les anges dans des flottements éthérés, des poses lascives, astiquant la carrosserie…, grâce à lui, la température au sein du Kustom-style aux USA est montée d’un cran, le noir annonçant le sombre…, début d’un nouveau miracle technique, d’une nouvelle révolution du Kustom dans une chorégraphie sublime de huit pistons, un constat sans appel…, Ricky Chocx a découvert ce chef-d’œuvre, en est tombé fou d’amour, l’a négocié à Jim, l’a ramené dans le sud de la France et…, décidant d’améliorer la mécanique, a réussi à sublimer le miroir de l’abîme dans une technique sublimée…, comme aurait pu le dire un poète : “Pas de sentiments, que des centimètres cubes”…
Grandiose …
“Je l’ai gagnée aux enchères sur E.Bay.Motors il y a quelques années…, pur hasard…, un ami m’avait envoyé quelques liens de voitures a vendre…, je suis tombé en arrêt devant cette bête et j’ai pas lâché le morceau… La voiture venait d’Arizona où elle avait été Kustomisée en 2005 par Mr Jim Councilman, membre du club “Over The Hill Gang” http://www.othg-phoenix.net/ de Phoenix AZ… Son propriétaire était un septuagénaire, avec plus d’un demi siècle de Kustomisation derrière lui et 25 voitures de rêve dans son garage plus tard…, il décide de se séparer de tout ce qui est Low Rider car comme il habite la petite bourgade, bien nommée “Desert Hills”, loin de tout, où il faut généralement prendre son avion perso pour se déplacer ou rouler des heures interminable pour rallier n’importe quel endroit… Vu son grand âge, il en a plus que marre de conduire ce type de voiture…, il a trop mal au cul cause du peu de suspensions qu’offre le système Air Ride et du trop mauvais confort qui en découle… et comme sa femme, du même âge, n’en pouvait plus non plus…il a tout bradé… et je me suis trouvé là au bon moment ! Comme j’avais un ami qui faisait de l’Import d’US depuis très longtemps…il m’a aidé, grâce à ses connaissances sur place, à la faire venir à moindre coup via la cote Pacifique, le Golfe de Panama, l’Atlantique, la France et Fos sur Mer…, puis Montpellier, chez moi…, mais à l’arrivée, surprise…,ce Kustom n’avait en fait jamais été terminé…, j’ai enfin compris pourquoi mes appels au vendeur pour avoir des photos du dessous de caisse et du moteur de la belle n’ont jamais eu de réponses…, tout import des USA réserve ses surprises… Je me suis donc occupé de tout ce qui n’allait pas : électricité générale/dessous de caisse/moteur et son compartiment/habitacle/fenêtres latérales et ouverture Pop sans poignées ! La fiche technique : top-chop de 4 pouces…, pare brise en verre (pas de lexan)…, shaving général…, enjoliveurs Bullet…, Air-Ride-system…, compresseurs 480 et leurs 2 réservoirs d’air…, système à 10 positions aux 4 roues…, capot aplati, pares-chocs avant et arrière moulés dans le corps de carrosserie…, clignos avant” erradiqués”…, intérieur Tiki en faux Léopard…, sono 4X600W+1000W et lecteur DVD…, volant Chevrolet Impala 60s…, moteur V8 big bloc 455ci d’une Buick Riviera 71′(Boat-tail) avec carburateur 4 corps et boite Turbo Hydramatic TH400… Le moteur a été récemment mis au point et la compression contrôlée à 125 psi sur tout les cylindres… 375 chevaux ! Peinture Noir mat haute température & pinstriping d’influence Von Dutch réalisé de main de maitre par Mr Ben McKee à Phoenix” !
Bref au lieu de faire sérieusement un “rape and revenge’car”…, Ricky Chocx s’est amusé malicieusement durant deux ans et demi avant de sauvagement envoyer la purée… et c’est un vrai bonheur que de découvrir un style totalement novateur au milieu des trucs, machins et autres bidules que vous ne regarderez plus de la même manière…
En apparence très chaste et classique, la Buick Riviera de Ricky Chocx est très sérieusement folle, à la limite de l’humour graphique, avec des effets d’associations, des raccords géniaux, mais aussi des compositions géométriques figurant la virilité, c’est une arme de séduction massive ou il est seul maître à bord d’une voiture objet de toutes les convoitises qui semble utiliser des forces inconnues…, humble, il reconnaît, partout ou il va, que ce n’est pas lui qui a construit cette voiture : “J’ai passé 2 ans et demi dessus, certes, mais essentiellement sur le moteur. Les dessous de caisse et l’intérieur, le top-chop, le shaving et les peintures, ont été réalisées à Phoenix (Arizona), par Jim Councilman, le véritable père de cet engin de mort, enfin tout ça pour dire que je me sens très gêné qu’on puisse croire que j’en suis l’auteur à 100%…, les louanges ne devraient pas m’être destinées…, je me dois d’être honnête !”…
Mètre étalon de la série B des années 70, “Enfer mécanique” était un sacré bon film pour les amateurs de “Grindhouse movie”, une histoire noire comme l’enfer du diable revenant sur Terre pour écraser des piétons demeurés…, tout en donnant des coups de klaxon… devenus aussi mythiques que les hurlements du Tyranosaure Rex dans Jurassic-Park…, les amateurs de Kustom et de Tuning, puceaux aux lunettes plus larges que celles des cuvettes de leurs toilettes…, tremblent devant cette voiture parce qu’elle leur fait penser à la vedette auto-démoniaque du film “The Car” (traduit en France par “Enfer mécanique”)…, où une voiture diabolique faisait des ravages dans une région du sud-ouest américain…., on pouvait supposer que c’était le père Lucifer en personne qui s’éclatait et éclatait quelques vies humaines au volant de son ostentatoire bolide noir qui, au début, n’était que le bourdonnement sinistre d’un moteur lancé à plein régime au milieu du désert…, puis un nuage de poussière, comme annonciateur d’une tornade de sable se profilant au loin…
On ne savait pas qui était au volant…, avait-elle d’ailleurs vraiment un conducteur malgré les plans au filtre en vues subjectives ? Après tout, le film ne s’ouvrait-il pas sur une citation de Anton LaVey, grand gourou de l’église officielle de Satan ? Il se murmurait d’ailleurs que le prêtre noir avait joué les conseillers techniques pour certains aspects occultes (mais discrets) du film…, mais ce n’est pas à LaVey que l’on doit le look à la fois rétro et agressif de la voiture diabolique, mais à George Barris, créateur du design tape-à-l’œil de la Batmobile de 1966 qui a “Kustomisé” une Lincoln Continental Mark III pour en faire une sorte d’allégorie…, une figure du démon…
Allégorique et symbolique…, la voiture de Ricky Chocx n’est pas une Lincoln comme la voiture de “The Car”, mais une Buick Riviera… et, tout comme dans le film, sa voiture mystérieuse fait des ravages, non pas en renversant cyclistes et auto-stoppeurs, mais en sciant le moral des incapables de mieux faire dans la Kustomisation…, tout comme George Barris pour la Lincoln “The Car”…, c’est un artisan solide auquel nous avons à faire concernant cette Buick Riviéra…
Il est difficile de ne pas s’apercevoir des qualités de sa Buick avec une mise en scène photographique se servant de décors désertiques de façon épatante…, la manière dont cette voiture prend petit à petit le dessus sur l’immensité sableuse et rocailleuse est même assez remarquable, d’autant qu’il semblait plus simple de la faire évoluer dans un milieu urbain pour générer la peur…, les photographies de Gaetan & Julien Fautrat sont un régal… et c’est par celles-ci et leur atmosphère faite de grands espaces poussiéreux, que la voiture fut mise en valeur…, “travail” fort apprécié par les “ceusses” qui ont mis en scène cette voiture d’allure assez fantastique.
En 1966, Buick a présenté sa deuxième génération de Riviera…, c’est ce modèle qui a été “Kustomisé” par Jim Councilman puis par Ricky Chocx qui a jeté le vieux V8 d’origine et l’a remplacé par un V8 Buick Big Block 455ci de 1971 alimenté par un carburateur quatre corps permettant au moteur d’afficher 385 chevaux, accouplé à une boîte de vitesses automatique Turbo 400.
Il y a des moments bizarres dans la vie d’un homme, et je dois dire que conduire cette voiture m’a fait l’effet de recevoir une grenade dégoupillée à la figure…, comment dire ?
Jamais je ne me serais attendu à une chose pareille…, il m’a fallu 15 bonnes minutes pour me lever du fauteuil conducteur, tant je n‘en revenais pas…, Ricky Chocx a osé pousser le bouchon très loin…, rien n’est moyen ou anonyme, tout est facteur d’expression et l’occasion de faire quelque chose de très beau… et qu’on ne vienne pas me dire que c’est une question de moyens…, ce n’est pas vrai…, c’est une question d’expressivité artistique, un délice sans fin, d’une subtilité rare.
Que nous racontent les jeunes ?
Que la société est un tout oppressant…, que la société occidentale broie les individus… et que le système est imbattable…, qu’il n’y a rien à attendre d’elle, que les jeux sont faits, que la perte, la violence et l’écrasement sont inévitables, que le système a déjà gagné…, que la Société n’a absolument rien à leur proposer…, rendez vous compte de la violence de ce discours, tout à fait juste et dévolutionniste…, ils ont tout, ils pourraient s‘endormir sur la montagne d’objets technologiques ou de consommation qui les entourent (très importants les objets, car ils permettent de contourner le système par ses propres armes), mais, à la vue de la Buick Riviera de Ricky Chocx qui est un anarchiste au bon sens du terme, avec un esprit rock’n’roll bouleversant…, ils voient soudain autre chose… et veulent comme lui, devenu leur idole, défoncer tout l’occident, labourer tous les sujets et déchirer toutes les nuances bourgeoises avec un soin consciencieux.
Ricky Chocx, en tandem avec Jim Councilman, en cela, ont fait œuvre de grandeur…, ce sont des révolutionnaires mécaniques…, “No Future” sur toute la ligne…, un monde vérolé et pourri, condamné au pire des moutonnismes, à l’indifférence généralisée…, le scandale étant que la société ne soit pas en crise mais fonctionne tranquillement, en mode normal…, l’Amérique “classique” et bourgeoise, est en effet une horreur totale : mépris du peuple “d’en-bas”, conditions de vie économique désastreuses, mépris colonial du prolétariat, indécence morale et financière des classes supérieures envers les plus pauvres, hiérarchie violentissime dans le travail et ailleurs, argent roi, endormissement de la masse : un monde uniquement fait et dominé par et pour l’immobilier, le jeu-vidéo, les objets de surconsommation techno inutiles, le sexe et l’industrie du divertissement en ce compris l’automobile de masse.
En suite de Jim Councilman, avec sa réinterprétation de l’automobile, Ricky Chocx est maintenant tel un “Mad-max” pilotant “The Car” dans un enfer mécanique contemporain…, il a le bras tendu et le doigt levé, il montre une porte de sortie : combattre le groupe, toujours… et croire viscéralement en l’individu…, tout en adressant un message final : “La vie part vite, beaucoup trop… et le meilleur moyen de s’en tirer sans trop souffrir est de faire une pause afin de sur-créer… et de se dépasser !”…
Et il soulève tant de paradoxes… et si justes et si précis…, qu’il envoie balader toute, absolument toute… et je pèse mes mots…, toute la production automobile actuelle en disant, en filigramme : “La création, la poésie et l’humour nous sauvent de tout et nous font refuser ce qui serait la voie la plus logique dans cette société ignoble : le suicide !”
L’écrivain, n’est le porte-parole de personne… et je vais pousser cette affirmation jusqu’à dire qu’il n’est même pas le porte-parole de ses propres idées…, quand Tolstoï a esquissé la première variante d’Anna Karénine, Anna était une femme très antipathique et sa fin tragique n’était que justifiée et méritée…, la version définitive du roman est bien différente, mais Tolstoï n’avait pas changé entre-temps ses idées morales…, pendant l’écriture il écoutait une autre voix que celle de sa conviction morale personnelle, il écoutait la sagesse suprapersonnelle, ce qui explique que les grandes histoires, les romans, sont toujours un peu plus intelligents que leurs auteurs…, parce que plus les hommes pensent, plus la pensée de l’un s’éloigne de la pensée de l’autre… et parce que l’homme n’est jamais ce qu’il pense être…, non seulement la vérité du monde mais la vérité de leur propre moi se dérobent à eux.
François Rabelais a inventé beaucoup de néologismes qui sont ensuite entrés dans la langue française et dans d’autres langues, mais un de ces mots a été oublié et on peut le regretter, c’est le mot agélaste ; il est repris du grec et il veut dire : celui qui ne rit pas, qui n’a pas le sens de l’humour…, il n’y a pas de paix possible entre l’écrivain et l’agélaste qui est persuadé que la vérité est claire, que tous les hommes doivent penser la même chose et qu’eux-mêmes sont exactement ce qu’ils pensent être…, mais c’est précisément en perdant la certitude de la vérité et le consentement unanime des autres que l’homme devient individu dans un territoire où personne n’est possesseur de la vérité.
La sagesse de l’écrit de l’humour est différente de celle de la philosophie issue de l’esprit théorique…, l’art inspiré par le rire, est, par son essence, non pas tributaire mais contradicteur des certitudes idéologiques…, à l’instar de Pénélope, je défais dans mes écrits la tapisserie du politiquement-correct que des théologiens, des philosophes, des savants, mais aussi et surtout la masse des beaufs ahuris de leurs certitudes…, ont ourdie la veille…
Magnifique…, respect…, tuez-les tous, Dieu retrouvera les siens… Ahahahahahahah !