Rolls-Royce Coupé “CEX1” by DC Design…
“Dilip Chhabria, le designer-créateur de cette Rolls-Royce Coupé CEX1, a l’ambition de devenir l’équivalent asiatique d’Enzo Ferrari”, m’indiquait une brochure que le fils du Sultan de Bruneï m’avait remis en souriant après que je lui avais demandé des explications sur sa voiture, dont il s’extrayait en plein cœur de Londres pour aller déjeuner avec un ami…, tout cela remonte à quelques années, mais le temps ne fait rien à l’affaire…
Diantre, diable, well…, après avoir téléphoné au créateur de l’engin, j’ai accepté de le rencontrer pour autant qu’il prenne en charge les frais du voyage aller-retour en Inde…
Une pancarte en tôle, rouillée, quasi pourrie, pendouillait misérablement le long d’une route très fréquentée à l’entrée de la ville indienne de Pune, au nord de Mumbai…
Sur cette pancarte on pouvait déchiffrer l’inscription :“DC Design”…, la flèche indiquait le ciel…, c’était l’indication de la voie à suivre pour me rendre à l’usine (la fabrique) ou avait été conçue la plus stupéfiante (compte tenu de ce qu’avait dû fumer Dilip Chhabria)… automobile conçue et re-fabriquée en Inde.
J’écris “re-fabriquée” parce que la Rolls-Royce qui avait servi de base (ou de voiture donneuse) à ce gros Coupé dantesque, était une ancienne Rolls-Royce Silver Spirit de 1995.
On était loin de Crewe, siège de Rolls-Royce qui appartient à Volkswagen… et encore plus loin de Maranello en ce qui concerne le style et l’esprit routier…, mais Dilip Chhabria était pourtant déterminé à devenir l’équivalent asiatique d’Enzo Ferrari, voire à le surpasser.
Dilip Chhabria avait, disait-il…, quitté un emploi extraordinairement bien rétribué à Général Motors USA afin d’établir la société “DC Design”, en 1993, avec les économies patiemment engrangées par son job de designer… tout ça quand l’essor économique de l’Inde ne faisait que commencer.
L’endroit était gardé comme le coffre-fort de l’Oncle-Picsou, avec des gardiens baraqués, enturbannés et armés jusqu’aux dents, pourtant cette “usine” était très modeste, comme peut l’être un hangar/cabanon en matériaux de récupération…, en période de Mousson, l’endroit devait ressembler à une plantation de riz ou pataugeaient des éléphants et des vaches sacrées…
J’ai appris qu’il était considéré comme “téméraire” par la plupart des gens, mais que son charisme, son bagout illimité, ses explications alambiquées, son plan financier associé aux faibles coûts de la main d’œuvre locale et sa vie pieuse assortie de son éthique hindouiste du travail, avaient résolu un Maharadjah local à l’aider à prendre pied.
Les relations du dit Maharadjah, associées au savoir-faire de Dilip Chhabria avaient ensuite permis qu’Aston Martin vienne frapper à la porte de “l’usine” “DC Design” en 2002 pour construire le concept-car Vantage qui sera présenté au Salon automobile de Detroit en janvier 2003.
Dilip Chhabria ne m’a pas fait mystère de sa participation à cette création… et à l’irritation de ses trésoriers, car Ford (qui avait alors Aston Martin dans son escarcelle), avait mal vécu que ce soit une petite firme située en Inde qui claironne partout qu’elle était créatrice d’un projet s’adressant aux élites du monde dit “civilisé”… : “J’ai été de ce fait interdit de faire des affaires avec Ford, mais j’ai bénéficié énormément de l’oxygène que m’a apporté cette publicité. Plus de travail pour des concepts-car s’en est suivi, pour d’autres firmes, mais cela est toutefois resté une petite partie du portefeuille de DC Design, car 50 à 60% du travail de mon entreprise concerne des créations uniques commandées par des milliardaires qui cherchent un design unique, que ce soit pour une voiture ou pour l’intérieur d’un jet privé. Ces créations qui coûtent des millions si on les fait réaliser en Europe, ne coûtent qu’entre 100.000 et 300.000 €uros dans mon usine située en Inde, car on y trouve des ouvriers et des techniciens sur-qualifiés qui n’ont pas peur de travailler, qui sont respectueux, qui ont le sens des traditions et sont payés selon les normes de l’Inde, c’est à dire un salaire cinq fois moins qu’en Europe. Cela parce que nous n’avons pas été empoisonné par la socialisation Européenne qui ne tient pas compte de la création des richesses, c’est à dire la fabrication de richesses pour l’économie d’un pays. L’Europe est gangrènée par la socialisation et le syndicalisme qui ont appauvrit l’économie par le biais de la subsidiation des masses non créatrices, c’est à dire que ce système tue lentement le tissus économique Européen qui marche à contresens. La preuve en est que tout se délocalise en Europe, que les grandes entreprises pourvoyeuses de travail et créatrices de richesses sont achetées à vil-prix par des capitaux étrangers, comme a fait Tata en Inde en rachetant Jaguar et comme le fait la Chine envers des sociétés européennes rendues exsangues. Certains milliardaires continuent, par prestige de commander des travaux chez des Designers Européens sans savoir qu’en réalité ceux-ci sous-traitent avec des sociétés comme la mienne. Ce fut le cas pour Aston-Martin en 2002. Maintenant, les milliardaires viennent directement ici”.
Ce Coupé CEX1 a donc été pensé dans un esprit Rolls-Royce (sic !) tel que les Maharadjahs faisaient carrosser leurs Rolls-Royce dans les années folles.
Une création de ce type a été commandée par le Sultan de Brunei’s sur base d’une Rolls-Royce Silver Spirit de 1995 neuve qui avait été oubliée dans l’immense garage souterrain de son Palais des mille et une nuits… et qui en a fait cadeau à un de ses fils qui voulait circuler à Londres avec une Rolls-Royce hors du commun.
“Le résultat final est un croisement entre une Rolls-Royce et une Nissan 350Z…, peut-être pas à tous les goûts, mais certainement différent. Il faut regarder cette voiture comme la re-création d’une relique de la révolution industrielle européenne. Il y a dans l’interprétation de son design, une part de l’humanité britannique qui se délite, les outils d’un renouveau de l’Inde et des débris de l’ancien empire colonial. Nous avons 30 projets du même style en cours et nous n’avons pas le temps pour le ménage”…
L’entrepreneur Dilip Chhabrria à ajouté, de son propre aveu, être un “dictateur bienveillant” et quelque part : un philanthrope…
“Lorsque mon entreprise a déménagé à Pune, l’ensemble du personnel a déménagé avec moi. En Europe c’est impossible, les travailleurs restent sur place et ne suivent pas. L’Europe a créé des gens qui se rendent prisonniers d’obligations créées par des banquiers qui ne pensent pas à la création de richesses pour l’ensemble de la population, mais qui ont imaginé le moyen de les asservir en les poussant à accéder à être propriétaires de biens inutiles qui les rendent esclaves. C’est pour cela que dans moins d’une demi génération, l’Inde et la Chine auront pris le pouvoir industriel et que l’Europe va devenir le quart-monde. Avec ma nouvelle usine… et c’est partout identique en Inde, les entrepreneurs sont les pères de leurs employés, ils construisent et organisent leurs maisons, l’éducation de leurs enfants et leurs divertissements. Aucun membre du personnel ne quitte jamais “son” usine”…
Bien que le coût du travail est, en Inde, de £ 9 l’heure, comparativement à £ 55 l’heure dans l’Ouest (l’Europe), il m’a affirmé que ses employés et ouvriers, étaient des travailleurs payés beaucoup plus qu’un gestionnaire senior indien.
“Les Indiens ont faim et ils sont ambitieux, personne en Inde n’a peur de travailler une semaine de 80 heures. Et, obtenir de l’argent pour créer une usine en Inde est une chose facile, sans aucun rapport avec les tracasseries aux USA et surtout en Europe. Par exemple, Pininfarina était en difficulté il y a quelques années, personne n’est venu à son secours, les charognards ont attendu que sa valeur soit au plus bas pour racheter la firme et la couler dans la grande industrialisation Fiat qui possède également Ferrari. Juste avant cet épisode, j’ai eu l’opportunité de racheter Pininfarina pour 100 millions de dollars, j’avais des amis qui pouvaient m’avancer les fonds nécessaire, mais en finale, nous avons convenu qu’à moyen ou long terme il valait mieux pour la grandeur de l’Inde d’avoir nos propres usines qui portent nos noms”.
Notez qu’avec un bassin d’emploi de plus d’un milliard de personnes compétentes à choisir, les entreprises Indiennes et celle de Dilip Chhabria en particulier, ne seraient pas à court de personnel.
“Mon usine peut maintenant produire une supercar pour £ 30.000. Il y a un grand marché au Moyen-Orient, en Chine et en Inde et sans vendre une seule voiture en Europe ou aux États-Unis, mon usine est prète à construire et vendre 300 voitures par an avec des profits. 1 million de livres ont été investis dans ce projet et j’ai même embauché quelques anciens employés de Lotus pour développer le châssis en Angleterre. Le moteur sera un Jaguar V8 suralimenté de 4,2 litres, Jaguar est maintenant une firme de l’Inde propriété de Tata. C’est le moteur de 420 chevaux utilisé dans la XKR, mais il pourrait être préparé pour développer 500 chevaux et plus. La voiture utilisera la même boîte de vitesses automatique six rapports que la Jaguar. Mais tandis que la technologie et beaucoup de savoir-faire seront fournis par Jaguar, la voiture sera de style personnel, dans l’esprit de la Rolls-Royce Coupé CEX1 et construite en Inde. Il s’agira d’un coupé deux portes à moteur central de la taille d’une Lamborghini Murcielago. Le concept devrait être prêt d’ici la fin de l’année”…
Dilip Chhabria a donc tenté de réaliser son ambitieux projet : une usine de création et de production de sa propre supercar.
Dilip Chhabria m’a prétendu faire tout cela pour assurer la croissance haut de gamme de son entreprise et de l’Inde, mais aussi parce que, au fond, il était passionné par ce projet…, son objectif à long terme étant de faire de “DC Design”, un centre mondial pour les produits de niche, il était donc impossible même pour un septique… de ne pas admirer l’ambition d’un homme dont l’activité croissait (selon lui) de 25% chaque année.
Dilip Chhabria estimait que l’individualisme rampant de l’Inde lui donnait même un avantage critique sur la Chine.
“Ce que les Italiens font en 10 ans, nous pouvons le faire en une seule année. Et si Pininfarina met deux ans pour qu’un projet aboutisse, je le fais en deux mois”, m’avait dit Chhabria au moment ou je quittais son usine…
Et j’étais tenté, presque, de le croire, quoique, le ciel grondait, devenait gris puis noir, la Mousson s’installait… et moi…, j’ai filé “à l’anglaise”…, un retour à Londres pour tester la Rolls-Royce Coupé CEX1…
Il me restait à téléphoner au fils du Sultan de Bruneï pour un essai de sa voiture… et là, on m’a informé que “l’extraordinaire voiture” était à vendre.
J’ai senti comme une opportunité, en effet une Rolls-Royce Silver Spirit de 1995, sur le marché de l’occasion à Londres, se négociait alors pour 5 à 10.000 £…, si j’ajoutais les montants que m’avait indiqué Dilip Chhabria pour re-carrosser cette voiture techniquement dépassée, j’imaginais que le prix ne devrait pas être faramineux…, soit 20.000 £ en coûtant, plus quelques taxes…, le coût serait d’environ le prix de vente pourrait être doublé…, une affaire !
En effet, j’avais toujours en mémoire la réalisation d’une voiture du même genre, mais sur base d’une Jaguar XJS ancienne mouture, que j’avais presque acheté pour pas grand chose, dans une vente Coys à Blenheim (vous pouvez lire l’article et visualiser les photos en cliquant ICI : Blenheim Palace 2007…)
Je me suis donc rendu à l’adresse ou se trouvait la Rolls CEX1, un important garage situé à Londres… et là, oh stupeur, rage et désespoir, le Big-Boss du garage m’a annoncé que la voiture était à vendre pour 1 million de Livres Sterling…, négociables si cash !!!!
Le salaud y allait très très très très fort, espérant un profit démentiel d’environ 970.000 £… pour un coût maxi d’environ 30.000 £ plus taxes…, stoïque, je lui ai répondu : “Pas de problème, je connais très bien son constructeur avec qui j’étais en affaires il y a quelques jours, c’est lui qui m’envoie…, nous discuterons plus tard des modalités, pour l’instant je vais essayer la voiture, soyez aimable de la préparer et de la sortir de votre garage”…
Voici les détails du véhicule, en plaque d’immatriculation britannique CEX1 :
Date of Liability : 01 03 2007
Date of First Registration : 06 04 1995
Year of Manufacture : 1995
Cylinder Capacity (cc) : 6750CC
CO2 Emissions Not Available
Fuel Type : Petrol
Export Marker : Not Applicable
Vehicle Status : Licence Not Due
Vehicle Colour : BLACK
Vehicle Type : Approval
The information contained on this page is correct at the time of enquiry.
Vehicle Excise Duty Rate for vehicle : 6 Months Rate : £96.25 :12 Months Rate : £175.00
J’ai donc négocié patiemment avec le garagiste détenteur de cette Rolls-Royce Coupé “DC Design” CEX1, pour pouvoir parcourir le plus grand nombre de miles possible…, pour pouvoir vous en écrire en tant qu’utilisateur et en propriétaire potentiel…, pour pouvoir vous faire partager mon expérience vécue…, pour pouvoir affirmer d’autorité qu’il n’y a pas de “meilleure voiture du monde”… ni de “plus extraordinaire voiture au monde”…, mais un public manipulé pour le croire…., tout le monde le sait, la presse le dit depuis plus d’un demi-siècle : “La Rolls-Royce est la meilleure voiture du monde”…. et qui suis-je pour prétendre le contraire ?
Moi, tout simplement, ni plus et ni moins, j’écris “vrai” dans mon site GatsbyOnline qui ne s’adresse théoriquement pas à un public d’engourdis des méninges, un site-web qui innove dans le ton comme dans la forme grâce à son mépris des pressions extérieures, qui remplace la sempiternelle “brosse à reluire” et le “politiquement correct”, par une critique parfois virulente mais toujours objective.
Ce qui est affirmé d’autorité par les ignares :
– Une Rolls-Royce ne tombe jamais en panne…
– Le capot-moteur d’une Rolls est plombé…
– La mascotte de radiateur d’une Rolls est en or-massif camouflé par douze couche d’argent et 64 couches de chrome.
– Une Rolls-Royce est garantie à vie.
– N’importe qui ne peut pas s’acheter une Rolls-Royce, il faut un certificat bancaire attestant qu’on possède au moins 50 millions d’euros et… : il faut être noble !
– Il faut suivre un cours de conduite à l’usine pour savoir piloter une Rolls-Royce.
– La Rolls-Royce est la plus chère voiture du monde.
– Si une Rolls-Royce tombait en panne, même en plein désert, il faut former un numéro de téléphone secret de l’usine de Crewe qui vous envoie dans l’heure deux ingénieurs en tablier et gants blancs.
– C’est la maîtresse de Monsieur Rolls qui se prénommait Royce qui a posé nue comme modèle pour la mascotte de radiateur.
Toutes ces bêtises me rappellent un ex-vieux copain que j’avais invité à Monaco… et qui n’avait pas osé débarquer à la gare de Monaco parce qu’il croyait que la “douane Monégasque” stoppait les voyageurs pour exiger une attestation de banque, comme quoi ils avaient au moins un million d’euros sur leur compte…
Mon pauvre ami était descendu à Nice, alors que je l’attendais en gare de Monaco et avait fait toute la route jusqu’à Cap d’Ail (ou je logeais), à pied et lourdement chargé…, il n’a avoué qu’il était persuadé que les rues étaient pavées d’or et que tous les matins, le Prince jetait des billets de 500 euros par sa fenêtre pour que les moins bien lotis de “sa” Principauté, puissent survivre…
Je ne sais ou les gens vont chercher de telles folies qui sont finalement à l’origine des légendes urbaines les plus insensées…
C’est une voiture “à part”, certes…, le summum de “la classe” ou du snobisme, le prestige de cette fameuse calandre et de sa mascotte “The Spirit of Ecstasy” est incontestable…, mais il existe aussi la Bentley (depuis que Rolls-Royce a été acheté par Volkswagen, Bentley n’est plus attachée en sous-marque à Rolls-Royce)… et la Maybach, La Cadillac Seville, et la Lincoln Continental, ont tenté, il y a quelques 30 ans, de concurrencer Rolls-Royce, mais sans jamais y parvenir, ayant le défaut de ne pas être des Rolls-Royce…, ce qui leur enlevait toute noblesse et tout prestige (Il suffit de voir le nombre impressionnant de Rolls-Royce qui circulent à Beverly Hills, Hollywood ou Las Vegas pour constater que les américains eux-mêmes, l’admettent).
Les BMW en elles-mêmes, sont extraordinaires, mais n’ont aucune prétention au luxe ni au charme, ce sont des voitures bien conçues, techniquement intelligentes, terriblement efficaces, avec tout ce que ces définitions impliquent comme froideur et comme austérité… raison pour laquelle BMW a acheté Bentley !
Personne ne me contredira sur ce point : il est difficile de trouver une concurrente directe à la Rolls-Royce.
Les Mercedes sont directement comparables aux BMW, dans le sens où l’on retrouve la même atmosphère et le même design intérieur dans une classe A ou une série 1 que dans une classe S et une série 7…, la nouvelle génération de Tata-Jaguar est à mon sens la seule voiture qui puisse avoir quelques points comparables à la Rolls-Royce, même si elle n’en a ni le statut de symbole ni la prestance…, ce qui laisse donc, en fait de concurrentes, un nombre très restreint de véhicules ‘sur-mesures’ comme les transforment quelques autres firmes spécialisées, avec des résultats parfois heureux mais souvent vulgaires…, aux yeux des propriétaires de Rolls-Royce, bien sûr !!!
Il faut savoir que lorsque vous circulez en Rolls-Royce et plus particulièrement dans ce Coupé “DC Design” CEX1, on est dans un autre monde…, pas seulement parce qu’on roule dans un univers feutré, calfeutré même, à l’abri des bruits extérieurs et des odeurs nauséabondes, dans une ambiance de salon régence ou il ne manque que les chandeliers et les laquais en livrée…, mais surtout parce qu’on modifie radicalement le comportement habituel des gens que l’on côtoie.
Et cela fonctionne dans deux directions opposées : ou bien c’est la brosse à reluire, les courbettes, les sourires polis et un peu timides…, ou alors se sont les crachats sur le pare-brise, les bras d’honneur, les injures choisies et les noms d’oiseaux.
J’ai, par exemple, fait un plein d’essence…, je suis arrivé à petite allure devant l’entrée d’une station… et, avant que je n’ai coupé le contact, j’étais déjà entouré d’une meute de loustics, dont un en uniforme d’amiral…, la Rolls-Royce CEX1 à peine avait-elle franchi la bordure du trottoir, que le préposé a bondit hors de sa boite en verre en me faisant de grands signes pour m’inviter à me placer LA… et pas ailleurs, pas dans l’autre file ou se remplissaient le commun des mortels.
Avec l’aide de “l’Amiral”…, iI s’est empressé dès que la Rolls-Royce était à l’arrêt, de tenter d’ouvrir la portière en tirant dessus comme un demeuré, jusqu’au moment ou, tirant la poignée ad-hoc libérant la porte “papillon”, il l’a reçue en pleine figure, tout abasourdi de cette incongruité magique…, il s’est alors mis à sautiller tout autour de la voiture pour trouver la trappe de remplissage, a essayé de l’ouvrir sans y parvenir, puis s’est approché de moi… et m’a demandé : “Je vous fais le plein, Monsieur ?”…
Oui, oui, on vous appelle “Monsieur” quand vous roulez en Rolls-Royce, comme au bon vieux temps ou les gens étaient polis…, je lui ai répondu, pris au jeu : “Oui, mon brave”… et lui ai ouvert la trappe de remplissage d’un discret coup d’index sur le bouton ad-hoc.
Là, il s’est précipité, a posé un chiffon sur le rebord de la trappe pour ne pas abîmer… et son visage s’est éclairé comme s’il jouissait, c’est qu’il savait, le bougre, qu’il en aurait pour un moment…, plus de cent litres dans le réservoir.
Il a bloqué son pistolet… et pendant que çà coulait (c’est très sexuel tout ça, non ?) son pote “l’Amiral”, s’est emparé d’une éponge et d’une peau de chamois et s’est mis à laver les vitres, salissant bien évidement toute la carrosserie !
Pendant ce temps, une matrone de près de 150kgs qui devait être l’épouse de l’un ou de l’autre, dans un autre registre, est arrivée en me fixant droit dans les yeux… et a aboyé : “Ben dis donc, on s’emmerde pas hein, çà marche au gaz ?”… et puis s’est mise à tourner autour de l’auto, mettant son nez sur les carreaux et ses gros doigts sur la carrosserie tout en faisant des commentaires choisis du genre : “Qu’est-ce que vous faites comme job pour vous payer une horreur comme ça ?”…
Plus tard, ayant un petit creux, j’ai résolu de m’arrêter devant un restaurant…, le voiturier m’a demandé, casquette à la main et révérences de soubrette, si j’avais réservé, mais que “si, non”… il y avait une place de libre… et il a derechef chargé son premier garçon de virer un couple qui en était au dessert.
Dans la circulation, d’après-midi à Londres, je me suis amusé comme un fou…, en effet, il est universellement connu que les conducteurs britanniques sont les pires au monde, juste après les taxis de Montevideo, mais quand vous circulez en taxi, c’est encore supportable…, tandis que dans cette Rolls-Royce CEX1, ce fut vite abominable, mes nerfs ont presque craqués.
On me frôlait des deux côtés, à trois centimètres des rétroviseurs, on m’a fait des queues-de-poisson, on m’a quasi empêché de changer de bande, un chinois m’a même fait un bras d’honneur et des gestes obscènes (genre poing fermé, médium à la verticale)…, de plus, je n’ai pas réussi du premier coup à trouver une place de parking assez grande pour la voiture.
En province par contre, ce fut plus supportable…, il n’était pas rare qu’on me laisse le passage, qu’on me suive à dix mètres pendant cinq minutes simplement pour détailler la voiture, mais on ne m’a jamais interpellé “à la française” (forcément, en Angleterre !).
Toutes les légendes que le bon peuple perpétue à propos des Rolls-Royce, j’ai voulu vérifier leur véracité…, ainsi par exemple, à propos de la mascotte de radiateur…, j’ai rencontré un touriste belge égaré qui m’a demandé s’il était vrai que la mascotte était munie d’un système anti-vol…, on lui avait dit, ou il avait lu, que dès qu’on y touchait, une sirène se mettait en route.
“Mais bien sûr que c’est vrai, tiens, essayez vous-même” ai-je rétorqué… et le bonhomme de s’approcher du radiateur, sous l’œil admiratif et envieux d’une dizaine de péquenots.
Il a approché sa main de la mascotte, lui a touché une aile d’un index moite, et… : rien…, il a empoigné celle-ci à pleine main et l’a secouée… : rien.
Embarrassé, me souvenant qu’il fallait que le contact soit coupé et le système anti-vol branché pour que la sirène fonctionne…, j’ai klaxonné : “Ah, vous voyez, çà marche !”…, m’a-t-il lancé, hilare.
Et de recommencer, encore et encore, de plus en plus vite… et moi d’actionner le klaxon à chaque fois, à tel point que je ne suivais plus la rapidité de ses gestes et que finalement je klaxonnais avant même que sa main ne s’approche de la mascotte.
Il s’est exclamé alors : “Voyez, on peut même pas l’approcher que çà se déclenche !”…
Question conduite, mis à part le look extérieur de Nissan Coupé 350Z, c’est une Rolls-Royce Silver Spirit de 1995…, pas de quoi plastronner à coté de la nouvelle Rolls-Royce Phantom Drophead Coupé…, mais, les sièges avant sont réglables électriquement dans tous les sens, ce qui permet d’adopter une position de conduite parfaite quelque soit le gabarit du conducteur.
Toutes les commandes sont assistées, le pédalier est merveilleusement doux et direct…, le levier de sélection de vitesses est à commande électrique (il n’y a plus que Rolls-Royce à utiliser ce système) est fort agréable… et…, la visibilité est excellente dans toutes les directions, sauf en 3/4 arrière et vers l’arrière…surtout en manœuvres de parking.
En fait, je baille rien que d’y repenser, la voiture se pilotait comme n’importe quelle grosse berline à boite automatique…, sauf que le gabarit toutefois était imposant en ville.
L’accélération était vive, il y avait suffisamment de chevaux sous le capot pour donner à cet engin étrange une vivacité “suffisante”…, la boite passait ses rapports sans aucun à-coups, très souplement…, la direction était toutefois trop assistée a mon goût, il lui manquait un peu de ‘feeling’…, les freins étaient hyper-puissants… façon d’écrire … bien sûr…, j’ai toujours arrêté les 2,5 tonnes de l’engin comme s’il s’agissait d’une Golf GTi.
La tenue de route était un peu particulière…, très saine malgré-tout, offrant une bonne adhérence, mais la voiture ne se prêtait pas à la conduite sportive…, elle se couchait assez fort dans les virages et les pneus crissaient, pareil qu’une pute qui cherche à vous soutirer le double du montant convenu (et pré-payé).
C’est là que j’ai pris conscience que le poids restait important…, sur autoroute, la Rolls-Royce CEX1 tenaitt son cap a 180 Km/h sans corrections de volant, le cruise-control était particulièrement impressionnant puisqu’il actionnait les papillons de carburateurs dès que la voiture avait perdu de la vitesse…, il arrivait cependant que la suspension talonne dans de grandes dénivellations.
Le système de conditionnement d’air, absolument fabuleux, avec fonctionnement a deux étages et commande automatique par palpeurs qui équipait les Shadow II, se retrouvait ici sans grandes modifications…, il était possible d’avoir de l’air chaud pour le dégivrage du pare-brise et de l’air plus frais aux jambes.
Après 385 kilomètres dans Londres et alentours, j’en avais fait le tour, j’ai ramené la voiture intacte et, lorsque le Big-Boss a voulu me faire signer un bon de commande d’1 million de Livres Sterling, je suis resté stoïque, impassible, digne, j’ai dit : “Tssssss tsssss tssss tsss tss”, ce qui voulait à la fois tout et rien dire…, ce qui était le but…, puis, très docte, j’ai prétexté que je devais aussi prendre l’avis de ma Grand-mère, vu que c’était elle qui allait m’avancer le million de Livres Sterling…, il n’a pas lâché prise… et en quelques minutes, le prix avait été ramené à 750.000 Livres Sterling si je signais de suite…
J’ai rétorqué que j’étais ravi qu’officiellement je lui paye le million alors qu’en réalité je ne paye que 750.000 Livres Sterling…, histoire d’avoir de quoi remplir le réservoir… et il m’a fait promettre de revenir le lendemain…, j’ai pu ainsi m’enfuir sans avoir à lui expliquer le fond de ma pensée !
C’était une voiture fabuleuse, mais dont le coût annoncé par le revendeur (1 million ramené à 750.000 Livres Sterling)… était totalement injustifié par rapport à ce qu’elle était : une Silver Spirit re-carrossée en Nissan 350Z, avec un traitement “Tuning”……, ce qui était indéfendable.
Le nouveau dessin de carrosserie résultait d’une tentative maladroite de Dilip Chhabria pour dynamiser son image de marque…, il m’avait parlé d’aérodynamisme et de coefficient de pénétration dans l’air comme si j’étais un des moutons de Panurge !
En réalité, elle n’avait même pas l’avantage d’être un piège à fille…, son look, ses portes “papillon” et sa re-conception intérieure n’encourageaient pas certaines rencontres…, la voiture telle que vous la voyez sur les photos illustratives, intimidait surtout les jouvencelles, elle en imposait aux autostoppeuses, elle faisait même fuir les vieilles peaux…, la banquette arrière étant de toute manière très inconfortable car symbolique, même pour des mini naines (et c’est peu dire)…
Ci-dessus Dilip Chhabria à coté de sa petite amie avec la fameuse nouvelle DC-Design (30.000 Livres Sterling)qui était prévue pour concurrencer la Lamborghini Murciélago vendue 5 fois plus chère !
Ci-dessous, Dilip Chhabria et ses deux fils posant devant un nouveau concept de voiture familiale-sportive, équipée de jantes de 30 pouces.
Première présentation mondiale de la Rolls-Royce Silver Spirit : Paris 1980.
Elle succédait à la Silver Shadow, qui elle avait été lancée en 1965.
– Moteur : V-8 6730 cc, taux de compression 8:1, puissance maxi. 250 cv à 4.500 Tours.
– Longueur hors-tout : 497 cm
– Largeur hors-tout : 189 cm
– Hauteur à vide : 149 cm
– Empattement : 306 cm
– Poids à vide : 2245 Kg
– Réservoir d’essence : 107 litres
– Vitesse maxi : ± 200 Km/h
– Accélération : de 0 à 100 en 11,7 sec.
– Consommations : entre 15 et 25 litres /100 km.